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EAN : 9782253134534
144 pages
Le Livre de Poche (09/11/2011)
4.47/5   87 notes
Résumé :
Chil Rajchman a 28 ans quand il est déporté à Treblinka en octobre 1942. Séparé de ses compagnons à la descente du train, il échappe aux chambres à gaz en devenant tour à tour trieur de vêtements, coiffeur, porteur de cadavres ou "dentiste". Le 2 août 1943, il participe au soulèvement du camp et s'évade. Après plusieurs semaines d'errance, Chil Rajchman se cache chez un ami près de Varsovie. La guerre n'est pas finie. Dans un carnet, il raconte ses dix mois en enfer... >Voir plus
Que lire après Je suis le dernier Juif : Treblinka (1942-1943)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Chil Rajchman a demandé à sa famille de publier son témoignage après sa mort. Bien que j'en ai lu plusieurs du même type, je me rends compte que même s'ils racontent en substance la même chose, chaque témoignage est différent et nous amène à considérer cette période sous un angle différent. Et celui-ci a provoqué une intense réflexion (pour moi du moins) tout au long de cette lecture, et bien après aussi.

Chil - un diminutif d'Ezequiel en yiddish, même si a priori on ne l'aurait pas deviné - est un jeune homme approchant la trentaine lorsqu'il est déporté au camp de Treblinka. Il n'y reste "qu' " un an car il fait partie de ceux qui ont pu s'échapper pendant la révolte. On se pas vraiment ce qu'il faisait avant la guerre, mais clairement son récit n'a rien à voir ni avec celui de Primo Levi, ni celui d'Eli Wiesel ni même Imre Kertesz. Entre autre parce que Chil Rajchman est parfois plus "cru" dans ses descriptions.
Ici, c'est bien le témoignage d'un adulte, mais pas celui d'un intellectuel. Lui est très débrouillard, ne cherche pas à analyser les évènements, il constate simplement et se détache tant bien que mal de ses émotions , c'est au lecteur que revient la charge d'analyser. Les "postes" qu'il a eu durant son internement à Treblinka l'ont toujours mis au plus près de la mort de ses semblables, son récit contient donc beaucoup d'explications sur "les bonnes façons de tuer et de dépouiller made in Nazis". C'est en partie ce qui fait qu'il m'a été impossible de lire ce livre d'une traite - alors qu'il n'est pas bien épais.

L'auteur parle très peu des rapports entre les détenus, à l'inverse, il s'attarde beaucoup sur la description des comportements sadiques/déviants/pervers des SS allemands et ukrainiens. Avec ses descriptions, on les voit moins comme des monstres que comme des lâches, des pauvres types que le système a valorisé et qui en viennent à se sentir mieux à Treblinka que chez eux car ils ne font pas face à la guerre mais sont constamment en position de toute puissance avec pillages autorisés à la clé (conversations rapportées par Chil Rajchman). On voit bien aussi dans ce témoignage comment le nazisme a constitué une mort de la pensée chez les individus, en organisant par exemple une sorte de culte du secret malsain. Que ce soit en empêchant les détenus de communiquer entre eux, en empêchant toute communication avec l'extérieur. Ou en faisant subir des choses tellement impensables (pour des gens équilibrés) qu'elles sont littéralement IN-croyables, y compris pour ceux qui les subissent. Ces traitements incroyables justement qui les empêchent de penser à eux. On le voit bien avec Rajchman qui fait ressortir son instinct de survie quasi animal durant son année de détention et devient un animal traqué lors de sa fuite. Ce n'est qu'une fois "sorti d'affaires" que vient le temps de penser et la dépression.

Finalement, je me suis demandée pourquoi nous lisons ces témoignages. Pas par masochisme ou curiosité malsaine. Mais peut-être parce que ce type de récit (qui n'est pas de la fiction) nous dit ce que c'est d'être humain quand les conditions ne le sont pas. Les témoignages des rescapés sont en eux-mêmes des actes de résistance. Que ce soit en nommant leurs compagnons d'infortune et en parlant de leurs vie "avant", ou en décrivant la bravoure dont certains ont fait preuve dans ce qu'ils savaient être les dernières minutes de leur vie. le simple fait que face au désespoir ambiant des hommes faméliques, apeurés et tabassés plus que de raison on trouvé en eux les ressources nécessaires pour planifier une révolte (et la faire) plutôt que de se pendre, rien que ça, c'est un hymne au courage. Et, il me semble que cela montre un autre visage des déportés : des visages de personnes qui ne sont pas des victimes.

Après la lecture des mots de la fin, qui sont absolument déchirants, on se dit que cela a dû également demander beaucoup de courage et un instinct de survie énorme aux rescapés pour réussir à fonder une famille après une telle expérience.
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Je crois que le besoin de me confronter aux témoignages de la shoah me poursuivra jusqu'à la fin de mes jours. Besoin de comprendre, de compatir, de regarder en face, de se souvenir. D'avoir peur aussi, sans doute.
Le témoignage de Chil Rajchman a ceci de terrible qu'il est rédigé en 1943 dès son évasion, dans une urgence de garder la trace par l'un des très rares survivants du camp d'extermination de Treblinka. Brut, factuel, sans travail de ré-écriture de la mémoire, il dit l'indicible d'un quotidien de condamné préposé à la gestion d'autres condamnés, quotidien de mise à mort industrielle, froide et barbare dont pas une situation, pas un geste, pas une réalité ne soit d'une horreur absolue.
Il avait 28 ans lors de son arrestation, est entré au camp en octobre 1942 avec sa soeur dont il gardera sur lui le plus longtemps possible un morceau de la robe qu'elle portait.
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Que dire après cette lecture... (livre laissé à l accueil d un camping)-je remercie d ailleur le donnateur,-
Il m attendait pour un voyage au coeur de l enfer organisé par des hommes contre d autres hommes femmes et enfants.

Je lui met à minima 750000 étoiles , pour ces vies arrachées dans une bestialité si récente à l échelle de l humanité.
Glaçante lecture dans cette chaleur estivale.
Encore un témoignage à partager et faire passer car l horreur pourrait se répéter si ce n'est déjà le cas ...
Triste réalité historique mais nécessaire pour contrer l effacement et les propos negationistes, comment inventer pareilles ignominies.
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Entre octobre 1942 et août 1943, Chil Rajchman est interné à Tréblinka. Ce camp a été le pire en matière d'extermination : environ 750000 juifs internés et 57 survivants. Nous pouvons mesurer ainsi l'importance de ce témoignage.
L'auteur doit sa survie aux différents "métiers" qu'il exerce dans le camp : coiffeur, dentiste(= arracheur de couronnes ou bridges en or). En août, il fait partie du groupe qui s'est révolté et parvient à s'enfuir. Il retourne se cacher à Varsovie jusqu'en janvier 1945.
C'est un récit unique, écrit dans l'urgence pour témoigner de l'organisation du camp. C'est une description volontairement "neutre", qui ne dit que les faits. Glacial..., l'horreur absolue !
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Voici un témoignage direct comme il y en a peu malheureusement.Témoignage sur les horreurs perpétrées par les juifs sous la domination et la terreur nazies.Obligation de l'instinct de survie et non obligation de la volonté.
Témoignage qui donne des frissons
A lire
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
(…) les malheureux survivants de cette première journée se sont regroupés pour la prière du soir. A la fin de l'office, ils récitent, en larmes, le kaddish, la prière des morts. (…) Je sors de mes gonds et leur crie :
"A qui s'adresse votre prière ? Vous y croyez encore ? En quoi croyez-vous, qui remerciez-vous ? Vous louez le Seigneur pour Sa clémence, vous Le louez de vous avoir pris frères et soeurs, pères et mères. C'est de ça que vous Le remerciez ? Non ! Ce n'est pas vrai. Dieu n'existe pas. S'Il existait, Il verrait notre détresse, Il Se ferait témoin de cette terrible injustice, le meurtre d'innocents, de bébés tout juste sorts du ventre de leur mère, de gens qui voulaient seulement travailler honnêtement et se rendre utile. Et vous, témoins vivants de cette horreur, vous rendez grâce, mais à qui ? "
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Une jeune femme est assise devant moi. Je lui coupe les cheveux, elle me prend la main et me demande de me souvenir que, moi aussi, je suis juif. Elle sait qu'elle est perdue, mais souviens-toi, dit-elle, tu vois ce que l'on fait de nous. je te souhaite de survivre afin que tu puisse venger notre sang innocent, qui ne connaîtra pas le repos ...
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Au bout de quelques minutes, des assassins entrent et nous ordonnent de chanter une chanson, une jolie chanson.
(…)
J'ouvre la bouche, faisant semblant de chanter. Mais il faut chanter, nous en avons l'obligation pour satisfaire ces assassins, pour leur plaisir.
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Une jeune fille qui doit avoir dix-huit ans surgit, elle invective les autres femmes : "Mais qu'avez-vous? Vous n'avez pas honte ? Pour qui pleurez-vous ? Vous devriez plutôt rire ! Afin que nos ennemis voient que nous n'allons pas à la mort en froussardes. Vous voyez bien qu'ils jouissent de nos larmes ! "
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La vie est très dure, nous sommes sales en permanence. Nous devons travailler de six heures du matin à six heures du soir. Après le travail, nous sommes si fatigués que nous nous effondrons à moitié morts à même le sol. Dans la baraque, il n'y a pas d'eau. (…) nous sommes enfermés dans notre baraque entourée de fils barbelés et surveillée par une garde spéciale.
(…) Nous sommes comptés trois fois par jour. Nous sommes frappés et cognés en permanence. Nous avons mal partout, mais nous ne déclarons jamais aucune maladie. Quand des nouveaux arrivent, ils ignorent qu'il ne faut pas être malade.
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