AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le nom sur le bout de la langue (16)

La jouissance espère le sommeil où elle sombre. Elle demande la nuit, qui est toujours la nuit première, qui est aussi la nuit dernière - qu'elle va rejoindre après ce "laps" de corps et de langage qu'on appelle biographie.
Commenter  J’apprécie          190
Qu'un mot puisse être perdu, cela veut dire: la langue n'est pas nous-mêmes. Que la langue en nous est acquise, cela veut dire: nous pouvons connaître son abandon. Que nous puissions être sujets à son abandon, cela veut dire que le tout du langage peut refluer sur le bout de la langue. Cela veut dire que nous pouvons rejoindre l'étable ou la jungle ou l'avant-enfance ou la mort.
Commenter  J’apprécie          180
C'était un nom non pas au bout de ma langue mais au bout de mon corps et le silence de mon corps était seul capable d'en rendre présente, en acte, la chaleur. Je n'écris pas par désir, par habitude, par volonté, par métier. J'ai écrit pour survivre. J'ai écrit parce que c'était la seule façon de parler en se taisant. Parler mutique, parler muet, guetter le mot qui manque, lire, écrire, c'est le même. Parce que la dépossession fut le havre..
Commenter  J’apprécie          180
Tout mot retrouvé est une merveille.
Commenter  J’apprécie          60
Ainsi la nuit terrifiante, la nuit inapprochable qui est à leur source, est aussi leur destin. Même le désir qui croit désirer un corps visible est voué à cette nuit. C'est leur défaut qu'il désire dans les corps qu'il étreint. C'est cette nuit que fixe le regard de celui qui a un nom sur le bout de la langue. Il guette son rêve.
Commenter  J’apprécie          50
Cette expérience du mot qu'on sait et dont on est sevré est l'expérience où l'oubli de l'humanité qui est en nous agresse. Où le caractère fortuit de nos pensées, où la nature fragile de notre identité, où la matière involontaire de notre mémoire et son étoffe exclusivement linguistique se touchent avec les doigts. C'est l'expérience où nos limites et notre mort se confondent pour la première fois. C'est la détresse propre au langage humain. C'est la détresse devant ce qui est acquis. Le nom sur le bout de la langue nous rappelle que le langage n'est pas en nous un acte réflexe. Que nous ne sommes pas des bêtes qui parlent comme elles voient.
Commenter  J’apprécie          40
Écrire, trouver le mot, c'est éjaculer soudain.
Commenter  J’apprécie          20
Mais quel est l'homme qui n'a pas la défaillance du langage pour destin et le silence comme dernier visage?
Commenter  J’apprécie          20
"Sans cesse un au-delà inattingible nous tire à lui à l'intérieur du langage comme un vase communicant. Il ne peut être atteint par le langage. C'est ce dont la parole veut parler qui se tient sans cesse sur les lèvres, mais n'appartenant pas à la parole, se dérobe à son attraction. C'est une émotion qui dans la parole empêche la voix, qui revient aux lèvres comme dans le mouvement de vomir et se rompt juste avant la parole : qui sans cesse est sur le bout de la langue, et non dans la langue. Ce jaillissement se perçoit dans l'abord de la parole elle-même, il ne séjourne pas dans la parole. Il est le temps de sidération qui précède la parole vraie. Il est ce temps suspendu. Il est ce suspens du temps qui affleure les lèvres dépourvues du langage. Il est cette mutation du chaos qui précède sans cesse le langage parce que le langage est acquis et ne renvoie qu'à des objets, ne désignant jamais sa source. Le mot grec de chaos lui-même dit la face qui se fend ; il dit la bouche humaine qui s'ouvre"
Commenter  J’apprécie          20
"Les livres sont ces ombres des champs. J'étais cet enfant précipité sous la forme de cet échange silencieux avec le langage qui manque. Je fus ce guet silencieux. Je devins ce silence, cet enfant en "retenue" dans le mot absent sous forme de silence."
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (255) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Tous les matins du monde

    En qu'elle année Pascal Quignard a-t-il écrit Tous les matins du monde?

    1816
    1917
    1991
    1899

    10 questions
    283 lecteurs ont répondu
    Thème : Tous les matins du monde de Pascal QuignardCréer un quiz sur ce livre

    {* *}