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EAN : 9782070409624
144 pages
Gallimard (19/10/1999)
3.3/5   160 notes
Résumé :
Moi, Julius, Commandeur du groupe crash le plus honni par le peuple saumâtre de hégéliens, n'ai que des ennemis. Et mon pire ennemi, je lui souhaite la pire des choses. Moral car prévisible. Quand il sera au bout de mon P.38, j'appuierai sur la détente. Mes bottes de lézard mauve vont tremper dans du sang esthétique. Normal car spinoziste.
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Pour son premier livre, Pouy prenait la route d'une apocalypse provisoire et plutôt jouissive. Une sorte de chanson de geste de la liberté.
Les bandes d'extrême-droite décimées, l' extrême-gauche s'étripe tandis que le pouvoir de l' État reprend peu à peu son emprise.
Julius, le maître spinoziste, emmène ses compagnon à la gloire et à une mort pleine de panache.... et chantent les armes à feu diverses et soufflent les explosifs dans une lutte aussi absurde que colorée. le tout commenté par Radio Cinquième Internationale.
Car tout à une fin, et le terme de la (sanglante) récréation libertaire va sonner.
Pour moi, le plus grand moment de ce poème épique et révolutionnaire, reste la peinture en rose du Sacré-Coeur de Montmartre! Rien que ça vaut une étoile entière...
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Ou si vous préférez l'éthique sodomise l'esthétique

"Ce fut là que démarrèrent les défis, les règles, le sang, l'extermination du gauchiste par le gauchiste, du malade infantile par le malade sénile. Jusqu'aux jours d'aujourd'hui où des bandes d'énervés sillonnent les routes, traqués et tueurs, suicidaires et suicidés de la société morte."

La France après l'apocalypse, c'est ça: des petits groupes qui se revendiquent communistes, fascistes, féministes, spinozistes ou hégéliens. Et les spinozistes n'aiment pas les hégéliens, mais alors pas du tout! Et tous ces individus, qui survivent dans un monde malade qui tente de se reconstruire, se lancent des défis de sang et de démence, s'affrontent, s'entretuent. Ambiance cyberpunk, c'est Mad Max revisité à la sauce Jean-Bernard Pouy!

Résumer un roman de Jean-Bernard Pouy est une gageure tant cet auteur échappe aux codes du genre. C'est une certaine vision de la réalité, qui se traduit dans des récits courts, dont Spinoza encule Hégel est le premier opus. Une fiction violente, un roman noir décalé truffé de références culturelles subtiles, écrit dans un style imagé, et surtout brut de décoffrage, c'est le moins que l'on puisse dire.
Cet auteur atypique a su imprimer sa patte singulière au polar, son style d'écriture est à la fois cru et en même temps poétique, philosophique et en même temps drôle. Un mélange totalement détonnant de tendresse romantique et de férocité primitive. Bref, c'est novateur, c'est original.

On est un peu dans le roman engagé, puisque ce récit court et violent est finalement une sorte de métaphore délirante de ce qu'est devenue la france après mai 68: la lutte des classes et des idéologies, les grèves intenses, dont certaines ont mal tourné etc...

Mais au final, Spinoza encule Hégel est avant tout un polar d'atmosphère d'une formidable originalité, à ranger dans la catégorie des ovnis littéraires inclassables. C'est plus décalé que noir, car l'auteur ne se prend pas du tout au sérieux, et nous transmet vraiment le plaisir qu'il a dû prendre en écrivant ce livre. Il serait dommage de passer à côté!
Lien : http://www.conseilspolarsdep..
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Récit post-apocalyptique, sanglant, à la Mad Max.Spinoza est le leadeur de la Faction Armée Spinoziste, il est blond platine, motard (son acolyte Momo enfourche la mythique Guzzi 850 Califormnia qui me fait moi même pas mal triper). Il est craint et respecté.Dans une France ravagée des bandes rivales gauchistes (Les marxistes-léninistes, prochinois, trotskistes, anarchistes,...) s'entretuent dans des combats sur route, planifiés et diffusés sur les ondes de la radio nationale.Le pire ennemi de la bande Spinosiste étant Hegel et l'esthétisme. Spino veut se le faire.Marrant et décalé, c'est un récit court qui secoue le cocotier de la bienpensance et de l'intellectualisme.
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Un conte post-apocalyptique, où des factions de punks philosophes, se livrent une lutte sanglante sans merci. Un style cru, incisif, et violent qui mets en valeur ce texte surprenant, qui reprend entre autre, en filigrane, les événements de mai 68 vécu par Jean-Bernard Pouy.
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Je suis d'habitude une fan des courts romans de Jean-Bernard Pouy, plus particulièrement pour son écriture sociologique plutôt que policière.
Ici, dans un monde post-apocalyptique ou au moins chaotique, des bandes armées se réclamant (plus ou moins) de doctrines philosophiques se déciment dans un "championnat" ayant la France pour terrain, commenté par une mystérieuse radio.
Dans cette histoire, au moins très originale, les groupes s'affrontant n'ont malheureusement pas l'éthique (l'esthétique pour les hégéliens !) très marquée, ce qui aurait donné plus de piments à des "rencontres" qui se résument vite à des massacres, en dépit de l'écriture efficace de l'auteur.
Je dois bien avouer que voir le héros, à la fin du livre, soumis à la domination très "autoroutière" pour ne pas dire "camionneuse" d'une bande féminine m'a laissée perplexe. Il est bien possible que plusieurs petites choses m'aient complètement échappé !
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Nous entendîmes alors le ronflement du moteur du Canadair, au loin. Il rasait les arrondissements. Momo riait nerveusement. L'avion passa au-dessus de nous en vrombissant, et largua ses trois mille litres de peinture rose sur le Sacré-Cœur. Le plan du siècle. Quelle jouissance! L'appareil tourna une fois autour de l'église réactionnaire et disparut vers l'ouest. Momo et moi passâmes deux heures extra-humaines à voir le soleil couchant éclairer de ses feux de plus en plus maigres la meringue maléfique qui trônait au-dessus de Paris.
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Le Salariat revenait à grands pas. L'homme était une poule pour l'homme. Je me suis alors remis au travail. A la Radio. J'ai réécrit les informations diverses et les papiers que l'on me donnait. Après, c'était diffusé et déclamé, avec une voix qui en disait long, par un ancien spécialiste du doublage des films d'horreur. (...) J'ai donc travaillé dans l'adverbe conséquent et l'adjectif terrifiant. A chacun son boulot. Il n'y a pas de sots métiers, il n'y a que des sautes d'humeur. Proverbe.
(p. 26)
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Le soleil s'est levé, lentement, rosifiant la campagne. Je ne trouvai pas cela beau et émouvant. Cet astre de merde réchauffait tout, alors que le monde ressemblait à une énorme clinique. Le petit matin glacial était plus approprié et évoquait nettement mieux tout ce côté carreau de faïence surgelée qu'était devenue la vie. Cet été était un faux été, empli de morts sourdes, de maladies incurables, de haine et de suspicion.
Moi, j'étais bien, mon maigre pouvoir me suffisait, mon parti pris esthétique me conduisait tout droit vers une mort définitive mais acceptée en tant que telle. Dieu mourrait effectivement avec moi.
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PROLÉGOMÈNES A TOUTE CRASHITUDE
FICTION SPINOZISTE N°1
Le cadavre est au bord de la route, une de ses mains est prise dans le bitume gluant. Le vent puant, venant d’une décharge proche, agite faiblement ses cheveux blancs, dont certains restent eux aussi collés au goudron. C’est l’été, le deuxième après le grand merdier. Je retourne le mort du bout de ma botte de lézard mauve. C’est bien ce que j’attends, un Néo-Punk. Sa poitrine est lacérée, tranchée à vif, le cœur expulsé, la veste de daim vert imbibée de sang comme une éponge, le corps nu de la taille aux pieds. Intactes, ses jambes blondes paraissent de porcelaine.
Pensif, je regarde la plaine vide et la route droite. C’est la cinquième fois que j’en retrouve un cette semaine, pareillement mort et trafiqué. À ce train-là, la bande des Néo-Punks va friser le zéro absolu. Je me penche et embrasse le jeune mort sur les lèvres, mais ce n’est décidément qu’un cadavre. Je me vois me redresser dans ses lunettes noires. Je marche sombrement sur le bord de la route en écartant lentement du pied des vieilles boîtes de plastoc qui traînent. Mes mecs, derrière, ne bougent pas, les motos sont silencieuses, seules les selles grincent, le camion est au point mort, quelques raclements.
Tout ça comme dans un film. Je me voyais, d’où l’usage de l’imparfait. Sur la route, moi, seul, plus loin, les trois motos, le Magirus Deutz 25 tonnes, autour, déserte et dégueulasse, la décharge de Miramas.
– Les Hégéliens, y’en a vraiment marre ! Ça va chier pour leurs poires !
Momo a parlé. Il chevauche largement sa moto Guzzi et se dandine névrotos avec un bonnet en laine de couleurs criardes et ses deux P .38 à la ceinture. Ses cheveux suivent le mouvement et frottent la toile de son imper beige. Je me retourne pour lui signaler d’un regard que je pense comme lui. Cela le rassurera, lui et les autres.
Dix jours qu’on avait perdu le contact avec Hégel, et ces salopards en profitaient pour se faire la main sur les punkies. Proie facile. Ces similis étaient toujours en retard sur tout le monde, à plus forte raison sur un flingue. On les avait rencontrés, ou du moins le reste de leur troupe, des zombies speedés à mort, et on n’avait laissé fuser que des ricanements. Maintenant, il y en avait cinq de moins.
– Par Baruch, il va falloir les rattraper, ces cryptos, s’ils atteignent Marseille, on aura du mal à les coincer…
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Je ne veux plus avoir à me trouver une couverture, un travail ou une occupation. Je ne veux plus quémander, je ne veux plus attendre des remerciements de fin de mois, de fin de carrière, de fin de vie. Être con trois cent soixante jours par an et être remercié de l'avoir été.
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