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A la recherche du temps perdu - ... tome 3.2 sur 7
EAN : 9782080704719
468 pages
Flammarion (04/01/1999)
  Existe en édition audio
4.52/5   67 notes
Résumé :
De la mort de sa grand-mère à l'annonce de celle de Swann, visites et surprises - déconvenues - se succèdent dans ce volume pour le narrateur, qui découvre que le paillasson du vestibule des Guermantes n'est pas le seuil mais " le terme du monde enchanté des noms ".
Que lire après A la recherche du temps perdu, tome 3 : Le Côté de Guermantes (2/2)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Premier roman de la série qui donne des sous-titres un peu à l'ancienne, un plan qui permette au lecteur de suivre les «péripéties» qu'offre le narrateur à son lecteur.
On enchaîne donc sur la maladie et la mort de la grand-mère laissée à la fin de la première partie – on se demande pourquoi il ne la rattache pas à cette première partie justement, mais on comprend mieux à la fin lors de l'annonce de Swann -pour finir jusqu'à l'acceptation du narrateur dans les dîners des Guermantes.
Sur les deux parties, il aura donc rêvé de la duchesse puis l'aura épiée, approchée par amis interposés et enfin aura été totalement accepté au sein de cette famille de la duchesse Oriane jusqu'à la princesse Marie.

Que se passe-t-il donc de si important dans cette deuxième partie? La grand-mère meurt, le narrateur fait des papouilles à Albertine, donne des rendez-vous excitants dans l'île du Bois aux femmes mariées pour retrouver son ami Saint-Loup et enfin, soirées après soirées, étudie à fond la généalogie des Guermantes en rencontrant des altesses et autres princesses. Au passage, nous aurons droit à quelques réflexions bien senties sur l'art en général et les diverses façons qu'ont «les gens du monde» de l'apprécier.

"Mais les gens du monde n'ajoutaient pas par la pensée à l'oeuvre d'Elstir cette perspective du temps qui leur permettait d'aimer ou tout au moins de regarder sans gêne la peinture de Chardin."

On analyse aussi finement que possible, les comportements de l'aristocratie où une réflexion, un geste provoquent chez la narrateur un développement, un «courant de la conscience» joycien.
le personnage de Charlus prend de plus en plus d'importance dans ses excès, son orgueil démesuré et dans sa colère qui éclate dans ce chapitre, pour, semble-t-il un mot offensant qu'aurait pu dire le narrateur à une tierce personne mais qui exprime surtout sa déception qu'on ne s'intéresse pas davantage à lui, ce qui le rend somme toute assez comique. Il tiendrait presque le rôle d'un bouffon un peu tragique:

"Pensez-vous qu'il soit à votre portée de m'offenser? Vous ne savez donc pas à qui vous parlez. Croyez-vous que la salive envenimée de cinq cents petits bonshommes de vos amis, juchés les uns sur les autres, arriveraient à baver seulement jusqu'à mes augustes orteils?"

Pour le narrateur, seuls les Guermantes possèdent cette liberté d'esprit et de mouvement, un peu grâce à Oriane et ses saillies verbales, sa culture sûre qui renvoie aux antipodes, ce pendant grotesque et «bling-bling» des Guermantes que sont les Courvoisier. D'autre part, des altesses se succèdent et le narrateur maintient son regard aiguisé sur leur façon d'être charitable ou leur soi-disant culture. On sait qu'au début de sa fréquentation du salon Guermantes, le narrateur n'étant pas connu des «gens du monde», était pris pour un de ces ingrédients nécessaires à toute soirée mondaine, le génie littéraire, artistique ou scientifique, ce qui donne quelques scènes assez amusantes, notamment avec le comte de Bréauté. La princesse de Parme quant à elle, assure son statut d'aristocrate:

"Ainsi même dans les moments où elle ne pouvait pas faire de bien, la princesse cherchait à montrer, ou plutôt à faire croire par tous les signes extérieurs du langage muet, qu'elle ne se croyait supérieure au milieu de qui elle se trouvait. Elle avait avec chacun cette charmante politesse qu'ont avec les inférieurs les gens bien élevés et à tout moment, pour se rendre utile, poussait sa chaise dans le but de laisser plus de place, tenait mes gants, m'offrait tous ses services, indignes des fières bourgeoises, et que rendent bien volontiers les souveraines ou, instinctivement et par pli, les anciens domestiques."

Mais toutes ces mondanités sont parfois un peu tuantes pour le lecteur, si tous ses liens de parenté passionnent le narrateur, cette mécanique des Guermantes aux rouages si complexes finit par faire un peu bâiller à certains moments. On m'avait prévenu, ce n'est pas le meilleur passage de la "Recherche" que ce "côté de Guermantes". Et c'est surtout vrai pour cette deuxième partie. Mais comme dirait notre narrateur favori, ce qui explique en grande partie cette dissection des apparences:

"Un artiste n'a pas besoin d'exprimer directement sa pensée dans son ouvrage pour que celui-ci en reflète la qualité; on a même pu dire que la louange la plus haute de Dieu est dans la négation de l'Athée qui trouve la Création assez parfaite pour se passer d'un Créateur."
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Bien que le style reste absolument superbe, je dois dire que ce second volume du tome 3 de la Recherche m'a moins plu que les précédents. Tandis que l'histoire reprenne là où on l'avait laissée à la fin du premier volume du Côté de Guermantes, à savoir le malaise de la grand-mère du narrateur aux Champs-Élysées, il m'a semblé que le ton changeait légèrement : un peu moins de réflexion, plus d'action et, au début du tome, une nouvelle façon de considérer les femmes ("Mme de Stermaria se donnerait dès le premier soir, je n'aurai donc pas besoin de convoquer Albertine chez moi, comme pis aller, pour la fin de la soirée." p107), plus concrète si j'ose dire que les rêveries provoquées par elles dans les tomes précédents.
La première partie de ce roman-ci décrit donc, à la suite du malaise de la grand-mère, son agonie due à une crise d'urémie puis son décès. le narrateur, pourtant attaché à sa chère grand-mère, ne m'a pas paru excessivement frappé par la maladie de cette dernière. de plus, à peine la grand-mère morte, on passe à la partie suivante en faisant un bond de plusieurs mois dans le temps, sans plus faire allusion à celle qui l'aimait tant.
La seconde partie relate successivement une visite d'Albertine, les préparatifs d'un rendez-vous raté avec Mme de Stermaria, un dîner chez la duchesse de Guermantes qui dure 200 pages au cours desquelles les digressions sur les manières de cette famille et sur la duchesse elle-même finissent par lasser, une visite au baron de Charlus et enfin une visite chez le duc et la duchesse de Guermantes où nous retrouvons Swann gravement malade.
En somme, j'étais ravie de retrouver Proust et ses délicieux personnages mais ne suis pas fâchée non plus d'avoir fini ce 3ème tome.
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D'habitude, la lecture d'un livre de Proust m'accapare de nombreuses semaines, tant est difficile mais aussi délicieux le suivi du roman. C'est tout le contraire qui c'est passé ici avec ce 6ème tome (en fait 3ème livre de "La recherche du temps perdu").
En regardant bien, celui-ci se découpe en 4 ou 5 grandes actions (la mort de sa grand-mère, le diner chez la duchesse de Guermantes, sa visite à monsieur de Charlus, ...), et Proust brode autour 400 pages. Attention, en utilisant le terme "broder" il n'y a rien de péjoratif, car la broderie chez Proust représente tout ce qu'il y a de plus fin, poétique et bien trouvé sur la société aristocratique dans laquelle il évolue.
Ce qui reste tout de même frappant, c'est justement sa fascination pour ce monde aristocratique et ses membres: l'étude du comportement propre à cette famille de Guermantes mais aussi aux autres s'étend sur plus d'une centaine de de pages, explorant même les points les plus futiles qui soient !

Quoi qu'il en soit, cette lecture m'a ravie, et surtout rassurée pour aborder les tomes suivants de "A la recherche du temps perdu", ce que je n'envisage plus comme titanesque, mais plein de promesses.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne profitons guère de notre vie, nous laissons inachevées dans les crépuscules d'été ou les nuits précoces d'hiver les heures où il nous avait semblé qu'eût pu pourtant être enfermé un peu de paix ou de plaisir. Mais ces heures ne sont pas absolument perdues. Quand chantent à leur tour de nouveaux moments de plaisir qui passeraient de même, aussi grêles et linéaires, elles viennent leur apporter le soubassement, la consistance d'une riche orchestration. (p117)
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Quand je me retrouvai seul chez moi, me rappelant que j'avais été faire une course l'après-midi avec Albertine, que je dînais le surlendemain chez Mme de Guermantes, et que j'avais à répondre à une lettre de Gilberte, trois femmes que j'avais aimées, je me dis que notre vie sociale est, comme un atelier d'artiste, remplie des ébauches délaissées où nous avions cru un moment pouvoir fixer notre besoin d'un grand amour, mais je ne songeai pas que quelquefois, si l'ébauche n'est pas trop ancienne, il peut arriver que nous la reprenions et que nous en fassions une œuvre toute différente, et peut-être même plus importante que celle que nous avions projetée d'abord. (p108)
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Si le nouveau ministre de Grèce donnait un bal travesti, chacun choisissait son costume, et on se demandait quel serait celui de la duchesse. L'une pensait qu'elle voudrait être en duchesse de Bourgogne, une autre donnait comme probable le travestissement en princesse de Dujabar, une troisième en Psyché. Enfin une Courvoisier ayant demandé : "En quoi te mettras-tu, Oriane?" provoquait la seule réponse à quoi l'on n'eût pas pensé : "Mais en rien du tout !" et qui faisait beaucoup marcher les langues comme dévoilant l'opinion d'Oriane sur la véritable position mondaine du nouveau ministre de Grèce et sur la conduite à tenir à son égard, c'est-à-dire l'opinion qu'on aurait dû prévoir, à savoir qu'une duchesse "n'avait pas à" se rendre au bal travesti de ce nouveau ministre. "Je ne vois pas qu'il y ait nécessité à aller chez le ministre de Grèce, que je ne connais pas, je ne suis pas grecque, pourquoi irais-je là-bas? je n'ai rien à y faire", disait la duchesse.
- Mais tout le monde y va, il parait que ce sera charmant, s'écriait Mme de Gallardon.
- Mais c'est charmant aussi de rester au coin de son feu, répondait Mme de Guermantes. (p219)
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Chacune de nos actions, de nos paroles, de nos attitudes est séparée du « monde », des gens qui ne l’ont pas directement perçue, par un milieu dont la perméabilité varie à l’infini et nous reste inconnue ; ayant appris par l’expérience que tel propos important que nous avions souhaité vivement être propagé (tels ceux si enthousiastes que je tenais autrefois à tout le monde et en toute occasion sur Mme Swann, pensant que parmi tant de bonnes graines répandues il s’en trouverait bien une qui lèverait) s’est trouvé, souvent à cause de notre désir même, immédiatement mis sous le boisseau, combien à plus forte raison étions-nous éloigné de croire que telle parole minuscule, oubliée de nous-même, voire jamais prononcée par nous et formée en route par l’imparfaite réfraction d’une parole différente, serait transportée, sans que jamais sa marche s’arrêtât, à des distances infinies — en l’espèce jusque chez la princesse de Guermantes — et allât divertir à nos dépens le festin des dieux. Ce que nous nous rappelons de notre conduite reste ignoré de notre plus proche voisin ; ce que nous en avons oublié avoir dit, ou même ce que nous n’avons jamais dit, va provoquer l’hilarité jusque dans une autre planète, et l’image que les autres se font de nos faits et gestes ne ressemble pas plus à celle que nous nous en faisons nous-même qu’à un dessin quelque décalque raté, où tantôt au trait noir correspondrait un espace vide, et à un blanc un contour inexplicable. Il peut du reste arriver que ce qui n’a pas été transcrit soit quelque trait irréel que nous ne voyons que par complaisance, et que ce qui nous semble ajouté nous appartienne au contraire, mais si essentiellement que cela nous échappe. De sorte que cette étrange épreuve qui nous semble si peu ressemblante a quelquefois le genre de vérité, peu flatteur certes, mais profond et utile, d’une photographie par les rayons X. Ce n’est pas une raison pour que nous nous y reconnaissions. Quelqu’un qui a l’habitude de sourire dans la glace à sa belle figure et à son beau torse, si on lui montre leur radiographie aura, devant ce chapelet osseux, indiqué comme étant une image de lui-même, le même soupçon d’une erreur que le visiteur d’une exposition qui, devant un portrait de jeune femme, lit dans le catalogue : « Dromadaire couché ». Plus tard, cet écart entre notre image selon qu’elle est dessinée par nous-même ou par autrui, je devais m’en rendre compte pour d’autres que moi, vivant béatement au milieu d’une collection de photographies qu’ils avaient tirées d’eux-mêmes tandis qu’alentour grimaçaient d’effroyables images, habituellement invisibles pour eux-mêmes, mais qui les plongeaient dans la stupeur si un hasard les leur montrait en leur disant : « C’est vous. »
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J'ai dit (et précisément c'était, à Balbec, Robert de Saint-Loup qui m'avait, bien malgré lui, aidé à en prendre conscience) ce que je pense de l'amitié : à savoir qu'elle est si peu de chose que j'ai peine à comprendre que des hommes de quelque génie, et par exemple un Nietzsche, aient eu la naïveté de lui attribuer une certaine valeur intellectuelle et en conséquence de se refuser à des amitiés auxquelles l'estime intellectuelle n'eût pas été liée. Oui, cela m'a toujours été un étonnement de voir qu'un homme qui poussait la sincérité avec lui-même jusqu'à se détacher, par scrupule de conscience, de la musique de Wagner, se soit imaginé que la vérité peut se réaliser dans ce mode d'expression par nature confus et inadéquat que sont, en général, des actions et, en particulier, des amitiés, et qu'il puisse y avoir une signification quelconque dans le fait de quitter son travail pour aller voir un ami et pleurer avec lui en apprenant la fausse nouvelle de l'incendie du Louvre. J'en étais arrivé, à Balbec, à trouver le plaisir de jouer avec des jeunes filles moins funeste à la vie spirituelle, à laquelle du moins il reste étranger, que l'amitié dont tout l'effort est de nous faire sacrifier la partie seule réelle et incommunicable (autrement que par le moyen de l'art) de nous-même, à un moi superficiel, qui ne trouve pas comme l'autre de joie en lui-même, mais trouve un attendrissement confus à se sentir soutenu sur des étais extérieurs, hospitalisé dans une individualité étrangère, où, heureux de la protection qu'on lui donne, il fait rayonner son bien-être en approbation et s'émerveille de qualités qu'il appellerait défauts et chercherait à corriger chez soi-même. D'ailleurs les contempteurs de l'amitié peuvent, sans illusions et non sans remords, être les meilleurs amis du monde, de même qu'un artiste portant en lui un chef-d'oeuvre et qui sent que son devoir serait de vivre pour travailler, malgré cela, pour ne pas paraître ou risquer d'être égoïste, donne sa vie pour une cause inutile, et la donne d'autant plus bravement que les raisons pour lesquelles il eût préféré ne pas la donner étaient des raisons désintéressées. Mais quelle que fût mon opinion sur l'amitié, même pour ne parler que du plaisir qu'elle me procurait, d'une qualité si médiocre qu'elle ressemblait à quelque chose d'intermédiaire entre la fatigue et l'ennui, il n'est breuvage si funeste qui ne puisse à certaines heures devenir précieux et réconfortant en nous apportant le coup de fouet qui nous était nécessaire, la chaleur que nous ne pouvons pas trouver en nous-même.
pp. 22-23
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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