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Critique de beatriceferon


Ne dit-on pas que le facteur sonne toujours deux fois ? Est-ce pour cela qu'un nouveau tome de « Facteur pour femmes » voit le jour six ans après le premier ? A la fin du volume, le scénariste s'en explique. Son histoire ne devait normalement pas avoir de suite, mais sa femme lui aurait posé une question qui lui trotte dans la tête. « Mais alors, qu'est-ce qu'elle vont devenir, toutes ces femmes après la guerre avec un secret pareil ? » C'est ainsi qu'il finit par imaginer le destin des « filles du cimetière ». Aussi, à sa place, j'aurais changé le titre. J'aurais choisi « les femmes du facteur », car c'est bien d'elles qu'il est question ici. Lui, il n'est plus qu'une ombre qui plane au-dessus de l'île.
Le dessinateur a changé, lui aussi. Sébastien Morice travaillant sur un autre projet, c'est Manu Cassier qui a repris les personnages. C'est cela qui m'a beaucoup moins plu dans ce nouvel épisode. Où sont passées les couleurs lumineuses ? Les jolis visages des protagonistes ? Leurs silhouettes aux courbes douces ? Dans ce volume, les teintes sont ternes et tristes, certes en accord avec le côté dramatique de l'histoire, mais j'ai trouvé cela dommage. Quant aux femmes, leurs traits sont rudes, les anatomies anguleuses, à certains moments, elles passeraient presque pour des hommes. Cela ne m'aurait sans doute pas autant dérangée si j'avais découvert la première partie dès sa sortie. Mais après avoir entendu à la radio une critique très élogieuse, j'ai acheté ensemble les deux albums et j'ai enchaîné les lectures. Ce qui pousse à la comparaison. Certes, il est bien précisé que « chaque tome est une histoire complète », ce qui est vrai, mais il me semble qu'on perd beaucoup si on ne connaît pas le début.
L'auteur va mettre l'accent sur certains caractères féminins bien trempés : Germaine, la garde-champêtre, qui récupère le vélo tout tordu de Maël, le répare, apprend à le dompter et sillonne le terrain vêtue d'un pantalon d'homme, ce qui provoque un vrai scandale.
Rose, partie travailler à Concarneau, dans une conserverie de sardines, mais qui n'hésite pas à se révolter contre le droit de cuissage que son employeur croit pouvoir s'octroyer.
Gaud, qui, après avoir assumé seule la charge de la ferme, n'entend pas se laisser marcher sur les pieds par son bon à rien de fils (qui porte bien son nom de Konan) et qui a hérité de tous les biens, puisque c'est un mâle. Ce qui le pousse à fanfaronner : « C'est moi qui décide. C'est moi le patron. »
D'autres se sont renfermées sur leur chagrin, comme Marie ou Nolwen. Quant à Solange, elle avait décidé depuis longtemps de tourner la page et de se tenir loin des « filles du vélo » ainsi que des commérages.
Dans le premier volume, certes, il est question d'un homme naïf qui découvre l'amour et le corps des femmes. Mais l'érotisme est très discret. Il est beaucoup plus cru ici, où il s'étale complaisamment sur de nombreuses planches. Pour faire mieux vendre ?
L'histoire et le caractère des personnages m'ont plu, mais le traitement m'a un peu déçue. C'est pourquoi j'ai moins apprécié ce deuxième volet.
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