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Maurice Lévy (Éditeur scientifique)Victorine de Chastenay (Traducteur)
EAN : 9782070403776
905 pages
Gallimard (27/09/2001)
3.62/5   258 notes
Résumé :
Emilie explore le château mystérieux, chandelle à la main, à minuit. La menace (surnaturelle ?) est partout présente. Les séquestrations, les tortures ne sont pas loin.

Quel est le dessein du maître des lieux ? Quels sentiments éprouve la jeune fille pour son tuteur et geôlier ? Qui épousera-t-elle, après cette quête de soi à travers les corridors du château, qui ressemblent à ceux de l'inconscient ?

Ce n'est pas pour rien qu'un chapi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
3,62

sur 258 notes
Ceci n'est pas un livre.

Éminent, redoutable et mystérieux ce «non-livre» peut s'apparenter à un tourbillon passionnant et passionné.

Ann Radcliffe arrive avec talent à emporter son lectorat en 1584 pour le faire pénétrer un univers singulier troublant de réalisme. Ici pas de «Famille Adams» ni d'«Edouard et de Bella» (pour reprendre des références «hyper» cultes), juste des frissons, des soupirs, des pensées et des ressentis... Elle démaquille le surnaturel, le met à nu, joue avec afin d'apporter aux lecteurs toutes les subtilités que ce monde angoissant d'invisibilité peut comporter. Enfin, elle le met en scène à travers un amour impossible et triste lequel vient saupoudrer de sa fine et tendre poussière les quelques ruines de la vie de l'héroïne.

Une belle preuve que l'écriture n'a nul besoin d'être surfaite pour provoquer des sentiments et des émotions ou pour créer un univers particulier. le tout est de bien savoir s'approprier les mots et le sens de ce que l'on veut écrire. Une fois que cela est fait, alors on peut peut-être aboutir à un non-livre comme celui-ci.
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Le genre gothique est un moment de la littérature anglaise que l'on fait généralement commencer en 1764 avec le château d'Otrante d'Horace Walpole et qui continue jusqu'en 1830 environ. Radcliffe est considérée comme la principale représentante de ce genre.
Dans une époque où l'on prenait son temps même dans la littérature, l'intrigue est longue à se mettre en place. Il faut dire qu'il ne s'agit pas d'une simple accumulation de faits angoissants mais d'une vraie histoire.
Émilie Saint Aubert est l'enfant chérie d'un père veuf, qui professe un amour de la nature, source selon lui de vertu contrairement aux relations sociales. Au cours de pérégrinations en compagnie de son père au sein des Pyrénées, elle rencontre un jeune homme qui partage son enthousiasme pour les paysages. Mais lorsque son père décède en la laissant sous la protection de sa soeur Mme Cheron, pourtant peu aimante, elle refuse de l'épouser en secret. Madame Cheron ayant elle-même bientôt épousé le sieur Montoni, Émilie doit se résoudre à les suivre d'abord à Venise puis dans le château d'Udolphe. Dans ce château les couloirs, salles, escaliers semblent sans fin et donnent une impression de labyrinthe qui participe à l'atmosphère angoissante, du moins angoissante pour le public de la fin 18ème. Si on ne frissonne pas vraiment, l'histoire est prenante et l'on espère qu'Émilie, digne jeune fille de son temps qui s'évanouit parfois, finira par trouver l'amour et le bonheur. Il m'est arrivé à de nombreuses reprises, comme je suppose beaucoup d'autres lecteurs, d'avoir envie de la secouer, de lui enjoindre de cesser de tendre l'autre joue. Son attitude est assez difficile à appréhender avec notre état d'esprit actuel, mais est-elle représentative dans sa gentillesse que je qualifierai d'excessive des femmes de son temps ? En fait l'histoire est sensée se passer fin 16ème mais cela n'est pas vraiment sensible, du moins pour moi.
Ainsi que dans des romans dits populaires tels que les Pardaillans, beaucoup de coïncidences semblent légèrement invraisemblantes. Mais si l'on accepte de se laisser emporter par ce récit de voyages, d'héritages, de mauvais traitements, de disparitions et de réapparitions mystérieuses, la présence opportune de tel ou tel personnage au moment adéquat paraitra tout à fait bienvenue.
Comme souvent les bandits sont de nationalité italienne, ce respect des stéréotypes m'a poussée à me demander pourquoi l'histoire se passe en partie en France et non en Angleterre à laquelle pourtant il me semble facile de rattacher l'idée de château hanté.
Il y a dans ce roman une claire critique de la société. La pureté de coeur et de moeurs ne pouvant exister qu'au contact de la nature.

Challenge ABC 2015-2016
Challenge Pavés 2015-2016
Défi 18ème
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Roman d'Ann Radcliffe.

1584. Émilie Saint-Aubert a grandi dans le refuge paisible d'un domaine de Gascogne, entourée des soins tendres et affectueux de parents aimants, au sein d'une nature sereine et généreuse. Tous les talents de l'enfant ont été developpés et Émilie présente toutes les grâces physiques et morales d'une jeune fille accomplie mais garde l'âme modeste. Dans les lieux paradisiaques qui entoure La Vallée, le château de son père, Émilie partage ses journées entre l'étude, la pratique du dessin ou de la musique et de longues promenades. Quand la maladie la prive d'abord de sa tendre mère puis de son père, Émilie se voir confiée aux soins abrupts de sa tante, Mme Chéron, femme acariâtre et sans tendresse. Cette dernière épouse un Italien, le signor Montoni dont la sombre réputation le précède et ne fait qu'augmenter à mesure que ses actes révèlent sa nature violente et perverse. "Il aimait le tumulte et la vie orageuse ; il était étranger à la pitié comme à la crainte. Son courage ressemblait à une férocité animale." (p. 481) Montoni entraîne à sa suite épouse et nièce par alliance en Italie, terre de violence où les condottieri sont légions. Dans son lugubre château d'Udolphe, gothique forteresse perdue dans les Apennins, il tient recluses les deux femmes avec pour dessein d'obtenir d'elles toutes sortes de fortunes et d'accords. le dédale des couloirs et les chambres obscures fournissent à Émilie un nombre infini de terreurs et de craintes. Les portes dérobent de sombres horreurs et tous les recoins semblent abriter des spectres et des secrets sordides. Alors qu'Udolphe est attaqué, Émilie craint pour la vie de son amant, le jeune Valancourt, rencontré lors d'un voyage en Languedoc avec son père. Attachée au seul souvenir de l'élu de son coeur, elle préserve ses forces dans le dessein de le retrouver et de lui offrir et sa fortune et son coeur tout entier.

Ann Radcliffe sert un roman gothique de la meilleure facture. Tout est là pour susciter la terreur et les émois du lecteurs. Une longue mise en situation permet une connaissance intime de la jeune héroïne pour laquelle toute âme charitable ne peut concevoir que la plus grande pitié et frémir de la plus furieuse injustice à la vue des chagrins qui l'accablent. L'accumulation de ses malheurs est infinie, mais par un curieux effet d'accoutumance et de dépendance, la lectrice que je suis en voulait toujours plus, pour voir tout ce que la pauvre Émilie pouvait endurer, en versant comme il se doit des seaux de larmes et en se pâmant tous les sept paragraphes. Si je suis un peu ironique, c'est parce que je suis éberluée par la faiblesse des nerfs de la jeune fille, mais il semble qu'à l'époque il était de bon ton pour une femme de perdre ses esprits à la moindre contrariété ou frayeur... Petite digression: les malheurs d'Émilie m'ont rappelé ceux de la Justine de Sade, les sévices sexuels en moins. Dans les deux textes, les jeunes filles en fleur, parées de toutes les grâces possibles, sont précipitées dans des univers sombres et violents d'où seule la pureté de leur âme peut les tirer.

J'en reviens à la nature du roman gothique. Les personnages de noble nature s'opposent aux vilaines âmes qui n'entendent jamais la voix de la raison ou les plaintes éplorées des suppliantes. Les éléments mystérieux et terrifiants sont légions: voix venues de nulle part, lueurs nocturnes vacillantes, voiles noirs qui couvrent des tableaux horrifiques, ombres spectrales, portes vérouillées ou qui grincent, etc. La description du château d'Udolphe, la "gothique splendeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, [qui] en faisaient un objet imposant et sinistre." (p. 312), s'opposent aux charmes naturels et arcadiens de la Vallée, le berceau de l'enfance d'Émilie. le locus amoenus de Lucrèce est revisité et déplacé en Gascogne. Tout s'oppose à la merveilleuse sérénité de la Vallée dont le nom annonce déjà toutes les beautés et les vertus. À la douceur de la Vallée, nature maîtrisée et domptée par l'homme, s'oppose la sauvagerie de la nature intouchée. Les voyages d'Émilie dans les Pyrénées, les Alpes et les Apennins la confrontent à la beauté féroce de paysages accidentés et inexplorés. Son esprit fragile et enflammé par une imagination féconde la pousse à se voir sans cesse dans les pires dangers et vouée aux périls les plus mortels.

Il se peint en filigrane de ce roman une acerbe critique de la société et des mondanités. La nature telle que la célèbrent Émilie et Blanche est le seul environnement où l'âme peut communier avec le Seigneur. le vice des sociétés et leurs penchants dénaturés sont morbides pour l'esprit et le corps. Seule une âme forte et pure peut résister aux tentations et se défaire des néfastes habitudes de la ville. le danger n'est pas que dans les montagnes reculées ou les châteaux isolés, il est tapi dans les relations douteuses qu'entretiennent les gens du monde. Les secrets que dissimule M. Saint-Aubert autour du portrait d'une autre femme et d'un manuscrit répondent au mystère qui entoure la disparition de la signora Laurentini, ancienne propriétaire d'Udolphe. Si l'on finit par comprendre que les deux histoires se rejoignent et que les coupables sont en fait les victimes, la conclusion des deux drames tend à réaffirmer que le monde, la politique et la vie en société ne sont que frivolités et dangers. La seule source de félicité ne peut se trouver que dans la paisible retraite du monde en un lieu protégé et au sein d'une compagnie choisie et limitée.

La musique est omniprésente au fil des pages. Émilie pince plus souvent qu'à son tour les cordes de son luth. de nombreux chants et mélodies mystérieux résonnent dans les bois qu'elle traverse. le luth se fait la voix du coeur, des sentiments, des souvenirs et de la mélancolie. le lyrisme est au rendez-vous, la suavité aussi. Tout cela concourt à accentuer l'horreur que véhiculent les éléments du roman gothique.

Comme dans toute structure manichéenne, il faut que les deux parties s'identifient rapidement. Il me semble que, dans ce roman plus que dans tout autre que j'ai lus, les caractères se lisent sur les visages. Les méchants ont la gueule de l'emploi, les gentils tout autant. Si les personnages principaux bénéficient de longues descriptions qui permettent de ne concevoir aucun doute sur leur naturel, les personnages secondaires sont plus rapidement esquissés, mais plus clairement également. Les domestiques ont tous un défaut majeur qui les qualifie mieux que de longs discours: Ludovico est fanfaron mais brave, Bernardin est sournois et donc traître, etc. le plus bel exemple est pour moi Annette, la chambrière de Mme Chéron puis la suivante d'Émilie. La jeune personne allie à une crédulité sans fond une capacité de bavardage irrépressible. Certes de bonne nature, elle est incapable de tenir un secret : commère accomplie, elle est la gazette de tout ce à quoi Émilie n'assiste pas.

Le roman d'Ann Radcliffe est ce que je peux appeler une somme: près de 900 pages d'émois, de frayeurs et de questions. Tout se dénoue finalement et la morale de l'auteure est des plus pontifiantes. Voltaire l'a dit à peu de choses près avec le jardin de Candide.

J'ai particulièrement goûté ce texte, ses ressorts, ses détours. Il n'y a pas plus de fantastique que de surnaturel et c'est là tout le pouvoir du roman gothique: nous faire crier au loup alors que tout s'explique rationnellement. J'ai même découvert l'existence du feu de Saint-Elme. Je sors ravie de cette lecture qui ne m'a pas essoufflée un instant!
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"Bonjour les Babélionautes! Avant tout, une bonne année à tous!

-T'es à peine à la bourre. On ne souhaite pas la bonne année fin février!

-Certes, mais je ne vous ai pas oubliés! bref, aujourd'hui, on va parler d'un roman gothique, Les mystères d'Udolphe, d'Ann Radcliffe.

-Alerte divulgâchis: vous allez vous ennuyer.

-Allons, Méchante! Moi, je me suis bien amusée!

-Forcément, t'as des goûts dénaturés!

-(soupir) Or donc la douce et vertueuse Emilie de Saint-Aubert perd ses parents et tombe sous la coupe de sa tante, une femme stupide et vaine. La tante épouse un Italien beau gosse ténébreux et inquiétant, M. Montoni. Ce monsieur les entraîne en Italie, jusque dans son château d'Udolphe!

Emilie parviendra-t-elle à fuir le cruel Montoni et à retrouver l'amour de sa vie, le chevalier Valancourt? D'où vient la musique dehors? La dame du portrait, c'est qui? Et sous le voile noir, c'est quoi? Où est Ludovico? Que de mystères dans ce roman!

Alors, la première chose que j'ai remarquée...

-...c'est sa longueur extrême et démesurée! Presque quinze heures il nous a fallu pour le finir! C'est long, c'est long, c'est beaucoup trop long! 'Faudrait faire comme pour les Chevalers du zodiaque: une version abrégée!

-Oh, moi, ça ne m'a pas déplu... la narration prend son temps, j'y ai vu l'occasion d'entrer en contact avec une autre manière de raconter des histoires...

-Bah si on ne s'y prend plus de cette façon, c'est qu'il y a une raison! Je n'en pouvais plus de ces tableaux sur les beautés de la nature, de la montagne, de Venise!

-Et sinon, ce que j'ai beaucoup aimé, c'est l'aspect roman psychologique...

-Quelle psychologie? Emilie passe son temps à pleurer et à se jeter sur diverses sortes de siège pour s'évanouir ou presque, c'en devient comique!

-Certes, mais si tu regardes bien, le roman est tout entier ou presque tourné vers l'intériorité des personnages! Emilie se réjouit, s'attriste, s'effraie, rêve, médite: j'aime beaucoup le travail accompli sur ses pensées et sentiments. Ils occupent une part considérable dans la narration: c'est cela que je voulais dire par "roman psychologique". Et puis, désolée, mais moi, les "quand je regarde l'horizon je pense à la vie" émeuvent mon petit coeur de midinette romantique du XIXe siècle.

Quant à Emilie elle-même, j'avoue qu'elle est devenue ma copine! J'aime ce personnage faible qui lutte en restant fidèle à lui-même: doux, intègre et inflexible en même temps.

-Pfeuh! Une victime éternelle et dépendante des hommes! Tu parles d'un modèle!

-Non, en effet, pas un modèle, mais...

-Attention, Déidamie! Si tu dis "remets-toi dans le contexte", je casse ton mug préféré, celui avec Chihiro dessus.

-Essaie de voir le texte avec les yeux d'une jeune femme de l'époque! Tu n'as aucun droit ou presque et tu tombes sur ce récit qui alimente cette position de victime dépendante... tu ne peux que te réjouir de trouver des hommes pour te sauver et adoucir ton sort par une jolie entente des coeurs et des sensibilités! Oui, tu peux être soumise aux lois divines et familiales et trouver le bonheur malgré tout.

-Donc en plus d'être niais, le message est puant. Merci Déidamie.

-Euuuh...

-Tu t'attendais pas à celle-là, hein?

-Beeen... non... oui... mais le texte est beau...

-Trop long! Ne lisez pas ce roman, vous risquez de décéder d'ennui!

-Si, lisez-le si vous en avez envie! Mais sachez qu'il est démodé et désuet, un peu comme le Solitaire ou.. ou mieux, comme les romans que moque si fort Gustave Flaubert dans Madame Bovary. En le lisant, j'ai pensé "C'est donc ça, les messieurs qui pleurent comme des urnes? On y est, là, non?" Et oui, on y est. On touche un peu d'histoire de la littérature avec ce texte."
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Je ne sais plus du tout pourquoi j'ai voulu lire ce livre. Je m'étais même inscrite à une lecture commune ( que je n'ai pas honorée dans les délais impartis ) mais impossible de me rappeler ce qui m'avait motivée à le faire. Ce n'est pas une critique trouvée sur la toile, et je vous arrête tout de suite, ce n'est pas non plus à cause du roman de Jane Austen dont je n'avais pas entendu parler jusque-là. Toujours est-il que me voilà avec ce bon gros pavé entre les mains et une légère appréhension car avant de commencer à en tourner les pages, j'ai lu en diagonale 2-3 avis par-ci par-là qui n'étaient pas très encourageants.
Ayant surmonté mes craintes et avalé les quelques 900 pages, je peux maintenant me féliciter de cette lecture venue d'on ne sait où et qui m'a vraiment enthousiasmée.
Tout ce que je savais de l'histoire avant d'entamer ma lecture était qu'il s'agissait d'une jeune fille et d'un château « hanté ». Je n'en attendais donc rien de particulier et je pense que c'est ce qui fait qu'on apprécie le roman ou non à la fin.

Ma première crainte était l'ennui. Nombre de lecteurs ont déploré le manque d'action et la présence de grosses longueurs.
J'avoue … Les 200 premières pages sont très longues et j'ai du m'accrocher. On a l'impression de piétiner, qu'il ne se passe rien, on attend un événement qui ne vient pas. Et pourtant, Ann Radcliffe tisse lentement sa toile, met en place ses personnages, prépare son intrigue. Quelques interrogations sont soulevées et les premiers mystères s'installent tout doucement, trop doucement pour donner un effet de suspense il est vrai. Néanmoins ces 200 premières pages sont nécessaires et indispensables à la suite du récit. le lecteur mémorise quelques curiosités afin de savoir si l'auteur n'oubliera pas d'y revenir par la suite.
J'avoue… Il y a beaucoup de descriptions. Ce qui fera obligatoirement soupirer d'ennui ceux qui ne supportent pas qu'on puisse s'attarder pendant dix lignes sur la beauté d'un coucher de soleil dardant ses derniers rayons sur des sommets enneigés. Ann Radcliffe appréciait beaucoup la peinture et ses descriptions sont à l'image de cette passion. Pour ma part, je les ai trouvées magnifiques, j'en ai pris plein les yeux. Ann Radcliffe a un style très poétique qui donne un charme fou à ces paysages sauvages qu'elle dépeint si précisément. Il faut souligner que la nature est omniprésente dans le récit ( ce qui est caractéristique du genre gothique), les paysages ont toute leur place et ils sont extrêmement variés. le lecteur voyage ainsi parmi les versants abrupts des Pyrénées, porte son regard sur la plaine de la Garonne, traverse les Alpes, vogue à bord des gondoles de Venise et s'achemine péniblement à travers les forêts des Apennins vers le triste et lugubre château d'Udolphe. Les descriptions dans ce roman participent donc par leur puissance d'évocation à l'ambiance du récit, forêts sombres et sinistres, gouffres béants et précipices, éclairs illuminant les remparts délabrés d'un vieux château gothique. Pour ma part, je me suis régalée.
Passé les 200 premières ( et longues) pages, Emilie fait son entrée au château d'Udolphe. A partir de cet instant, Les mystères d'Udolphe s'est transformé pour moi en véritable page-turner, je n'arrivais plus à lâcher mon livre, n'allant me coucher le soir que lorsque mes yeux n'en pouvaient plus. le côté mystérieux prend de l'ampleur, Ann Radcliffe insère plusieurs éléments propres à créer un climat d'angoisse. Habitués des thrillers, serials-killers, romans d'horreur en tout genre, ne vous attendez pas à retrouver vos frayeurs habituelles, on en est très loin ! Notre société actuelle qui ne cache plus rien de l'horreur dont est capable l'être humain a tendance à rendre le lecteur un peu trop blasé et trop exigeant. Il faut bien avoir à l'esprit que Les mystères d'Udolphe a été écrit au XVIII ème siècle et qu'Ann Radcliffe a placé son action au XVI ème siècle, les sensibilités étaient alors fort différentes et on s'émouvait de peu. Néanmoins, ceux qui comme moi, restent bon public et frissonnent rien qu'à l'idée de se retrouver seul en pleine nuit dans une vieille bâtisse, théâtre d'évènements inhabituels, devraient trouver leur bonheur. D'autant plus que le suspense est entretenu tout du long. Quelle est donc cette forme humaine qui se promène la nuit sur les remparts ? Qu'est-ce qui se cache derrière le voile noir et qui fait trembler Emilie d'épouvante ? Qui est réellement celui qui la retient prisonnière et qu'attend-t-il d'elle ? Pourquoi des personnes disparaissent alors qu'elles passaient la nuit dans la chambre de la marquise, chambre condamnée depuis 20 ans ? Les questions s'accumulent et petit à petit les réponses viennent. Ces réponses pourront surprendre voire en décevoir quelques-uns. En ce qui me concerne, j'ai beaucoup apprécié ces dénouements même si certains peuvent prêter à sourire ( non pas par le ridicule mais par l'humour ) et d'autres peuvent être jugés comme relevant de la facilité. J'ai trouvé que tout était cohérent, tout se tient et s'explique et surtout Ann Radcliffe n'a rien oublié. On obtient la solution à tous les mystères et bien que j'ai pu avoir parfois la puce à l'oreille, elle aura réussi à me berner quelques fois.

La suite sur le blog car j'ai été très inspirée :
http://booksandfruits.over-blog.com/article-les-mysteres-d-udolphe-ann-radcliffe-119463347.html
Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Citations et extraits (79) Voir plus Ajouter une citation
Surtout ma chère Émilie, reprit le moribond, ne vous livrez pas à la magie des beaux sentiments : c’est l’erreur d’un esprit aimable ; mais ceux qui possèdent une véritable sensibilité doivent savoir de bonne heure combien elle est dangereuse ; c’est qui tire de la moindre circonstance un excès de malheur ou de plaisir. Dans notre passage à travers ce monde, nous rencontrons bien plus de maux que de jouissances ; et comme le sentiment de la peine est toujours plus vif que celui du bien-être, notre sensibilité nous rend victime quand nous ne savons pas la modérer et la contenir.
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Le mugissement du vent qui se déchaînait avec force contre la porte et le long du corridor ajoutait encore à ses idées mélancoliques, la flamme brillante du foyer était éteinte depuis longtemps. Elle restait absorbée devant ces cendres froides, quand un tourbillon bruyant, s'engouffrant dans le corridor, ébranla toutes les clôtures de l'appartement, et déplaça, dans sa violence, le fauteuil dont elle s'était servie comme d'une barrière, si bien que la porte qui conduisait au petit escalier se trouva toute grande ouverte. Les craintes et la curiosité de la jeune fille se réveillèrent, elle prit la lampe et descendit quelques marches, incertaine si elle n'irait pas plus loin ; mais la profonde solitude et l'obscurité de ce lieu agirent de nouveau sur son esprit. Elle résolut d'ajourner ses recherches jusqu'au lendemain, elle referma la porte et la barricada de son mieux.
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Emilie regarda le château avec une sorte d'effroi, quand elle sut que c'était celui de Montoni. Quoique éclairé maintenant par le soleil couchant, la gothique grandeur de son architecture, ses antiques murailles de pierre grise, en faisaient un objet imposant et sinistre. La lumière s'affaiblit insensiblement sur les murs, et ne répandit qu'une teinte de pourpre qui, s'effaçant à son tour, laissa les montagnes, le château et tous les objets environnants dans la plus profonde obscurité.
Isolé, vaste et massif, il semblait dominer la contrée. Plus la nuit devenait obscure, plus ses tours élevées paraissaient imposantes.
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M. Saint-Aubert se sentait parfaitement heureux ; la jouissance que procure la première vue de la nature, au sortir d'une chambre de malade ne peut guère se concevoir ni se décrire quand on a toujours eu une santé florissante ; alors la verdure des bois et des prés, l'éclat varié des fleurs, la voûte bleue du ciel, le parfum de l'air, le murmure des eaux, le bourdonnement des insectes, tout semble vivifier l'âme et donne un prix nouveau à l'existence.
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─ Je vois que vous êtes assez faible pour en croire une assertion ridicule ; j'en suis fâché pour vous. Quant à moi, elle m'importe fort peu. Votre crédulité trouvera son châtiment dans ses suites, et je plains la faiblesse d'esprit qui vous expose aux punitions que vous me forcez à vous préparer.
─ Vous trouverez, monsieur, dit Émilie avec douceur et dignité, vous trouverez la force de mon esprit égale à la justice de ma cause, et je puis souffrir avec courage, quand je résiste à l'oppression.
─ Vous parlez comme une héroïne, dit Montoni avec mépris ; nous verrons si vous souffrirez de même.
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Video de Ann Radcliffe (1) Voir plusAjouter une vidéo

Le Moine
Feuilleton en six épisodes d'après le roman d'Ann RADCLIFFE "L'italien ou le confessionnal des pénitents noirs".A la fin du 18ème siècle, à Naples et dans le Royaume des Deux Siciles, c'est l'Eglise qui concentre le vrai pouvoir, tandis que, dans sa cour corrompue, Ferdinand 1er se laisse entourer par une noblesse décadente.A l'église de San Lorenzo où le père Schedoni célèbre sa...
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