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EAN : 9782364130203
192 pages
Vents d'ailleurs (18/10/2012)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Résumé
Trois textes indépendants où s'enlacent trois espaces et trois temps. Dans«Des ruines», l'auteur convoque les ruines qui l'ont constitué, de l'esclavage à la mondialisation.«Obscena»est un long chant d'amour et de guérison délivré à l'enfant, à la femme, au pays, à l'île. Enfin, dans«Il n'y a plus de pays»une mère est la recherche de son identité.

Quatrième de couverture
Enlacement(s) Voix. Chants. Danses. S'enlacent les mots de l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Occuper l'espace. Ce sont les mots de l'écrivain malgache. Ils ont un sens évident quand je prends mon RER avec le coffret intitulé Enlacement(s). Un peu encombrant. Si c'est le cas pour le passager que je suis, j'imagine la problématique pour un libraire où justement l'occupation de la surface est comptée au millimètre carré. Sourire. C'est un choix qu'assume Raharimanana. Ce coffret comprend trois volets d'une oeuvre jouant sur plusieurs genres littéraires et artistiques. La poésie. le théâtre. le chant. La prose. La danse. Bref, un texte inclassable. Un peu comme Les cauchemars du gecko, sa précédente parution. J'ai pris là encore le temps de m'imprégner des différents volets de ce projet. Des ruines : Prologue pour une résidence littéraire. Obscena : Pour voix et chorégraphie. Il n'y a plus de pays : Pour chant et murmures. Afin de comprendre et faire une bonne lecture de ces textes, il est important de prendre en compte ces paramètres de la création de l'homme de lettres malgache et en fonction de la latitude du lecteur, se mettre en situation.

Des ruines
Le premier volet de ce triptyque pourrait être interprété comme un état des lieux des ruines à partir desquelles il serait possible de reconstruire quelque chose. Ruines de l'écrivain, ruines qu'il observe faites de terres razziées, de sous sols pillés, de corps souillés. Morceaux choisis :

« J'écris pour le vide. J'écris pour un futur. J'écris pour un monde d'espérance. Et ce n'est que cela : l'espérance, la possibilité d'être ou de ne pas être. »


L'écrivain pose la question de l'oeuvre littéraire et de la réception qui en est faite. En particulier, quand l'esthétique suffit à satisfaire le lecteur sans que le cri de l'enfant suicide ne soit entendu, perçu. La poésie est applaudie, la douleur évacuée. Explorer les ruines, c'est revenir sur le passé. Forcément violent puisqu'il ne semble n'en rester rien. Il y a également cette assignation à penser le futur et à dépasser ce passé. Mais celui-ci conditionne bien les actes d'aujourd'hui. Comment ne pas questionner une mémoire faite d'esclavage, de traite négrière, de colonisation, de dictature quand cet héritage écrase le quotidien. D'ailleurs en tenter l'exploration semble impossible, tellement l'enrayement des actes est ancré, passé la lettre « B » est insurmontable. Posture indélicate de l'écrivain.

Obscena
C'est un volet plus charnel. Pour voix et chorégraphie. Les séquences sont plus courtes. Ciselées. Les mots sont plus crus. Les scènes mises en danse plus obscènes. le poète met des mots sur le viol, l'intime pénétré de la femme, de la mère. Parler de l'obscène. Mais aussi prendre de la distance

« Mais l'enfant est autiste, je me paralyse au bord de la mémoire, les douleurs ont fermé sa gorge, ma révolte, ma haine, mon refus de lier ma vie à celle fracassée de mes pères, mère, est-ce vie de n'écrire que leur temps de mort et de défaite, celle des vies à dévorer les douleurs et à ingurgiter les malheurs que tous se sont ingéniés à méconnaitre ? Mais l'enfant est autiste et me rentre à la gorge la lâcheté à laquelle j'aspire, l'oubli
Je. N'oubliez pas, viens du sud, je. »


Obscena, éditions Vents d'Ailleurs et Athénor, page

source photo - Vents d'ailleurs

L'enfant est autiste. Raharimanana travaille sur la mémoire. Il est important d'inscrire ce triptyque comme un prolongement de l'écriture de Nour, 1947, Portraits d'insurgés 1947, Madagascar 1947. Alors que le silence enfouissait des pans entiers de la mémoire malgache, dire l'histoire est important, mieux c'est une préoccupation. Dire les violences subies, intériorisées, oubliées ou ignorées est essentiel. C'est un sacerdoce. le poète affirme le fait qu'il n'a pas le choix. Y a-t-il de la prétention dans sa posture ? L'écrivain a pris la plume parce qu'un jour un adolescent sans espoir a décidé de résister ou de disparaitre. Anecdote.

Est-il utile de parler du troisième volet qui évoque la mère ? J'ai trop parlé. Il n'y a plus de pays.
Chacun trouvera une part de soi, de son pays dans les mots de Raharimanana. Un texte difficile. Qu'il faut parfois lire, murmurer, chanter pour l'entendre. Des volets qui s'entrelacent et qui ont l'ambition d'occuper un espace. Faisons lui de la place.
Lien : http://sudplateau-tv.fr/litt..
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Grace à "Masse critique" (merci Babelio), j'ai eu le plaisir de découvrir "Ruines", premier volet de ce recueil de 3 textes.
Voici, d'abord, un bel objet. Format, papier, typo, mise en page servent un texte ... un texte ou plutôt une voix. C'est la deuxième qualité de "Des ruines". Les mots de Raharimanana sont autant criés, soufflés, hurlés, scandés, rappés qu'écrits. A les lire cela s'entend. L'esprit de l'auteur étant couturé des balafres que l'histoire a infligé à sa terre d'origine, et ne supportant pas de s'apitoyer sur ces plaies mal recousues, la scansion, forte, émouvante, oscille entre la rage, la douleur, le rire, la dérision ... C'est au final réjouissant. Subir la colonisation, la corruption, la mondialisation, la pauvreté, jonche de ruines l'être et sa terre. Mais l'être est debout sur ses ruines. On l'entend de loin, ses mots sont beaux, et il est bien vivant.
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Dans le cadre de l'opération « Masse critique », organisée par l'un de nos fidèles partenaires, Babelio, il nous est aujourd'hui permis, grâce à ce site et à la maison d'édition Vents d'ailleurs – qu'ils en soient chaleureusement remerciés – d'évoquer Il n'y a plus de pays, le dernier volet de la trilogie intitulée Elacement(s) écrite par Raharimanana lors d'une résidence d'écriture à Athénor, scène nomade (Saint-Nazaire/Nantes). Même si nous n'évoquerons ici que le troisième texte, les trois oeuvres réunies en coffret se présentent, par la dimension même de ce dernier, à la manière d'un livre d'art, interrogeant d'emblée peut-être les frontières poreuses entre les arts qui nous seront données de lire et de traverser. Il n'y a plus de pays, à mi-chemin entre récit et poème, chant et tableau, se donne d'ailleurs comme une traversée aussi bien esthétique que thématique, à travers la quête effrénée d'une mère dans un lieu-non lieu dévasté : « j'ai marché depuis l'enfantement […] ma marche est sans autre limite que ma perdition[2] », dit la mère.
Lire la suite sur : http://laplumefrancophonee.wordpress.com/2013/03/31/jean-luc-raharimanana-il-ny-a-plus-de-pays/
Lien : http://laplumefrancophonee.w..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« J’écris pour le vide. J’écris pour un futur. J’écris pour un monde d’espérance. Et ce n’est que cela : l’espérance, la possibilité d’être ou de ne pas être. »
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