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Critique de chartel


Le thème de l'inversion est abordé dès les premières pages de ce quatrième tome de la Recherche avec un passage anthologique décrivant une scène d'approche entre le baron de Charlus et Jupien, coïncidant avec l'arrivée simultanée d'un bourdon sur une fleur.
Si le thème est bien prosaïque, Proust n'en demeure pas moins un grand esthète et fait encore éclater tous ses talents littéraires.
Autant masculine que féminine, l'homosexualité est partout, même là où on ne l'attend pas et n'a que faire des catégories sociales (Proust choisi ses personnages parmi tous les milieux pour bien le souligner). Bien que mieux acceptée aujourd'hui, l'inversion avant-guerre était sévèrement jugée, le procès d'Oscar Wilde en étant un bon exemple. le narrateur évoque donc tous les subterfuges employés par les homosexuels pour masquer leurs penchants qui ne suffisent pas à tromper sa grande acuité. Et il arrive parfois que l'effet donné soit complètement contraire à celui souhaité à cause d'une volonté trop marquée de cacher ses "vices".
Le personnage le plus emblématique de ce tome est le baron de Charlus, frère du Duc de Guermantes. Il introduit (si j'ose dire) le récit avec Jupien, mais montre tous ses talents de prédateur avec le jeune violoniste Morel.
Ne croyez pas cependant que Sodome et Gomorrhe ne traite que d'inversion. La description des ridicules mondains y est encore bien présente, que ce soit à Paris chez les Guermantes ou à Balbec, lors d'un second séjour du narrateur, chez les Verdurin ou les Cambremer. Ce dernier univers de la mondanité estivale est d'ailleurs magistralement présenté à partir de la ligne de chemin de fer qui relie toutes les petites localités voisines de Balbec. On découvre ainsi les multiples personnages comme l'on voyage d'une station à une autre.
Comme dirait la vieille Madame de Cambremer, c'est à croquer – délicieux – exquis.

Relecture en avril 2023:
J'ai été marqué par l'humour qui se dégage de ce tome. Entre la bave qui suinte des lèvres de la vieille Cambremer et les quiproquos de Mme Cottard à propos de Charlus, Proust nous fait don de la finesse de son esprit satirique.
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