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Amin Maalouf (Autre)
EAN : 9782226490384
480 pages
Albin Michel (31/01/2024)
4.14/5   29 notes
Résumé :
L'accent de ma mère c'est aussi l'accent d'une terre : la Vendée. A partir de l'accent d'une mère, femme du peuple paysan de l'ouest de la France, l'auteur retrouve le patois de Son enfance, la petite ville de ses jeunes années : Fontenay-le-Comte, la couleur de son pays d'origine et l'histoire sanglante de la chouannerie dont il donne à la fois une fantastique description qui tient de l'épopée et une explication tout à fait différente des thèses aussi bien royalist... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Fils d'un militaire de la Coloniale, Michel Ragon passa son enfance en Vendée à Fontenay le Comte et sa jeunesse à Nantes auprès de sa mère, humble femme du peuple paysan de l'ouest avant de partir tenter sa chance à Paris. Partant du personnel et de l'anecdotique, il en vient assez vite aux drames de la Vendée, souvent cantonnés à un des épisode des révoltes chouannes alors que le pays dut subir guerres de religion, implantation huguenote, révocation de l'Edit de Nantes, dragonnades, émigration en Acadie, déportation en Louisiane (« le grand Chambardement ») et bien sûr le monstrueux génocide qui débuta en 1793.
Ragon propose une explication des causes bien différente des versions habituelles, renvoyant dos à dos les habituelles thèses royalistes ou républicaines. La révolte vendéenne ne fut au départ qu'une jacquerie de plus, totalement paysanne et prolétarienne donc ni religieuse, ni royaliste. Les bourgeois n'y prirent pas part et y furent même complètement hostiles. Les nobliaux se firent tirer l'oreille pour en prendre la tête. de plus, elle ne concerna qu'une partie du territoire vendéen, celui qui fut le plus ardemment protestant et qui était quasiment déchristianisé à l'époque. Aucune ville, aucun hiérarque catholique, excepté les prêtres réfractaires, aucun noble de haute lignée n'y adhéra. (Ils étaient même plus nombreux à encadrer l'armée bleue) Quant aux émigrés, jamais ils n'aidèrent le mouvement, bien au contraire. le futur Louis XVIII ne leva pas le petit doigt alors qu'il aurait suffi que l'armée royale fasse sa jonction à Granville où l'attendaient pas moins de 80 000 hommes pour balayer Robespierre et son régime. « Si profitant de leurs étonnants succès, Charrette et Cathelineau eussent réuni leurs forces pour marcher sur la Capitale, c'en était fait de la République ; rien n'eût arrêté la marche triomphale des armées royales. le drapeau blanc eût flotté sur Notre-Dame... » écrira Napoléon Ier. En réalité, royalistes et révolutionnaires se méfiaient terriblement de ce peuple insurgé contre toute forme d'oppression.
Se révoltèrent-ils pour échapper à la conscription ? Ragon rejette également cette thèse car la Vendée fournira toujours un des plus gros contingent de soldats à la République et s'illustrera pendant les deux guerres mondiales (Tranchée des baïonnettes, Résistance). Alors pourquoi ces va-nu-pieds prirent-ils les armes et se lancèrent-ils dans cette aventure désespérée, dans cette révolution dans la révolution ? Pour Ragon, ils furent vite déçus par la tournure que prit le nouveau régime qui se mit à augmenter les impôts, à réduire les libertés et en particulier celle de culte et surtout à favoriser leurs ennemis de toujours : les bourgeois qui profitèrent de la vente des biens de l'Eglise pour accaparer les terres et pressurer un peu plus les paysans. le résultat en fut les longues années de massacre et de politique de terre brulée (Colonnes infernales de Tureau, Noyades de Carrier à Nantes, massacre avec tortures de femmes et d'enfants aux Lucs et sur tout le territoire). Au total autant de victimes et de dégâts que pendant la Guerre de Sécession ou pendant la guerre civile en Espagne. Excusez du peu. Et un silence aussi honteux qu'étourdissant de tous ceux qui ont voix au chapitre à travers les siècles. Une révolution qui étrangle, brûle, étripe, liquide plus révolutionnaire qu'elle, c'est impossible, impensable, inimaginable !
Et pourtant l'horreur vendéenne portait en germe tant de génocides, d'ethnocides ou d'épurations ethniques : des koulaks aux Ukrainiens et aux Polonais sous Staline, sans oublier les Irlandais, les Arméniens en 1915, les Juifs par les nazis de 33 à 45 et plus près de nous, les Cambodgiens sous Pol Pot, les Biafrais, les Rwandais et tant d'autres...
Bravo à Michel Ragon pour avoir si magistralement traité ce difficile sujet (ce livre est une véritable somme, avec documents, annexes, déjà un véritable classique sur la question) et à cette merveilleuse collection « Terre Humaine » qui permet au plus grand nombre d'appréhender l'ethnologie historique ou contemporaine et faire découvrir tant de figures étonnantes ou touchantes comme Anta, Toinou, Sylvère et comme cette maman vendéenne de Michel Ragon.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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D'une voix entendue au téléphone en passant par l'histoire de la Vendée, sociale et linguistique, Michel Ragon nous fait part de son questionnement sur la distinction langue académique/patois, nous rappelant que les patois sont des langues à part entière et qu'ils ont une histoire. Vouloir à tout prix cacher ses origines, renoncer à sa langue maternelle, c'est renoncer à une part de soi. La langue de Michel Ragon et de sa mère, à qui il rend hommage dans ce livre, est celle de Rabelais mais aussi la langue toujours parlée en Acadie, région canadienne constituée de vendéens qui ont fait perdurer le patois. Récit très riche sur les codes sociaux, la distinction et les jugements qui sont faits quant aux usages de la langue française.
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Un début très prometteur pour ce roman à la fois biographique et autobiographique, j'ai beaucoup aimé la description de la vie rude dans la campagne vendéenne du début du XXème siècle ainsi que les récits historiques d'une période que je connais très peu. C'est une partie qui m'a beaucoup touchée car ma famille maternelle est de Vendée et j'ai beaucoup pensé à ma grand mère défunte ( 7 ans plus jeune que l'auteur) durant la lecture de cette partie.
Ensuite mon intérêt a baissé, surtout à partir du moment où il conte la période où il ne vit plus avec sa mère, j'ai trouvé cette partie beaucoup moins touchante et émouvante. La description du contenu des carnets de sa mère m'a particulièrement ennuyée, le fait que je ne connaisse pas intimement cette femme me donnait vraiment peu d'intérêt pour des détails aussi personnel.
Même si L'accent de ma mère m'a laissé un avis mitigé, il m'a tout de même donné envie d'en apprendre plus sur les Chouans et cette période de l'Histoire de notre pays.
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L'histoire intéressera ceux qui ont des ancêtres vendéens et qui ne connaissent pas la Vendée.

L'auteur nous raconte son enfance à Fontenay-le-Comte et sa jeunesse à Nantes. Sa mère, avec laquelle il passe toute sa jeunesse, est issue du monde paysan et il est orphelin de père, ancien militaire de la "Coloniale".
On découvre - ou redécouvre - les paysages, quelques mots du parler dont les célèbres mogettes et la fressure ainsi que certaines habitudes et manières de vivre.
L'auteur nous parle également de quelques photos et nous relate le contenu des carnets remplis par sa mère.
Il nous parle de leurs lectures, de Rabelais mais, aussi, des grands moments historiques de la Vendée comme la Chouannerie, l'Acadie et le "Grand Chambardement", etc.

Mais

Sa vision de l'histoire de Vendée est très personnelle et, si elle ne manque pas d'intérêt, je ne suis pas certaine qu'elle puisse être prise comme base pour reconstituer la vie d'ancêtres vendéens.
Il y a un petit côté "confession", recherche de rédemption qui est un peu gênant, tout comme le fait que ses racines semblent encombrer l'auteur qui apparaît un peu condescendant.
La construction de quelques phrases est déroutante et des répétitions ralentissent la lecture.
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Je me suis ennuyée à lire ce livre que je voulais sans cesse abandonner, mais qui me retenait malgré tout grâce à de jolies phrases poétiques, des images familiales pleines de tendresse, que l'auteur nous fait partager, liées au souvenir de ses parents et notamment de sa mère.
Sa volonté d'informer, de transmettre des connaissances sur une époque, celle de ses parents, sur le monde paysan, l'histoire de la Vendée, les longues pages descriptives m'ont bien souvent lassée au cours de ma lecture.
J'ai aimé le trop court chapitre où l'auteur décrit les quelques photos qu'il possède de sa mère.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Westermann se vantait lorsque, après avoir écrasé les derniers débris de l'armée vendéenne dans les marais de Savenay, il écrivait au Comité de salut public : « Il n'y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Suivant les ordres que vous m'avez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé. 
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Les premières dépêches des villes républicaines de l'Ouest, envoyées à la Convention, ne font d'ailleurs aucunement état d'une rébellion royaliste, mais d'une attaque par vingt mille brigands (le nom leur restera) dont le mot d'ordre est : « Point de roi, point de loi. »
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Le jour lutte contre la nuit, la chèvre contre le loup, la fée contre l'ogre, l'attardé contre la galipote, le vent contre le volet mal clos. Mais, une fois de plus, la nuit dévore le jour.
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J'interroge cette photo qui m'interroge. Dialogue impossible. Trop tard.
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Videos de Michel Ragon (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Ragon
- "Histoire de l'architecture et de l'urbanisme modernes. Volume 1, 2 et 3", Michel Ragon, Points https://www.librest.com/livres/histoire-de-l-architecture-et-de-l-urbanisme-modernes--volume-1-ideologies-et-pionniers--1800-1910-michel-ragon_0-2712854_9782757814796.html?ctx=6131117a2919d5d1ed4c78e297996c36 - "La mémoire des vaincus", Michel Ragon, le livre de poche https://www.librest.com/livres/la-memoire-des-vaincus-michel-ragon_0-841261_9782253059509.html?ctx=c861d676e5f970f74a9de2ea7154ff7d - "Les visionnaires - DVD", Julien Donada, Petit à Petit production
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