Amanda Keller est l'épouse d'un magnat new-yorkais de la presse. Elle se fait gloire de son lignage alors qu'elle fait tout pour faire oublier ses origines du mid-west, plus que modestes. Elle est fêtée partout, on recherche sa compagnie, on s'honore d'avoir un cousin qui connait une personne qui la connait. Les journaux du mari l'ont consacrée la plus grande romancière de son temps pour un best-seller qu'elle n'a pas écrit. Elle a son avis sur tout, des développements possibles de la guerre, aux chances de l'Angleterre de la gagner, jusqu'aux mesures à prendre contre la paupérisation des classes laborieuses. Elle récolte les louanges de chacun pour ses activités philanthropiques; elle est prescriptrice de la mode, de ce qui ce fait quand on est d'un certain milieux et de ce qu'on ne doit pas faire au risque de déchoir. Toute la presse aux mains de l'époux, s'extasie de son jugement éclairé, de son génie, de son savoir encyclopédique. Elle pille sans vergogne les tuyaux de journalistes salariés de son époux, s'en approprie la primeur, elle a toute une équipe qui compose les romans dont sa participation se réduira au principal, y apposer son nom. Son emploi du temps est réglé à la minute prêt, chaque repas est mondanité, elle est très répandue, universellement célébrée. Une foule de courtisans qui aurait rendu le Roi Soleil jaloux quémande son appui, demande une faveur, où n'ambitionne qu'à lui être présentée. Convaincue de ses mérites, de son pouvoir, elle en oublie presque qu'elle est adulée en tant qu'épouse d'un homme extrêmement influant et puissant, que c'est lui qui l'a faite, que sans lui elle n'est rien.
Une Époque exquise est une satyre des milieux de la grande bourgeoise New-Yorkaise des années 40. le style est alerte, les pages tournent sans qu'on s'en aperçoive. C'est drôle, la plume est acérée, la pointe non mouchetée, çà égratigne de tous côtés. Je suis particulièrement friand des satyres, ses illustrations des petites lâchetés, des gros travers, des ridicules de l'homme en société. C'est en soi la plus réaliste des littératures. Si vous aimez lire avec un sourire goguenard, ce roman est à ajouter dessus la pile de livre à lire qui joue dangereusement la tour de Pise sur une quelconque chaise de votre logis.
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L'histoire se déroule dans un milieux que l'on qualifierait maintenant de "bobo".
L'auteur dissèque la vie d'un couple à la vie professionnelle et sociale bien remplie. Chacun, sous prétexte de charité, s'engage dans des actions qui au final ne font que faire ressortir le cynisme des uns et des autres. Ce roman de 1942 semble toujours être d'actualité. Coups bas, intrigues de salon tout cela existe toujours.
Amanda, parvenue au sommet de sa gloire grâce à un mariage, ne pense qu'à profiter de sa notoriété. Son mari, influent et un brin despote veut l'accroître encore pour lui même en tirer partie dans le monde professionnel. de ruses en mensonges, ils utilisent Vicky l'amie d'enfance d'Amanda. Petit à petit Vicky se rend compte qu'elle est utilisée et manipulée. Arrivera-t-elle à acquérir assez d'autonomie pour se sortir de toutes ces histoires ?
Une belle photographie du New York mondain.
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On retrouve un ton satirique et witty, tel celui des dialogues de la série "the fabulous Miss Maisel" ou certains traits décrits dans les échanges de personnages de la série Mad Men, c'est brillant, caustique, étouffant de féminin parfois, mais tellement drôle. On imagine que filmé par Capra ou Lubitsh le sujet aurait été rendu avec un peu plus de tendresse. Un bémol cependant pour la fin du récit qui vire au grotesque pour certains protagonistes, mais en général c'est aussi un très bon récit de ces années écrasées par la guerre.
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