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Critique de LeScribouillard


CECI N'EST PAS DU STEAMPUNK. On vous fera croire que c'est du steampunk, mais CE N'EST PAS DU STEAMPUNK. Je le répète encore une fois pour les balek life qui assurent que de toute façon ça sert à rien de vouloir tout classer et définir par coeur, Y'A STRICTEMENT RIEN DE STEAMPUNK LÀ-DEDANS. C'EST STEAMPUNKO-PERMÉABLE, POINT BARRE.
Et pourtant, on nous le présente comme LA référence de ce mouvement. (Merci Bragelonne pour cette réputation, soit dit en passant...) C'est comme les mecs qui prennent de la hardtek et qui appellent ça de la ragga psytrance... Bon, en gros, c'est la même différence qu'entre les spaghettis et les nouilles au beurre.
Cela dit, si c'en est pas, c'est quoi, alors ? Time opera et donc SF, réalisme magique / urban fantasy ou fantastique (selon les points de vue des protagonistes et les définitions des spécialistes), de l'Histoire secrète, de l'aventure, de l'horreur, bref tout ce que vous voulez, mais pas du steampunk. Et ce parce qu'il manque un élément-pilier à l'histoire : la technologie rétrofuturiste. Faut pas oublier que c'est basé uniquement là-dessus : voir comment le XIXe siècle aurait pu se dérouler autrement. Ça peut se faire dans le cadre d'une uchronie, d'un récit de fantasy (gaslamp selon les experts, mais on va pas rentrer dans les détails), ou même allez ! dans un roman historique où on dit qu'il y a un inventeur un peu fou qui n'a jamais été reconnu à sa juste valeur et où, par un aléa du scénario, celles-ci partent toutes en fumée... Là où je veux en venir, c'est que j'en ai marre qu'on mélange des vessies avec des lanternes : ce n'est pas parce qu'un roman se déroule dans le Londres (cliché n°1 du steampunk, juste avant le contexte forcément victorien) du XIXe siècle, avec des éléments surnaturels (ce qui est un élément récurrent dans le genre, mais ne lui est en aucun cas indispensable) qu'on est dans du steampunk. Sinon, bientôt on va mettre Peter Pan dans cette catégorie.
Inutile de vous dire que moi qui essaye d'approfondir mes connaissances dans le domaine, j'ai été plutôt mis à mal. Mais pour autant, est-ce qu'on est sur du mauvais roman ? On m'avait dit qu'il serait ennuyeux, tiré par les cheveux par moments, hermétique au non-initié. Eh bien...
Non, pas vraiment. Et quitte à se la jouer Durendal, enfonçons le clou sourire aux lèvres face à la caméra : c'est pas mal du tout.
En fait, je ne vois même vraiment pas ce qu'on trouve d'ennuyeux à ce bouquin. Certes, il reprend pas mal d'archétypes (le creepy clown, la fille garçon manqué dans un contexte simili-victorien), mais ils sont introduits de manière plutôt bien orchestrée, et même si tous ces thèmes ne sont clairement pas mon truc, pour une fois, j'ai kiffé. Les expériences maléfiques d'Horrabin père et fils dans les sous-sols, c'est d'une inventivité effroyable, et dans tous les sens du terme ! Et puis j'ai trouvé les MacGuffin nombreux mais bien dosés eux aussi, le rythme bon sans jamais se précipiter, et que ça faisait du bien de voir un livre aussi dense tout en restant fluide.
Super, vous vous dites ! Sauf que... Passées les 200 premières pages, d'un coup ça part en vrille. Ça reste du bon roman, mais on vous balance des personnages et des intrigues et des rebondissements en plus à ne plus rien y comprendre ! Et ça va en Égypte, et en 1660, et en Grèce, et lord Byron se fait cloner, ce qui soit dit en passant est pour ainsi dire complètement inutile au scénario... C'est terrible !
Terrible, je vous dis ! Il y a eu un moment, je me suis dit : Cherche pas à comprendre, lis juste. Ah, comme ça, le Maître part sur la Lune ? Autant pour moi ! Je suis bien dans mes coussins, avec ma narghilé à charbon, et s'il me tombe dessus, on fera des bébés ensemble.
Pourtant, j'ai pas baissé les bras aussi facilement. Même dans les pires moments, je voyais bien que l'auteur parvenait à s'accrocher encore. Et puis, j'ai lu "Wonderful" de Calvo en entier, moi, je suis un warrior. C'est pourquoi j'arrive aux 75 dernières, et là, miracle, tout redevient comme avant avec un peu d'humour et une belle ingéniosité.
Alors, est-ce que le fait de retomber aussi bien sur ses pattes justifie tout ? Pas vraiment, non. Plein de personnages sont restés sous-exploités : Sheila, Copenhagen Jack, Rase-crottes... Je ne cracherais pas sur un petit spin-off, perso. Car on était sur un univers tellement vaste qu'on sentait que l'auteur ne savait parfois pas quoi en faire.
Sinon, bah... Bon sens du coup de théâtre sans trop en faire, aventure avec un grand A, paradoxe de l'écrivain bien exploité... Et pour ceux à qui ça plait, un hommage vibrant à la poésie anglaise... et aux Beatles.
Décidément, c'est vrai que ça en brasse, des thèmes ! de la mythologie égyptienne à l'histoire de l'Angleterre, en passant par le loup-garou... Et on nous dit juste que c'est du steampunk. c'est bête, mais c'est comme ça.
Uniquement du steampunk. C'est quand même bien bête.
Steampunk par ci, steampunk par là... Eh oui, que voulez-vous, c'est la mode de balancer ce nom à tous les coins de rue ! Soit dit en passant, j'aimerais bien qu'on privilégie un peu plus ses petits frères clockpunk, silkpunk, dieselpunk et autres, mais visiblement en France on n'aime pas la diversité. (Ce qui s'est d'ailleurs fait sentir aux dernières élections... Ah, Nathan, je digresse, sblaffe-moi vite que je reparte sur mes rails. SBLAF)
Toutefois, on peut dire que, comme certains romans de fantasy sont dans un esprit fantastique, ce bouquin est bien dans un esprit steampunk. Pourquoi pas, après tout ?
Et même s'il regorge d'imperfections bien trop nombreuses à lister (côté magicbuilding on est presque sur du TGCM, certains trucs restent pas clairs ou pas expliqués), si ça pouvait promouvoir un livre de si bonne facture, alors tant mieux.
Alors, finalement, "Les voies d'Anubis" mérite-t-il ses réputations, bonnes ou mauvaises ? Pas complètement, non. Pour ses fans, ce n'est pas réellement du steampunk et donc pas un de ses livres cultes, pour ses détracteurs, il est certes un peu bancale mais loin d'être mauvais.
Ma foi... Des moments, il ne faut pas chercher à tout comparer, tout classifier, tout rationaliser. "Les voies d'Anubis", c'est pas un roman qui se pense, c'est un roman qui se ressent, et au plus profond de nos tripes.
Pourquoi donc s'attarder là-dessus ? C'est du divertissement quatre étoiles, voilà tout. C'est un très bon livre, mais pas un excellent. C'est pas un livre steampunk, mais si on l'avait pas étiqueté comme tel, je m'y serais jamais intéressé.
Un livre que je recommande, donc. Mais pas aux débutants dans la SFFF, toutefois ; et certaines scènes étant assez hard (sans qu'il y ait beaucoup de sexe ou de descriptions pour autant), évitez de faire lire ça à quelqu'un de sensible.
Non, c'est à réserver aux passionnés de celle-ci, sous toutes ses formes, de la plus roman-feuilletonnesque à la plus grandiloquente, à ceux qui n'ont pas peur de voir se côtoyer le meilleur comme le pire, le merveilleux comme l'épouvantable, des fois si liés qu'ils en sont indissociables... Bref, des gens comme moi, quoi.
Kouide donc des autres ? Eh bien, ils pourront toujours essayer de se lancer dans l'aventure (sachant que CE N'EST PAS DU STEAMPUNK, même si ce roman peut être considéré comme une de ses origines), et un jour où ils aimeront lire quelque chose qui fait penser au steampunk (MAIS QUI N'EN EST PAS), ils pourront lire ce fameux bouquin (LEQUEL N'EST SURTOUT PAS DU STEAMPUNK).
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