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André Zavriew (Traducteur)
EAN : 9782253118336
603 pages
Le Livre de Poche (09/05/2007)
3.69/5   34 notes
Résumé :
Abandonné par ses parents partis en éclaireurs en Alaska pour n'en jamais revenir, Bob Dollar est élevé par l'oncle Tam, un brocanteur vivotant à Denver auquel ses géniteurs l'avaient provisoirement confié. A l'âge de 24 ans, après de nombreux petits boulots, Bob est engagé par une multinationale de porcheries industrielles : la "Mondiale de la Couenne". Et le voilà parti en mission dans la partie septentrionale du Texas pour repérer les terrains à racheter auprès d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Dans la grande Prairie américaine où il roule au volant de sa berline sur une ligne droite interminable, Bob ne pourra pas voir de chiens de prairie, ils ont tous disparu ; par contre il reste des faucons à queue rouge et d'innombrables déchets mécaniques abandonnés par les énormes trucks américains. Bob Dollar (c'est son nom!) va à un entretien d'embauche à la Mondiale de la Couenne (oui, c'est aussi son nom, une grosse entreprise d'élevage de porcs), entre Texas et Oklahoma, dans ce qu'on appelle le « Manche de casserole » (Panhandle) en raison de sa forme étroite.
Son rôle ? S'intégrer dans une zone rurale, de préférence chez des gens âgés, fermiers, susceptibles d'avoir envie ou besoin de dollars sonnants et trébuchants. leur acheter une parcelle, y faire faire des travaux et, quand les bulldozers creuseront la fosse de vidange indispensable, les laisser découvrir qu'ils ont accepté le voisinage d'un élevage de cochons. Trop tard ! Il leur faudra supporter les odeurs, les cris, la proximité de la boucherie à toute heure. Et surtout, les émanations de soufre et d'ammoniaque qui provoquent arthrite et pneumonie.

Ce coin du Texas est un monde à l'ancienne, avec ses cow-boys venus pour être éleveurs et qui ont découvert l'enfer de l'élevage sur des terres arides qu'il faut arroser à l'aide de centaines d'éoliennes plantées au milieu des herbes hautes qui cachent de redoutables serpents à sonnettes ; l'enfer du transfert de milliers de bêtes par les plaines arides, avec la peur de les perdre et donc de tout perdre ; l'enfer du climat sec et brûlant, fait de tornades et de vents bruns à force de charrier la poussière. A la radio, on écoute les hymnes religieux et la guimauve, la vie communautaire se resserre autour du Café du Chien où on affiche clairement la couleur : ni peaux sombres, ni homos, ni gauchistes. Passez votre chemin sinon...c'est vous qui passerez !

On rencontre des personnages improbables, tels ce shérif incestueux amant de sa soeur, cette femme LaAvo qui loge Bob et lui raconte les anecdotes du passé, qu'elle collecte auprès de ses concitoyens, avec l'appui de leurs carnets intimes et photos d'autrefois. Des visages oubliés surgissent du passé, réels ou devenus des mythes, tels Fanny, ce jeune cow-boy qui serait mort d'avoir voulu tenir la main jusqu'au bout d'une fillette de 7 ans atteinte d'une fièvre mortelle. Sauf que les tombes donnent d'autres dates et d'autres causes...Sans parler de cette femme qui effraie Bob avec ses animaux de compagnie : deux redoutables tarentules...

La religion est omniprésente, il y a une église pour cinq habitants dans ces petites villes aux noms pittoresques - mais inventés par Annie Proulx - de Cowboy Rose, Woolybucket, Teemu.

Annie Proulx raconte la vie des éleveurs et des fermiers, puis celle de ceux qui ont cru s'enrichir vite grâce à l'exploitation du pétrole et du gaz mais qui ont fini par tout perdre quand les gisements se sont épuisés ; l'arrivée des multi-nationales et de l'agro-industrie qui empuantit, souille, pollue et n'emploie même pas autant d'hommes qu'on aurait pu le penser. Sous sa plume, les paysages se transforment, les habitants s'aigrissent et s'isolent. La mentalité déjà peu progressiste des Texans se se calcifie encore plus. Et on trouvera dans leurs urnes un maximum de bulletins « Trump »...

Un livre remarquable tant par les thèmes qu'il aborde que par la restitution de l'Amérique des grands espaces. Il confirme qu'il y a deux Amériques : celles des deux côtes et celle des grandes plaines et des chaînes de montagnes.





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Quand les parents de Bob Dollar l'abandonnent à l'âge de 8 ans sur le pas d'une porte à Denver, il arrive au seuil de deux endroits : la brocante de son oncle Tam et le quatrième roman d'Annie Proulx.
Et, bien sûr, '' Un as dans la manche '' a beaucoup en commun avec la friperie Usagé mais pas trop. le propriétaire, Tambourine Bapp, et son partenaire, le merveilleux grincheux Wayne (Bromo) Redpoll - une fois jetés d'un avion pour son refus militant d'abaisser son store de fenêtre et toujours au travail sur un essai intitulé ''Cette terre n'est pas votre terre'' - se spécialisent dans les '' Art Plastiques'', pour lesquels ils ont réservé une chambre spéciale dans leur boutique.Cette salle contient des trésors tels que des radios et des bijoux en bakélite, mais aussi, ''sur des socles au sol, comme des sculptures. . . agitateurs de machine à laver en plastique, noir et blanc.'' L'oncle de Bob explique qu'''un jour . . . les gens collectionneront les objets en plastique du 20e siècle comme de l'art, comme maintenant ils s'attaquent aux berceaux à grain en bois et aux poids des moulins à vent. vie rurale ouvrière.”

'' Un as dans la manche '' commence agréablement, une belle balade à travers le pays vallonné de l'anecdote et de l'excentricité. Les descriptions météorologiques, bien que fréquentes, sont brèves et il n'y a pratiquement pas de géologie - l'une des préoccupations les plus meurtrières de la littérature régionale. Depuis qu'elle s'est concentrée sur l'ouest, la prose de Proulx a perdu de son caractère anglo-saxon déterminé à hacher de sujets et verbes. Son style est maintenant plus long et plus discursif, comme s'il était écrit par quelqu'un penché sur un rail de clôture plutôt que par quelqu'un se dépêchant de faire couper le bois avant le début de neuf mois de neige. Elle aime toujours les noms loufoques, qui ressemblent aux surnoms de strip-teaseuses ou de clowns de rodéo (Babe Vanderslice, Harry Howdiboy et le vraiment inexcusable Francis Scott Keister).

À son grand dam, Bob Dollar atteint l'âge de 25 ans sans aucun sens particulier de ce qu'il veut faire de sa vie ; ce flou anxieux est presque son seul trait de caractère. Après avoir décroché un emploi au sein de la multinationale Global Pork Rind Corporation (la mondiale de la couenne), il est envoyé dans une voiture de société pour explorer les sites possibles pour les élevages de porcs industriels. Les habitants, dit son patron, Ribeye Cluke, '' ont subi un lavage de cerveau par le Sierra Club pour penser que les installations porcines sont mauvaises '', il doit donc être '' aussi circonspect que possible '' quant à sa véritable mission, et se lier d'amitié avec les notables et se lancer à la recherche des ''agriculteurs dont les enfants sont allés à l'école et ne reviennent pas à moins que quelqu'un ne leur mette un pistolet sur la tempe.'' Bob tombe sur la ville de Woolybucket, au Texas, où il loue une chambre rustique - sans eau courante ni électricité – à une veuve bavarde nommée LaVon Fronk, et il commence à fouiner.
'' Un as dans la manche '' est un hymne de Proulx, un disque d'amour à un mode de vie en train de s'évaporer. Ce n'est pas comme si Proulx avait perdu la main. Quand '' Un as dans la manche '' se glisse parfois dans la fiction pure - dans des chapitres, par exemple, où Proulx décrit l'arrivée du premier Fronk dans la région ou le désir soudain et écrasant d'une fermière pour un vacher - - ça prend vraiment vie. N'importe lequel des dizaines de récits entassés dans '' Un as dans la manche '' ferait probablement un roman ou une nouvelle captivante; c'est la détermination de Proulx à tous les insérer dans un seul livre qui – hélas – alourdit le roman.
Reste néanmoins le début, absolument somptueux d'humour...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Edna Annie Proulx, née en 1935 à Norwich dans le Connecticut, est une femme de lettres américaine. Annie Proulx a vécu plus de 30 ans dans le Vermont, s'est mariée et a divorcé trois fois, et a eu trois garçons et une fille. En 1994, elle a déménagé pour Saratoga dans le Wyoming, où elle vit actuellement tout en passant une partie de l'année au nord de Terre Neuve. Ecrivain multi-primé, elle a obtenu deux fois le prix O. Henry Prize pour la meilleure nouvelle de l'année. La première fois en 1998, pour Brokeback Mountain, qui avait été publiée dans le New Yorker en 1997 et sera adapté au cinéma en 2005. Son roman, Un as dans la manche, est paru en 2005.
Abandonné par ses parents partis vivre en Alaska alors qu'il était enfant, Bob Dollar, élevé par un vieil oncle brocanteur chez qui il travaille vaguement à sa sortie de l'université, décide à 25 ans de prendre sa vie en mains. Engagé par la « Mondiale de la Couenne » il doit écumer le Texas et y découvrir des sites pour élever des porcs, puis convaincre les propriétaires de ces fermes plus ou moins ruinées de les céder à la société.
Un livre qui me laisse encore perplexe, il y a énormément de bonnes choses et je ne critiquerai rien, mais pourtant une fois refermé, il me laisse un goût d'inachevé, comme s'il lui manquait quelque chose - que je n'ai pas identifié - pour en faire un vrai bon roman.
Peut-être est-ce sa construction, chaque chapitre m'a semblé être une nouvelle. Ici on apprend énormément sur l'histoire de cette région entre Oklahoma et Texas, le Panhandle (Une extension longue et étroite de la frontière d'une division administrative, dont la forme est similaire à la poignée d'une poêle) , où se déroule l'intrigue ; là, on va découvrir des personnages hauts en couleur, son copain le gros Orlando, le shérif incestueux Hugh Dough puis les habitants de Wollybucket, le bled où s'installe Bob pour prospecter, que ce soit LaVon et ses tarentules ou Cy Frease le cuistot. C'est très bien écrit, riche en précisions instructives de toute nature, souriant souvent, tendre et émouvant comme cet excellent chapitre où Bob prend en stop un vieil indien qui va rejoindre sa fille.
Le roman ne manque pas de fond non plus. Puisqu'il s'agit en fait de poser le problème de ces sociétés multinationales, en l'occurrence des porcheries industrielles, qui polluent des régions et obligent leurs habitants historiques à fuir où à périr. Bob, en immersion dans la population locale des petites gens, va se trouver confronté à un dilemme, faire le job pour lequel il est payé (« Vous savez que mes parents m'ont abandonné. Je ne veux pas leur ressembler. Je ne veux pas tout laisser en plan, quitter mon boulot sans l'avoir terminé. ») ou bien adhérer à la résistance de ceux qui luttent pour la sauvegarde de leurs terres (« Je parle de mon pays natal, de l'endroit où les miens vivent depuis cent vingt ans et des poussières entre les canyons et les collines. »)
Je vous avais prévenus, je n'ai aucune critique négative à faire de ce bouquin mais pourtant, je n'en sors pas comblé. Bizarre ?
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Bob Dollar est le nouveau prospecteur pour la « Mondiale de la Couenne », une multinationale de porcheries industrielles.
Au cours de sa tournée, il va devoir affronter les fermiers découragés par l'aridité des sols, la pollution des nappes phréatiques, les odeurs pestilentielles des élevages porcins...
Il va aussi devoir s'initier aux moeurs et coutumes locales : le port des santiags, la tourte à la viande, la connaissance approfondie des éoliennes, la confection d'une couverture en patchwork, le « festival du Barbelé »....et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il va devoir faire beaucoup d'efforts pour s'intégrer dans ce monde qui lui est inconnu !

L'auteur, une amoureuse de la nature et des grands espaces, nous confronte ici avec tendresse et beaucoup d'humour, à un monde rural menacé de disparition.
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Je suis une fana d'Annie Proulx. Tout ce qu'elle écrit se transforme en or fin.
Les personnages sont drôles, caustiques, intéressants, étoffés, attirants, on s'identifie à cet anti héros, perdu dans la jungle humaine, désertique, peu d'amour là dedans, mes des rencontres, des échanges, des dialogues bien ciselés, on entend l'accent des campagnes américaines, on s'y croirait, on s'y plonge on a envie d'y rester, le livre est long mais il est en vérité trop court. Cette plongée formidable dans l'Amérique profonde m'a bouleversée.

Bob Dollar, est presque incapable, il est mou, lent, il hésite, c'est un indécis. Il a été élevé par son vieil oncle avec qui il travaille mais sans y donner du sien, sans véritable motivation, le héros nous agace presque à ce stage mais pourtant cela nous captive!!
Enfin! Il décide à 25 ans de faire quelque chose de sa vie. Quelque chose de bien ou de mal, on ne sait pas, mais quelque chose au moins.

Il se fait employer par une société étrange: The Global Pork Rind Compagny. Il écume l'immense région du Texas, de déserts arides, en petits villages paumés, il y recherche des lieux pour élever des porcs, ce qui ne plaît pas forcément au voisinage! Alors avec sa mollesse et sa passivité, il tente de convaincre les propriétaires des fermes qui l'intéresse de vendre à sa société. Un travail de lobbyiste qui ne lui va pas bien, mais qui finalement entraîne des rencontres, des aventures rocambolesques, chaque jour quelque chose de drôle lui arrive.

Formidable, drôle, toujours bien écrit, Annie Proulx prouve qu'elle sait décrire l'Amérique profonde avec charme, tendresse et humour.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
P9 : « Bob sait qu'il circule sur une partie de l'immense Prairie nord-américaine qui s'étendait jadis du Canada jusqu'au Mexique et offrait un spectacle infiniment varié aux voyageurs successifs qui l'ont décrite en termes contradictoires : au printemps le vent cru soufflait obliquement sur l'herbe et son tapis de bleuets , anémones , pensées sauvages et violettes, une vie intense venait des oiseaux et des antilopes ; mais s'ils la parcouraient en été loin des pistes tondues par le bétail, ils avançaient au milieu d'herbes qui leur montaient jusqu'à la taille et ondulaient comme des vagues ; ceux qui se mettaient en chemin à la fin de l'été ne voyaient qu'un paysage désertique et sec parsemé de cactus qui risquaient de blesser leurs chevaux. Rares étaient ceux, excepté les cow-boys, qui s'aventuraient en hiver sur ces plaines quand un vent du nord cinglant les balayait de neige. On entendait alors hurler les loups : aujourd'hui, songe Bob, on n'entend plus crier que les pneus. »
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- Comme vous le voyez, c’est spartiate, dit la femme. Il n’y a pas d’électricité. Vous devez fournir vos draps et vos serviettes. Pour l’eau, il faudra aller la chercher à la cuisine. – Je suis preneur, dit Bob sans réfléchir vraiment aux inconvénients : traverser quotidiennement le pâturage, charrier des seaux d’eau, se passer de téléphone – car il était déjà séduit par la subtile beauté du Panhandle, il avait remarqué les bosquets et les fourrés au bord des cours d’eau, les énormes torsades de vigne qui tissaient autour des troncs comme une grossière étoffe. Il trouvait une beauté exotique et frappante à la diagonale audacieuse tracée par la crête broussailleuse qui séparait les hautes plaines du Sud, comme aux canyons rouges de Palo Duro.
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Les kiosques où l'on vend du barbelé attirent beaucoup de monde - faces rougeaudes, corps en sueur, les gens s'éventent avec des programmes du rodéo, et des éventails souvenirs. La ville est bourrée de collectionneurs de fil de fer barbelé, qui assiègent les kiosques où l'on propose des brins d'origine de quarante centimètres de Crandel's Twist Link ou de Miles'Open Diamond Point. (...)
Il dépasse une pile de couvertures en peau de vache, puis un étalage de longues cornes recourbées prêtes à être montées su un capot de Cadillac ou accrochées au mur d'un salon. D'autres baraques vendaient de la barbe à papa, des tortillons de pâtisserie, des saucisses de veau, des cirés pour la pluie australiens, des appareils de cuisine, des porte-documents en peu de poney, des cravates-ficelles, des capes en laine et en cuir.
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