Annoncée comme une fable d'anticipation sociale, cette nouvelle absolument déjantée prouve combien l'écrivain peut s'amuser à commettre un récit totalement improbable en emportant son lecteur dans un absurde échevelé qui ferait pâlir
Groucho Marx et non Karl.
Sans peur, le chevalier Pouy use du calembour et des calembredaines. Sans reproche, il épingle dans une parodie de défense (?) l'univers des thésards universitaires que l'on envisage sérieusement de déporter vers des cieux plus à même de supporter leur inutilité.
La loi Miziaud lorgne sur tous les thésaréactionnaires coupables de remplir du papier pour remplir du papier. D'autant que la nouvelle société milite pour la dématérialisation. Sus aux chercheurs, au CNRS, au
Collège de France. Vive Wikipédia et l'invasion des souris.
Au départ était l'art de couper le cheveu en quatre. Puis vint le temps du colloque visant à partager l'art de la découpe capillaire. Comme l'année passée, la fine fleur intellectuelle est réunie autour du thème: "Qu'importent les arbres, sauvons la thèse et les thésards 2".
Les penseurs se rebellent, se réunissent, veulent de la conférence interminable, de la production par kilo, aidés par quelques mécènes. On se pourlèche le neurone, on frémit des synapses, on frétille du cortex. On s'est donc réunis plus ou moins secrètement et si l'on disparait mystérieusement après son intervention mémorable, qu'importe! Une autre intervention attire les têtes aussi pleines que chenues.
Vladimir Marchet flanquée de son épouse Liliane (toute référence à un certain Georges que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître n'étant nullement fortuite) attend patiemment son intervention du mercredi portant sur "Les factures EDF et
Pierre Boulez, du sérieux au sériel".
Que voulez-vous?
Moi, je pouffe aussitôt. Je repense à cette inénarrable BD de
Pétillon "les disparus d'Apostrophe" dans laquelle un auteur avait consacré quelques années de recherches à établir que ce cher
Paul Claudel n'avait jamais mais jamais eu aucun lien avec la mafia.
La facture EDF de Boulez m'inspire! D'autant que l'ami Pouy se fend d'une annexe pour la développer.
Mais avant de se plonger dans la consommation électrique du musicien contemporain, le programme du lundi allèche.
Mme Stéphanie Raza de L'Estrée communique sur: " Un destin grêle: splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du XIX° siècle."
Oui, oui, il a osé
Jean-Bernard! du destin à l'intestin, il n' y avait qu'un peu de glycérine qui facilitait le passage. L'annexe 2 devrait rassasier votre curiosité anale.
Quant à la seconde conférence de la matinée relative à la traduction du français en français par la sommité belge Jan-Ferdinand Platée (annexe 3), elle m'a aimablement ramenée à la traduction française du Belge EES lorsqui'il était une oeuvre d'art (cf un billet Babelio).
Je passe rapidement sur l'une des conférences du mardi évoquant le hobby méconnu du Général de Gaulle en catcheur redoutable, bien con
nu sous le pseudonyme de "l'étrangleur de Champagne". Je m'arrête un peu, pour vous donner envie, sur une approche de
Duras comme vache pensante; qui ne connaît pas Marguerite? Mais je tairai les jeux de mots qu'enchaîne l'écrivain, pris dans son délire aussi jouissif que communicatif.
Bref, toute la fine fleur intellectuelle (servant à que dalle selon la nouvelle norme sociale) est peu à peu arrêtée. Vladimir non Poutine mais Marchet est emporté avec sa Liliane vers un centre de rétention dans l'attente d'un bateau en partance pour Haïti. Là-bas, on manque d'instituteurs et de professeurs.
Parce que la culture pour la culture, la recherche pour la recherche, échappent à la sacro-sainte loi de la rentabilité immédiate, il fallait bien la cocasserie d'un
Jean-Bernard Pouy pour rappeler que notre société compte déjà trop d'
Alain Minc.