Garçon manqué

Après avoir été déçu par « Seule pour toujours » de Liz Prince, je voulais lui demander une nouvelle chance. En effet, les critiques que j'avais pu lire encensait plutôt « Garçon manqué », qui est un vrai one-shot et non pas un recueil de blog. Dans ce livre, Liz Prince raconte sa jeunesse et son adolescente où son côté pas assez féminin (selon elle) l'a beaucoup fait souffrir. C'est donc une autobiographie qui nous est proposée chez Ça et Là, pour un total de… 250 pages !

L'autobiographie de jeunesse centré sur un problème particulier (ici le côté « garçon manqué ») a le vent en poupe. Hélas, il faut bien avouer que certains ont des jeunesses bien plus intéressantes que d'autres. Et surtout, la difficulté est de savoir sublimer son existence par un traitement narratif ou graphique adéquat. Liz Prince hésite un peu sur le mode à suivre, tantôt humoristique, tantôt franchement plombante. le livre se révèle bien trop premier degré. Alors qu'en est-il du propos ?

Liz n'aime pas les robes. Voilà le point de départ de l'intrigue. Elle n'aime donc pas les poupées, le rose et tout ce qui va avec. Elle aime les jeux de garçons et jouer avec eux. Hélas, il n'existe visiblement pas d'espace intermédiaire. Elle se retrouve ainsi mise à l'écart des deux communautés. Au-delà du côté garçon manqué, c'est avant tout l'histoire des marginaux qui est narrée. Hélas, le tout reste très terre-à-terre et ce n'est que dans les ultimes pages que la notion de marginalité (au sens large du terme) prend vraiment sa place.

Liz Prince aurait pu généraliser son propos mais ce n'est pas le cas. On retrouve finalement dans le livre tout ce que l'on pourrait dire à l'avance avant de le lire : on la prend pour un garçon, pour une lesbienne et elle accepte mal son corps. du coup, si le livre se lit facilement, il ne propose aucune véritable surprise. Et les moments plus intimes, plus personnels, sont noyés devant la pagination trop importante du livre. En effet, de nombreux passages sont redondants et n'apportent rien. En voulant tout dire, l'auteure affaiblit son propos.

Au niveau du dessin, c'est vraiment le minimum syndical. le tout est en noir et blanc, avec un traitement sans matière ni niveau de gris. le dessin est très simple et, finalement, n'apporte rien à la narration.

Ce « Garçon manqué » a tout du projet trop personnel. Il n'y a pas de travail d'écriture sur l'ouvrage, l'auteure étant trop exhaustive et se contenant d'un traitement purement chronologique. L'expérience personnelle de Liz Prince n'est pas assez puissante ou originale (en tout cas, vue du livre) pour réellement créer un intérêt chez le lecteur. L'ouvrage aurait été plus court, il aurait été certainement beaucoup plus intéressant.

Liz Prince ne veut pas être une fille ! Elle préfère jouer au foot et n'aime pas porter de robes. C'est donc un garçon manqué ! Qu'est-ce qu'une fille qui n'aime pas porter des robes ? Un garçon manqué ! Mais Liz ne veut-elle réellement pas être une fille ou ne veut-elle pas être une fille comme la société lui impose « l'être fille » ? C'est une histoire autobiographique qui raconte la vie de son auteure, qui témoigne qu'i n'existe pas une seule manière d'être une fille, une femme. Il en existe autant que de femmes sur cette planète. Un BD en Noir et Blanc, un dessin simple. Ce livre permet de se poser des questions autour de l'identité et des clichés de genre véhiculés par nos sociétés. Qu'est-ce qu'être une femme ? Comment est-on femme ? Dois-je remettre en question qui je suis ou bien remettre en question les idées imposées par les normes sociétales afin de construire mon identité propre ? Ai-je envie de me conformer à ces normes ou d'exprimer librement ma personnalité, mon identité ?
J'ai beaucoup aimé cette BD parce que je suis une femme et que je trouve que les normes imposées doivent évoluer pour le bien de toutes et tous ! Il faut permettre à chacun de pouvoir exprimer sa singularité sans souffrir du regard de l'autre. Les grilles de lecture sociales actuelles ne me conviennent pas !
Je dédie cette lecture à une des nombreuses femmes de ma vie, qui a longtemps porté une casquette à l'envers et qui était une excellente joueuse de foot. Qui a bravé les remarques sexistes les plus désobligeantes d'adultes comme d'enfants, de femmes comme d'hommes, issus des bleds de campagne paumés où nous avons grandi. Tout ça à la période de l'enfance et de l'adolescence où l'individu construit son identité. Malgré tout cela, elle se tient debout sur l'une des plus belle paire de jambes que j'ai jamais vu, que ce soit en short de foot ou en robe ! Et c'est une femme incroyable et forte !
Je fais le lien entre cette BD et le film « Tomboy » de Cécile SCIAMMA. Un film vraiment intéressant qui traite du même sujet. Un film intense, qui n'est pas simple à regarder mais qui vaut la peine d'être regardé !

J'ai trouvé cet album témoignage sur le genre très intéressant parce qu'il se centre vraiment sur le thème du "garçon manqué" indépendamment de toute question d'identité sexuelle et de genre comme transidentité et amène donc à interroger les codes que la société impose, ceux-là même qui rendent difficile pour Liz son parcours amoureux.
Il est question d'amour et d'amitié, d'adolescence et de puberté mais c'est surtout une galerie de personnages tous différents même s'ils se rejoignent sur certains points communs… à un moment ou un autre.

Une BD simple, sincère et franche qui questionne la norme et raconte une tranche de vie de l'autrice adolescente. J'ai aimé le trait simple et fluide, et le questionnement honnête sur ce que c'est, « être une fille ». Est-on une fille si on n'aime pas ce que la société projette sur ce qui est « féminin » ? La réponse est oui, on la voit venir au fil des pages et des questionnements de l'adolescente sur la genre et la sexualité, mais c'est ce que j'ai aimé finalement. La franche simplicité.