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EAN : 9782253040309
215 pages
Le Livre de Poche (01/11/1986)
3.97/5   15 notes
Résumé :

L'une des énigmes de l'enfance de Michel Ragon, l'auteur des célèbres Mouchoirs rouges de Cholet, fut Odette, la petite Cambodgienne que son père, sous-off de la coloniale, avait ramenée d'Indochine.

Parti à la recherche de l'identité de cette sœur venue d'Asie, Michel Ragon redécouvre aussi son père, sa vie... "Ma soeur aux yeux d'Asie, c'est en fond de décor l'Indochine d'avant 1914, colonie du mou, du visqueux, de la fièvre et des mou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Michel Ragon a consacré ce livre à sa soeur, Odette, et à leur réciproque souvenir du père.
Comme il était de coutume à l'époque, les enfants légitimes étaient supposés « adoptés » lorsque la famille (le clan) les refusaient, ne les acceptaient pas. Ils faisaient taches ; une tache dans la vie du légitime responsable de la naissance. Tache dans le script de leur vie. Donc, ces enfants étaient réputés avoir été adoptés*. Là, Odette, aurait été ramenée des Colonies, comme par « bienveillance ».
Aristide lui-même, prisonnier de cet inconscient collectif, ne falsifie-t-il pas la vérité dans ses lettres envoyées à sa famille ? Est-ce qu'il voulait les tester sur ce point ? Nous ne le saurons pas puisque la correspondance ne comprend pas les réponses de sa famille.
Deux enfants, en 1940, se sont vus remettre par leur tante maternelle, les correspondances de leur père écrites à sa famille vendéenne. On comprend, au final, que les deux enfants d'Aristide sont en recherche de leur véritable identité : s'ils sont véritablement frère et soeur ? Ça fait toucher du doigt quelle a dû être leur enfance : est-ce vraiment ma soeur ? La soeur, elle, semble moins douter de la paternité de son père. de sa mère, elle ne sait rien. Ce qu'elle sait, c'est qu'elle est Française. Elle s'identifie en tant que Française.
Ça me semble être le fil rouge de l'histoire. Leur réciproque recherche. Eux-mêmes évoquent avoir parfois été las de ces lettres des colonies…
Le fait est que parfois j'ai lâché le livre de lassitude. Ma recherche était leur recherche. Saurait-on la vérité à la fin ? le secret serait-il levé ?
Le fait est, que ce livre, bien construit, permet de connaître un peu mieux la vie dans l'Indo-Chine d'alors, de l'Annam, du Tonkin, de la Cochinchine, et du Cambodge (des kmers), des chinois sur place, de la lutte avec le Siam, …
J'étais navrée pour ces soldats. Pourquoi s'engageaient-ils dans ces colonies ? Pour manger de la viande chaque jour (surabondamment) ? Pour commettre des exactions, pour rendre présentable son sadisme ? Pour devenir dépendant de l'alcool ou de l'opium ? Pour une retraite, prise après 15 ans de fonction, dont ils ignoraient semble-t-il qu'elle serait si maigre qu'ils ne pourraient plus manger de la viande du tout, quand ils ne deviendraient pas tout bonnement mendiants ? Si toutefois ils revenaient en France puisque beaucoup mourraient des multiples maladies locales (sur place ou plus tard dans la métropole). C'étaient souvent désespérant de lire ces anecdotes, ce racisme, cette ironie, … dans les missives, où il n'y avait rien d'autre à écrire. Et… ils y tenaient aux Colonies.
Au final, un livre plein d'intérêt.
*Ce n'est pas spécifique aux Colonies.

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Michel Ragon nous emmène, dans ce roman que je crois très autobiographique, à la recherche du personnage de son père, mort trop tôt de la tuberculose et ancien marsouin (fantassin dans l'infanterie de marine, troupes coloniales) en Indochine. le prétexte de ce voyage est le rapprochement avec sa demi-soeur, ramenée du Cambodge par son père démobilisé alors qu'elle n'avait que trois ans.

Pendant le très particulier été 1940, les deux adolescents, Michel et Odette, vont découvrir au travers des lettres de leur père à la fois leurs origines familiales, le destin de ce père, mais aussi et peut-être surtout cette terre d'Indochine si lointaine et si marquante. La vision qu'ils en ont est déformée par les a priori du père, qui au fil des années va toutefois évoluer, un peu, si peu, dans sa vision des terres et des hommes du Fleuve Rouge et du Mékong.

La petite et la grande histoire se mèlent agréablement dans ce texte aux tonalités douces-amères, empreint d'une forme de nostalgie pour un monde paysan qui est en train de totalement disparaître dans les premiers mois de la seconde guerre mondiale.
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Michel, 16 ans et sa demi-soeur "aux yeux d'Asie", Odette 22 ans se retrouvent en juin 1940 chez leur tante en Vendée.
A travers les lettres de leur père, ils découvrent sa vie de marsouin en Indochine.
Se mêlent aux lettres du père les évènements de l'été 1940 vécus par la famille (la tante Suzanne, son mari, sa fille et son gendre)
Et Michel et Odette se découvrent frère et soeur, semblables et si différents.
C'est un très beau roman autobiographique, très agréable à lire.
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Deux récits s'emmêlent agréablement. Les souvenirs de l'auteur de l'été 1940, passé en Vendée, avec sa demi-soeur aux yeux d'Asie. Et les années 1910 à travers les lettres de son père, soldat sans instruction, envoyées de Saigon, du Tonkin ou du Cambodge. On comprend mieux, en lisant ces pages, le cadre mental qui a conduit beaucoup de Français à accepter, avec enthousiasme parfois, tant l'occupation française Outre Mer, que l'occupation allemande de la France. Si la pauvreté des campagnes et l'ignorance crasse des questions politiques ressortent, Michel Ragon décrit avec une belle humanité les membres de sa famille.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ces transports de troupes coloniales ressemblaient, au début du siècle, à une déportation de forçats. Sur le pont du navire, fait pour cinq cents personnes, douze cents hommes s’entassaient, plus cinquante bœufs et deux cents moutons pour la popote. Dans l’odeur infecte du parc à bestiaux et des cages à volaille, les soldats étaient rangés par escouades, à une place désignée qu’ils ne quitteraient plus de toute la traversée. Qu’il vente, qu’il pleuve, que les vagues en tempête recouvrent le pont, que les nuits soient fraîches et les après-midi torrides, ils resteraient un mois sur le pont, sans abri, à la même place. À sa première traversée, en 1909, mon père ne disposait pas d’eau pour sa toilette, ni pour laver son linge. Mais comme ses camarades il n’avait pas encore pris l’habitude de l’hygiène et cette absence d’eau de lavage, qui nous paraît aujourd’hui invraisemblable, dut lui sembler naturelle. En 1909, sur le pont des bateaux transporteurs de troupes, l’eau douce était si précieuse qu’elle ne se trouvait que dans un tonneau cadenassé. Autour du tonneau, une guirlande de suçoirs en bois permettait aux mille deux cents soldats d’aspirer de temps en temps une gorgée d’eau tiédie par le soleil.
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Que l’on se tue pour le sel en Indochine, comme on s’est tués pour le sel en France et qu’il porte cet uniforme bleu, qui fut si longtemps en Vendée la couleur de la répression, le rendent soudain mal à l’aise. La correspondance qui s’ensuit avec son frère est confuse, l’un et l’autre arrivant mal à dégager des souvenirs historiques incertains. Mais notre père raconte que le monopole de l’alcool conduit à pousser les indigènes à la consommation, obligation étant même faite à chaque village d’acheter telle quantité d’alcool par tête d’habitant. Les villageois qui n’obtempèrent pas ou ceux qui n’arrivent pas à payer sont punis de travaux forcés
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Par exemple notre lieutenant a une méthode épatante pour nous faire du pot-au-feu. Lorsque l’on arrive près d’un village, il envoie une patrouille capturer discrètement un bœuf dans un champ. Puis il envoie une autre patrouille ramasser le premier paysan venu. Il présente le bœuf au paysan et lui offre de l’acheter. Le paysan est toujours d’accord sur le prix. Bien sûr, puisque ce n’est pas son bœuf. Le lieutenant se demande s’il lui est arrivé une seule fois de tomber sur le vrai propriétaire. En tout cas il trouve toujours un vendeur.
« Mais nous, on ne fait pas autant de chichis. Quand le lieutenant nous envoie au marché, on soulage de son panier de victuailles le premier nha qué venu, rencontré sur la route. S’il piaille, on lui fout un bon coup de pied dans le ventre
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