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EAN : 9782246634119
220 pages
Grasset (02/05/2002)
1.5/5   2 notes
Résumé :
Au commencement du livre, nous savons que le drame est déjà noué. Jérôme, universitaire esthète et spécialiste de Saint-Augustin, est mort en Algérie, dans des circonstances encore inexpliquées. Mais si nous apprenons vite la trame, nous ignorons tout de ce qui a pu mener Jérôme à Tipasa, dans une Algérie contemporaine, que déchire une guerre qui ne dit pas son nom. Qu'allait-il faire en Algérie, dans ce lieu sacré, le tombeau de la Chrétienne ? Une curiosité d'érud... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je me suis précipité sur le roman de Bruno Racine, en raison de son titre : le tombeau de la chrétienne. Je connaissais l'existence de ce tombeau d'une chrétienne, au sommet d'une colline surplombant la mer au-dessus de Tipasa, bien avant de savoir que Tipasa était un endroit élu par Albert Camus.
Le tombeau de la chrétienne fait partie de notre imaginaire familial. Entre 1946 et 1953, la plus jeune soeur de ma mère a quitté le village familial pour rejoindre avec son mari et leur petite fille, une exploitation agricole dans la plaine de la Mitidja, non loin de Tipasa. Ma mère nous racontait souvent ses voyages à Tipasa pour y retrouvrer sa soeur Antoinette. Tipasa, symbole de voyage lointain, plus de 400 kilomètres par des routes cahoteuses, de retrouvailles, de fêtes, de soleil, de baignades, de sardines grillées sur des feux de sarments au bord de la mer.
Et puis, pour des catholiques espagnols, exilés en Algérie, le tombeau d'une chrétienne, baptisé ainsi par des musulmans, prenait une signification particulière.
Bruno Racine, si l'on considère qu'il est le narrateur, confesse un lien de même nature avec Tipasa, pages 48 et 49 il nous dit :
« Jérôme savait que Tipasa faisait partie de mes rêves d'enfance. Mon père se trouvait en déplacement en Algérie, le jour de mes sept ans ; pour se faire pardonner son absence, il m'avait adressé une carte postale : une vue aérienne de l'énorme mausolée circulaire élevé voici deux mille ans au sommet d'une colline dominant la mer. Je l'avais égarée depuis longtemps, mais elle restait gravée en moi, plus fascinante à mes yeux que les pyramides d'Egypte. Je n'avais jamais trouvé l'occasion de la confronter avec la réalité. »
Moi aussi j'avais sept à huit ans lorsque j'ai entendu parler de Tipasa la première fois, et jamais je n'ai eu l'occasion de me rendre sur les lieux.
Fin de l'évocation du Tombeau de la Chrétienne.
L'histoire de ce roman est celle de deux amis, le Narrateur et Jérôme : « Tandis qu'il s'imposait comme le grand spécialiste de saint Augustin, je délaissai l'Université pour entrer à l'UNESCO et me consacrer à la sauvegarde des répertoires traditionnels, que l'on n'appelait pas encore les « musiques du monde ». Il était l'homme des commencements, j'étais celui des formes anciennes et menacées. »
Jérôme est marié avec Bérénice, le Narrateur avec Madeleine. Leurs histoires amoureuses empruntent leurs trajectoires professionnelles. le Narrateur amortit auprès de Bérénice les frasques de Jérôme, et ce dernier s'en remet à Madeleine pour l'aménagement de son logement.
« Illuminé par une grande verrière, silencieux comme le sont les cours du marais, l'ancien atelier de Madeleine devait servir à Jérôme de bibliothèque. de lieu de recherche et de méditation. »
Relations ambiguës qui flirtent avec des combinaisons de couples possibles, probables, mais jamais abouties.
« Madeleine resta pensive. Depuis toujours ses rapports avec Jérôme avaient une qualité particulière empreinte de réserve. Ils s'étaient rencontrés pour la première fois très peu de temps avant notre mariage. (…) ils avaient développés entre eux un langage des signes dont j'étais d'ailleurs exclu.»
(Bérénice) « …sous entendait dans l'une de ses lettres qu'elle pourrait accepter des avances de ma part. »
Bérénice et Jérôme se séparent. le Narrateur et Madeleine s'inquiètent pour lui et s'interrogent sur la conduite à adopter lorsque Jérôme raconte sa rencontre avec Aurore-Tipasa, la fille d'un ancien du FLN et d'une institutrice française, « Sur les conseils de Madeleine je me résignai donc à ne pas sortir de mon rôle de confident honnête et discret. »
Est-ce sa rencontre avec cette femme qui le conduit à accepter de tenir un colloque sur Saint Augustin, à Alger, à la demande du gouvernement d'un pays qui sort avec difficulté de la guerre civile : « Plus curieux encore, la guerre sans nom qui ravageait l'Algérie semblait le bouleverser. »
Jérôme disparait. Les autorités algériennes font état de sa mort. Un frère blanc qui l'accompagnait à Tipasa, est retrouvé errant dans la montagne, après avoir servi d'otage aux ravisseurs. Aurore Tipasa ne donne plus signe de vie. le Narrateur, sollicité par Bérénice, accepte de faire le lien avec les autorités françaises et algériennes et de se déplacer en Algérie pour tenter de retrouver « la dépouille de son ami (…) expression qui lui est venue malgré lui… »
Le contact avec les services français est tendu, pour l'officier de liaison, Jérôme est « un universitaire français qui, non content de coucher avec une franco-maghrébine, allait par-dessus le marché se faire massacrer au fin fond de l'Algérie… »
Les échanges entre lui et le Narrateur finissent par s'apaiser :
« Je me reproche en effet de ne pas l'avoir surveillé d'assez près. »
« Passé un certain cap, vous ne pouviez sans doute plus grand-chose. »
L'enquête en France consiste essentiellement à analyser minutieusement les archives, les notes et les correspondances de Jérôme. Les services français ne trouvent aucun indice. Ils chargent le Narrateur de le faire également.
L'Algérie, le tombeau de la chrétienne, passent au second plan, le récit s'appesantit sur trois données :
Le Narrateur connaissait-il vraiment Jérôme ? L'examen des documents dévoile des pans entiers de sa personnalité, inconnus du Narrateur. Sa passion pour l'astrologie par exemple.
Aurore Tipasa savait-elle que Jérôme partait en Algérie et si oui est-elle à l'origine de sa disparition ?
Pourquoi Jérôme tenait-il tant à ce voyage et à ce colloque sur Saint-Augustin ?
Le Narrateur poursuit ses investigations à Rome puis à Alger. Parvient à reconstituer l'itinéraire intellectuel et géographique de Jérôme. Il cherche maintenant à rencontrer Aurore-Tipasa…
Quelques lieux communs sur l'Algérie des années 1990-2000 sont balancés au gré du récit :
« (…) le lendemain, pour m'emmener au Tombeau de la Chrétienne : une automobile blindée dont je peinais à ouvrir la portière (…) une voiture de reconnaissance devant et une autre en queue (…) je ne pouvais blâmer personne du soin de ma sécurité. »
« Selon Jérôme, le pays ne retrouverait la paix qu'en se réappropriant son histoire, toute son histoire. Aujourd'hui l'antiquité chrétienne, demain ou après-demain la colonisation. »
« Quel pays peut retrouver la paix s'il esquive la vérité, s'il la mutile ou s'accroche à des demi mensonges. »
« (...) un blindé stationnait près de l'entrée (...) »
Le récit s'étire sans jamais parvenir à nous faire trembler, ni à nous passionner, parce qu'au fond l'important est ce qu'il adviendra de Aurore Tipasa lorsque le Narrateur la rencontrera…
« Vous êtes la première femme dont il n'ait pas cherché à savoir si je pouvais la désirer. »
La messe est dite ! On ne comprend pas le choix de Bruno Racine. Ses personnages semblent extérieurs à la réalité qu'ils veulent pénétrer, à tel point qu'on les sent ailleurs :
« (...) je m'enfermai un jour entier, sous prétexte d'écrire un commentaire de chants religieux berbères que je m'apprêtais à éditer.»
« Ma plaisanterie sur son désir d'évangéliser les musulmans me revint soudain en mémoire. »
« (...) les circonstances de sa mort ne tendaient-elles pas à colorer de teintes tragiques les derniers mois de on existence, même si la réalité était tout autre ?»
« Je me souviens parfaitement d'avoir été pur.»
On est loin de Camus et de Noce à Tipasa :
Un peu avant midi, nous revenions par les ruines vers un petit café au bord du port. La tête retentissante des cymbales du soleil et des couleurs, quelle fraîche bienvenue que celle de la salle pleine d'ombre, du grand verre de menthe verte et glacée. Au-dehors, c'est la mer et la route ardente de Poussière. Assis devant la table, je tente de saisir entre mes cils battants l'éblouis­sement multicolore du ciel blanc de chaleur. le visage mouillé de sueur, mais le corps frais dans la légère toile qui nous habille, nous étalons tous l'heureuse lassitude d'un jour de noces avec le monde.
Un livre qui m'a déçu, même si j'en ai fait deux lectures consécutives….
Lien : http://desecrits.blog.lemond..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Et pourtant certains n'avaient jamais passé deux nuits de suite dans le même lit pendant près de trois ans, à l’époque où les attentats décimaient le monde de la culture et des intellectuels. Pas de grands mots ni de pose héroïque, mais une multitude de gestes de courages aussi simples que d'inscrire sa fille à l'état civile avec un prénom qui, malgré sa consonance arabe, ne parait pas assez musulman au préposé. "En entendant l'ami qui m'accompagnait citer une référence coranique à laquelle je n'aurai jamais songé, le fonctionnaire dut s'incliner."
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