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EAN : 978B00XWY0DLC
Blackwell Publishers (03/01/2002)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
D'après les informations de couverture.
Le champ de ce volume est nouveau, car il ne concerne pas seulement la littérature de la période (VI°-XI° siècles), mais aussi la culture de base et la discipline des études anglo-saxonnes, passées, présentes et à venir.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le beau livre de conversations légères et savantes, à la Fontenelle, de Seth Lerer sur l'histoire de l'anglais ("Inventing English") m'avait particulièrement charmé par ses premiers chapitres : du poète Caedmon, "Old English and the origins of poetry", sur la période anglo-saxonne proprement dite, jusqu'à "From Kingdom to Realm", sur la littérature anglaise après la Conquête normande. Ce que Lerer écrit aux chapitres suivants sur Chaucer, -- "Lord of this language" --, Julienne de Norwich, Shakespeare, -- "I do, I will"--, jusqu'aux Negro-spirituals et l'éloquence de Martin Luther King, est aussi merveilleux. Mais on n'a pas lu Tolkien dix fois dans le texte pour résister à un tel pavé (ou une telle somme) sur le Moyen-Age anglais, ce Companion, qui passera toujours avant Shakespeare, Milton ou Martin Luther King. D'où ce "Companion to the Anglo-Saxon Literature", aussi médiéval, aussi spécialisé et universitaire que possible, et qui se lit comme un roman.

D'abord, ce sera la première surprise, les auteurs recourent abondamment à la critique la plus contemporaine, du structuralisme à la théorie du genre, interrogeant la notion d'auteur, posant des questions ultra-contemporaines sur une littérature ancienne. Ce livre fournit une initiation bienvenue aux derniers courants de la pensée du langage et de la littérature. Ensuite, on découvre que cette Angleterre des VII°-XI°s, loin d'être livrée à l'ignorance crasse d'un "Moyen-Age obscur", est un centre brillant de littérature latine et anglo-latine : comme les Anglo-Saxons ne se croyaient pas romains, ils n'hésitèrent pas à traduire la Bible latine, les premiers en Occident, et à produire des versions d'une grande beauté, pieusement recueillies par les Reformers, les traducteurs protestants du XVI° et XVII°s. Enfin, j'ai été très frappé par les réflexions sur la production et la réception littéraires dans un univers où l'écrit est rare : ce genre d'univers ne connaît pas la distinction entre lettrés et illettrés, mais des centaines de nuances entre ces deux extrêmes, ce qui pose, à la lumière des essais de Michel Foucault, de belles questions sur la notion d'auteur et de lecteur.

Un très bon livre, dont la richesse et le caractère universitaire ne devraient effrayer personne.
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La collection d'ouvrages collectifs intitulée "A Companion to ..." embrasse tous les domaines de la culture, depuis l'oeuvre complète de Shakespeare jusqu'à la création littéraire la plus contemporaine. Ce ne sont pas des curiosités universitaires qui m'ont poussé à lire ce fascinant volume, mais la conscience que la littérature anglo-saxonne, antérieure à la conquête de 1066 et prenant fin au XIV°s, avec Chaucer, a été le domaine d'étude et de travail de toute la vie de J. R. R. Tolkien. Dans la richesse foisonnante des articles proposés, je retiendrai les études sur l'illettrisme en Angleterre saxonne médiévale (une notion à relativiser et à examiner), sur la question de l'auteur dans une culture mi-orale, mi-écrite, avec les deux beaux exemples de Caedmon et du roi Aelfred (analyses déduites de Michel Foucauld), et bien entendu, tout ce qui concerne la poésie épique, dont le poème de Beowulf est le plus bel exemple. On apprend que malgré la disparition du Vieil Anglais au XIV°s, on s'y intéressa beaucoup à la Renaissance, puisque dès le VI°s, on s'était mis à traduire la Bible en anglo-saxon, ce qui ne manqua pas d'intéresser les Réformateurs dont c'était la préoccupation principale. A l'époque saxonne, il n'était pas possible comme en Provence ou en Italie de s'imaginer parler une sorte de latin : il fallait donc absolument traduire les textes sacrés et les expliquer au peuple dans sa langue. C'est pourquoi la première littérature vernaculaire du Moyen-Age naquit en Angleterre.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
(Aelfric, prosateur né au milieu du X°s) : "Je dis cela brièvement, parce que j'ai composé de ces quatre lives (les Evangiles) presque quarante sermons en anglais et quelques autres, que tu peux lire sur ce sujet avec plus d'intuition que je ne puis dire". (Suit le texte en vieil-anglais). Les preuves manuscrites montrent qu'Aelfric prit soin de disposer, de corriger et d'améliorer ses textes ; le souci qu'il a de ses écrits en tant que corpus de travail, de leur copie, de leur circulation, de leur utilisation comme sources et références, et de l'orthodoxie et'intégrité de son enseignement, est rare dans une culture littéraire médiévale où l'anonymat et l'instabilité textuelle sont les marques de l'écriture non-latine. Avec Aelfric il est clair que l'écriture en anglais n'est pas une simple concession à la nécessité, ni une solution de bricolage pour pallier le problème de l'ignorance cléricale, mais une pratique intellectuelle parfaitement légitime.

p. 244. (Le lecteur : il n'y a rien de tel sur le Continent, pour les écrits non-latins, avant le XIII°s tardif).
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Une des écoles de théorie textuelle moderne la plus utile pour les études anglo-saxonnes est "la théorie de la réception", qui concerne le processus de construction du sens textuel. Le modèle qu'elle propose montre que le sens qui est produit ne naît pas au moment de la création du texte par l'auteur, mais plutôt pendant l'interaction entre un texte écrit original et son lecteur. Pour l'étude de la culture littéraire anglo-saxonne, on doit modifier ce modèle pour y inclure des textes "originaux" sus par coeur et des auditoires qui les écoutent réciter aussi bien que des lecteurs qui les lisent. ... Cela fournit au spécialiste un moyen utile d'étudier ce qu'on entend par transmission, réception, autorité et anonymat.

p. 80
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Une des écoles de théorie textuelle la plus utile pour les études anglo-saxonnes est connue sous le nom de théorie de la réception, qui examine la dynamique de construction du sens d'un texte. Le modèle qu'elle propose est celui d'une signification générée non au moment de la création par l'auteur, mais plutôt dans l'interaction entre un texte écrit original et son lecteur. Pour l'étude de la culture littéraire anglo-saxonne, on modifiera ce modèle pour y inclure des textes originaux sus par coeur et des auditoires qui entendent les textes aussi bien que des lecteurs qui les lisent.

Traduit de l'article de Mary Swan, p. 80.
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