J'ai vu la jolie couverture de ce livre sur le net et je l'ai commandé, sans faire gaffe au petit carré noir dans le coin supérieur à gauche avec la mention : "NOIR". Poussé par ma sympathie pour les chats, j'ai réagi un peu comme le chien de Pavlov, l'inventeur russe du réflexe conditionné.
Grande a été ma surprise en recevant par la poste ledit livre, où il ressort clairement de la 4ème page de couverture, qu'il s'agit d'un policier.
Je me sens donc obligé de dire un mot sur ce polar ET sur les félins, dont j'ai une belle collection à la maison.
D'abord nos amis les chats. Pour le moment, j'en ai 8, mais ce nombre est sujet à fluctuations, du fait que j'habite une ville balnéaire avec de nombreux touristes et il y a apparemment aussi les chats qui aiment le tourisme : ils commencent par se pointer aux heures des repas, trouvent que les aliments ne sont pas trop mauvais, reviennent, deviennent des habitués et décident de s'installer définitivement, même si leur présence ne recueille absolument pas d'enthousiasme délirant de la part des anciens résidants ! Mais, qui sommes nous, humains, pour reprocher aux félins leur aversion des nouveaux venus ? L'autre côté de la médaille, c'est que certains se font massacrer par des (mauvais) chauffeurs de voitures.
Pendant longtemps j'ai eu de superbes setters (comme
Brigitte Bardot, mais indépendamment d'elle), puis un beau jour, il y a une bonne dizaine d'années, une gamine du voisinage est arrivée en pleurs chez moi, parce que ses parents, qui ont un commerce, avaient menacé d'aller noyer le chaton, qu'elle venait de débusquer abandonné sur un toit, dans la mer du Nord avec la demande de le garder quelques jours, jusqu'à ce qu'elle eût trouvé une solution. Inutile de vous dire que le dénommé "Michou" n'envisagea point d'autres solutions que "j'y suis, j'y reste" du général français Mac Mahon à Sébastopol lors de la guerre de Crimée au XIXème siècle !
D'un chaton chétif, en un temps-record, Michou s'est transformé en un mâle fort, qui aimait un peu beaucoup (trop) les femelles. Résultat : de temps en temps une belle nichée devant ma porte ! Mais sans plus attendre, je vais vous les présenter. le chat dominant est Élizabeth, qui se considère la reine du troupeau, avec ses fils
Goethe et
Balzac, leur grand copain, Maxy Boy, et à cause de leur poil, Tigre et Orange, puis il y a Yasminka, ma petite tricolore préférée, qui me suit partout comme un chiot. Et depuis l'été, un splendide chat à trois quarts persan, baptisé "Белоснежкой" Bielosnechka (Blanche Neige) ou Biéla. mais au caractère parfois mauvais ! Probablement un chat abandonné par des touristes rentrés dans leurs casemates, ce qui arrive, hélas, souvent, d'après le responsable du bureau local de la protection des animaux. Ce sont certes des chenapans, voleurs et querelleurs entre eux, mais que voulez-vous ? On s'y attache. Bien que je risque en adoptant des félins délaissés ou blessés d'en finir avec une bonne vingtaine, comme feu
Patricia Highsmith !
Dans ce contexte un peu particulier, il faut que j'avoue que "
Au fond de l'oeil du chat" est le premier ouvrage que j'ai lu de
Serge Quadruppani.
L'écrivain, né en 1952 à La Crau, dans le Var, a pourtant déjà une belle collection de livres à son palmarès : essais, polars, littérature générale, livres pour enfants etc. Par ailleurs, il a traduit de l'Anglais, les mémoires de
Margaret Thatcher et plusieurs livres de
Stephen King et de l'Italien des livres de
Carlo Lucarelli et surtout d'
Andrea Camilleri. En lisant ce roman de l'auteur, j'ai trouvé certaines similitudes avec l'oeuvre du Sicilien, qui y est cité expressément.
Michel Lafitte, un cinquantenaire, informaticien sans emploi et dans la dèche, va voir son ami d'enfance, Paul, un riche marchand d'art, pour lui prêter quelques sous. Il tombe mal, car ce dernier attend son fils, dont il ignorait l'existence. En sortant, Michel et le fils se croisent dans le vestibule non éclairé. Michel est arrêté par la police et mis en garde à vue, soupçonné d'avoir tué Paul à coup de revolver et que ce fils a trouvé ainsi en arrivant. le capitaine de la police, Fabienne Orsoni, le relâche relativement vite, estimant qu'il s'agit du travail d'un professionnel et que la personnalité de Michel ne correspond pas à ce profil. Peu après, Fabienne et Michel se retrouvent au pieux.
Simultanément, il y a l'histoire d'Émile, recruté par les services de sécurité italiens pour une mission d'observation d'un capo- mandamento (chef mafioso régional sicilien), Pepinu u Curtu (Joseph le Petit), qui a décidé de collaborer avec la police contre Bernardo Provenzano (1933-2016), "capo di tutti capi" (chefs de tous les chefs), boss de la famille des Corleonesi et successeur du légendaire Totò Riina (1930-2017), en taule depuis 1993, après avoir tué une quarantaine de personnes et ordonné l'assassinat d'une bonne centaine d'autres.
Pour découvrir le lien entre Michel et Émile et comment leurs destins se croisent, je crains qu'il vous faille lire ce bref roman de 170 pages.
Je vais certainement lire d'autres livres de
Serge Quadruppani, dont le style m'a plu et qui a réussi à capter toute mon attention.
Oh, et voilà ce que l'auteur note à propos du fond de l'oeil du chat : "...il voit un moment de nous qu'aucun de nous ne peut voir, un moment d'avant et d'après nous, un moment DÉJÀ en nous. le moment où la chair quitte les os." (page 48).