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Dernier Royaume (Pascal Quignard) tome 3 sur 11
EAN : 9782070427819
288 pages
Gallimard (06/01/2005)
3.8/5   28 notes
Résumé :
"À Paris, Richelieu fit venir son luthiste et lui demanda d'interpréter la chaconne intitulée Le Dernier Royaume. Puis il joua les Ombres qui errent, pièce dont François Couperin reprit le thème principal sous le nom Ombres errantes dans son dernier livre pour clavecin." Tel le claveciniste modelant sous ses doigts cet ailleurs sur lequel la société n'aurait pas de prises, Pascal Quignard nous propose un nouveau chant baroque ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Considérations philosophiques
Analyse sémantique
Correspondances linguistiques
Recherches étymologiques
(Tiens, je fais des rimes !)
lien entre langage et sexualité
implication personnelle
souvenirs
(Ah, ça ne rime plus)
Tout cela émaillé de références littéraires classiques et antiques.
Il faut un esprit particulièrement éveillé pour lire ces courts chapitres. D'autant plus abscons qu'il n'y a aucun lien entre eux.
Deuxième des huit titres du « Dernier royaume », ça sera pour moi le dernier.
J'y ai retrouvé le même hermétisme et la même prétention que dans « Les ombres errantes » et je laisse Monsieur Quignard continuer à délirer tout seul, c'est trop fatigant et déprimant de suivre les méandres de sa pensée.
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Après le « jadis », Pascal Quignard continue sa réflexion contemplative, poétique, philosophique des résurgences du passé dans l'origine de la vie et la vie elle-même. La reproduction sexuée est un bon exemple de cet abîme, ce tourbillon en perpétuel mouvement du temps aboli et recréé. Ce n'est pas résumable. Les chapitres s'enchaînent traitant tantôt d'histoire antique, tantôt de réflexion sur des gestes humains ou animaux, de la sensualité, des caresses qui se répètent, ou encore et toujours de l'origine des mots, du monde ou du langage. Les thèmes s'enchevêtrent pour mieux approcher ces fameux abîmes, du temps, de l'espace dans lesquels on perçoit une répétition de l'histoire ou des histoires humaines. L'auteur va jusqu'à s'interroger sur la finalité de son ouvrage.

« Ce que je suis en train d'écrire compte parmi les dernières pattes de mouche, à tomaison intermittente, d'une encyclopédie, elle-même à usage privé. Un des derniers livres de raison du royaume – à ranger dans le tiroir de droite du buffet d'un vieux lettré qui prit la décision de se perdre dans sa province parce qu'il ne comprenait rien de rien à ce monde. »

Comme toujours, les phrases sont ciselées, pesées, pensées. L'auteur se fait à la fois conteur de merveilleux, poète de l'aphorisme et philologue. Il parle comme nul autre du passé, du jadis, de la nostalgie.

« La nostalgie est une structure du temps humain qui fait songer au solstice dans le ciel. »(42)

Toute phrase isolée, séparée des autres comme celle-ci, invite à la méditation. Il faut le temps de les faire fondre, de les goûter, de les retourner. Quoi qu'il en soit, on s'en imprègne bien vite.

« Dans la volupté se perd le désir d'être heureux. » (54)

Les écrivains écrivent en noir et blanc.

« Il n'y pas de récit qui ne soit un retour. » (99)

On revisite les auteurs de l'antiquité et l'on se prend à rêver d'avoir Quignard comme professeur d'Humanités. En le lisant, on a l'impression de l'écouter non pas faire un cours mais illustrer, enluminer ses phrases et ses paragraphes comme un moine copiste du jadis recomposé. Nos habitudes de lecture changent avec ce genre d'ouvrage et l'on y trouve peu d'inconvénients car on peut y replonger après l'avoir longtemps délaissé. Mais sitôt le livre ouvert, il happe l'attention.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Nous avons raison de craindre de ne pas être maîtres de ce qui se passe ; nous sommes fous de croire que nous le sommes jamais ; nous errons entre les deux pôles du temps, nous sommes comme les cerf-volants ou les yo-yo que les enfants font flotter entre ciel et terre ; entre endo et exo ; entre mer et terre.
Comme le ressac.
On n'est jamais sûr de revenir. Mais ce qui revient en nous dans ces impressions n'est rien qui puisse dérouter entièrement car cela s'est produit ; c'est le passé pur qui lance sa vague ; c'est le jadis ; le passé avant la mémoire ; la plénitude océanique, aoristique, aporétique, abyssale, sans limites, d'avant que nous soyons séparés, que l'objet se soit perdu, que nous soyons devenus sexués et respirants.

p. 172
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"Quod oculus non vidit, nec auris audivit, nec in cor hominis ascendit...
Ce qui erre sans fin dans l'âme,
ce dont la parole parle sans limites,
ce que l’œil n'a pas vu,
ce que l'oreille n'a pas entendu,
ce qui n'est pas monté du cœur de l'homme
envahit.

Ce que l’œil n'a pas vu a envahi le cœur à partir de l'homme et de la femme qui le précèdent et qui le firent.
Ce que l'oreille n'a pas entendu questionne sans répondre dans la langue acquise, inépuisable.
Ce qui n'est pas monté du cœur de l'homme envahit comme un abîme."
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Y a-t-il une épreuve plus cruelle que les retrouvailles d'un ancien amour? Les brusques distances qui s'y interposent? La froideur qui s'y élève? Ou encore - au coeur même de la politesse - un reste de colère terrible?
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Le ciel que nous contemplons la nuit n'est pas le ciel présent, ni ses astres ne sont actuels, ni ses étoiles ne sont contemporaines. Nous jetons un regard à un ciel qui n'est plus depuis si longtemps : depuis que nous le voyons.

p. 204
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"Il y a dans le langage - qui invente le temps autant qu'il distend le cerveau - une carence qui fait que le dire n'y sera jamais achevé. Il y a dans la capacité humaine de dire (c'est-à-dire dans les inventions à la fois sans volonté et sans nombre des langues naturelles) une puissance expressive et dévastatrice qu'aucun dire résultant de ces langues ne saura accomplir. L'ambition de toute expression dépasse l'exprimé qui précède."
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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