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EAN : 9782360570751
50 pages
L'Asiathèque (13/01/2016)
4.07/5   7 notes
Résumé :
La dynastie Joseon, des Yi -- et ses cinq siècles de confucianisme -- avait pris fin en 1910 mais elle semblait continuer à vivre dans l'allure et le comportement de ce grand-père érudit à la barbe blanche, longue et effilée, aux petites lunettes à monture en écaille et verres épais, au vêtement traditionnel coréen hanbok, impeccablement amidonné.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Au début des années 80, en Corée, une française et un coréen s'aiment et veulent se marier. Une situation simple en apparence, mais la famille de Seung-geun est respectueuse des traditions et sans le consentement de l'halabeoji, le grand-père, cette union ne saurait être possible. C'est lui qui a soigneusement choisi les prénoms de ses petits-enfants (Seung-geun signifie racine montante), ses avis sont écoutés et jamais discutés. La française a peu d'atouts; étrangère et plus âgée que son prétendant, elle se prête pourtant à la présentation officielle devant l'aïeul qui doit juger de sa capacité à être une bonne épouse. La rencontre est brève. L'érudit, spécialiste de la médecine traditionnelle, parle peu, ne montre rien de ses sentiments. Ensuite, vient l'attente...

En peu de mots mais d'une plume vive, Martine Prost nous fait entrer dans l'intimité d'une famille coréenne. Avec respect mais aussi une pointe d'humour, elle évoque le grand-père de son mari, un grand homme, médecin traditionnel, dont la parole est obéie par tous les membres de la famille. Par amour pour Seung-geun et par souci de ne pas le couper des siens, elle se plie au rituel de la présentation qui veut qu'elle soit humble, soumise et surtout muette.
A travers cette expérience personnelle racontée avec un mélange de tendresse et de détachement ironique, Martine Prost évoque les rapports hommes / femmes, la place de ces dernières dans la société, mais aussi un pays en pleine mutation, résolument tourné vers la modernité tout en conservant précieusement traditions et croyances ancestrales, au cas où...
Un texte simple, beau, plein d'amour et d'humilité. Une belle découverte.

Merci à Pascaline et aux éditions L'Asiathèque.
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Au début des années 80, une jeune française, de six ans plus âgée que Seung-geun, son fiancé coréen, se soumet humblement par amour, aux traditions ancestrales : seul le grand-père peut donner son accord pour une telle union.

Car le personnage central du récit, c'est bien Halabeoji (qui signifie "grand-père en coréen) ! C'est lui déjà qui, selon la tradition, a donné leurs prénoms à tous les enfants de la famille et son avis n'est jamais contesté.
Ce vieil érudit, médecin traditionnel qui soigne les humains par les plantes, reçoit les deux jeunes gens brièvement et sans un mot : il pose seulement quelques questions à son petit-fils. Les règles de politesse coréennes sont très strictes : seul Seung-geun (prénom qui signifie "Racine montante") a le droit de répondre et de regarder son grand-père dans les yeux.
Le verdict arrivera après une longue attente.
Par différents signes, le grand-père verra que "le bonheur est entré dans la maison" et seulement alors, la jeune femme sera définitivement acceptée dans la famille.

Un pur délice que ce court récit qui m'a fait entrer pour la première fois dans une famille coréenne. Je ne savais que très peu de choses des traditions ancestrales ancrées dans le pays.
L'auteur nous décrit non sans humour, les petits arrangements indispensables à la compréhension du décalage culturel. Elle nous explique comment, par amour pour Seung-geun, elle va accepter ce qu'aucune femme française ne faisait à l'époque, de ne pas parler ni répondre aux questions, et de ne pas regarder le grand-père dans les yeux, ni même le dévisager...
Le lecteur est subjugué par son regard vif et intimiste où percent la tendresse et l'admiration lorsqu'elle parle de cet homme cultivé, qui sait si bien soigner les autres grâce à ses connaissances de médecine traditionnelle, mais qui lui demandera d'acquérir pour lui-même, en quelque sorte en guise de "test", une pommade allemande, censée le guérir de ses problèmes dermatologiques récurrents...
Il acceptera enfin la jeune femme car il sera particulièrement ouvert aux signes positifs, entrés dans la maison...

L'auteur évoque dans ce récit, la puissance des croyances ancestrales et le respect dû aux anciens, la nature des relations hommes-femmes et certaines traditions, comme le fait, par exemple, que l'homme coréen soit autorisé à prendre une concubine si sa femme légitime ne lui fait pas assez vite un garçon.
Elle nous montre un pays en pleine mutation qui alterne encore entre modernité et tradition.

L'insertion dans le récit de nombreux mots en coréen, ajoute beaucoup de poésie et invite le lecteur au voyage...

Lien : http://bulledemanou.over-blo..
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"Subtile introduction à la Corée" écrit l'éditeur. Je confirme. Je confesse mon peu de connaissance sur la Corée et l'auteure me raconte tendrement et subtilement les traditions concernant les grands moments de la vie. Avant de s'intéresser au mariage, Halabeoji choisit les prénoms des enfants. Ainsi, Seung-geun qui signifie Racine montante et son frère aîné prénommé Dae-geun, Grande Racine. Un texte simple et beau, embelli encore par certains termes -voire des bouts de phrases- écrits en français, dans leur traduction coréenne et en sinogrammes, iceux étant expliqués : 人 pour l'homme, "in", 天 pour le ciel, "cheon", par exemple, mais il est fort dommage que je ne puisse en reproduire d'autres ici. Notamment la terre, "ji", que je n'ai pas réussi à trouver, car ce sont les premiers sinogrammes que les enfants apprennent "commençant par le fameux groupe cheonjiin (cheon, le ciel, ji, la terre, et in, l'homme qui a vocation d'être le lien entre les deux)" (p.13). Mon clavier ne me permet évidemment pas de les écrire et même en les cherchant sur Internet, il faut être très observateur pour être sûr d'avoir le bon, certains diffèrent d'un petit détail invisible à mon oeil de Français. Je préfère m'abstenir plutôt que d'écrire une grossièreté...

Ce texte, sous ses dehors humoristiques, et cette parure de livre de souvenirs et malgré sa brièveté (56 pages) permet d'en savoir un peu plus sur les traditions de la Corée, sur le rôle de la femme, l'ancrage fort des us, la difficulté que ceux-ci peuvent représenter pour une étranger, l'accueil chaleureux des Coréens... "Quand le grand-père leva de nouveau la tête, ce fut pour demander : Eoneu nara eseo, "De quel pays ?". Une question sans sujet et sans verbe, sans aucune marque de politesse (la langue coréenne l'autorise de la part d'un aîné). le sujet non exprimé de cette courte phrase, c'était moi. le contexte empêchait toute ambiguïté. le petit-fils répondit : Peurangseueseo wass-seubnida, "(Elle) est venue de France". Lui, la politesse lui imposait de mettre un verbe. Moi, j'étais toujours absente grammaticalement et comme inexistante physiquement. Je ne devais surtout pas fixer le grand-père dans les yeux. J'avais retenu la leçon. Je ne devais pas non plus répondre aux questions. Racine montante s'en chargerait. On ne me demandait que d'être figurante." (p.29/30). Cette histoire se déroule au milieu des années 80, sans doute le pays a-t-il beaucoup évolué puisqu'il est désormais le pays le plus connecté au monde. Une très belle "initiation à la Corée la plus ancestrale et la plus contemporaine" (note éditeur) que je ne peux que vous inciter à lire.
Lien : http://lyvres.fr
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Dans ce court texte, l'auteure nous raconte le rituel ancestral auquel elle a dû se plier pour obtenir l'autorisation d'épouser le jeune Coréen dont elle était amoureuse, Seug-Geun, qui signifie "racine montante". le jeune homme était prêt à passer outre, mais elle ne l'a pas voulu, sachant que tôt ou tard il souffrirait trop d'une rupture avec sa famille.

Il fallait donc être présentée au grand-père, "Halabeoji" médecin traditionnel, détenant l'autorité sur tous les membres de la famille. L'auteure n'est pas en bonne position, elle est étrangère, plus âgée que son prétendant, ce qui n'en fait pas un parti très enviable.

Le rituel que décrit Martine Prost date des années 1980, il était encore pratiqué, ce qui n'est sans doute plus le cas aujourd'hui où la modernité a balayé la plupart des traditions. Il fallait s'armer de patience, et lorsque l'on était une femme, aimer beaucoup un homme pour accepter d'être systématiquement en retrait, de ne pas parler, de pas répondre aux questions. Pour résumer, elle devait être une simple figurante, transparente et obéissante. Les attitudes, le langage, tout était très codifié.

Heureusement, le couple ne manquait pas de recul et d'humour pour faire face ensemble à cette longue introduction.

Malgré le peu de pages, on en apprend beaucoup sur la société coréenne, telle qu'elle a perduré jusqu'à ces dernières décennies. L'auteure, linguiste, en est une spécialiste, elle a d'ailleurs reçu la nationalité coréenne en 2015.

Le récit est émaillé de sinogrammes que mon clavier ne reproduit pas hélas, c'est dommage. La collection "L'Asiathèque" recèle quelques perles dont il ne faut pas se priver.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Sans son accord, rien de possible" m'avait confirmé la mère de Seung-geum. il allait falloir se présenter à lui. Il allait falloir me faire adopter. Pas par mes manières, pas par mon allure, ni même par mon langage, surtout pas par mon langage. "Ne pas souffler mot", "faire profil bas" étaient les formules clés. Seul son petit-fils parlerait...
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C'est précisément ce que je lui reprochais : avoir suivi les coutumes au lieu de s'être posé la question de la vie des femmes, de leur rôle, de leur souffrance dans un système qui affichait impunément le principe du "namjonyeobi" , "respect pour l'homme et mépris pour la femme"...
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On attendit.
Pas un geste.
Pas un mot.
Pas un bruit.
Pas un sourire ni un regard.
Jusqu'au moment où un grognement sourd nous signifia que nous pouvions avancer.
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