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Critique de Marpesse


Mary Barbe est la fille d'un colonel. Elle a à peine huit ans quand elle se promène avec sa tante et institutrice Tulotte qui s'arrête à un abattoir pour aller chercher du lait. L'enfant ne sait pas qu'elle pénètre dans un lieu de mort et, innocemment, croit à cette histoire. Malencontreusement, elle assiste à l'assassinat du boeuf et elle comprend que sa mère, une femme neurasthénique, boit de grandes coupes de sang pour se fortifier, sur l'ordre du médecin. Cette image de la mort d'un animal marque brutalement la petite.
A la maison, on ne s'occupe pas beaucoup d'elle, et elle s'amuse avec une chatte qui ne la quitte plus, jusqu'à ce que cette dernière et ses petits soient tués par la voisine et d'autres hommes. Pour Mary, la vie est cette cruauté envers les animaux qu'elle aime. Elle aimerait jurer de venger les bêtes de cette humanité :

"Si tu voulais… je t'apprendrais à griffer l'homme, l'homme qui tue les boeufs… l'homme, le roi du monde !"

Puis sa mère tombe enceinte et meurt en couches. le père n'a plus d'yeux que pour le petit garçon qui a toutes les qualités (parce qu'il est garçon, simplement. le colonel ne se prive d'ailleurs pas de le dire à sa fille). Mary ressent l'injustice et le manque d'amour. Elle aimerait que ce petit être disparaisse. Un soir où la nourrice a trop bu, la petite fille assiste à ce spectacle : se couchant avec l'enfant, la grosse femme l'écrase et le petit étouffe. Mary n'interviendra pas.
Cette scène de la mort de l'enfant est amenée de sorte que le lecteur se sent complètement du côté de Mary et n'a aucune pitié pour le petit garçon qui meurt. Il en est même soulagé et se dit que ce n'est que justice.
Mais les tourments de Mary sont loin de prendre fin : alors qu'elle vit un amour champêtre et innocent avec Sirocco, un pauvre petit jardiner, il est emporté par un mal. Durant les douze première années de sa vie, Mary n'a connu que le malheur, le désamour. Quelle femme deviendra-t-elle? La devise gravée sur son lit, depuis toujours :

AIMER, C'EST SOUFFRIR.



C'est cela que nous raconte ce roman au titre beau, mais assez trompeur. Il n'est pas question d'une marquise ; pas question non plus de faire souffrir pour le plaisir sexuel. Mary est une femme hautaine, qui soumet les hommes à sa volonté à cause de ce qu'on a fait d'elle durant l'enfance. Ce livre a l'apparence d'un roman réaliste du XIXème, dans sa composition et son écriture, mais quelque chose, légèrement, dérape : qu'on ne s'attende pas à de la dépravation, à du sexe, à rencontrer une seconde Wanda. J'avais l'impression, au début, de renouer avec la Comtesse de Ségur (et avec plaisir), avec ce destin singulier et malheureux d'une petite fille bien née.
Dommage que les cinquante dernières pages ne présentent pas autant d'intérêt et que l'histoire s'essouffle. On aimerait une Mary plus radicale, plus impitoyable encore. On est même déçu quand on s'attend à la voir coucher avec une comtesse, maîtresse de son mari, et que la chose est évacuée trop vite parce qu'elle ne goûte pas à ces choses-là. Pourtant, elle n'aime pas les hommes non plus. L'ambivalence lui aurait donné bien plus de force.
C'est tout de même une lecture singulière, dont les premières pages m'ont fait pourtant attendre davantage.
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