AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 67 notes
5
5 avis
4
12 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Merveilleux !
Gould est un ami de l'auteur, collectionneur de livres étranges, il possède dans sa bibliothèque quelques sections de livres improbables aux surprenantes particularités : littérature de l'ennui, livres gigognes, livres reniés par leurs auteurs, livres à lire en tenue correcte, livres de cuisine avec des plats irréalisables, livres piles qui fournissent de l'énergie et encore d'autres bizarreries littéraires. Les visites dans sa bibliothèque alternent avec des visites touristiques dans des villes assez spéciales, et des récits fantastiques, entre la science fiction et le merveilleux. Il y évoque des thèmes hétéroclites : les résurrections en masse, la liberté de s'appeler comme on veut, l'échange des corps pendant l'amour, la jonction problématique de réalités parallèles, l'expansion inexpliquée de la surface du globe et la découverte d'un élixir de Jouvence.
C'est une suite de petites rubriques réparties en trois catégories, l'alternance de ces récits forme un tout, plus proche du roman que du recueil de nouvelles par son rythme régulier, le retour des différents genres en alternance. Toutes ces petits histoires vantent le plaisir de lire, le plaisir des choses sans importances, les plaisirs de l'imagination, c'est un fantastique à la manière de José-Luis Borgès ou Julio Cortazar, et de quelques autres écrivains rêveurs que j'adore, je pense en particulier au trop méconnu Peter Bichsel.
Un livre pour les amoureux… des livres.
Commenter  J’apprécie          300
" " LA FOLIE LITTERAIRE SOUS TOUTES SES FORMES " "
Dans ces nouvelles là, Bernard Quiriny est à son sommet, déroulant son raisonnement jusqu'au délire tout en gardant un ton sérieux et précis.

" La lecture de ce livre risque de vous devenir indispensable. Mais attention, juste un petit conseil à tous ceux qui aiment lire une petite nouvelle avant de s'endormir : ne lisez pas ce recueil! Vous serez immanquablement victime d'insomnies dues à une trop forte stimulation de votre cerveau, ces petites nouvelles ont le don de vous poursuivre, de vous titiller les méninges et même de vous rendre (pour certains) fous de jalousie devant autant d'inventivité."
Pierre Darracq
Commenter  J’apprécie          240
Un autre recueil de nouvelles débordant de l'humour surréaliste qui caractérise les belges et qui confirme tout le bien que j'avais déjà écrit de Bernard Quiriny. Je vous le recommande très chaudement !

Par hasard, j'écris ce commentaire le jour même où Bernard Quiriny fête ses 42 ans, un nombre qui réveillera de bons souvenirs chez les lecteurs du "Guide du routard galactique" de Douglas Adams. Assurément, il mériterait un bien meilleur cadeau que les modestes éloges que je vais lui offrir ici et qui s'ajoutent à ceux que j'ai déjà eu l'occasion d'écrire ici. Car des éloges, il en mérite, tout comme nombre de nos auteurs belges. Il en mérite pour son imagination extrêmement fertile qui parvient à nous donner une vision décalée de notre quotidien. "Une collection très particulière" a d'ailleurs été honorée du Grand prix de l'imaginaire en 2013 (meilleure nouvelle francophone), un prix connu sous ce nom depuis 1992 mais créé en 1974 par Jean-Pierre Fontana comme "Grand prix de la science-fiction française".

Et justement, je m'étais dit qu'il y avait dans ces nouvelles de Bernard Quiriny un petit parfum de science-fiction, même si je reconnais n'avoir jamais bien réfléchi au périmètre exact de ce genre. Et je ne sais pas non plus si "nouvelle" est le bon mot pour qualifier les textes de ce recueil-ci.

Ce sont des textes courts, mais ils ne racontent pas d'histoires. 25 de ces 27 textes sont répartis en trois séries qui se chevauchent: "Une collection très particulière", "Dix villes" et "Notre époque".

Chaque chapitre d' "Une collection très particulière" est consacré à une section de la bibliothèque de Gould, prétendu ami du narrateur. Par exemple, je citerai "Les évaporés", la section dont le contenu des livres s'évapore, peu à peu, imperceptiblement, pour améliorer le texte en éliminant des mots inutiles. Vous percevez le petit parfum de science-fiction ? Et l'imagination de l'auteur qui, partant d'un conseil de base que l'on prodigue tous les jours aux auteurs, nous embarque dans un délire où les livres s'expurgeraient par eux-mêmes.

Les autres nouvelles suivent le même schéma. Mais ne croyez pas que je m'en serais lassé: à chaque fois, je me suis laissé agréablement surprendre, un peu comme on se laisse surprendre par chaque tour d'un bon prestidigitateur, en se demandant "où il va chercher tout ça".

"Notre époque" part de faits de société. Je citerai par exemple "D'outre-tombe", dans laquelle l'auteur imagine une époque où les morts ressuscitent, peu après leur décès. Il s'agit bien de résurrection et pas de réincarnation. Bernard Quiriny est professeur de droit, je me suis donc amusé de le voir se poser la question de savoir comment on devrait juger l'auteur d'un meurtre dont la victime ressusciterait pendant le procès ! Et je vous laisse découvrir les autres questions que poserait la résurrection. de même que je vous laisse découvrir, dans "La grande renommée", comment l'auteur traite la possibilité que l'on aurait de changer aussi souvent que l'envie nous en prendrait.

Les textes de "Dix villes" sont tout aussi plaisantes, tout aussi drôles et surréalistes, mais je n'en parlerai pas pour ne pas risquer de vous saoûler de mon enthousiasme (si ce n'est déjà fait).

Comme d'autres auteurs belges, Bernard Quiriny a quitté la Belgique, appelé à occuper un poste de professeur à l'université de Bordeau, une région qui ne manquent pas de bons produits pour agrémenter une fête d'anniversaire. Pour me consoler de la tristesse de voir nos excellents auteurs s'exiler, je me plais à croire qu'ils partent plutôt infiltrer des terres étrangères. Par les temps qui courent, je préfère ne pas les comparer à des colonisateurs civilisateurs...

Bref, c'est bon, c'est du belge, lisez !
Commenter  J’apprécie          167
Comment qualifier le dernier recueil de nouvelles de Bernard Quiriny, Une collection très particulière ? Génial ? Absurde ? Absurdement génial ? Débridé, en tous cas, d'une imagination sans limites, en hommage à une discipline majeure : la littérature. Son personnage favori, aussi dandy que bibliomane, Pierre Gould, est notre guide dans cet opus : il est là pour nous présenter sa collection de livres, très particulière, en effet. Il y a les livres oubliés par leurs auteurs au fur et à mesure qu'ils les écrivent, ceux qu'on ne peut déchiffrer qu'en étant habillé de façon impeccable, les bouquins qui ont continué à s'écrire après la disparition de leurs géniteurs. On en passe et des plus cocasses. Faisant preuve d'une (fausse) érudition sans faille, Quiriny nous entraîne dans un délire très sérieux. C'est irrésistible. Outre ces collections, d'autres séries viennent compléter notre lecture. Ainsi, le portrait de dix villes, toutes imaginaires, et dont chacune possède une spécificité étonnante. Enfin, Quiriny se penche sur notre époque, ou plutôt son proche avenir, à travers quelques fables sociales à valeur de satire. Inutile d'en conseiller une plutôt qu'une autre, elles suivent, en une belle unité, une implacable progression à partir d'un point de départ loufoque mais somme toute envisageable, dans un univers légèrement décalé du notre, à peine voilé d'un halo fantastique. Aymé, Borges, Calvino sont quelques uns des maîtres dont s'inspire le nouvelliste belge surdoué (34 ans). Son livre est une friandise qui craque sous la dent, une fantaisie qui fait se tordre de rire et réfléchir, aussi, mais si, mais si. Délectable et surprenant d'invention de bout en bout. Vivement d'autres bonnes nouvelles ...
Commenter  J’apprécie          100
Une collection d'anecdotes fantaisistes autour de villes, de livres et d'une époque imaginaires. Une fantaisie qui, au bord de l'absurde, part de réflexions sur l'écriture, la géographie, l'identité corporelle, l'âge, les liens entre les lieux et les hommes, les liens entre les hommes et les livres...
Un livre très particulier, comme un cabinet de curiosités inventif.
Commenter  J’apprécie          80
Je serai humble devant le livre de Bernard Quiriny. Je ne m'amuserai pas à faire mon intéressant face à un critique renommé et encore moins devant l'auteur formidablement inventif qu'il est. Je fais chapeau bas devant autant d'imagination. Ce recueil de nouvelles est un régal pour l'esprit de tout lecteur.
Nous faisons la connaissance de Pierre Gould, héros récurrent du livre, infatigable collectionneur de livres particuliers. D'une nouvelle à l'autre, nous découvrons des auteurs inconnus qui ont écrit des livres étranges : les livres que personne ne peut lire tellement il sont à tomber d'ennui, ceux qui ont sauvé des vies grâce à leur épaisseur ou à leur recette à guérir une maladie orpheline, ceux qui se corrigent tout seul dans le but d'atteindre un résultat parfait ou encore les livres gigognes dont chacun en renferme une infinité d'autres. C'est drôle, faussement érudit mais infiniment créatif et jouissif pour l'esprit.
Intercalées apparaissent d'autres nouvelles sur le thème de villes tout aussi fantastiques, joyeux hommage à Italo Calvino sans doute. Là, Bernard Quiriny nous balade à Oromé en Bolivie, ville qui s'autodétruit ou à Caori au Brésil où chaque seconde de votre visite reste en mémoire toute votre vie dans les plus infimes détails. Il y en a huit autres de cet acabit, à faire pâlir d'envie le plus luxueux des catalogues de voyage.
Et puis, il y a une troisième couche de nouvelles, elles aussi fantastiques dans tous les sens du terme, intitulées ou pas "Notre époque". Les thèmes sont divers mais tout aussi déjantés. Que se passe-t-il lorsque la nuit d'un 31 décembre, tous ceux qui ont fait l'amour se réveillent habitant le corps de leur partenaire et vice et versa ? Ou alors que devient-on lorsque la loi permet de changer de nom et de prénom autant de fois qu'on le désire ? Dans ces nouvelles là, Bernard Quiriny est à son sommet, déroulant son raisonnement jusqu'au délire tout en gardant un ton sérieux et précis.
La suite sur le blog
Commenter  J’apprécie          70
Ce recueil de nouvelles est un plaisir pour l'esprit qui aime flirter avec le fantastique, l'absurde et le cocasse.
Le narrateur, un écrivain sans talent, nous fait découvrir la bibliothèque merveilleuse et les voyages dans des villes étranges (villes miroirs, villes hypermnésiques ou au pouvoir soporifique) de Gould, un personnage récurrent. Dans cette collection particulière on trouve des livres gigognes, des livres sauveurs de vie, des livres tombeaux, des livres que l'on ne peut lire que correctement habillés, des auteurs amnésiques, des livres de cuisine aux ingrédients introuvables. Tout semble dire qu'un livre à des trésors cachés qui ne se dévoilent qu'aux lecteurs curieux. Tout comme la peinture de Schnell qui délivre ses mystères à ceux qui en cherchent la clé.
J'ai particulièrement apprécié les nouvelles de la rubrique " Notre époque". L'auteur y prend un fait de société, le détourne telle la science pourrait le faire, le pousse à son extrême. Tout devient alors cocasse, on frôle l'absurde et on en vient à regretter les contraintes inhérentes à notre condition. Car si les gens se mettent à ressusciter, à échanger leurs corps lors d'un acte sexuel ou à changer de noms comme de chemise, comment peut on encore vivre notre identité?
Bernard Quiriny pousse ainsi notre esprit aussi loin que possible dans des mises en abîme ou dans l'absurdité de situations créées par la nature de l'homme. Et c'est un vrai délice que de suivre l'imagination de cet auteur intelligent et cocasse.


Lien : http://surlaroutedejostein.o..
Commenter  J’apprécie          60
"Une collection très particulière" est un recueil de nouvelles absurdes écrites autour de trois axes : la bibliothèque improbable de Pierre Gould, quelques villes imaginaires et quelques curiosités contemporaines.

Le ton est léger, comme le style. Quiriny regorge d'imagination et ne manque pas d'humour. Au final, cela donne un livre très plaisant , qui ne révolutionnera pas la littérature mais qui fera passer un très bon moment à son lecteur, pour peu, bien sûr, qu'il aime l'absurde et le second degré.

Commenter  J’apprécie          50
L'écriture et l'oubli
Il s'agit de la première nouvelle du recueil "Une collection très particulière" qui a reçu le Grand prix de l'Imaginaire, nouvelle francophone 2013. (Résultats complets ICI)
Le titre de ce récit est en réalité le thème des conférences données par un certain Gould, le héros de ces nouvelles dont on ne sait rien de plus ici si ce n'est qu'il collectionne les cas d'amnésie des écrivains dont quatre sont cités parmi les plus marquants.

Le premier, victime d'un grave accident, oubliait son propre nom qu'il fallait lui répéter chaque matin mais surtout "il était incapable de conserver le souvenir de ses propres oeuvres au-delà d'une journée". C'était le drame de sa vie car écrire était son occupation favorite. presque le but de son existence. Il se mit dès lors à écrire chaque jour deux ou trois pages d'un texte court qu'il finissait et corrigeait dans la journée. Bientôt il finit par écrire toujours le même texte à l'identique jusqu'à sa mort, croyant toujours innover

Le second, commerçant à Aubagne, peu intéressé par la littérature, "composa sur un coup de tête un admirable recueil de contes" qui fut édité avec grand succès mais, repris ensuite par ses affaires, il oublia d'écrire à nouveau et ce n'est qu'à la fin de sa vie, au cours d'un ultime déménagement que, retrouvant quelques exemplaires de son livre, il se rappela qu'il était écrivain. Il se remit au travail alors mais en vain et mourut sans plus rien écrire de sérieux si ce n'est ce Conseil aux jeunes écrivains:
"Le plus important, n'oubliez pas d'écrire."
A l'inverse, le troisième écrivit beaucoup pendant sa jeunesse, des livres sur ses voyages, des lettres à ses amis, des récits érotiques jusqu'au jour où, retiré dans une communauté religieuse, il ne désira plus qu'oublier qu'il avait écrit et voulut détruire tous ses romans.

Le dernier "se suicida quand il découvrit que ses lecteurs oubliaient systématiquement ses livres après les avoir lus."

Cette nouvelle est un régal d'écriture et de bizarreries humaines. Comme les quatre écrivains dont il est question sont précisément situés dans des époques et des lieux bien précis, j'ai pensé qu'ils avaient existé mais je me trompais. L'auteur fait preuve d'une grande imagination, tout simplement.

Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          40
Si Escher avait écrit des nouvelles, peut-être aurait-il signé Bernard Quiriny. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'artiste néerlandais est invoqué dans un de ces textes. de la nouvelle, Quiriny a conservé l'art de la chute. Mais le titre en définit bien mieux le genre : il s'agit d'une collection, d'un cabinet de curiosités qui rassemble dix descriptions de villes imaginaires, neuf collections de livres insolites, six bizarreries de notre époque. Dans la plupart apparaissent le personnage de Pierre Gould, récurrent chez l'auteur, et qui évoque un peu l'Adrien Salvat de Frédérick Tristan : un érudit malicieux, qui débusque la rareté et connaît la clé de toutes les énigmes, qu'il raconte comme s'il s'agissait des choses les plus naturelles qui soient.
L'art de Quiriny consiste à partir de situations quotidiennes, de rêves caressés par chacun d'entre nous, de réactions banales… Qui ne s'est étonné d'un nom de rue rappelant la mémoire d'un parfait inconnu ? La petite ville d'Albicia a poussé le paradoxe à son comble en donnant à toutes les rues le nom de Ricardo Mancian… Qui n'a eu envie d'écrire un chef-d'oeuvre ? Voici une machine à écrire programmée pour les rédiger à votre place. Comment un écrivain peut-il faire jouer le droit de repentir sur son oeuvre ? Un auteur monomaniaque y consacre toute sa vie. Les pratiques échangistes et l'amour fusionnel sont à la mode : Quiriny n'a qu'à réunir les deux thèmes pour entrer dans le fantastique. le vieillissement semble rendre les distances plus longues : pourquoi ne le seraient-elles pas ? Et si le geste que nous faisons chaque matin, de tâtonner pour atteindre le réveil, était lui aussi dû à un recul nocturne de la table de nuit ? Un peu partout nous constatons la désertification des centres villes et l'expansion des banlieues : l'auteur les prend au pied de la lettre et décrit une ville qui s'étend comme un désert, reculant de plus en plus les frontières de ses banlieues jusqu'à, peut-être envahir le monde.
Beaucoup de nouvellistes s'arrêteraient là. Un détail de notre vie quotidienne finement observé et intelligemment transposé. Bernard Quiriny pousse la situation jusqu'à l'absurde, en déduit toutes les conséquences logiques, mais invraisemblables, flirtant à l'occasion avec l'impossible. Changer son nom est devenu une banalité, mais que se passerait-il si l'on pouvait en changer tous les jours ? Les quiproquos plaisants se multiplient. Mais les règles habituelles continuent de fonctionner : les politiciens commandent des sondages, le droit de changer de nom est ressenti comme une liberté à défendre, mais peu pratique. Si les gens y renoncent, la publicité en fera une mode… Ce décalage entre des réactions ordinaires et les conséquences absurdes qu'elles déclenchent nourrissent l'humour pince-sans-rire du récit. Nous nous sentons visés de réagir au quotidien comme ces personnages dans l'absurde. Et puis, soudain, tout s'emballe, le narrateur se prend les pieds dans son délire, se laisse aller à des passages jubilatoires d'un humour décapant : « On peut s'appeler Nixon le jour et Brejnev la nuit, Swann au matin et Vinteuil à midi, Charlus au goûter puis Guermantes au dîner. » Les meilleures de ces nouvelles lâchent la bride à l'imagination tout en conservant une stricte logique des épisodes : les conséquences d'un changement de personnalité au cours des rapports sexuels constituent en ce sens un petit chef-d'oeuvre d'humour et de vérité psychologique.
Quelques obsessions traversent ces nouvelles, des thèmes se répondent comme des leitmotive discrets. La tentation du néant, par exemple : comment ne pas rapprocher les livres qui se « désécrivent » de la ville dont le centre désertique gagne peu à peu l'ensemble du monde ? Ce processus délétère réapparaît dans plusieurs textes : mais n'est-ce pas le propre de la vie, et de notre rapport au monde ? Comment ne pas nous reconnaître dans les habitants d'Oromé, qui regardent sans s'émouvoir leur ville s'effondrer maison par maison ? « Ils se plantent là et assistent passivement au désastre, sans rien faire. » Mais nous, que faisons-nous devant l'effritement du monde ? La question bien sûr n'est pas posée : Bernard Quiriny fait confiance au lecteur ; c'est le propre des grands écrivains.
Beaucoup de ces nouvelles touchent d'ailleurs à l'écriture, à l'espoir du chef-d'oeuvre et à l'angoisse de la médiocrité — dès qu'un critère certain de qualité est décelé par Pierre Gould, il ne s'applique pas aux romans du narrateur. Cela peut sembler nombriliste, mais avec beaucoup de modestie et de bon sens. Faut-il voir un regret personnel dans le personnage de Guérard, qui cherche anxieusement à détruire une oeuvre de jeunesse ? Sans doute pas, mais de son impossibilité à y parvenir naît une remarque très juste : « Sûrement, il aurait cessé d'être écrivain s'il n'y avait pas eu dans sa chaussure un caillou pour le faire boiter. » le caillou de Bernard Quiriny est peut-être cette obsession du néant : il a l'élégance de l'habiller d'un ironie malicieuse qui nous touche insidieusement.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (153) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20197 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}