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À la croisée des mondes tome 1 sur 3

Jean Esch (Traducteur)
EAN : 9782070612420
512 pages
Gallimard Jeunesse (15/03/2007)
4.19/5   8102 notes
Résumé :
Pourquoi la jeune Lyra, élevée dans l'atmosphère confinée d'une prestigieuse université anglaise, est-elle l'objet de tant d'attentions ? De quelle mystérieuse mission est-elle investie ? Lorsque son meilleur ami, Roger, disparaît, victime des ravisseurs d'enfants qui opèrent dans tout le pays, elle n'hésite pas à se lancer sur ses traces...
Un périleux voyage vers le Grand Nord, périlleux et exaltant, qui lui révèlera ses extraordinaires pouvoirs et la condu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (452) Voir plus Ajouter une critique
4,19

sur 8102 notes
Quand j'étais petite je détestais lire, mais cette trilogie m'a totalement ouverte à la lecture, et croyez moi ce n'était pas gagné d'avance. Aujourd'hui, je suis libraire, on peut donc dire que la mission est pleinement accomplie. J'ai tout adoré et j'ai plaisir même aujourd'hui à les relire. J'aime à la fois l'univers et ses personnages attachants. Une belle aventure.
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A la Croisée des mondes… Toute une aventure se profile à la lecture de ces mots, une odyssée fantastique que l'on sent poindre à l'horizon et qui fleure bon l'aurore boréale. Et si vous croyez encore que l'aurore n'a pas d'odeur, c'est que vous n'avez pas côtoyé assez de sorcières dans vos mille vies de lecteurs ! Ce livre vous aidera à y remédier.
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Comme avec Harry Potter, c'est dans un placard que tout commence. Comme dans Harry Potter, le héros est un pré-ado à l'école dans un monde fantasy. Mais la comparaison s'arrêtera là. En réalité, il s'agit d'une héroïne, Lyra, élevée dans un collège religieux d'Oxford car elle n'a plus ses parents. Elle n'y est pas réellement élève car c'est un collège de garçons, mais son oncle Lord Asriel, qui a l'air influent, l'a confiée aux Professeurs. Nous nous trouvons en effet dans un monde assez proche du nôtre mais où la religion catholique est au pouvoir, et est prête à tout pour continuer…
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C'est aussi un monde délicieusement magique : un monde où les humains ne sont jamais seuls : ils sont en quelque sorte reliés de manière invisible, dès la naissance, à leur daemon [prononcer démon], une sorte d'animal totem du sexe opposé qui représente leur conscience ou leur âme, leur coeur ou leur intimité, et qui reflètent leur état d'âme, leurs pensées les plus profondes, leurs sentiments… Quand l'un est blessé, l'autre souffre. Si l'un est capturé, l'autre ne peut pas s'échapper au risque, à force de tirer sur le lien, de le briser. Et là, que se passera-t-il ? Eh bien vous l'apprendrez… A vos dépens !
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Durant l'enfance, les daemons n'ont pas encore trouvé leur forme définitive : ils prennent alternativement l'apparence de l'animal qui correspond le mieux à la situation, et se transforment au gré des émotions de l'enfant, pouvant même se transformer à toute vitesse, adoptant tour à tour toutes les formes imaginables lorsque l'enfant panique, kaléidoscope d'apparences fugitives. Mais les daemons des adultes ont adopté une fois pour toute leur forme définitive, et demeurent reconnaissables à l'image de leur humain. Dans tous les cas, jamais, au grand jamais, ils ne doivent briser le grand tabou : aucun humain ne doit toucher le daemon d'un autre !
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Les premières lignes nous introduisent immédiatement dans l'action : Lyra décide d'explorer des pièces interdites avec Panta, son daemon, notamment le fumoir où les professeurs et leurs invités se retrouvent régulièrement lors de réunions importantes ou secrètes… Mais les professeurs choisissent justement ce moment pour s'y réunir et, pour ne pas se faire prendre, Lyra se cache dans la penderie. Elle entend alors Asriel parler d'une étrange Poussière joliment dorée, qu'il leur montre sur des diapos et qui semble faire trembler de peur son auditoire. En effet, elle semble n'auréoler que certaines personnes. D'où vient cette poussière et pourquoi terrorise-t-elle tout le monde ? Quel rapport a-t-elle avec le magistère de l'Eglise ? Dans le même temps, les enfants amis de Lyra disparaissent les uns après les autres, notamment un ami proche, Roger. La légende urbaine voudraient que ce soient « les enfourneurs » qui les kidnappent. Qui sont-ils et qu'en font-ils ?
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Pour sauver Roger, Lyra va mener l'enquête, suivre sa piste, braver tous les dangers et se mettre dans des pétrins pas possible. Elle rencontrera des gitans dont elle se fera des alliés, des ours polaires qui sont de valeureux mais dangereux guerriers, des gentilles et des méchantes sorcières volant sur des branches de sapin, un étrange singe doré. Pour surmonter tout cela, quelqu'un lui donnera un mystérieux instrument capable de répondre la vérité à toutes ses questions, même celles sur le futur… mais comment fonctionne-t-il ? Il l'entrainera en tous cas dans le grand nord, à chevaucher sur un ours pour libérer son ami des griffes de malfrats qui font d'étranges expériences dans des labo bien glauques, et même dans des mondes parallèles cachés dans la lumière des aurores…! Les prochains tomes promettent d'être mouvementés !
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500 pages qui peuvent se lire par des grands enfants mais ça n'a rien de niais. On retrouve en filigrane des parallèles avec notre monde, des réflexions sur le pouvoir, l'influence de nos doctrines religieuses, nos errements scientifiques et humains, nos personnalités, le passage à l'âge adulte, etc… C'est bien foutu, bien écrit et pensé, ça s'imbrique parfaitement et l'action rythme agréablement le récit par moment féérique. Merci maman pour ce (vieux) conseil de lecture ! J'ai été envoûtée dès les premiers mots. Je lirai les autres tomes, et je regarderai même le film (je vous mets la bande annonce en lien).
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Lyra Belacqua quitte le milieu protégé de Jordan College et découvre très vite à quel point le monde est incertain et dangereux. Hommes de Dieu et chercheurs, au premier rang desquels l'oncle de Lyra, semblent obsédés par la Poussière, une particule observée dans le grand Nord, dont les propriétés font l'objet de troubles expériences. Des ravisseurs d'enfants sévissent et emportent son ami Roger, que Lyra jure de retrouver. Une enquête qui l'entraîne irrésistiblement vers les terres gelées du Svalbard, plongées dans les aurores boréales et une épaisse brume de mystère…

Les Royaumes du Nord est le premier tome d'une trilogie parue à la même époque que Harry Potter qui s'est, elle aussi, imposée comme une oeuvre incontournable. Ce roman se démarque par un univers bien à lui qui mêle le steampunk à la fantasy et à la mythologie. Un monde qui ressemble à une Angleterre victorienne qui vivrait sous la coupe d'une autorité religieuse, à quelques étrangetés près : les humains sont assortis de daemons animaux qui incarnent leur conscience et veillent sur eux. Et en voyageant vers le Nord, on croise explorateurs, ours en armures, sorcières et redoutables Tartares... Tout cela est très consistant et immersif.

L'intrigue n'est pas en reste, nourrie de formidables péripéties, de révélations et de rebondissements. Certaines scènes, comme le spectaculaire combat d'ours, font partie de celles qui nous ont le plus marqués lors de nos lectures à voix haute. Lyra est une protagoniste courageuse et attachante, même si son impulsivité est souvent déroutante. Une héroïne en devenir qui amorce avec ce premier tome un apprentissage éprouvant, mais heureusement ponctué de rencontres extraordinaires. À ses côtés, tour à tour, des gitans pleins de philosophie, un intrépide aéronaute, une amicale sorcière ou un incroyable personnage de roi-ours déchu. En arrière-plan, des réflexions sur l'obscurantisme, les liens entre savoir et pouvoir, l'âme humaine, la doctrine du Péché originel et la transition vers l'âge adulte.

Ce premier tome est sombre et envoutant, captivant et inoubliable. Il nous laisse au seuil d'un monde inconnu, aux prises avec des questionnements lancinants : qu'est-ce que la Poussière ? Qu'est-ce qui attend Lyra là où elle se rend ? Et que trament Lors Asriel d'un côté, Madame Coulter de l'autre ? Autant dire qu'il est fortement conseillé d'avoir la suite sous le coude si vous vous lancez dans cette série !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Waoh !! Quelle aventure !!! J'ai adoré cette incursion hivernale dans un monde glacé peuplé de complots, d'âmes jumelles animales, d'ours guerriers, de sorcières, de peuples des neiges, des gitans aventuriers et de scientifiques-philosophes-religieux un peu fous !
Lyra, fillette indépendante et téméraire, à la langue bien pendue et à la curiosité qui lui joue souvent des tours car elle fourre son nez partout et surtout où cela lui attire des ennuis, accompagnée de son fidèle Pantalaimon, daemon métamorphe.
Entre une Angleterre alternative et des pays nordiques aux étendues enneigées, la jeune Lyra va tenter de découvrir qui se cache derrière les terrifiants Enfourneurs, la véritable nature de la Poussière et comment se servir de l'aléthiomètre, sorte de "boussole à destinée".
Il y a tellement de choses dans ce roman, des embranchements d'intrigue dans tous les sens, des retournements de situation, des secrets, de la science mêlée de magie, une profonde réflexion sur l'âme humaine et sa manifestation physique...
Tout simplement génial et passionnant. Eclipsée par la sortie d'Harry Potter, cette série (du moins ce premier tome, je vais m'empresser de lire la suite rapidement car le premier tome lance indubitablement le second) mérite la reconnaissance d'une littérature jeunesse de grande qualité et d'un univers complexe aux personnages très bien campés, dotés d'une épaisseur peu commune avec une véritable héroïne (attachiante comme je les aime) courageuse, rusée et tout à fait crédible.
A découvrir si ce n'est déjà fait, je me demande depuis que j'ai trouvé la dernière page pourquoi j'ai tant tardé à entamer cette série qui s'annonce comme un très gros coup de coeur.
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J'ai découvert cette saga peu après le blast Harry Potter. Je devais avoir treize ou quatorze ans lorsque j'ai mis pour la première fois mon nez dans ce premier tome, qui m'a plu immédiatement, rien qu'en raison de sa couverture. J'avais été fortement impressionnée par les récits de Jack London et de Nicolas Vanier dans le grand Nord ; aussi, cette petite fille chevauchant un ours polaire, c'était moi tout craché, du moins ce que j'aurais voulu être. Et dès les premières pages, la magie fonctionne... L'histoire se déroule dans un univers parallèle au notre, à Oxford. L'univers dépeint est assez proche de notre XIXème siècle, à l'époque où les moteurs n'avaient pas encore envahi les rues. Sans forcément parler d'atmosphère Steampunk, on est plongés dans un monde tiraillé entre les découvertes scientifiques et les dogmes religieux, le tout saupoudré d'un peu de fantastique.

Nous marchons donc dans les pas de Lyra, une fillette de douze ans, qui grandit un peu livrée à elle-même entre les murs du Jordan Collège. Placée là après la disparition de ses parents par son oncle, le très puissant Lord Asriel, son quotidien se résume à grimper sur les toits, fouiner dans les artères souterraines, jouer des tours aux érudits et se battre dans les rues avec les enfants des gitans. Dotée d'un caractère bien trempé (parfois même insupportable), elle est autoritaire, têtue, vantarde... et très curieuse. Un soir, elle pénètre dans le Salon, réservé aux érudits ; cachée dans une penderie, elle assiste à une réunion extraordinaire à propos de la Poussière, une découverte qui agite les milieux scientifiques et ecclésiastiques. Sorte de particule lumineuse invisible à l'oeil nu, elle se dépose sur les adultes mais semble éviter mystérieusement les enfants qui n'ont pas encore atteint la puberté... Existe-t-il un lien entre cette Poussière et les disparitions d'enfants qui frappent le pays ? Lorsque son ami Roger est enlevé à son tour, Lyra est embarquée dans une aventure qui la dépasse et qui la mènera aux confins du Nord, à la rencontre des Ours en armure, des dangereux Tartares et des sorcières... pour qu'éclate alors la vérité.

Le génie de Philipp Pullman est d'avoir mêlé de façon si habile science et fantastique. Moi qui ai toujours eu du mal à m'intéresser à la physique par exemple, j'ai été émerveillée par cette histoire de Poussière et de particules élémentaires. Je viens d'ailleurs tout juste de commander un ouvrage intitulé Les mystères de la science dans la trilogie de Philip Pullman dont les auteurs se proposent de revenir sur les théories et découvertes scientifiques dont l'auteur s'est inspiré. Et le sujet promet d'être passionnant ! Mais ce qui fait également la force de cette trilogie et de ce premier tome, c'est la virtuosité avec laquelle Philip Pullman dresse le portrait de des protagonistes. Ils sont finalement assez peu décrits physiquement, mais on imagine sans mal à quoi ils ressemblent grâce à leur psychologie très développée, et surtout à leurs actions. le crédo du livre pourrait être "tu es ce que tu fais..."

Lyra est une héroïne qui n'a pas un caractère évident, et son manque de maturité au début de la saga pourra en énerver plus d'un. Elle est cependant doté de grandes qualités humaines, et sa débrouillardise la sort de presque toutes les situations. Vive, agile, espiègle, elle est à la fois forte et fragile, mais surtout pas cruche pour un sou. Elle est aidé dans sa quête par une galerie de personnages tous plus incroyables les uns que les autres. Mon favori, Iorek Byrnison, est un Ours en armure banni de son royaume à qui Lyra offre la possibilité de regagner ce qu'il a perdu. Loyal, plein d'honneur, peu loquace mais toujours avisé, il se révèle un compagnon hors-pair. Et il ne faut pas oublier Pantalaimon, le plus fidèle ami de Lyra ! Pan est un dæmon, c'est à dire un petit animal qui représente en quelque sorte la partie visible de l'âme de chaque humain dans le monde créé par l'auteur. Chaque dæamon peut se transformer à volonté jusqu'à l'âge adulte, où il adopte alors une forme définitive. Je ne vous en dit pas plus sur l'importance de telles créatures ; sachez seulement qu'elles jouent un rôle capital dans l'intrigue...

En résumé donc, Philip Pullman a su créer un monde riche et foisonnant, assez complexe pour que cette lecture s'adresse autant aux adolescents qu'aux adultes. Après quelques chapitres descriptifs, le rythme est plutôt soutenu à partir de la seconde partie de ce premier tome, et le cliffhanger est haletant. J'ai particulièrement apprécié la diversité des thèmes abordés, et notamment la façon dont l'auteur oppose les théories scientifiques aux dogmes religieux. La plume vive et détaillée met en valeur ce récit qui fourmille de trouvailles originales et passionnantes, à l'image de l'aléthiomètre, une sorte de grosse boussole qui présente quatre aiguilles et trente-six symboles permettant à celui qui la maîtrise de poser des questions et d'obtenir la vérité. Je pourrai discourir encore des heures sur la richesse de ce premier tome, mais je préfère m'arrêter là et vous encourager à découvrir par vous même cette saga initiatique enchanteresse !
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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Citations et extraits (168) Voir plus Ajouter une citation
Quand on est jeune, on pense que tout dure toujours. Malheureusement, c’est faux.
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- Je ne pensais pas qu'un jour j'en reverrais un. C'est un lecteur de symboles. T'a-t-il parlé de cet objet, petite ?
- Non. Il m'a seulement dit que je devrais apprendre à m'en servir par moi-même. Et il a appelée ça un aléthiomètre.
John Faa se tourna vers son compagnon.
- Qu'est-ce que ça signifie ?
- C'est un mot grec. Ca vient d'aletheia, il me semble, qui veut dire "vérité". Autrement dit, cet appareil sert à mesurer la vérité. Eh bien, Lyra, as-tu appris à l'utiliser ?
- Non. J'arrive à diriger les trois petites aiguilles sur différents dessins, mais impossible de contrôler la grande. Elle n'arrête pas de tourner. Mais parfois, quand je suis très concentrée, j'arrive à la faire aller dans un sens ou dans l'autre, uniquement par la pensée.
- Comment ça fonctionne, Farder Coram ? demanda John Faa. Et comment fait-on pour lire ?
- Tous ces dessins autour du cadran, expliqua Farder Coram en orientant l'objet vers le regard perçant de John Faa, sont des symboles, et chacun d'eux représente beaucoup de choses différentes. Prenez l'ancre de bateau, par exemple. Le premier sens de ce symbole est l'espoir, car l'espoir vous permet de tenir bon au milieu de la tempête, comme une ancre. Le deuxième sens, c'est la constance. Le troisième, c'est l'idée d'obstacle invisible, de prévention. Le quatrième sens, c'est la mer. Et ainsi de suite... Il y a peut-être une dizaine, une vingtaine, ou même une infinité de sens.
- Et vous les connaissez tous ?
- J'en connais quelques-uns, mais pour tous les interpréter, j'aurais besoin du Livre. J'ai vu le Livre, et je sais où il se trouve, malheureusement je ne l'ai pas.
- Nous parlerons de ça plus tard, dit John Faa. Dites-nous plutôt comment on fait pour déchiffrer.
- Il y a trois aiguilles que l'on peut contrôler, expliqua Farder Coram. On s'en sert pour poser une question. En désignant trois symboles, on peut poser toutes les questions que l'on souhaite, étant donné que chacun possède de nombreuses significations. Une fois que la question est bien précisée, la grande aiguille tourne et désigne d'autres symboles qui donnent la réponse.
- Mais comment l'appareil sait-il à quel niveau de sens on pense quand on pose la question ? demanda John Faa.
- L'appareil lui-même n'en sait rien. Pour que ça marche, celui qui pose la question doit avoir tous les niveaux présents à l'esprit. D'abord il faut connaître toutes les significations, or, il peut en exister des milliers. Ensuite, il faut pouvoir les garder en tête sans trop y penser ou sans solliciter une réponse, et juste suivre des yeux les déplacements de l'aiguille. Quand elle a fini de tournoyer, on a la réponse à sa question. Je sais comment ça fonctionne, car j'ai vu un sage d'Uppsala s'en servir, un jour. Et c'est la seule fois où j'ai pu admirer cet objet. Sais-tu que les aléthiomètres sont rares, petite ?
- Le Maître m'a dit qu'il en existait six seulement.
- J'en ignorais le nombre exact, mais c'est très peu.
- L'as-tu caché à Mme Coulter, comme le Maître te l'avait demandé, Lyra ?
- Oui. Mais son daemon a fouillé ma chambre. Et je suis sûre qu'il l'a trouvé.
- Je vois. Ma petite Lyra, j'ignore si nous connaîtrons un jour toute la vérité, mais voici ce que je crois d'après ce que je sais. Le Maître a été chargé par Lord Asriel de veiller sur toi et de te protéger de ta mère. Ce qu'il a fait, pendant dix ans ou plus. Mais les amis de Mme Coulter au sein de l'Eglise l'ont aidée à créer ce Conseil d'Oblation ; dans quel but ? nous l'ignorons. Toujours est-il que la voilà aussi puissante, à sa manière, que l'était Lord Asriel autrefois. Deux parents aussi redoutables et ambitieux l'un que l'autre, et le Maître de Jordan College coincé entre les deux avec toi sur les bras.
Mais le Maître a mille autres préoccupations. La principale étant son collège et le savoir qu'il renferme. S'il sent que cela est menacé, il se doit de réagir. Or, depuis quelques temps, l'Eglise se fait de plus en plus autoritaire. On crée des conseils pour ceci, des conseils pour cela, on parle de rétablir le Bureau de l'Inquisition, à Dieu ne plaise. Et le Maître est obligé de louvoyer entre toutes ces forces. S'il veut que Jordan College survive, il doit se ranger du côté de l'Eglise.
D'un autre côté, le Maître est soucieux de ton sort, Lyra. Bernie Johansen a toujours été formel sur ce point. Le Maître de Jordan College et tous les Erudits t'aiment comme leur propre fille. Ils étaient prêts à tout pour te protéger, et pas uniquement parce qu'ils l'avaient promis à Lord Asriel. Par conséquent, si le Maître t'a livrée à Mme Coulter, alors qu'il avait juré à Lord Asriel de ne jamais le faire, c'est qu'il a pensé que tu serais plus en sécurité avec elle qu'à Jordan College. Et s'il a décidé d'empoisonner Lord Asriel, sans doute est-ce parce qu'il a pensé que les agissements de ton oncle les mettaient tous en danger, et nous aussi peut-être, voire même la terre entière. Pour moi, le Maître est un homme confronté à de terribles décisions : quoi qu'il décide, il fera du mal, mais peut-être que s'il fait le bon choix, il en résultera moins de souffrances. Que Dieu me garde de devoir, un jour, être dans cette situation. Et lorsque est venu le moment où il a dû te laisser partir, il t'a donné ce lecteur de symboles, en te demandant de le protéger. Toutefois, j'ignore quel usage il veut que tu en fasses, étant donné que tu ne sais pas l'utiliser. Son raisonnement m'échappe, je l'avoue.
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- Tenez, voici l'aléthiomètre. Il est en bon état.
Lord Asriel ne faisant aucun geste pour le prendre, Lyra le déposa sur le pare-feu en cuivre devant la cheminée.
- Je dois vous prévenir que Mme Coulter est en route pour Svalbard, et quand elle apprendra ce qui est arrivé à Iofur Raknison, elle rappliquera ici immédiatement, dans un zeppelin, avec une escouade de soldats à bord, et ils nous tueront tous, par ordre du Magisterium.
- Ils n'arriveront pas jusqu'ici, déclara Lord Asriel.
Il paraissait si calme et serein que Lyra sentit s'envoler une partie de sa fureur.
- Vous n'en savez rien, répondit-elle, hésitante.
- Si, je le sais.
- Vous avez un autre aléthiomètre ?
- Je n'ai pas besoin d'aléthiomètre pour savoir cela. Mais parle-moi plutôt de ton voyage, Lyra. Raconte-moi tout, depuis le début.
Ce qu'elle fit. En détail. En commençant par le jour où elle s'était cachée dans le Salon à Jordan College, avant d'évoquer l'enlèvement de Roger par les Enfourneurs, son séjour chez Mme Coulter à Londres, et tout ce qui s'était passé ensuite.
C'était une longue histoire, et quand elle eut terminé, elle dit :
- Il y a un détail que j'aimerais connaître, moi aussi, et j'estime avoir le droit de le savoir, tout comme j'avais le droit de savoir que vous étiez mon père. Mais puisque vous m'avez caché la vérité, répondez au moins à ma question, pour vos racheter. Parlez-moi de la Poussière. Pourquoi est-ce que tout le monde en a si peur ?
Lord Asriel l'observa, comme s'il s'interrogeait pour savoir si elle pouvait comprendre ce qu'il s'apprêtait à lui dire. Jamais il ne l'avait regardée avec une telle gravité. Jusqu'alors, il s'était toujours comporté comme un adulte qui satisfait les petits caprices d'un enfant. Mais aujourd'hui, il semblait penser qu'elle était mûre.
- C'est la Poussière qui fait fonctionner l'aléthiomètre, dit-il.
- Ah... Je m'en doutais. Mais à part ça ? Comment l'a-t-on découverte ?
- D'une certaine façon, l'Eglise a toujours su qu'elle existait. Pendant des siècles, les prêtres en ont parlé dans leurs sermons, en lui donnant un autre nom.
Il marqua un temps d'arrêt, avant de poursuivre :
- Mais il y a quelques années, un Moscovite nommé Boris Mikhaïlovitch Rusakov a découvert une nouvelle sorte de particule élémentaire. Tu as entendu parler des électrons, des photons, des neutrinos ? C'est ce qu'on appelle des particules élémentaires, car on ne peut pas trouver plus petit : il n'y a rien d'autre à l'intérieur, à part elles-mêmes. Cette nouvelle sorte de particule était élémentaire, elle aussi, mais très difficile à mesurer, car elle ne réagissait pas comme les autres. Ce que Rusakov ne comprenait pas, c'est pourquoi cette nouvelle particule semblait se rassemblait là où se trouvaient des êtres humains, comme si elle était attirée par nous. Plus particulièrement les adultes. Les enfants aussi, mais beaucoup moins, tant que leurs daemons n'avaient pas adopté une forme définitive. Dès la puberté, les enfants semblaient attirer davantage la Poussière, et ensuite, elle se dépose sur eux, comme sur les adultes.
Toutes les découvertes de ce type, parce qu'elles ont une influence sur les doctrines de l'Eglise, doivent être annoncées par l'intermédiaire du Magisterium à Genève. Or, la découverte de Rusakov était si étrange, si insolite, que l'Inspecteur du Conseil de Discipline Consistorial a suspecté son auteur d'être possédé par le diable. Il a accompli un exorcisme dans le laboratoire, et il a questionné Rusakov selon les règles de l'Inquisition mais, finalement, ils ont dû reconnaître qu'il ne mentait pas, et qu'il n'essayait pas de les abuser : la Poussière existait réellement. Mais un problème demeurait : déterminer la nature de la Poussière. Etant donné son rôle, l'Eglise ne pouvait choisir qu'une seule solution. Le Magisterium a décrété que la Poussière était la manifestation physique du péché originel. Sais-tu ce qu'est le péché originel ?
Lyra fit la moue. Elle avait l'impression de se retrouver soudain à Jordan College, interrogée sur un sujet qu'on ne lui avait enseigné qu'à moitié.
- Oui, plus ou moins, dit-elle.
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Il changea de diapositive encore une fois. La photo suivante avait été prise de nuit elle aussi, mais sans clair de lune cette fois. On y voyait un petit groupe de tentes au premier plan, se détachant faiblement sur l'horizon bas, et à côté, un empilement désordonné de caisses en bois, avec un traîneau. Mais le principal intérêt de cette photo résidait dans le ciel. Des rayons et des voiles de lumière pendaient tels des rideaux, en boucles et en guirlandes, retenus par des crochets invisibles, à des centaines de kilomètres d'altitude, ou bien flottant en biais, portés par le courant de quelque vent inconcevable.
- Qu'est-ce donc ? demanda le Sous-Recteur.
- Une photo de l'Aurore.
- Très joli photogramme, commenta le professeur Palmérien. Parmi les plus beaux que j'aie jamais vus.
- Pardonnez mon ignorance, dit le vieux Préchantre, de sa voix tremblante, mais si j'ai su un jour ce qu'était l'Aurore, je l'ai oublié. S'agit-il de ce qu'on appelle les Lumières du Nord ?
- Oui. Elle possède plusieurs noms. Elle est composée d'orages de particules chargées et de rayons solaires d'une intensité et d'une force extraordinaire, invisibles en eux-mêmes, mais qui provoquent cette radiation lumineuse lorsqu'ils entrent en contact avec l'atmosphère. Si j'avais eu le temps, j'aurais fait teinter cette photo pour vos montrer les couleurs, du vert pâle et du rose essentiellement, avec une touche de pourpre tout en bas de cette formation semblable à des rideaux. Il s'agit là d'un cliché réalisé avec une émulsion ordinaire. Je vais maintenant vous montrer une photo prise avec l'émulsion spéciale.
Il retira la diapositive. Lyra entendit le Maître dire à voix basse :
- S'il veut imposer un vote, on pourrait essayer d'évoquer la clause de résidence. Il n'a pas résidé au Collège pendant au moins trente semaines au cours des cinquante-deux semaines écoulées.
- Il a déjà mis l'Aumônier de son côté..., répondit le Bibliothécaire dans un murmure.
Pendant ce temps, Lord Asriel glissait une autre photo dans le chariot de la lanterne. Elle montrait la même scène. Mais, comme avec les deux photos précédentes, la plupart des détails visibles à la lumière ordinaire étaient ici beaucoup plus sombres, à l'instar des rideaux rayonnants dans le ciel.
Toutefois, très haut au-dessus de ce paysage morne, Lyra apercevait une forme compacte. Elle constata que, comme elle, les Erudits assis près de l'écran se penchaient en avant pour mieux voir. Plus elle regardait cette photo, plus son étonnement croissait, car là, dans le ciel, on distinguait bel et bien les contours caractéristiques d'une ville : des tours, des dômes, des murs... des bâtiments et des rues suspendus dans le vide ! Elle faillit pousser un petit cri d'émerveillement.
L'Erudit Cassington dit :
- Ca ressemble à... une ville.
- Exactement, répondit Lord Asriel.
- Une ville d'un autre monde, assurément ? dit le Doyen, une note de mépris dans la voix.
Lord Asriel l'ignora. Un mouvement d'excitation parcourut certains Erudits, comme si, ayant rédigé des traités sur l'existence de la Licorne, sans jamais en voir une, on leur présentait un spécimen vivant qui venait d'être capturé.
- Il s'agit de l'histoire Barnard-Stokes ? demanda le professeur Palmérien. C'est bien cela, n'est-ce pas ?
- C'est justement ce que je veux découvrir, répondit Lord Asriel.
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Je reste ici et je bois de l'alcool, car ils m'ont volé mon armure et, sans elle, je peux chasser les phoques, mais je ne peux pas faire la guerre ; or, je suis un ours en armure, la guerre est pour moi comme l'océan où je nage, comme l'air que je respire. Les habitants de cette ville m'ont fait boire de l'alcool, jusqu'à ce que je m'endorme, et ensuite, ils m'ont volé mon armure. Si je savais où ils l'ont cachée, je détruirais toute cette ville pour la récupérer. Alors, si vous voulez acheter mes services, le prix est le suivant : rendez-moi mon armure. Alors je vous aiderai dans votre mission, jusqu'à ma mort, ou jusqu'à votre victoire. Le prix à payer est mon armure. Je veux la récupérer, car alors, je n'aurai plus jamais besoin de boire.
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Vidéo de Philip Pullman
La quête de la jeune Lyra touche à sa fin, puisque cette troisième saison devrait logiquement être la dernière : À la croisée des mondes est une trilogie. Même si Philip Pullman, à l'origine de cette adaptation pour le petit écran, a signé d'autres opus en lien avec les aventures de la jeune fille dans des mondes parallèles… On la retrouve ici en bien mauvaise posture, tombée entre les griffes de sa mère, la cruelle Marisa Coulter, qui la drogue pour la retenir captive dans une chapelle abandonnée… Qui de son père, l'impulsif et ambigu Lord Asriel, en conflit ouvert avec la tyrannique Autorité, ou de son ami Will, armé du redoutable poignard subtil, parviendra le premier à la secourir ? Un vent de révolte et de castagne souffle sur ces inédits qui poursuivent honnêtement l'entreprise des précédentes saisons. Des épisodes peuplés d'anges noirs et d'ours en armures, de terrifiants inquisiteurs et de valeureux aventuriers, d'enfants courageux et d'adultes corrompus, semés de clins d'oeil à de grandes épopées de la pop culture (d'Indiana Jones à Star Wars). Où les fans d'Harry Potter mesureront une nouvelle fois à quel point J.K. Rowling s'est inspirée de Pullman pour imaginer le destin du jeune sorcier à lunettes…
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A la croisée des mondes 1 : Le Royaume du nord, de Phil Pulman

Comment se nomme le héros de l’histoire ?

Iorek BYRNISON
Lyra BELACKA
Marissa COULTER

7 questions
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Thème : À la croisée des mondes, tome 1 : Les royaumes du Nord de Philip PullmanCréer un quiz sur ce livre

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