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sur 1372 notes
On ne peut pas critiquer une oeuvre d'un auteur classique de cette qualité, mais uniquement faire part de son ressenti.
Bérénice peut paraître une oeuvre difficile, car rédigée en vers dans le français de son époque (XVIIe siècle de la Cour de Louis XIV) avec des phrases ampoulées. Cependant, le lecteur s'adapte aisément et est rapidement séduit par la pureté de la langue et la qualité de l'écriture. L'intrigue de cette tragédie est simple, Titus et Antochius aiment Bérénice. Bérénice aime Titus, mais ce dernier est tiraillé entre son amour et son statut d'Empereur Romain.
L'Antiquité et l'étude des auteurs gréco-romains sont en vogue depuis longtemps déjà et un nombre important d'auteurs se sont inspirés des mêmes sujets, mais sans doute pas avec le brio de Racine, très érudit et fin lettré, ayant une connaissance approfondie du Grec, du Latin et de l'Histoire. Toutefois, si les protagonistes de la tragédie ont vraiment existé pendant l'antiquité romaine, Racine a eu le génie d'adapter la pièce à la vie de Cour contemporaine du 17 ème siècle, écrivant pour plaire au Roi et aux puissants qui assuraient sa subsistance.
Une tragédie rédigée par un courtisan talentueux, et un chef-d'oeuvre qui a su traverser les siècles.
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Superbe tragédie de Racine en cinq actes inspirée de l'histoire de Rome. Titus, alors empereur romain à l'époque vit une folle passion avec la reine Palestine du nom de Bérénice. Lorsque celui-ci se confie à Paulin, son ami et confident, sur ce que pense le peuple de cet amour et d'une éventuelle union entre lui et Bérénice, Paulin lui avoue que le peuple désapprouve cette passion entre leur empereur et celle qu'ils considèrent uniquement comme une étrangère. Aussi, Titus doit faire un choix cornélien : il doit soit écouter son coeur et respecter son engagement envers Bérénice, soit écouter la voix de la raison, à savoir celle du peuple et renoncer à son amour pour assurer ses devoirs envers Rome. Rome ou Bérénice ? C'est là où se joue tout le drame de la pièce puisque Titus accepte de sacrifier son amour pour honorer sa qualité d'empereur. Celle-ci l'accepte et se retire donc mais les deux amants se séparent non sans un horrible détachement et des sentiments qui auraient bien pu les pousser à la mort, si ils n'avaient pas écouté la voix de la sagesse.

Quelle cruelle destinée que celle d'être obligé d'avoir à faire un choix et de devoir se séparer, contre son gré, de l'une des deux choses auxquelles vous tenez le plus dans ce monde d'ici-bas.
La pièce de Racine est très agréable à lire, les vers sont magnifiques et, il se peut que je me répète, mais, pour moi qui adore l'histoire romaine, j'ai été littéralement comblée.
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Bérénice, reine de Palestine est follement amoureuse de Titus, l'empereur de Rome, qui lui aussi aime passionnément Bérénice. Puis il y a Antiochus, roi de Comagène et ami de Titus qui se meurt d'amour pour Bérénice depuis des années mais n'a jamais le lui avouer du fait qu'elle est promise à Titus.

On pourrait penser à une pièce politique à la Shakespeare, d'autant plus qu'il est question de devoir et de la gloire qu'offre le pouvoir dans cette pièce, mais c'est bien d'amour et surtout de sacrifice qu'il s'agit dans cette pièce.

L'amour vaut-il qu'on lui sacrifie tout même une gloire assurée ? Pour le bien d'autrui, faut-il se sacrifier et brider sa parole ? Face aux règles de l'Etat et tradition d'un peuple, l'amour est-il un motif de transgression acceptable ? Ou faut-il se conformer quoi qu'il en coûte et souffrir un gros coup sur le moment en se concentrant sur les promesses de gloire éternelle ?

Avant la saga du XX° et XXI° siècle des Windsor, et après Roméo et Juliette, Racine explore l'importance et la place que l'on donne à l'amour, senti éphémère et imprévisible face à la morale et aux règles.

Dans cette mise en scène antique, ce sont donc des questions intemporelles que posent le dramaturge. Et il y répond, comme dans certaines chansons, qu'il ne peut y avoir d'amour heureux. Ici le choix, quel qu'il soit mène au sacrifice.

Le fond est très intéressant et la forme très travaillée contient de magnifiques vers, mais que c'est difficile à lire ! Si je n'ai pas lu cette pièce au lycée (et heureusement...), je me souviens d'avoir entendu une enseignante de lettres se demander comment faire passer cette oeuvre au programme si compliquée. Et après avoir expérimentée , en tant qu'adulte qui plus est, je ne peux que confirmer ce diagnostique ! Surtout avec la plupart de nos ados d'aujourd'hui. Ce qui est doublement dommage c'est que le fond peut parler à beaucoup d'ados mais la forme (même si on reconnaît sans problème sa splendeur et sa qualité) typique du XVIIème siècle est si compliquée et loin de l'évolution qu'a connu notre langue que cela a de quoi décourager nos jeunes d'explorer la littérature classique.

Pour ma part, je suis contente d'avoir pu tester la lecture de cet auteur, même si sa complexité syntaxique m'a parfois rebutée. Et même si mon regard de lectrice du 21ème siècle n'a pu s'empêcher de soupirer en lisant ce schéma classique de la femme passionnée guidée par ses émotions et prête à tout pour cet aspect des sphères privées tandis que l'homme est toujours celui plus pragmatique et préoccupé par des considérations matérielles et pratiques : sa carrière, la sphère publique.
Enfin, heureusement, quand on sait utiliser la distance et l'esprit critique on se rattrape vite en se disant que c'était les codes de l'époque. Ouf !
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Berenice n'est pas ma tragédie de Racine préférée, mais on y retrouve toute la beauté de la langue de Racine, et cela suffit à rendre sa lecture agréable.

Pour résumer l'histoire , Antiochus aime Berenice, qui aime Titus, qui aime Berenice, mais ne peut l'épouser (car les lois romaines interdisent à l'empereur d'épouser une reine étrangère), et envoie Antiochus lui annoncer la mauvaise nouvelle.
Sur cette base se déroule une tragédie classique, dont on se demande comment elle va se terminer car plusieurs options sont possibles, notamment au regard du rôle d'Antiochus, dont la position en tant qu'ami de Titus amoureux de Berenice n'est pas enviable.

A noter enfin pour la petite histoire que Racine a écrit cette pièce rapidement pour qu'elle soit jouée juste avant celle de Corneille sur le même thème.
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Jean Racine, pour moi, cela datait du collège. Pas comme Corneille, surtout pas comme Molière, fréquemment joué.

Et là, je suis tombée sur l'histoire de ce duel Corneille/Racine pour les beaux yeux de la princesse d'Angleterre.

J'ai relu Bérénice. C'est grandiose. La tragédie de Corneille est dépassée. Là où il n'y avait que contingences politiques, voici une analyse des passions humaines.

J'ai évidemment adoré le personnage d'Antiochus et ne comprends guère les critiques faites à ce personnage, essentiel à mes yeux pour ne pas tomber dans la romance.

Bref, une lecture salutaire. J'adore le théâtre dit "classique".
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Ecoutons Muriel Mayette comparer "Andromaque" et "Bérénice": « Deux oeuvres si différentes : l'une cherchant le pardon, l'histoire des amours vierges et des idéaux impossibles, la pièce des revirements et des pulsions destructrices, l'autre, chagrin des amours consommées et périssables, déroulé d'une nuit pour un départ, aucun rebondissement, aucune surprise, mais le long deuil des sentiments. »

Rien ne définit mieux " Bérénice" que l'expression "long deuil des sentiments". La musique hypnotique de l'alexandrin et la lenteur d'un inexorable adieu agissent sur le spectateur comme un charme puissant....ou pas! Voilà une tragédie sans passion, sans péripéties, sans destin, sans affrontements, rien qu'une tristesse infinie, la petite musique des larmes que nous faisait déjà entendre Andromaque sur la tombe d'Hector, mais sans les rugissements des grands fauves Pyrrhus et Hermione pour couvrir sa voix...

Titus aime Bérénice et Bérénice aime Titus, ils ne sont séparés que par la raison d'état..on est aussi dans la fable politique adressée au monarque Louis XIV qui eut le "courage" de rompre avec Marie Mancini pour les mêmes raisons d'état, et sut se montrer grand, ce faisant..

Cela ne nous touche plus guère, alors que les dilemmes d'Hermione ou les chantages de Pyrrhus continuent de nous bouleverser...raison pour laquelle je choisis toujours soigneusement les mises en scène et les interprètes de Bérénice avant d'aller revoir cette pièce que j'aime mais qui, sauf distribution hors pair -Ludmilla Mickaêl et Didier Sandre, par exemple! - m'ennuie toujours un peu...

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Cette pièce est une merveille. Elle m'a emportée, je l'ai lu d'une traite, j'étais emportée par la poésie de Racine. A la dernière page j'étais sûre d'une seule chose, j'allais le relire et souvent ! Depuis c'est un de mes classiques, j'ai plaisir à me replonger dans ces pages juste pour quelques instants.
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Une grande simplicité d'action qui confine au dépouillement. Pièce sur le conflit entre amour et politique, la raison d'Etat, le devoir et la passion et l'amour difficilement compatible avec l'amitié.
Titus aime Bérénice qui l'aime. Mais Bérénice est reine de Palestine et Titus nouvel empereur de Rome. Or "l'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine, Rome hait tous les rois et Bérénice est reine", "l'Empire incompatible avec votre hyménée". Titus hésite car "c'est peu d'être constant, il faut être barbare".
Pour compliquer la situation Antiochus est amoureux transi de Bérénice (qui n'éprouve pour lui que de l'amitié) et ami de Titus qu'il respecte. Pourtant, tout ne finit pas (trop) mal pour une tragédie racinienne.
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Je l'ai déjà écrit plusieurs fois, le théâtre j'aime le voir jouer, pas vraiment le lire. Et même si la Bérénice de Racine m'a bien plu, je reste sur mon avis, lire du théâtre, très peu pour moi. Mais le challenge solidaire est passé par là...

Bérénice aime Titus; Titus aime Bérénice. Tout devrait bien aller dans le meilleur des mondes. Sauf que... Sauf que Titus est désormais empereur de Rome et ne peut donc épouser qu'une romaine, ce que Bérénice n'est pas. Pire, elle est reine de Palestine et jamais les romains ne toléreront une telle union, eux qui ont chassé les rois et les reines de l'empire.

Alors Titus se voit contraint d'abandonner son amour par devoir, mais recule au moment de le lui dire tant il l'aime d'un amour passionné. Il charge alors son fidèle ami Antiochus de le lui dire à sa place sans savoir que ce même Antiochus est amoureux en secret de Bérénice...

En voilà une tragédie qui comporte tous les symboles: l'amour contrarié, l'amoureux transi, le devoir d'état, la menace de se tuer et j'en passe. Une pièce en vers très agréable à lire (et à entendre) pour parfaire sa culture.
N'y aurait-il pas d'amour heureux ?

Challenge solidaire 2020
Challenge multi-défis 2020
Challenge Coeurs d'artichaut 2020
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Encore une fois, c'est grâce à un podcast France Culture que je redécouvre cette tragédie de Racine dont, malheureusement, je ne possède plus le livret. Merci à ma liseuse qui contient l'intégrale du théâtre racinien !
Avec Bérénice, en 1670, Racine entre en lutte ouverte avec Corneille et sa pièce Tite et Bérénice. le sujet leur aurait été proposé à tous les deux par Henriette d'Angleterre…

Cette pièce est une histoire d'amour et de devoir… Racine en parle ainsi : « Titus, qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu'on croyait, lui avait promis de l'épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire. Cette action est très fameuse dans l'histoire, et je l'ai trouvée très propre pour le théâtre, par la violence des passions qu'elle y pouvait exciter ».
Dix ans auparavant, Louis XIV avait renoncé à sa passion pour Marie Mancini et peut-être tenait-on à l'en louer. Dans le système dramatique de Racine, il s'agit bien ici à la fois de plaire et d'émouvoir tout en privilégiant la vraisemblance, la bienséance et le respect des sources historiques.

L'intrigue de Bérénice est d'une grande simplicité, concentré sur une seule question et sur une résolution sans effet spectaculaire : Titus épousera-t-il Bérénice ? La réponse est non car il la renvoie, malgré leurs sentiments respectifs l'un pour l'autre. Racine a voulu ici « faire quelque chose de rien ».
Titus, empereur de Rome, et, Bérénice, reine de Palestine, s'aiment. Antiochus, le meilleur ami et confident de Titus aime aussi Bérénice en secret depuis des années. Apprenant que leur mariage doit se faire le soir même, il décide d'avouer son amour à Bérénice, qui ne voit en lui qu'un ami. Titus, parce qu'il est empereur romain, ne peut épouser une reine ; les lois de Rome l'interdisent. Déchirés, les trois personnages décident de se séparer. Bérénice rentre donc chez elle et Antiochus rejoint ses terres.
Cette pièce très dépouillée illustre une crise passionnelle, déjà inscrite dans le temps, contenue depuis longtemps et donc prête à éclater.
Dans Bérénice, personne ne meurt, ne se suicide ou ne tue ou fait assassiner : « ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie ».

J'ai toujours considéré cette pièce comme une tragédie belle et reposante. L'absence de dénouement sanglant peut en effet surprendre : Certes, Bérénice menace de se suicider mais, finalement, elle accepte la séparation imposée… D'une certaine manière, elle n'est pas vaincue ; en effet, elle n'a pas de rivale, est convaincue, devant les larmes de Titus, qu'il l'aimera toujours ; elle échappe aux tortures de la jalousie et s'élève moralement en renonçant à lui.
L'ambiance générale de la pièce est dominée par la tristesse et la désespérance et non par la fatalité ou la cruauté du destin. Les personnages sont malheureux, blessés, hésitants mais profondément sincères et honnêtes.
Depuis sa découverte au collège ou au lycée, le personnage de Bérénice m'a toujours touchée ; c'est une femme digne dans le malheur, tendre et sublime à la fois, exemplaire, qui suit son amant sur la voie de l'honneur et du devoir. Si elle renonce à se suicider, c'est pour sauver la vie de Titus qui a juré de la suivre dans la mort.
Seul dommage collatéral : Antiochus, amoureux secret, ami et confident des amants. Ce personnage possède une beauté intérieure qui m'émeut encore aujourd'hui.

Un régal à écouter, à relire.

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