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EAN : 9782843984433
155 pages
Apogée (22/01/2014)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Que se passe-t-il au pays des champs d'algues ? On n'entend plus la mer. L'enfant n'a pas les mots pour dire la mer assassinée. Les champs d'algues, pour lui, sont un talisman : avec l'océan, avec les rochers, ils bornent son monde. Ils sont aussi le territoire du père, goémonier, mystérieusement absent. Alors, ces oiseaux étouffés dans le pétrole, comment prendre de leurs nouvelles, s'interroge l'enfant. Il fait la promesse d'en relever chaque jour le nombre dans s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La marée noire vue par les yeux d'un enfant.
L'enfant (on ne connaît pas son nom) est englué dans ses rêves et dans ses questions comme le sont les oiseaux dans le mazout.
C'est un enfant un peu à part. Suite à une chute il boite un peu, mais il boite aussi dans sa tête.
Ce matin-là, il n'entendit pas le bruit de la mer ni les cris des oiseaux, il ne vit pas le bleu de la mer…. Tout était noir.
Pour toute la population, pour lui, si sensible (il veut devenir artiste de la mer), c'est un véritable drame.
De plus, il y a l'absence de son père depuis de longues semaines, que personne ne lui explique.
C'est le portrait d'un enfant
C'est le tableau d'une Bretagne défigurée.
L'un et l'autre sont intimement liés.
Le portrait de l'enfant est sensible, délicat.
Le tableau est une ode à la mer, à la Bretagne.

Ce livre subtil, tout en nuance et en sensibilité est une belle découverte.
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Père et mer.
Second livre de cette romancière que je lis après " Les blessures fossiles". Nous avions parlé de ce livre lors de notre rencontre l'année dernière au salon de Guidel. Dans les courriers que nous avons échangés, elle me dit qu'elle a choisi le regard d'un enfant pour tenter d'atténuer le traumatisme subi par la population après une marée noire.
Un bord de mer en Bretagne, un jour qui devrait être comme les autres pour "l'enfant" et les autres habitants de ce port. L'enfant est surpris par le silence soudain. Puis vient l'odeur qui a changé, la mer devient noire, les vagues épaisses et gluantes. C'est le drame, à peu de distance au large un pétrolier s 'est échoué.
Pour l'enfant et le bourg la vie va soudainement changer!
Pour l'enfant, la mort d'un jeune goéland mazouté, puis son enterrement aidé de quelques camarades va profondément le marquer. Pourtant la mort des animaux à la ferme est une pratique normale. Là la mort est gratuite et inutile, à la ferme elle est hélas nécessaire.
Il va acheter un carnet bleu et tenir le macabre compte des oiseaux morts à cause du pétrole. La tâche des sauveteurs est immense. Des milliers de cadavres seront brûlés!
Il a aussi en tête sa solitude, son père goémonier est-il vraiment parti en mer ? Il lui manque et ne sait pas bien de quoi il en retourne! Sa mère est en stage, en ville et ne reviendra que pour le week-end, son absence lui pèse également. Son oncle Gaby, jeune frère de son père, s'occupe tant bien que mal de lui.
Mais les adultes ont d'autres soucis, la pollution, l'écoeurement devant ces navires poubelles qui s'échouent trop souvent sur les côtes. On prépare des manifestations, les mots d'assassins, de voyous des mers marquent la colère. Mais masquent le désarroi des marins déjà endettés, la détresse des riverains, presque tout ici dépend de la mer....
Pas de situation géographique précise, ni d'époque bien définie, (La Bretagne a subi plusieurs marées noires, donc il y a hélas le choix!), mais pour le personnage principal du livre l'auteur reste vague, pas de prénom, il est et reste "L'enfant".
L'enfant, amoureux de la mer, au point de répondre à l'école à la rituelle question de son futur métier :
- Je veux être artiste de la mer!
Sa vie durant ces quelques jours entre ses rêves ou cauchemars nocturnes et son traumatisme d'avoir assisté à la mort d'un jeune goéland, puis l'avoir enterré avec d'autres enfants! Son univers est souillé, il ne comprend pas les adultes, son oncle par exemple. Il veut, comme témoignage, noter sur son carnet le nombre d'oiseaux morts! Une fin d'innocence non programmée mais subite, et pourquoi si ce n'est pour la fortune de quelques-uns!
Son entourage proche, plutôt absent durant cette période, seul son oncle Gaby, vieux garçon s'occupe de son quotidien. Il a comme tous les enfants de son âge quelques camarades d'école, mais sans plus semble-t'il!
Sa famille, sa mère avec qui il faudra un jour ou l'autre ouvrir le dialogue, savoir la vérité sur l'absence envahissante du père, il lui faut aussi comprendre ce qui se dit entre adultes. Gaby, avec qui les rapports sont pour le moins étranges, il le hait parfois et ne le comprend pas toujours pour ne pas dire jamais. Les grands, c'est un autre monde.
Le seul avec qui il se sent bien, c'est le vieux professeur à qui il donne sa petite cuillère, celle dont il se servait pour nettoyer la mer. Cadeau précieux s'il en est!
Une très belle écriture pour un sujet grave particulièrement pour nous Bretons. A travers les yeux de cet enfant, j'ai pris conscience, moi qui suis pourtant un natif du bord de mer mais qui n'en ai jamais vécu, du désarroi des gens pour qui l'océan est un gagne pain. On a beaucoup parlé du tourisme, mais peu des pêcheurs et autres professions dépendant d'une bonne ou d'une mauvaise marée. Alors quand il n'y a plus de bateaux rentrant au port ni de poissons!
Malgré tout un voyage onirique quand l'enfant rêve d'Ulysse, ce grand voyageur parcourant les mers.
La mer....il la retrouve plus tard, enfin propre, enfin elle-même!!
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Un garçon étonné et vaguement inquiet sent une menace diffuse sur la plage : la mer a changé, le remous habituel des vagues et du ressac a laissé place au silence, puis à de longues plaintes et de la colère. Un nouveau pétrolier a souillé son terrain de jeu favori et bouleversé ses habitudes. Lui, l'enfant rêveur, à l'âme artiste, qui vit en communion avec la nature qui l'entoure, est chaviré par le spectacle des cormorans englués et le désarroi des adultes. Ses parents sont absents et il promène sa solitude, perdu dans cet univers chamboulé, se réfugie dans ses rêves et son livre préféré "Morceaux choisis d'Ulysse", cadeau de son père. Heureusement qu'il y a Léa qui l'accompagne à la clinique des oiseaux pour faire le compte des oiseaux morts, son oncle qui s'occupe de lui, les rencontres sur la plage, mais personne à qui se confier. Il choisirait bien le vieux monsieur de l'Institut de recherches, si savant, humble, amoureux et respectueux de la mer et de la nature, comme lui, mais il le connaît à peine. Car la catastrophe de la marée noire en cache une autre, qu'il se refuse à admettre, mais qui sourd en lui, fait battre son coeur, attise sa colère et sur laquelle il ne sait pas mettre un nom. Alors il fait durer encore un peu l'histoire qu'il se conte.
C'est un très beau texte, poétique et émouvant, qui donne corps à la désolation d'un environnement souillé à plusieurs reprises, le désespoir et la colère, la révolte et les manifestations réprimées, mais aussi la solidarité, mis en relief par le regard et la sensibilité d'un enfant bouleversé par la séparation de ses parents.
Je remercie Masse critique et les éditions Apogée pour m'avoir permis de découvrir l'auteur.
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(masse critique)
L'écriture est très poétique, à l'image de cette mer tant aimée et honorée au fil des pages de cet ouvrage qui prend la juste mesure des conséquences d'une marée noire, marée noire en dehors, qui tue les oiseaux un à un, marée noire en dedans, dans le coeur de cet enfant qui ne reverra plus son père...
Il y a pourtant un je ne sais quoi qui ne colle pas, qui m'a empêchée d'adhérer au style, un écart entre ce qui se passe dans la tête de ce gosse (l'angle de vue) et la façon dont c'est retranscrit. Je n'ai pas accroché, je suis allée au bout pour la beauté de certaines formulations, mais il y a des longueurs et des redites, et puis on a des difficultés à situer ce gosse : âge???? par exemple, il est à l'école mais le manque de finesse dans l'analyse psy fait qu'on ne sait pas si c'est un ado ou un gamin de primaire (des indices sont donnés par rapport à l'école mais aussitôt contredits par certains comportements) et puis les faits semblent se dérouler de nos jours, mais de nos jours, pourquoi cet enfant ne verrait-il plus son père????? bref, les incohérences m'ont laissée sur place :-( dommage. Ce roman, n'empêche, aurait fait un excellent poème ;-)
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"Ce silence qui n'en finissait pas ! Il entendait seulement un léger bruit métallique qui venait des vagues. C'est pas habituel, ces glouglous bizarres de bête rampante. Son visage, son corps se crispèrent. Il eut envie de se boucher les oreilles. Oui, l'eau gémissait. C'étaient ses cris étouffés qu'il entendait."
Erika, Amoco sont les quelques noms du « poison noir » qui souille les côtes bretonnes et se reconnaît donc à l'oreille: propriété commune à tous les objets de la « pensée magique » de l'enfant, celui dont le roman adopte le point de vue. Il parle aux joncs marins et aux tamaris, et s'entretient avec un « menhir musicien », ainsi nommé en raison des oiseaux qui se posent à son sommet. Pensée animiste, par laquelle la mer devient l'oeil sombre du Cyclope et l'enfant, le fils d'Ulysse, dont l'univers balisé de mégalithes est remis en cause par une catastrophe qui affecte chacun, au village, du marin pêcheur endetté jusqu'à la marchande de couleurs.
La lecture des "Morceaux choisis de l'Odyssée", cadeau du père mystérieusement absent, remplit l'univers endeuillé de l'enfant de présences, "d'êtres étranges, de métamorphoses, de voyages au pays des morts". C'est ainsi que le roman développe ses harmoniques, autour d'une marée noire qui raconte d'autres catastrophes, d'autres tempêtes, et le retour espéré d'Ulysse dans la maison familiale, dans cette contrée maritime où, selon un vieux sage, il "existe trois règnes, le vert, le brun, le rouge."
La surprise que nous réserve Marie-Hélène Prouteau est de faire de l'absence du père non pas le contexte de l'histoire racontée, mais un thème obsédant qui passe progressivement au premier plan, quittant ainsi sa dimension privée pour absorber les couleurs sinistres d'une catastrophe écologique. Dès lors, on comprend pourquoi la force réparatrice des mots apparaît comme une ligne mélodique qui se conjuguerait en sourdine avec l'espoir, jusqu'à devenir le véritable sujet de cette oeuvre de pure sensibilité.



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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lui, il était sur son île. Dans l'archipel blanc où vivent les mots de la page. Là, il apprivoisait l'absence du père. La maison n'était plus orpheline. A nouveau, son père était présent, ils étaient ensemble autour de la table. Tous les trois. Ses pensées prirent du volume, il crut sentir les souffles de la mer, le bruit des vagues, à mesure que les mots faisaient leur coulée heureuse. Ulysse revenait au pays des champs d'algues et de menhirs.
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L'enfant retenait son souffle. Il voyait des jardins sous la mer. Plus beaux que ceux qu'il apercevait quand il nageait sous l'eau, près des rochers, avec son masque et son tuba. Dans sa tête, ça se mettait à osciller parmi les feuillages et les plis de longues algues à la dérive. Une vie mystérieuse tremblait dans des vallées sous-marines où passaient des nautiles et des coelacanthes. "Des espèces qui remontaient aux temps lointains de la Préhistoire", avait dit le vieux monsieur. Ce monde sous la mer, pensa l'enfant, c'est merveilleux comme un conte.
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"Le voilà sur la grève en train de réaliser une de ses
compositions marines, tandis que les vagues au large
déroulent leur éternité sonore. Il fait face à la mer que
la marée a emportée si loin. Il se met au travail, bercé
par ces rumeurs du dehors et par d’autres aussi, en lui.
Ses réalisations sont très réputées : les amateurs de
Land Art les apprécient pour leur poésie et disent qu’il
est doué d’un grand talent. Celle-ci, il sait déjà qu’il lui
donnera pour titre, "Souvenirs de la marée basse". Il pose
sur le sable des galets qu’il a soigneusement choisis, des
algues et des coquillages. Les algues dessinent une grande
écharpe mais personne ne peut rien en dire, c’est le
mystère de l’art. Il est devenu artiste de la mer, il a réalisé
son rêve, l’enfant qui boitait dans sa tête".
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Video de Marie-Hélène Prouteau (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Hélène Prouteau
Librairie Dialogues-Brest. Cinq questions à Marie-Hélène Prouteau autour de son livre "les Blessures fossiles". 2009.
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