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Jean-Yves Pellegrin (Traducteur)
EAN : 9782749114910
480 pages
Le Cherche midi (17/03/2011)
3.37/5   100 notes
Résumé :
Thassa Amzwar, une jeune algérienne dont les proches ont disparu dans le sillage des émeutes enKabylie, poursuit ses études à Chicago. Loin d'être une exilée traumatisée, c'est une jeune femme lumineuse, gaie, heureuse, d'un optimisme inflexible. Un de ses professeurs, Russell Stone, est viteintrigué et fasciné par son incroyable propension au bonheur. Thassa serait-elle victime d'hypertymie, une forme d'euphorie chronique ? Le cas de la jeune femme attire bientôt l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Ouvrir un livre de Richard Powers, c'est un peu ouvrir une boite de Pandore ou peut-être, dit d'une autre façon, c'est accepter de saisir le miroir qu'il nous tend. Miroir qui donne à contempler le reflet de nos sociétés, le détail de nos certitudes, la valeur de nos choix. Miroir qui nous parait souvent déformant parce qu'il nous renvoie une bien laide image de ce que nous sommes et de ce que nous faisons de ce qui nous environne, de l'indifférence avec laquelle nous traitons notre prochain.
C'est en tout cas ainsi que j'aborde chacun de ses livres. Ils me perdent parfois, me font revenir en arrière, chercher dans d'autres documents certains détails pour approfondir... Bref, Richard Powers sait rendre curieux son lecteur.

générosité ne déroge pas à la règle : l'histoire de cette jeune femme kabyle qui serait toujours "en joie" n'est qu'un voile qui se soulève, n'est qu'un chant berbère qui murmure pour mieux questionner sur comment l'homme vit au monde, comment il se comporte au sein de la nature, sur la manière dont il écrit le mot "progrès" pour l'humanité.

C'est un livre qui interroge sur la nature des pouvoirs de la science.
Si elle permet des avancées pour l'humain, elle peut aussi devenir l'objet d'un enjeu économique et financier sans foi ni loi uniquement assujetti à la génération de capitaux toujours plus élevés. L'éthique peut être balayée, la conscience étouffée, certains scientifiques étant beaucoup moins scrupuleux que d'autres.
La science peut rendre libre, peut être source d'avancées propices au genre humain, elle peut aussi devenir contrôle omniprésent, quand elle veut à tout pris tout gouverner, tout diriger, tout programmer et alors de liberté, il n'y a plus que le souvenir et la vie devient un prison désignée. La science qui permet de tout choisir, de tout décider provoque un désir toujours plus intense de posséder davantage, d'écrire sa propre définition du mot "humain" en fonction des finances dont on dispose...

C'est aussi une mise en regard du pouvoir là encore néfaste ou bénéfique qu'offre désormais l'utilisation et les ramifications d'internet.
Amour et haine s'y déchaînent, aussi vivement intenses que violents. Internet dit ce qu'il faut répéter, ce qu'il faut penser. Internet choisit, l'humain entérine...

Et puis, le regard des médias, leur pouvoir toujours, leur côté manipulateur.
Là encore, un milieu dans lequel on ne s'embarrasse guère, parfois, de scrupules. Un serpent qui se contorsionne pour mieux posséder les idées et les régenter, une façon de juger qui se voudrait universelle et infaillible...


En filigrane comme autant de pauses dans le récit, un écrit dans l'écrit quand il est question d'écriture littéraire, justement, de ses fils, de ses bifurcations, de ses choix par celui qui rédige pour emmener le lecteur à tel ou tel endroit de telle ou telle façon.

Reste, et c'est aussi une constante sous la plume de cet écrivain, la présence d'êtres lumineux, rencontrés au fil des pages, d'êtres qui font encore espérer que l'innocence, le bon-sens et l'honnêteté n'ont pas encore complètement quitté les replis de l'âme humaine. Et qu'il ne faut pas se résigner aux faux pas de ces civilisations dites avancées, et garder l'espoir d'une société meilleure et plus juste dans laquelle l'étranger aura une place non de "montré du doigt" mais de "privilégié à nos yeux".

Thassa, le personnage central de ce récit, est Kabyle, dans une Amérique qui ne parvient déjà pas à accepter tous ceux qui sont nés sur son sol, elle dérange par sa façon personnelle d'appréhender le monde malgré ses chagrins passés, elle renvoie chacun à ses désirs, à ses exigences d'une vie facile qui ne serait finalement qu'une marche vers d'autres exigences pour frôler la perfection. Mais la perfection, quelle en est la définition, en fait ? Et peut-on tout lui sacrifier ? Et puis, faillir n'est-ce pas l'écriture de l'existence de tout homme ? Certains seront moins fragiles que d'autres...


Un livre qui bouscule, qui déroute par sa construction qui est tout sauf linéaire, mais qui oblige à réfléchir !
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« Alors même qu'il répugne à employer la première personne du singulier, le monde cède à la frénésie du « je » en continu. Blogs, causeries, télé-réalité, chroniques judiciaires, café du commerce, forums, chats, talk-shows, campagnes électorales, campagnes de pub, campagnes d'investissement, catalogues – rien, pas même le reportage de guerre, n'échappe au mode confessionnel. Les émotions sont les nouveaux faits. le mémoire, la nouvelle histoire. le grand déboutonnage, les nouvelles nouvelles. »

Russell Stone est un journaliste spécialisé dans la réécriture d'articles, notamment pour le compte d'un magazine de développement personnel. Il a autrefois connu quelques mois de célébrité pour des chroniques acerbes publiées dans de prestigieuses revues. Mais il n'a pas supporté d'être moralement responsable des conséquences qu'elles ont eu sur ses victimes... D'où son retour à l'anonymat.

La roue tourne : il est engagé pour un semestre comme professeur auxiliaire. C'est là qu'il fera la connaissance de Thassa Amzwar, une jeune femme algérienne à qui tout sourit, où qui est, plus exactement, extrêmement douée pour le bonheur malgré les nombreuses épreuves qu'elle a traversé avant d'arriver à Chicago via le Canada.

Certains rares êtres humains sont-ils prédisposés génétiquement à éprouver une joie exubérante et constante ? C'est la question que se pose Richard Powers dans ce roman paru en 2009. Il ne me semble pourtant pas avoir vieilli tant ces problématiques ont pris depuis le devant des informations scientifiques à sensation. le sous-titre du roman, « un perfectionnement », est explicite. Certains ne rêvent que « d'améliorer » l'humain, de dépasser les limites inhérentes à notre condition tandis que d'autres jugent totalement illusoires ces prétentions. Je fais plutôt partie de ces derniers, mais j'ai été séduit par ce roman puissant et argumenté.

Thassa deviendra malgré elle une célébrité. Et il n'est pas certain que les personnes qui s'intéressent à elle, à son génome et même à ses ovules, soient toutes animées de bonnes intentions ! Russell Stone, et tous les autres personnages qui gravitent autour d'elles, sont trop timorés ou enfermées dans leurs propres questionnements pour l'aider vraiment.

J'ai honte de le dire mais ce roman traînait depuis 9 ans dans ma P.A.L. papier... Je suis heureux d'avoir enfin trouvé le temps (et la volonté) de le lire !
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Qu'il m'a paru long, ce roman au titre et au résumé pourtant prometteurs! Par conséquent, j'en ressors assez mitigée.

Certes l'écriture est recherchée, voire peut-être un peu trop. Je n'ai pas compris l'utilité de certains passages et dénouements d'intrigues secondaires alambiqués.

Richard Powers met néanmoins en avant des points intéressants et qui interrogent sur le futur de l'humanité : le transhumanisme, la négation croissante de la sphère du privé, l'hypermédiatisation du moindre fait sortant un temps soit peu de l'ordinaire (quoique...), ... Et surtout la question de savoir si le bonheur appartient au domaine de la génomique. Existe-t-il un gène du bonheur? Et la jeune réfugiée d'origine kabyle dispose-t-elle du gène de l'allégresse ultime? Autour du cas de Thassa s'affrontent les points de vue scientifiques, transhumanistes, éthiques, religieux, médiatiques et économiques. Côté sagesse, on repassera...

Beaucoup d'ingrédients de qualité donc, avec de (trop) nombreuses descriptions relevant du génome et de la génétique. le problème, à mon goût, relève plus de la structure narrative parfois artificielle et surchargée. Heureusement le cadre contextuel donne envie de poursuivre la lecture en dépit des longueurs.

Troisième roman de Richard Powers que je lis. L'arbre-monde reste pour le moment mon préféré.
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Une jeune femme à l'optimisme infaillible est la proie d'un généticien, de journalistes,.. alors que d'autres personnes ne lui veulent que du bien...
A l'opposé du premier roman de l'auteur que j'ai lu et que j'avais adoré, ce livre m'a déplu. Je me demande d'ailleurs bien pourquoi une telle différence dans mes goûts.
J'ai trouvé ce livre brouillon, les personnages sont nombreux, présentés dans le désordre et nommés tantôt par leur nom, tantôt par leur prénom, ce qui m'a déstabilisée.
Le narrateur se regarde écrire, ce qui me paraît artificiel.
Il mêle plusieurs interrogations sur notre société, à propos des manipulations génétiques, du bonheur. L'auteur fait montre d'une grande culture.
Seule la dernière page sauve le récit, à mon humble avis.
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J'ai appris sur le site de Rue 89 que Richard Powers est devenu en 2008 la neuvième personne au monde à voir son génome entièrement séquencé. Ce n'est tout de même pas rien, et cela explique, si besoin était, pourquoi l'auteur américain s'est passionné pour les recherches sur la génétique, au point d'en faire un roman. Mes premières rencontres avec Richard Powers ont été très différentes l'une de l'autre, émerveillement pour le temps où nous chantions, agacement et lassitude pour L'ombre en fuite, dont le thème ne me parlait pas autant. J'ai retrouvé avec ce dernier roman paru en France quelque enthousiasme et le nombre de pages notées pour y relire des citations peut en témoigner. le sujet et les personnages suscitent l'intérêt dès les premières pages, l'écriture se lit bien, malgré la langue plutôt originale, qui ne tombe dans aucun lieu commun, ni même ne se permet aucun adjectif trop attendu.
Russell Stone est embauché comme professeur d'écriture auxiliaire au Mesquakie College de Chicago. Un groupe d'élèves lui échoit, la plupart étudiants en art, parmi lesquels Thassa, jeune femme venue d'Algérie après un parcours mouvementé, qui se caractérise par une joie de vivre débordante que nul ne peut ignorer. Elle devient immédiatement le centre du groupe et Russell ne peut s'empêcher d'être intrigué par cette élève, au point d'aller poser des questions sur cette capacité à être heureuse à Candace Weld, une psychologue de l'université. Tous trois apprennent à se connaître, même si Thassa reste toujours un mystère pour son professeur et son amie. En parallèle, un chercheur, Thomas Kurton, travaille à séquencer le génôme humain, et fait connaître ses travaux, et, même si ce n'est pas vraiment lui qui parle de « gène du bonheur », d'autres se chargent de le faire. Car il est aussi question des médias dans ce roman, de leur rapport avec la science et de l'absorption de la vie privée par les réseaux sociaux. Il serait impossible d'énumérer en quelques lignes tous les thèmes qui foisonnent dans ce roman, dense, intelligent, passionnant et vraiment original. Il faut le lire, c'est tout ce que je peux dire de plus !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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critiques presse (2)
LePoint
29 juin 2011
Si vous attendez des romans qu'ils vous donnent à penser et pas seulement à voir et à ressentir, lisez cette fresque monumentale, satire de notre monde et de son impensé. Partez à la découverte des origines du bonheur, ce rêve de nos sociétés, et de sa fabrication par altérations génétiques, ce cauchemar demain.
Lire la critique sur le site : LePoint
Liberation
17 juin 2011
Richard Powers brasse ainsi intrusion de la génétique et exhibition de l’intime. C’est dire l’ampleur du propos, et son ambition. On ne s’étonnera pas que Générosité ait été élu «meilleur livre de l’année» par le New York Times.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (70) Voir plus Ajouter une citation
Sur les deux mille publications consacrées chaque année au développement personnel, bon nombre estiment que, passé le seuil de pauvreté,les revenus n'influent que très peu sur le bien-être de la personne et que l'appartenance sociale n'a guère plus d'impact. Le mariage entre pour une faible part en ligne de compte. Le bénévolat opère des miracles. Mais à part les médicaments, rien n'aide autant à entretenir la satisfaction qu'un emploi gratifiant.
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(...) seuls deux choix s'offrent à la race humaine : rester assis, comme la grenouille insouciante, dans la casserole qui chauffe à petit feu jusqu'à ce que nous soyons tous rôtis, ou prendre notre nature en main et sculpter des anges meilleurs.
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Grace lui avait préparé sa première ligne de cocaïne sur un miroir de poche. ….
Cela ne lui avait presque rien fait. Il avait ressenti une palpitation dans les dents de devant et ses gencives étaient devenues insensibles. Certes, l’après-midi était magnifique ; certes, il se trouvait drôle, éprouvait une sensation de plénitude, de gratitude et même de puissance. Mais en était toujours ainsi lorsqu’il passait un après-midi avec Grace.
Une semaine plus tard, il lui demandait, l’air de rien : « C’est difficile de s’en procurer ? Elle avait ri si longtemps devant sa fausse désinvolture qu’il avait fini par comprendre : jamais plus il ne toucherait à cette chimie-là, sinon il en prenait pour perpète. Quelque chose dans ses cellules avait manifesté une prédisposition à l’addiction, comme chez son père, son oncle, sa grand-tante et sans doute son frère. Son seul remède était de ne jamais céder aux premières fois.
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Il aura fallu des millions d'années à l'espèce humaine pour descendre des arbres et seulement dix de plus pour se mettre en vitrine.
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Plus tard ce soir-là, Sue Weston se connecte à son blog et publie un nouveau message : « L’oiseau du bonheur identifié ». Elle expose ses arguments avec une clarté qui ferait la fierté de son ancien professeur d’écriture. Elle propose des liens vers la transcription du numéro de La Jungle urbaine diffusé en novembre, vers l’article du Reader et tout le battage de ces derniers mois. Rien que les faits. Du documentaire sans création. Telle est la science de son choix, et elle décerne le premier prix à la primeur.
Ce n’est pas comme si elle dévoilait au public des réalités cachées : celles-ci n’ont jamais été d’ordre privé. Sue a 21 ans, elle est assez jeune pour savoir que plus rien désormais n’est privé ni public. Il n’y a que de faits lents et des faits rapides, des faits associés et des faits isolés, et deux séquences dignes d’intérêt finissent toujours par être mises en corrélation. Et puis, si elle ne s’y colle pas, un autre se chargera de publier ces concordances d’ici quelques jours. Pourquoi un autre blog que le sien devrait-il captiver tous les regards ?
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Quand vous regardez les arbres autour de vous, que voyez-vous ? Je veux dire : que voyez-vous vraiment ? Si vous savez rêver, c'est l'avenir de l'humanité que vous contemplez en regardant les arbres.
L'arbre-monde de Richard Powers, c'est un grand roman à découvrir en poche chez 10/18.
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