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Yvon Belaval (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070302314
184 pages
Gallimard (24/09/1969)
4.02/5   49 notes
Résumé :
« On va donc lire Chêne et chien (1937), la Petite cosmogonie portative (1950), avec, en supplément, le Chant du Styrène, inédit. L'union des contraires, c'est-à-dire du plus intime - la confession de Chêne et chien a été publiée la même année qu'Odile - et du moins intime, l'universel de la science, ferait-elle l'unité du recueil ? Peut-être. Les deux ouvrages n'ont pas été écrits l'un pour l'autre. Mais en les unissant on les rattache au même genre de la poésie di... >Voir plus
Que lire après Chêne et Chien - Petite cosmogonie portative - Le chant de StyrèneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce recueil contient des poésies d'inspirations étonnamment différentes et que, a priori, je n'aurais pas attendues de cet auteur. "Chêne et chien" est une sorte d'autobiographie en vers, illustrant le pénible chemin suivi par le jeune Raymond Queneau, jusque et y compris sa psychanalyse. Malgré une volonté de ne pas sombrer dans le pathos, j'ai compris par quelles souffrances il est passé. Donc le ton est très loin d'être facétieux, le poète est plutôt dans la pesanteur et l'autodérision. C'est sincère, original et pas mal du tout.
La "Petite Cosmogonie portative", qui suit, est un poème presqu'épique décrivant le monde sous son aspect purement physique; il emprunte beaucoup à la Science – et non aux sentiments. J'ai trouvé que c'était beaucoup trop long. La dernière partie est un étonnant "Chant du styrène", dont le réalisateur Alain Resnais a tiré un court-métrage en 1958. Sachant que le styrène est un matériau de chimie organique, on comprendra qu'on reste dans la même veine.
Quoi qu'il en soit, j'ai ainsi découvert un Raymond Queneau qui semble n'avoir rien à voir avec "Zazie sans le métro" !
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
"Tu étais" me dit-on "méchant,
tu pleurnichais avec malice
devant des gens de connaissance,
c'était vraiment très embêtant.

"Tu chialais, enfant, comme un veau
et tu n'en faisais qu'à ta tête,
tu hurlais pour une calotte
et tu ameutais les badauds.

"Tu barbouillais de chocolat
tes beaux vêtements du dimanche
sous le prétexte que ta tante
avait oublié tes soldats.

"Maintenant tu es devenu
le plus grand cancre de ta classe,
nul en gym' et en langue anglaise
et chaque jeudi retenu.

"Sur des dizaines de cahiers
tu écris de longues histoires,
des romans, dis-tu, d'aventures ;
mon fils, te voilà bon-à-lier.

"Tu connais tous les pharaons
de la très vénérable Egypte,
tu veux déchiffrer le hittite,
mon fils, tu n'es qu'un cornichon.

"Je vois que tu transcris les noms
et les œuvres des géomètres
anciens tels que cet Archimède,
mon fils, tu n'as pas de raison."

Alors je me mis au travail
et décrochai plus d'un diplôme.
Hélas ! quel pauvre jeune homme
plus tard je suis devenu.
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L'herbe : sur l'herbe je n'ai rien à dire
mais encore quels sont ces bruits
ces bruits du jour et de la nuit
Le vent : sur le vent je n'ai rien à dire

Le chêne : sur le chêne je n'ai rien à dire
mais qui donc chantonne à minuit
qui donc grignote un pied du lit
Le rat : sur le rat je n'ai rien à dire

Le sable : sur le sable je n'ai rien à dire
mais qu'est-ce qui grince ? c'est l'huis
qui donc halète ? sinon lui
Le roc : sur le roc je n'ai rien à dire

L'étoile : sur l'étoile je n'ai rien à dire
c'est un son aigre comme un fruit
c'est un murmure qu'on poursuit
La lune : sur la lune je n'ai rien à dire

Le chien : sur le chien je n'ai rien à dire
c'est un soupir et c'est un cri
c'est un spasme un charivari
La ville : sur la ville je n'ai rien à dire

Le coeur : sur le coeur je n'ai rien à dire
du silence à jamais détruit
le sourd balaye les débris
Le soleil : ô monstre, ô Gorgone, ô Méduse
ô soleil.
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Je me couchai sur un divan
et me mis à raconter ma vie,
ce que je croyais être ma vie. (…)
Je suis incapable de travailler
bref, dans notre société
je suis un désadapté inadapté
né-
vrosé
un impuissant (…)
Je raconte un rêve:
un homme et une femme
se promènent près d’une rivière,
un crocodile derrière
eux
les suit comme un chien.
Ce crocodile, c’est moi-même
Qui suis docile comme un chien (…)
Moi, docile ? mais plus tard ne me suis-je pas révolté ?
Moi ? docile ? un rebelle ?
J’ai cru me révolter et je me suis puni.
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Je naquis au Havre …


Extrait 1

Je naquis au Havre un vingt et un février
en mil neuf cent et trois.
[...]

Et lorsque j'eus atteint cet âge respectable
vingt-cinq ou vingt-six mois,
repris par mes parents, je m'assis à leur table.
[...]

Mon père débitait des toises(1) de soieries,
des tonnes de boutons,
des kilos d'extrafort(2) et de rubanneries
rangés sur des rayons.
Quelques filles l'aidaient dans sa fade besogne
en coupant des coupons
et grimpaient à l'échelle avec nulle vergogne,
en montrant leurs jupons.

Ma pauvre mère avait une âme musicienne
et jouait du piano ;
on vendait des bibis(3) et de la valencienne(4)
au bruit de ses morceaux.


1. toise : mesure de longueur, environ deux mètres.
2. extrafort : ruban dont on garnit intérieurement les coutures.
3. bibi : petit chapeau de femme.
4. valencienne : dentelle fine fabriquée à Valenciennes.
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Je n'ai donc pu rêver…


Extrait 2

Voici : les rats se sauvent
et plus d'un prisonnier trouve sa délivrance.
La coquille a viré pour courir d'autres chances,
et voici : l'on innove.

Que disent les marins ? ils grimpent aux cordages
en sacrant comme des loups,
ils ont passé la ligne affublés en sauvages,
voulant encor faire les fous.

Voici : ce navire entre dans d'autres eaux,
d'autres mers où les orages
n'ont pas détruit le balisage,
et voici : les marins ont fermé leurs couteaux.

Voici : ce ne sont plus vers de faux rivages
que nous appareillons.
La vie est un songe, dit-on,
mais deux c'est trop pour mon âge.
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Videos de Raymond Queneau (59) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raymond Queneau
Jacques Jouet & Laurence Kiefé -traduire Harry Mathews - "Les derniers seront les premiers" - à l'occasion de la parution de "Les derniers seront les premiers", d'Harry Mathews aux éditions P.O.L traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Laurence Kiefé et Jacques Jouet , à Paris le 6 février 2024 et où il est question, notamment, de Harry Mathews, de traduction à deux, de contraintes et de haïkus, de Georges Perec et de l'Oulipo, de Raymond Roussel et de Raymond Queneau.
"On peut dire de la plupart des poèmes rassemblés ici qu'ils ont des origines biographiques, imaginaires ou d'ordre procédural. Une fois établies ces catégories simples, il est indispensable de ne pas tarder à les bousculer voire à les détruire. En fait, presque tous ces poèmes entrent dans plus d'une catégorie et parfois dans les trois." Harry Mathews

-"Collected Poems 1946-2016", de Harry Mathews est publié en anglais chez Sand Paper press -"The Solitary Twin", de Harry Mathews est publié en anglais chez New directions -"Case of the Persevering Maltese", de Harry Mathews est publié en anglais chez Dalkey Archive press
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