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Critique de Arakasi


Pauvre, pauvre, pauvre Brendan Doyle… Regardez-le donc, affamé et perdu dans les pires quartiers londoniens du début du XIXe siècle, traqué par des hordes de mendiants et de voleurs, poursuivi par des singes déments et des clowns psychotiques, menacé par d'antiques divinités païennes assoiffées de sang ! Mais que diable est-il allé faire dans cette galère, ce bon Doyle, ce brave universitaire américain dont la vie – jusqu'à ces catastrophiques derniers jours – était aussi monotone et rassurante que celle d'un expert-comptable ? Il faut dire que l'occasion paraissait en or massif. Pensez-vous, ce n'est pas tous les jours qu'un obscur petit biographe de poètes victoriens se voit offrir l'occasion de remonter le temps pour assister en personne à une conférence d'un des plus renommés auteurs anglais du XIXe siècle, le grand Coleridge en personne !

Bien sûr, avec sa malchance chronique, Doyle aurait dû se méfier. A peine, a-t-il eu le temps de se remettre de son saut dans le temps et de béer d'admiration devant la sapience de Coleridge, que le voici enlevé par une bande de prêtres fous décidés à rétablir le culte des anciens dieux égyptiens sur terre. Parvenu in extrémis à s'échapper, Doyle trouve refuge dans les bas-fonds londoniens, mais ses persécuteurs sont sur ses traces et ils ne manquent ni de motivation, ni de magie noire pour arriver à leurs fins. Seul échappatoire possible : retourner en 1983, au XXe siècle, cette époque bénie où la sorcellerie a disparu de la surface de la terre, où les dentistes ont découvert les vertus des anti-inflammatoires et où l'on peut trouver des pharmacies à tous les coins de rues. Une entreprise hélas plus facile à formuler qu'à faire… Car pour retourner chez lui, Doyle devra emprunter l'une des mystérieuses voies d'Anubis lancées à travers le temps et les siècles et que tant d'autres personnes, aux intentions particulièrement féroces et peu recommandables, sont décidées à découvrir avant lui.

Disons le tout de suite, ma première réaction au début des « Voies d'Anubis » n'a été ni l'enchantement, ni l'excitation, plutôt une sorte d'ébahissement doublée d'une dose non négligeable de « Bon sang, c'est quoi, ce bordel ? ». Dans un premier temps, l'intrigue de Tim Powers ressemble à un galimatias de situations rocambolesques, de personnages invraisemblables et d'idées loufoques plus ou moins liées les unes aux autres. de quoi déconcerter les innocents lecteurs et leur faire craindre le pire pour la suite de leur lecture. Et puis, petit à petit, page après page, le miracle se produit ! Les fils de l'intrigue se rejoignent, s'entremêlent et tissent finalement un véritable petit délice scénaristique, fourmillant d'inspirations brillantes et de retournements de situation admirablement amenés, de ceux qui vous font couiner d'excitation dans votre fauteuil et vous exclamer avec une voix de pinson « Oh, comme c'est malin ! Comme c'est bien trouvé ! » Ajoutez à cela une bonne dose d'humour, des protagonistes hauts en couleur et campés avec efficacité (à défaut de beaucoup de profondeur), un background historique fouillé et bien renseigné, une débauche de décors plus imaginatifs et pittoresques les uns que les autres et vous obtenez un roman d'aventures formidablement divertissant. Rien de bien de subtil, ni de bien fin, mais le tout est si ingénieux, si inventif, si… eh bien, si fun tout simplement, que l'on aurait scrupule à cracher dans la soupe.

Mon seul regret ? Avoir lu ce roman dans une horrible édition poche à l'illustration cradingue qui me donnait l'impression de lire de la série B, au lieu de le découvrir dans la magnifique nouvelle édition de Bragelonne. Je sais, ce n'est pas l'apparence qui compte, mais, tout de même, ça fait parfois plaisir un joli bouquin...
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