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EAN : 9782757828717
613 pages
Points (07/06/2012)
4.26/5   27 notes
Résumé :
Littéralement, "Einsatzgruppen" signifie "groupes d'intervention". La mission de ces 3 000 hommes lancés à partir de juin 1941 dans le sillage des armées allemandes à la conquête de l'URSS était de "liquider" les ennemis potentiels du Reich. Ils furent les exécutants zélés de la première phase de "la solution finale de la question juive". Hommes, femmes, enfants, tous sont visés, abattus dans de grandes fusillades par les formations allemandes et leurs auxiliaires l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
einsatzgruppen signifie littéralement "groupes d'intervention". L'auteur nous précise que "le travail de ces commandos spéciaux était la traque et l'assassinat de sang-froid, derrière les lignes de front, de tout Juif, homme, femme et enfant, tombé entre leurs mains. de même avec les Tsiganes. de même avec tout ennemi potentiel du Reich."

Le terme "potentiel" est d'importance, qui justifiera l'assassinat des femmes et des enfants. Tués méthodiquement, scientifiquement à l'économie des balles et du moral des troupes.

On plongera, dans le moral des troupes. On trouvera des séquelles et des explications en terme de dynamique de groupe.
Prazan interroge également les témoins, les victimes, raconte ses difficultés avec des interprètes. En 600 pages,il décrit comment "tout ou presque, au delà même de ce que l'esprit humain peut concevoir, fut expérimenté pour venir à bout des populations vouées à la mort par les nazis".

L'écrivain fait oeuvre d'historien. Atteint-on les sommets de l'horreur ? Non ! Les sommets de l'horreur sont inaccessibles par procuration. Ces récits sont "tellement invraissemblables , hors de portée de notre imagination, qu'ils en revêtaient un caractère abstrait." C'est néanmoins un livre d'histoire clair, bien écrit, et qui porte à la réflexion.

Alexandre Jardin écrit dans "Des gens très bien" :"Si l'on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi ; mais pour pratiquer un antisémitisme d'Etat, il est impératif de mobiliser des gens très bien, dotés de vertus morales solides. Les détraqués, les sadiques huileux et les pervers professionnels ne sont pas assez nombreux. Ni suffisamment efficaces. L'exceptionnel, dans le crime de masse, suppose le renfort de la normalité."

L'homme est un monstre comme les autres. le diable est finalement assez mal fichu, mesquin, méprisable.

Spécialiste des idéologies meurtrières, Michael Prazan est écrivain et réalisateur. Cette enquête sur les einsatzgruppen est également parue sous la forme d'un reportage diffusé en avril 2009 sur France 2.
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Si je mets trois etoiles a cet ouvrage,c'est que je reconnais tout le travail de recherche,d'interview,car il y a de nombreuses passees dans les documents,les photos,les enregistrements.
Par contre,l'auteur m'a mise mal a l'aise a plusieurs reprises par ses commentaires désobligeants quand il rencontrait un SS responsable de massacre de masse.
Je comprends sa frustration,sa colere en tant qui juif,son desir plus qu'intense que ces hommes soient emplis de remords,d'excuses,son besoin de laisser des traces pour qu'on n'oublie pas,qu'on reconnaisse les massacres.
Je trouve que maltraiter verbalement des personnes agees qui le recevaient avec beaucoup de courage manque de professionnalisme;il n'a pas su mettre la distance necessaire avec son sujet de recherche,je trouve ca dommage car ce livre me laisse triste,et je n'aime pas etre triste quand je lis un ouvrage documentaire
Dommage.
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Un livre qui retrace à la fois l'histoire des einsatzgruppen et de leurs multiples complices locaux (les einsatzgruppen, seuls, n'auraient jamais suffi pour fusiller, lyncher ou brûler vif un million et demi de Juifs, de handicapés, de Tziganes, de prisonniers soviétiques…) et le tournage d'un film (qui porte le même nom que le présent ouvrage).
Je n'ai pas souvent rencontré un bouquin consacré à la Seconde Guerre mondiale (ou, tout au moins, à l'un de ses aspects) dont la lecture soit aussi éprouvante et, en même temps, aussi… addictive. Sa double nature de livre d'histoire bien documenté et de récit de rencontres (témoins, rescapés, assassins) donne non seulement à cet ouvrage un caractère rigoureux mais également une dimension humaine qui fait souvent défaut à des études plus « académiques ».
Un coup de poing.
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Ce livre m'a fait mal, je l'ai lu en 2 jours. Pourtant j'en ai lu des horreurs sur la shoah mais là on a à faire aux ultimes témoinages des derniers survivants. Tout ça a l'air de s'être passé dans un autre monde alors que c'était il y a seulement 65 ans à quelques heures d'ici... Si vous avez des doutes sur le genre humain ou si vous souhaitez conserver vos illusions, passez votre chemin vous n'en aurez malheureusement plus aprés. A lire absolument.
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
La question des viols est l'ultime tabou des bourreaux « repentis » - ou plutôt assumés. Je m'en étais largement rendu compte quand j'avais interrogé des membres de la soldatesque japonaise ayant participé aux massacres de Nankin. Tous ou presque reconnaissent avoir pris part aux meurtres de masse. Aucun aux viols qu'ils ont pourtant sans l'ombre d'un doute commis.
Cela se comprend. Comme Aleksynas [Nationaliste lituanien, membre d'une milice d'autodéfense ayant assisté l'Einsatzgruppen B en Biélorussie], les bourreaux se retranchent derrière la responsabilité collective et l'ordre de leurs supérieurs. Ils insistent toujours, d'une manière ou d'une autre, sur le fait qu'ils n'étaient qu'un rouage des massacres. S'ils n'y avaient pas participé, ils auraient inutilement risqué d'être sanctionnés, sinon tués, et d'autres l'auraient fait à leur place. Il en va tout autrement de la question du viol. Au-delà de l'inavouable, de la honte ressentie par tout homme qui, en temps de paix, admettrait avoir commis un viol (retournés à la vie civile, ils ont pour la plupart retrouvés une famille, des parents, une épouse, des enfants – l'aveu est de ce fait plus difficile encore), l'abus sexuel répond à un désir autant qu'à une décision individuelle. Le criminel le sait bien, et il n'y a pas là de raison impérieuse, échappant à son libre arbitre, derrière laquelle se retrancher. Or, comme à Nankin, les viols, aux abords des fosses, dans les villages pillés et raflés, dans le maelstrom infernal d'un monde qui a inversé la morale commune la plus élémentaire – en dépit des précautions maniaques et totalement incompréhensibles, pour l'exécutant lambda, prises par les maîtres allemands -, ont bien eu lieu. Les témoignages que j'ai recueillis en ce sens sont légion. Et plus la folie meurtrière, l'alcool, le sadisme gagnaient les bourreaux, plus ils se sont amplifiés. Ce fut assurément le cas en Biélorussie.
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Les exécutions menées par les Einsatzgruppen étaient certes efficaces, mais elles mobilisaient des hommes affectés à des tâches d'un intérêt supérieur (l'extermination des Juifs), et représentaient un coût, notamment en munitions, dont la hiérarchie SS se serait bien passée. Après que 600 000 prisonniers soviétiques eurent été abattus par les Sonderkommandos et les Einsatzkommandos, il fut décidée de poursuivre cette extermination en abandonnant tout simplement les soldats soviétiques à leur sort. C'est-à-dire, en cessant de les alimenter.
Dans l'histoire contemporaine allemande, il existe un précédent à ce type de mesure. En 1904, dans son éphémère colonie de Namibie, l'Allemagne de Guillaume II avait usé de la même stratégie pour mettre un terme à l'insurrection des Hereros, la tribu rebelle du sud-ouest africain. Des fusiliers marins avaient été envoyés sur la côte afin de mater la rébellion. Ils entrèrent dans les villages pour massacrer les populations, procédant au lynchage et pendaison des ennemis potentiels, massacrant indistinctement les femmes et les enfants. Après cette première phase de massacres, le général Lothar von Trotha, personnellement mandaté par le Kaiser pour « annihiler les masses », lança son armée dans le désert pour repousser puis encercler la tribu africaine plus loin à l'est du pays. Les rebelles, cernés au milieu du désert du Kalahari par les contingents allemands qui avaient coupé toutes les voies d'approvisionnement et asséché les puits, finirent par mourir de soif. Entre 40 000 et 80 000 personnes furent ainsi exterminées, et les quelques milliers de rescapés réduits en esclavage ou parqués dans des camps.
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Elle se souvient qu'un SS allemand s'est mis à tirer comme un possédé avec une mitrailleuse sur la foule. Les gens fauchés tombaient sur le pavé, et leurs corps piétinés par les autres, frappés à coups de crosse de fusils et de fouets. Les policiers criaient : "Plus vite ! Plus vite !" L'homme qui canardait ainsi les retardataires avec sa mitrailleuse s'appelait Brasch. Volksdeutsch originaire de la Baltique, comptable dans le civil, Brasch avait le grade de Sturmbannfürher dans le SD. Pendant qu'il tirait sur la foule, un policier juif du ghetto courut vers lui pour lui demander ce qu'il était en train de faire. Brasch lui répondit qu'il avait reçu des instructions précises et qu'il devait éliminer tous ceux qui ralentissaient la colonne afin que l'horaire fut respecté. Tout avait été minutieusement planifié. Jeckeln avait prévu qu'il faudrait trois heures aux victimes pour parcourir les 10 kilomètres séparant la Luszas de la forêt de Rumbula. Et comme on ne pouvait compter, en hiver, que sur sept heures d'ensoleillement, il était nécessaire que le massacre fût terminé au crépuscule.
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Nous avons passe de longues heures a ecouter les recits de cette barbarie.Ils n'avaient que la force fragile des mots et du souvenir.Des recits tellement invraisemblables,hors de portee de notre imagination,qu'ils en revetaient un caractere abstrait.Grace a la recreation de Klimov,ces recits,ces mots seraient incarnes comme jamais auparavant,revetant une signification plus concrete.
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Einsatzgruppen:un mot mystérieux,difficilement traduisible;euphemisme de la langue bureaucratique de l'appareil de destruction nazi.Litteralement signifie"groupes d'interventions".Mais sa veritable signification doit se comprendre par leurs actes:le travail de ces commandos spéciaux etait la traque et l'assassinat de sang-froid,derriere la ligne de front,de tout homme juif,hommes,femmes,enfants,tombes entre leurs mains.De meme les Tsiganes.De meme avec tout ennemi potentiel du Reich.
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Videos de Michaël Prazan (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michaël Prazan
Dans ses "Récits de la Kolyma", un recueil de nouvelles écrites après sa libération, l'écrivain russe Varlam Chalamov témoigne de l'enfer des goulags staliniens, auquel il a survécu après une vingtaine d'années de pénitence. L'histoire de Varlam Chalamov a été source d'inspiration pour Gisèle Bienne et Michaël Prazan, invités de Nicolas Herbeaux pour transmettre ce témoignage marquant et essentiel.
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