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EAN : 9782862667386
144 pages
Nouvelles Editions Loubatières (25/05/2016)
4/5   2 notes
Résumé :
Pierre Provost (1895-1986), graveur, résistant, fut emprisonné de janvier 1944 à avril 1945 au camp de Buchenwald, où les prisonniers avaient formé une résistance interne qui organisait la survie de détenus et préparait la libération. Provost est chargé par la Résistance de graver des médailles, dites de camaraderie, qui sont remises clandestinement pour acte de courage ou de dévouement. Gravées avec des moyens de fortune, ces médailles relatent le parcours du récip... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
IMPRESSIONNANT !
Pierre Provost (1895-1986), très jeune, a appris les métiers liés au métal (fabrication d'outils-échoppes, ferronnerie, gravure). de la Première Guerre mondiale, il ramène quantité de « vases de paix » travaillés et gravés dans des douilles d'obus.

Dans l'entre-deux-guerres, il est contremaître d'outillage dans l'usine Hispano-Suiza.

Très rapidement, il s'engage dans la Résistance où il fabrique des cachets et des faux papiers d'identité. Arrêté en juillet 1943, il séjourne d'abord à Compiègne puis est transféré, en janvier 1944, au Petit Camp de Buchenwald. On lui assigne le triangle rouge des politiques et son numéro d'appel. Très malade, il échappe au crématoire grâce à deux infirmiers allemands résistants du Revier (infirmerie).

En août 1944, grâce à son enregistrement comme mécanicien de précision, il est transféré, et loué comme tous les déportés, à la Mibau-Siemens qui s'occupe des armes secrètes (V1 et V2). Il y reproduit les cachets des SS grâce à des complicités, fabrique de faux certificats médicaux qui permettent à plusieurs dizaines de prisonniers de reprendre des forces au Revier. Des cellules de résistance s'organisent dans les blocks, basées sur la solidarité et la confiance. Les consignes morales consistent à rompre l'isolement individuel voulu par les SS, à soutenir le moral et le physique dans bien des cas et à fortifier la camaraderie. Ces groupes établissent des relais de surveillance, fournissent des pièces chapardées, transmettent des messages. Au péril de la vie de chacun. le sabotage « invisible » sévit notamment à la Mibau où Pierre Provost est chargé de celui des pièces de commande du pilotage des V1. Lors des vérifications, il s'arrange pour que son travail se désagrège.

Papier, crayon, carnets sont interdits. Ecrire ou dessiner est punissable de mort. Les fouilles sont continuelles, comme l'appel du matin et du soir qui dure des heures par tous les temps, comme la schlague qui s'abat à tout moment. Chacun doit déployer de l'ingéniosité pour garder un tant soit peu de liberté personnelle. Avec l'aide de ses camarades, Pierre Provost fabrique et grave clandestinement différents objets et médailles dans des matériaux de fortune : crosse de fusil, pièces de monnaie, cuillères, cuivre, bronze, acier et argent, pierres. Il travaille ces pièces avec une minutie et une précision incroyables. Elles ont entre 5 et 11 cm et reproduisent « le visage du camp ». Elles sont des symboles d'espoir, de remerciement, de services rendus, et sont offertes aux résistants.

Le 11 avril 1945, le général Patton libère Buchenwald et Pierre Provost en profite pour subtiliser aux SS des photos, des documents, et ramener plus de 30 médailles et objets ainsi que ses carnets de croquis et de notes.

La fille de Pierre Provost est l'auteure de ce livre remarquable. Pour commémorer le 70e anniversaire de la libération de Buchenwald, elle a sélectionné les objets et lancé de multiples recherches pour retrouver des médailles en suivant les attributions consignées par son père. Les pièces numérotées et signées dès l'origine, sont décrites de manière très réaliste par des extraits de ses carnets et par des hommages rendus à son père par d'anciens détenus, toutes nationalités confondues.

Tous ces objets comportent l'agencement du camp : la place d'appel, la Tour et les miradors, les baraquements, les barbelés, le four crématoire, un wagon et sa butée, les feuilles de hêtre et de chêne, les déportés dans leurs travaux pénibles, les rayons de soleil de l'espoir, le triangle et le matricule, la date et le lieu. Et très souvent le chêne de Goethe et même la villa du directeur du camp. En moyenne sur 5 cm de diamètre !

De ce livre vraiment original, j'ai retenu deux objets bien que tous soient remarquables :
- le briquet à double allumage remis à la Croix-Rouge en remerciement pour l'acheminement des colis, gravé des éléments décrits ci-dessus,
- L'objet intitulé « le Chêne de Goethe », cuillère en argent sur socle en bois d'une branche de l'arbre, lui-même sur socle de pierre gravée en forme de proue. le chêne où Goethe est réputé s'être reposé souvent et sous lequel il a beaucoup écrit, était un symbole de tolérance, d'humanisme et du raffinement intellectuel allemand. A partir de 1937, moment de la construction du camp, il devient témoin de l'absurde et de l'horreur. En août 1944, une bombe incendiaire alliée met fin à son existence. Seule la souche est encore visible.

Tant et tant de détails autour de cette mémoire gravée pourraient encore être racontés. Je me retiens et vous invite vraiment à lire ce livre montrant une autre facette des conditions inhumaines vécues par ces hommes, femmes et enfants (car il y en avait à Buchenwald et devaient être cachés par les détenus) liés à la plus grande barbarie du XXe siècle.

De nombreuses photos des objets, des détails en gros plan, des pages de carnet, complètent à merveille ce livre d'hommage à un médailleur de talent et de grande humilité.

Mille mercis à Babélio et aux Editions Loubatières pour l'envoi de cet ouvrage incomparable reçu dans le cadre d'une Masse critique.


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Belle ouvrage bien illustré de belle qualité.
Il s'agit ici du témoignage posthume de Pierre Provost interné à Buchenwald en 44 et 45, ainsi qu'une rétrospective des ouvrages d'art qu'il a réalisé à Buchenwald.
En effet, plusieurs témoignages artistiques ont pu être réalisé dans le camp d'internement de Buchenwald grâce un réseau de déportés (beaucoup faisait également parti de ceux qui se sont révoltés lors de la Libération du camp).
Ce livre est bien fourni en illustration de la plupart de ces oeuvres (car certaines ont été perdues, volées ou oubliées) de Pierre Provost. Petit bémol sur les illustrations, toutes ne comportent pas leur dimensions ce qui est gênant pour les apprécier à leur juste valeur.
Les explications techniques ne sont pas trop 'barbantes' mais un petit lexique à la fin aurait été appréciable.
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Ce livre est un témoignage de ce qui s'est passé à Buchenwald au travers de médailles gravées, à l'insu des nazis, dans le camp.

Ce travail de gravure est impressionnant, surtout quand on sait quels ont été les outils utilisés.

L'histoire de fond est similaire aux histoires existantes sur les camps, mais moins poignante je trouve, par rapport à ce que j'ai pu déjà lire.

Je reste mitigée sur cet ouvrage, mais il reste néanmoins un témoin de l'horreur qui s'est produite pendant la seconde guerre.

Ce livre m'a été envoyé gratuitement en échange d'un avis.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La SS louait les déportés "entre 4 et 6 Reichsmarks (RM) par jour. Il a été calculé qu'un déporté coûtait 0,60 RM en nourriture et 0,10 RM en amortissement de vêtements, ce qui, pour une durée moyenne de vie de neuf mois, rapportait 1 431 RM. Si on multiplie par le nombre de déportés, on mesure l'immensité des bénéfices engrangés. Cette main-d'oeuvre était rentable pour l'Etat qui touchait un impôt de 0,30 RM par jour et par détenu. Elle était rentable également pour les industries privées qui amassèrent d'énormes profits". Les déportés remplacent ainsi les salariés.

p. 49
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La résistance du camp favorise le développement de l'expression artistique, en tant qu'élément de soutien moral, individuel et collectif.[...] Au sein de cette jungle humaine d'êtres affamés et en souffrance où il faut éviter SS, bandits, et déjouer les faux résistants et mouchards, elle assure elle-même le ravitaillement en crayons et papiers... pour les dessinateurs, et parfois en métal pour Pierre (Provost). Certaines médailles, commandées par la résistance, ont été décernées nominalement au camp, en "reconnaissance d'actions de solidarité".

p. 27
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La Ballade des Tordus :
De tous les coins de France, ils sont venus :
Paysans, métallos, apothicaires,
Le bouseux donnant le bras au notaire,
Le crève-la-faim aux côtés des repus.

En arrivant, ils furent tous tondus,
Astiqués, brillants tels des luminaires ;
Puis de guenilles, ils furent vêtus,
Attendant d'être habillés d'un suaire.

J. Pigé, 26.01.1945, BFAL, groupe Provost.

p. 42
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