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Critique de Fredo_4decouv


« Il te faut juste une première phrase, dit-il. Chaque grand livre commence par une première grande phrase, tu sais ? » P361.

La première phrase du roman de Roger Jon Ellory (en ne tenant pas compte du prologue et du passage qui se passe dans le présent) :

"Rumeur, ouï-dire, folklore. Qu'elle se pose au sol ou qu'elle s'élève dans les airs, selon la rumeur, une plume blanche indiquait la visite d'un ange." P19.

La vie de Joseph Calvin Vaughan est marquée par les nombreuses visites de cet ange. L'apparition de cette plume blanche est annonciatrice des terribles évènements qui vont parsemer l'existence de ce jeune homme. Il y a un effet papillon lié à cette particule. Cette plume qui va paisiblement se poser sur la main de Joseph, ou s'accrocher à un montant de fenêtre, plongeant celui-ci, dans un tourbillon mélancolique, fait office d'avertissement. Comme la première goutte qui tombe avant l'orage. Une simple goutte, seule et inoffensive, qui vient à notre rencontre. C'est certainement ça le plus effrayant. L'aspect anodin d'un évènement juste avant le grand chambardement. L'ombre avant la nuit.

Cet ange, qui souffle le bon et le mauvais sur son destin, serait-il sa véritable muse ?
(Une douce foi dans les Anges est le titre original de ce cinquième roman de RJ Ellory, mais aussi le titre* d'un roman qu'écrira Joseph Calvin Vaughan.)

Il suffit de quelques pages pour apprivoiser le style d'Ellory et se laisser bercer par cette douce torpeur qui plane dans les pages de son roman. Celui-ci jongle habilement entre douceur et stupeur. La douceur quand Joseph écoute les conseils de son institutrice ou quand il explique à Elena pourquoi elle ne peut pas intégrer le groupe d'Anges Gardiens. La stupeur quand on découvre l'oeuvre de la Mort dans l'entourage du gamin, qui rend certains passages véritablement bouleversants.

C'est une narration lyrique mais sans effusions, sans prétentions, à la fois douce et mélancolique, qui tranche avec les passages plus difficiles où la simple description des faits nous glace les sangs. C'est cette empathie que l'on ressent très vite pour le héros qui va nous permettre de nous fondre dans son histoire. On éprouvait déjà le même genre de sentiment en lisant le roman témoignage d'Henri Charrière dans Papillon et Banco. Puisqu'au final, Seul le Silence se trouve être lui aussi en fin de compte le livre témoignage* de Joseph Vaughan.

Le seul bémol du roman est peut être cette fin un peu trop rapidement expédiée, qui propose un coupable sans expliquer le mobile et sans provoquer de véritable stupeur dans l'esprit du lecteur. Mais a-ton vraiment besoin de savoir ? Très vite en cours de lecture, on parvient à se rendre compte que l'identité du coupable devient très vite secondaire. On veut juste savoir comment Joseph va se remettre en selle, comment sa détermination et son destin vont faire en sorte qu'il puisse peut être échapper à la mort qui frappe son entourage.

« Ça s'appelle l'imagination, et l'imagination est un talent vital et nécessaire dans ce monde. […] Vous devez entretenir et cultiver votre capacité à imaginer. Vous devez laisser votre tête s'emplir d'images des choses auxquelles vous pensez et vous les décrire à vous-mêmes. Vous devez faire semblant… » P48.

Un autre aspect formidable du livre, c'est cette graine que l'auteur sème dans la tête des lecteurs qui ont envie d'écrire. Comme Stephen King l'avait fait à l'époque avec Écriture, Seul le Silence nous donne quelques conseils, quelques indices pour tenter de nous lancer à l'eau. Qui n'a jamais eu le désire de se ruer sur un instrument de musique, en lisant un écrivain nous dépeindre la magie provoquait par le contact avec un piano ou un violon. Qui n'a jamais voulu reproduire ces sensations lues, en caressant le bois d'un violon ou les touches ivoire et ébène d'un piano ? Pour l'écriture, c'est la même chose. L'envie de se prendre au jeu nous anime, et l'on peut très vite se retrouver armé d'un crayon, prêt à noircir la feuille blanche d'un cahier, juste pour faire semblant...

Pour vous mettre l'eau à la bouche, voilà par exemple, quelques passages envoutants :

"Je sentis que je me détendais à l'intérieur, comme si en acceptant sa requête je lui avais accordé l'absolution et le pardon. Je ne possédais pas ce pouvoir, mais je compris alors que le pouvoir que l'on se reconnaissait soi-même n'était rien comparé au pouvoir que les autres nous attribuaient." P94.

« Quand tu aimes quelqu'un, tu le prends en entier, avec toutes ses attaches, toutes ses obligations. Tu prends son histoire, son passé et son présent. Tu prends tout, ou rien du tout. C'est comme ça, Joseph, c'est juste comme ça. » P187

Récemment, l'auteur a eu l'occasion de lire ‘How to write a Novel' de David Armstrong. Voici l'un de ses passages favoris : « Plus vous travaillez dure, plus vous êtes chanceux. »

Lien : http://www.4decouv.com/2010/..
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