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EAN : 9782021116335
512 pages
Seuil (03/04/2014)
3.8/5   25 notes
Résumé :
Madrid, 1942. Antonio, un malfrat madrilène, voleur à la tire et détrousseur de riches provinciaux, endosse le meurtre commis par sa complice et bien-aimée Carmen. Pour échapper à la police, il s'engage dans la División Azul. Envoyé sur le front soviétique, il est fait prisonnier par l’Armée rouge où il usurpera l’identité d’un homme qui lui ressemble comme un frère jumeau, Gabriel Mendoza. Libéré en 1954, c’est sous ce nom qu’il rentrera en Espagne où, après avoir ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je suis hélas la première personne à mettre en ligne une note de lecture sur Une imposture, roman qui ne cesse de me tarauder. Si un lecteur voulait me donner son opinion sur le livre de Juan Manuel de Prada, je serais ravie de confronter nos impressions, sans insulte ni noms d'oiseaux si possible.
Connaissant les opinions politiques de l'auteur, journaliste à ABC, dont les prises de position lui ont valu le surnom de "franquiste de salon", je me doutais bien que ce roman, consacré à Antonio Exposito, petit malfrat madrilène qui gagne sa vie en dépouillant de riches parvenus en goguette dans la capitale et qui s'engage dans la División Azul pour échapper à la prison, susciterait bien des réactions. (La 250 Einheit Spanischer Freiwilliger de la Wehrmacht était un corps de plus de 17 000 volontaires espagnols créé en 1941 par Franco à disposition de la Wehrmacht pour combattre sur le front de l'Est).

Pendant les combats, Exposito se lie d'amitié avec Gabriel Mendoza, rejeton peccamineux d'un homme d'affaires corrompu parti à l'Est expier les fautes de son père. Les deux hommes, dont la ressemblance physique est troublante, se confient l'un à l'autre. Exposito endosse l'identité de son ami, et continuera de se faire passer pour lui à son retour d'U.R.S.S.
De grandes qualités d'écriture dans ce récit captivant qui s'attache à transcrire le destin d'un homme faible pris dans l'engrenage du mensonge et de la dissimulation. le thème classique de l'imposteur qui pendant un conflit endosse l'identité d'un compagnon grâce à une ressemblance physique et aux confidences qu'il a emmagasinées prend ici une dimension supplémentaire. Après dix années d'emprisonnement dans les camps soviétiques, Antonio doit se réadapter à la vie civile dans un pays qu'il ne reconnaît plus. Ayant par ailleurs hérité de la fortune familiale de Mendoza, le voici plongé dans un milieu qu'il exécrait.
Un des intérêts du roman réside dans le récit des conditions de recrutement et des motivations des volontaires qui s'apprêtent à gagner le front soviétique. Je m'attendais à des descriptions de combats, l'unité d'Exposito et de Mendoza étant envoyée à Krasny Bor. Mais le chapitre consacré aux conflits est bref (dommage). Ce sont plutôt les conditions de détention dans les camps soviétiques à partir de 1943, et jusqu'à 1954 (après la mort de Staline et l'assassinat de Beria) qui intéressent Prada.
Le retour en Espagne sur le Sémiramis marque pour Exposito le début d'une existence tout aussi aliénante. le rapatriement des derniers volontaires de la División Azul est pour Franco une épine dans le pied (il démet les phalangistes des postes gouvernementaux), l'heure étant à l'entente cordiale avec les Américains. L'Espagne des années 50, où les plus modestes courent "après les miettes du festin que dévoraient à belles dents les thuriféraires du régime" déplaît à Exposito qui en plus de la fiancée de Mendoza , "hérite" aussi de ses relations et se retrouve, à son corps défendant, au coeur d'un trafic à grande échelle.

Une imposture est un grand roman noir sur le double, le mal et les choix d'une vie. Mais... Mais cette belle promenade littéraire, ce beau paysage ont quelque peu été gâchés par le fameux "scrupulus" (au sens étymologique du terme) qui m'a gênée durant la promenade.
Les membres de la División Azul sont présentés comme des croisés anti-communistes partis combattre "le mal dans sa tanière", des caballeros agissant pour la grandeur de l'Espagne et de l'Eglise, et dont les actions ne sont entachées d'aucune exaction. L'unique soldat honni est le sous-lieutenant Camacho, déserteur de la Phalange, passé du côté de l'Armée rouge afin d'améliorer ses conditions de détention. Est-ce la voix d'Exposito ou de Prada qui se fait entendre dans cette Imposture? La trilogie consacrée à Arturo Andrade (autre volontaire de la División Azul) par Ignacio de Valle (El arte de matar dragones, Empereur des ténèbres, Les démons de Berlin), n'avaient pas suscité chez moi les mêmes interrogations.
C'est un peu finalement comme Aragon et son "Lorsque ma femme aimée me donnera un enfant, le premier mot que je lui apprendrai sera Staline." (grosso modo) ou les lignes de James Ellroy sur Haïti. On peut apprécier un poète ou un romancier même si parfois ils nous plongent dans un abîme de perplexité. La lecture ne s'achève pas une fois la dernière page tournée.
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Antonio, enfant abandonné, vit de petites magouilles, depuis sa sortie de l'orphelinat. Des vols, mais ça ne nourrit pas son homme.

Et puis, il a une idée de génie, trouve une complice pour ses mauvais coups, de l'argent rentre à flot et patatras, quand on ne sait pas s'arrêter à temps, on se brûle les doigts et on a un mort à ses pieds.

Ce roman, c'est la vie d'Antonio Exposito, qui, pour échapper aux flics, va s'engager dans la division Azul et partir sur le front russe. Oui, nous sommes en 1942…

Stalingrad, son encerclement, le froid, la peur, tout cela est décrit assez brièvement dans le roman, car peu de temps après son arrivée, notre Antonio, va se retrouver prisonnier et direction le goulag. Dommage, j'aurais aimé avoir plus de détails sur la bataille de Krasny Bor.

L'auteur décrira assez sobrement les conditions de vie extrêmes des prisonniers du goulag. Bon, pas besoin de plus de descriptions pour moi qui ai lu « L'archipel du goulag » et pour les lecteurs qui ne sauraient rien, ils comprendront vite que c'était l'enfer sur Terre.

À entendre l'auteur, par la bouche de son autre personnage, Gabriel Mendoza, aucun soldat de la division Azul ne s'est comporté comme un sauvage, personne n'a violé de femmes, le seul qui est un salopard de traitre est le vilain Camacho, déserteur de la Phalange, qui est passé à l'ennemi (afin d'améliorer ses conditions de détentions). Heu, ça ne fait pas un peu manichéen, ça ? Camacho ayant même le visage de l'emploi.

Et puis, toujours d'après Mendoza, devenu pote avec notre Antonio, les membres de la division Azul sont tous des anti-communistes venus combattre la bête rouge dans sa tanière. Pour certains, ce fut ce qui les motiva à entrer dans la division, d'autres, c'était pour le solde ou pour échapper aux cognes, comme notre Antonio.

Oui, Mendoza est un idéaliste, un croyant, un fervent catholique, c'est ce qui le différencie D Antonio, prêt à trahir sa conscience, son âme, pour un morceau de pain (ce à quoi je ne peux lui donner tort).

L'auteur, s'il ne décrira pas trop le goulag, s'attachera plus sur les émotions de nos deux prisonniers : les angoisses, les questionnements, les vaines tentatives de Mendoza pour garder l'unité au sein de ses hommes en leur insufflant l'espoir, tandis que les gardiens et le système fait tout pour diviser les prisonniers, pour les appâter, leur faire miroiter la liberté, s'ils renient leur pays et adoptent la nationalité russe, tout en embrassant le communisme qui fera de leur vie un paradis.

Dans ce roman de 600 pages, 200 sont consacrées à l'emprisonnement D Antonio et pour moi, ce sont les plus intéressantes de ce roman, même si on sent le parti pris pour la division Azul.

Après la page 300, lorsqu'il retrouve la liberté après plus de 10 années d'emprisonnement, sous un autre identité, l'imposture étant qu'il revient sous l'identité de Mendoza (ils se ressemblaient physiquement), le personnage D Antonio devient abject au possible, jusqu'à l'horreur ultime, qui m'a dégoûtée au possible.

Il est difficile d'apprécier le personnage D Antonio, même au début, car il semble fade, sans consistance. C'est au goulag qu'il se révèlera le plus, prêt à tout pour son quignon de pain, un vêtement chaud, des soins… Comme la plupart (je serais peut-être dans cette catégorie aussi, reniant tout pour bouffer ou boire du café chaud) des prisonniers.

Vu les conditions de détentions, le travail et les mauvais traitements, je ne lui en veux pas. Pourtant, malgré son côté "courage, renions", il n'hésitera pas à ouvrir sa gueule et à se retrouver au fond de la mine avec son ami Mendoza…

Ce sera un de ses rares actes héroïques, après son retour, il sera abject de chez abject. La peur d'être découvert dans son imposture le poussant à commettre l'irréparable. Et pas qu'une seule fois. Antonio, c'est un mec qui gagne à ne pas être connu.

Un roman historique noir, très noir, sur une période sombre de l'Histoire, du franquisme, des phalanges envoyées sur le front russe, sur les camps de prisonniers, les goulags, la noirceur humaine, sur ceux qui, dès qu'ils ont du pouvoir, en abusent (dans les camps et ailleurs) et sur le fait que les yeux se sont détournés sur les prisonniers de la division Azul revenus des camps, que Franco ne voulait pas voir…

Un roman assez fort, mais assez froid dans l'écriture, même si elle était très belle.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Une imposture raconte une trajectoire hors du commun celle de Antonio Exposito, madrilène, petite frappe qui pour échapper aux geôles franquistes en tant que prisonnier de droit commun préfère s'enrôler dans la Division Azul pour combattre aux côtés de l'Allemagne nazie le communisme. A défaut de connaître les prisons espagnols, Exposito finit par connaître le goulag soviétique. Il s'en sort et par un jeu de dupes il usurpe l'identité d'un de ses compagnons et devient le Senor Mendoza qui rentre au pays. Sauf que Franco ne veut plus entendre parler de la Division Azul, le compagnon dont Exposito a usurpé l'identité vient d'une famille pas si blanche colombe que cela et l'Espagne des années 50 n'a rien d'enviable sauf si on est bien né et du bon côté politique. Exposito qui part petite frappe à la mentalité de petite frappe revient très cynique, totalement désabusé d'URSS et ce qu'il découvre à son retour au pays va certes lui donner la position sociale et financière mais ne va le remettre d'aplomb sur le plan psychologique.

Une imposture est un roman très documenté où se mêlent les faits historiques avérés et l'analyse qu'en fait l'auteur. Car bien que très à droite Juan Prada est un esprit cultivé et complètement politiquement incorrect d'où une réflexion assez noire, cynique et dérangeante de certains pans de l'histoire espagnole.

Je ne mettrai pas ni 5 ou 4 étoiles car certains éléments sont un peu poussifs. On peut sourire et se poser des questions sur l'aspect très abracadabrantesque de la vie d'Exposito. Ensuite, la Division Azul est montrée sous un jour peut-être un poil favorable donc avec un peu moins de recul que par exemple la grande hypocrisie morale et religieuse du régime franquiste vue à travers des histoires peu connues comme celle d'Ava Gardner venant à Madrid se repaître d'alcools et de mignons. Sur la trame narrative, les débuts d'explications de la vie d'Exposito m'ont semblé un peu expéditive alors que la description de sa captivité au goulag par moment un peu longuette. Il y aurait d'autres points comme cela a développé mais ce serait un peu long.

Néanmoins cela reste un livre brillant et qui par pas mal d'aspects bousculent le clan idéologique de l'auteur.
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Très beau livre d'abord la vie d'un soldat de la division azul pendant la campagne de Russie, il est fait prisonnier par les Russes et se retrouve interné dans les camps. Il raconte ses conditions de détention et surtout l'usurpation d'identité que les russes lui propose il prend la place d'un lieutenant à qui il ressemble beaucoup. Au bout de quelques années il finit par être libéré et retourne en Espagne où il doit endosser sa nouvelle personnalité de riche héritier d'une entreprise de transport. Mais cette vie n'est pas la sienne et très vite cela tourne mal d'abord avec sa fiancée ensuite avec sa nièce. IL fait tout pour retrouver son amour de jeunesse avant de partir sur le front russe. Là plus d'imposture il redevient lui même mais c'est trop tard il doit payer
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Le sujet du livre est vraiment intéressant et on apprend pas mal de choses sur l'histoire de ces espagnols partis se battre sur le front de l'est, sur leurs motivations parfois très contraires et leur sort, peu enviable il faut le dire. L'histoire est plutôt pas mal, mais l'auteur use et abuse de la métaphore, rendant la lecture assez lourde, voire, parfois, carrément pénible.
Le manque de nuance rend un peu le tout moins crédible (les communistes sont vraiment tous très très méchants!) et c'est dommage car, malgré tout, une fois le livre terminé, on peut reconnaitre avoir passé un bon moment.
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critiques presse (1)
Bibliobs
15 mai 2014
Adversaire de l'avortement, proche de l'Eglise, ce quadra de la littérature espagnole soigne son image de "réac". Ça ne l'empêche pas d'avoir du talent.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mais le froid avait envahi l'âme d'Antonio, aussi étendu et enneigé que la steppe russe. Un froid sans contours ni horizon, d'une blancheur aveuglante, vorace comme la mort même.
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