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EAN : 9782916159966
64 pages
Atelier In8 (13/01/2011)
3.06/5   9 notes
Résumé :

Depuis belle lurette, les livres papiers ont disparu de la surface de la terre. La Loi Miziaud assimile les chercheurs à des " thésaréactionnaires " sans utilité publique. A Secrisy, les universitaires tiennent colloque et résistent toujours à l'envahisseur. Cette fois encore. le professeur Vladimir Marchet prendra sa place dans le ballet des communications. Sa conférence ? " Les factures EDF et Pierre Boulez. du sé... >Voir plus
Que lire après Liliane, fais les valisesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Annoncée comme une fable d'anticipation sociale, cette nouvelle absolument déjantée prouve combien l'écrivain peut s'amuser à commettre un récit totalement improbable en emportant son lecteur dans un absurde échevelé qui ferait pâlir Groucho Marx et non Karl.

Sans peur, le chevalier Pouy use du calembour et des calembredaines. Sans reproche, il épingle dans une parodie de défense (?) l'univers des thésards universitaires que l'on envisage sérieusement de déporter vers des cieux plus à même de supporter leur inutilité.
La loi Miziaud lorgne sur tous les thésaréactionnaires coupables de remplir du papier pour remplir du papier. D'autant que la nouvelle société milite pour la dématérialisation. Sus aux chercheurs, au CNRS, au Collège de France. Vive Wikipédia et l'invasion des souris.

Au départ était l'art de couper le cheveu en quatre. Puis vint le temps du colloque visant à partager l'art de la découpe capillaire. Comme l'année passée, la fine fleur intellectuelle est réunie autour du thème: "Qu'importent les arbres, sauvons la thèse et les thésards 2".

Les penseurs se rebellent, se réunissent, veulent de la conférence interminable, de la production par kilo, aidés par quelques mécènes. On se pourlèche le neurone, on frémit des synapses, on frétille du cortex. On s'est donc réunis plus ou moins secrètement et si l'on disparait mystérieusement après son intervention mémorable, qu'importe! Une autre intervention attire les têtes aussi pleines que chenues.

Vladimir Marchet flanquée de son épouse Liliane (toute référence à un certain Georges que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître n'étant nullement fortuite) attend patiemment son intervention du mercredi portant sur "Les factures EDF et Pierre Boulez, du sérieux au sériel".
Que voulez-vous?
Moi, je pouffe aussitôt. Je repense à cette inénarrable BD de Pétillon "les disparus d'Apostrophe" dans laquelle un auteur avait consacré quelques années de recherches à établir que ce cher Paul Claudel n'avait jamais mais jamais eu aucun lien avec la mafia.
La facture EDF de Boulez m'inspire! D'autant que l'ami Pouy se fend d'une annexe pour la développer.

Mais avant de se plonger dans la consommation électrique du musicien contemporain, le programme du lundi allèche.
Mme Stéphanie Raza de L'Estrée communique sur: " Un destin grêle: splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du XIX° siècle."
Oui, oui, il a osé Jean-Bernard! du destin à l'intestin, il n' y avait qu'un peu de glycérine qui facilitait le passage. L'annexe 2 devrait rassasier votre curiosité anale.

Quant à la seconde conférence de la matinée relative à la traduction du français en français par la sommité belge Jan-Ferdinand Platée (annexe 3), elle m'a aimablement ramenée à la traduction française du Belge EES lorsqui'il était une oeuvre d'art (cf un billet Babelio).

Je passe rapidement sur l'une des conférences du mardi évoquant le hobby méconnu du Général de Gaulle en catcheur redoutable, bien connu sous le pseudonyme de "l'étrangleur de Champagne". Je m'arrête un peu, pour vous donner envie, sur une approche de Duras comme vache pensante; qui ne connaît pas Marguerite? Mais je tairai les jeux de mots qu'enchaîne l'écrivain, pris dans son délire aussi jouissif que communicatif.

Bref, toute la fine fleur intellectuelle (servant à que dalle selon la nouvelle norme sociale) est peu à peu arrêtée. Vladimir non Poutine mais Marchet est emporté avec sa Liliane vers un centre de rétention dans l'attente d'un bateau en partance pour Haïti. Là-bas, on manque d'instituteurs et de professeurs.
Parce que la culture pour la culture, la recherche pour la recherche, échappent à la sacro-sainte loi de la rentabilité immédiate, il fallait bien la cocasserie d'un Jean-Bernard Pouy pour rappeler que notre société compte déjà trop d'Alain Minc.
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Je me souviens très bien de Georges Marchais qui n'avait pas sa langue dans sa poche et de cette expression qui lui a longtemps collée à la peau "Liliane, fais les valises". le secrétaire général du parti communiste français avait dû écourter ses vacances en raison d'une déclaration de François Mitterrand sur le nucléaire qui lui semblait inacceptable. C'était en 1977 et à l'époque ça faisait rire malgré le caractère machiste du propos ou peut-être pour cela et la naïveté de Georges Marchais.
Dans cette courte nouvelle de Jean-Bernard Pouy le personnage principal s'appelle Marchet avec un E et un T mais rien à voir avec la politique (quoi que).
Vladimir Marchet assiste à un colloque qui réunit des universitaires présentant leurs travaux et dont le thème est "Qu'importent les arbres, sauvons la thèse et les thésards 2...", comme l'année précédente. Car depuis la loi Miziaud, loi scélérate qui a bouleversée le paysage intellectuel mondial, bien plus que Gutenberg en son temps, il y a de la résistance dans le monde de l'imprimerie.
Le plomb a été remplacé par l'imprimante mais tous ces chercheurs et intellectuels veulent continuer à publier des livres en papier. Vladimir en fait partie et les communications sont toutes plus loufoques les unes que les autres.
C'est réussi de la part de Jean-Bernard Pouy qui a vraiment le sens de la parodie. Quand les conférenciers écoutent la communication intitulée Un destin grêle : splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du 19e siècle ou débattent sur le thème de Marguerite Duras où Marguerite Durable en lien avec la vache qui est leur point commun (Marguerite!), ça me fait rire.
Et puis, ça vire au polar quand Vladimir se rend compte que les conférenciers disparaissent les uns après les autres, ce qui semble échapper aux membres de ce microcosme. Alors il dit à sa femme qui l'accompagne "Liliane, fais les valises". Pour autant, ils vont vite perdre la maîtrise de leur destin...

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Après avoir dégusté « le Bar parfait » de Jean-Bernard Pouy, un récit de format très court (13 000 mots), me vint envie de découvrir la plume de l'auteur dans un autre récit de même format…

Me souvenant vaguement (plus par les nombreuses reprises faites par mon père) de la phrase de Georges Marchais : « Liliane, fais les valises… », le titre éponyme de Jean-Bernard Pouy m'attira donc immédiatement.

Comme je l'avais dit pour ma lecture précédente, je considère Jean-Bernard Pouy comme un génie de la littérature. Et j'estime qu'un génie est capable de tout oser quitte à se rater…

À une époque où le papier est abandonné et où les grandes thèses sont considérées comme inutiles, des thésards se réunissent pour de grands colloques autour de sujets de société. Mais certains d'entre eux disparaissent.

Je ne vais pas m'étendre sur ce titre plus que l'auteur ne l'a fait pour l'écrire.

Si j'avais goûté « le Bar parfait » bien que le sujet ne m'intéressasse pas, je dois avouer que j'avais été bien bien moins passionné par celui-ci.

Certes, on sent que l'auteur s'est amusé, notamment dans l'écriture des annexes évoquant les diverses thèses soutenues, mais, moi, en tant que lecteur, je me suis bien moins égayé à la lecture un peu beaucoup rébarbative, notamment et surtout celle des annexes que j'ai fini par survoler de très haut pour achever plus rapidement ma lecture.

Alors, j'ai bien vu là où voulait en venir Pouy, probablement à exprimer l'idée qu'il est préférable d'agir que de réfléchir en tous sens et qu'il est parfois plus utile d'utiliser ses capacités et ses connaissances dans des actes simples et concrets que dans de longs discours oiseux.

Mais, malgré cela, il faut bien dire que j'ai succombé à ces annexes qui vont à l'encontre, justement, du sujet défendu par l'auteur. Dommage.

Pas grave, un génie a le droit de se rater, cela ne l'empêchera pas de continuer à oser et c'est ce que j'aime chez Pouy, même quand je n'aime pas un récit de lui.

Au final, un court récit (heureusement) qui contredit son sujet en étant bien trop bavard, le comble pour un texte si court…
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Celui qui se faisait passer pour un commissaire politique de première bourre les observait d'un œil torve, un mauvais sourire aux lèvres, genre M. Pas le chanteur, le Maudit.
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Dès le matin, quasiment deux cents personnes avaient assisté au début des hostilités avec, au programme, une communication très attendue de Madame Stéphanie Raza de l'Estrée, anciennement professeur à l'Université de Rennes XII et consultante free lance au CHU de Brest, intitulée: Un destin grêle : splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du 19e siècle (voir annexe 2).
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« Vous étiez au château de Secrisy ?
- Exact.
- Il s’y passe quoi, exactement, là-dedans ?
- C'est un centre de recherches sur la littérature...
- Ah ouais... Et ça sert à quoi, ce genre de truc ?
- À rester intelligent. »
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