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EAN : 9782253163657
288 pages
Le Livre de Poche (02/05/2012)
3.92/5   18 notes
Résumé :
En 1907, à l’âge de 26 ans, Raymond Rallier du Baty s’embarque sur un ketch de vingt mètres avec cinq hommes d’équipage pour une expédition de près de deux ans dans une région du monde alors pratiquement inconnue : les îles Kerguelen. Il affronte de terribles tempêtes, explore une région glacée et inhospitalière, chasse le phoque et le canard, éprouve la solitude et la peur, mais aussi la fraternité et l’émerveillement devant la beauté des paysages. Le récit qu’il f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
C'est en 1907 que Raymond Rallier du Baty, jeune breton de 26 ans, disciple de Jean-Baptiste Charcot, décide à son tour de lancer sa propre expédition vers les îles Kerguelen.

Il achète pour soixante livres sterlings un ketch, petit voilier à 2 mâts, long de 25 mètres, le fait retaper et le rebaptise J.B. Charcot en l'honneur du grand explorateur polaire. Puis, avec un équipage réduit de 5 hommes dont son frère aîné Henri et un jeune cuisinier de 16 ans, il s'embarque pour 4 mois de navigation à travers les océans Atlantique et Indien avec seulement 2 escales, l'une à Rio de Janeiro et l'autre à Tristan da Cunha pour rejoindre l'archipel des Kerguelen. Une telle traversée à bord d'un si petit bateau relève de l'exploit comme le diront à maintes reprises les navigateurs qui rencontreront Rallier du Baty à la fin de son séjour aux Kerguelen et découvriront, incrédules, la taille du J.B. Charcot ! le petit voilier affronte des mers terribles, risque à plusieurs reprises d'être coulé par les tempêtes et manque d'être démembré lorsqu'il s'échoue sur les rochers qui entourent l'île de Roland, au large de la pointe nord-ouest de l'île principale des Kerguelen.

Une fois à terre, pendant plus de quinze mois, seuls sur l'archipel, Raymond Rallier du Baty et ses hommes cartographient les îles. Ils se lancent dans la chasse aux phoques, afin de produire l'huile de phoque qui servira à payer l'équipage. Les massacres d'éléphants de mer sont une véritable boucherie. L'explorateur le reconnait, ne cachant pas son écoeurement quand les rochers sont rouges de sang, après l'affrontement à la massue, à la hache, à la lance, contre les mâles longs de 6 mètres et lourds de 1 à 2 tonnes qui défendent furieusement leur vie.

Quand il rejoint la France en 1910, seuls les Anglais s'intéressent à son expédition et c'est ainsi que Rallier du Baty finit par écrire en anglais son aventure. 15 000 miles in a ketch trouve vite son public mais curieusement il faudra attendre l'année 1991 pour qu'il soit enfin traduit en français et publié.

Son récit est pourtant bien écrit et absolument passionnant. Toujours humble et modeste, craignant d'ennuyer son lecteur, Rallier du Baty ne cache rien de ses doutes, de ses inquiétudes et de toutes les difficultés qu'il rencontre, que ce soit en mer ou à terre lors de ses premiers essais pour construire les barriques de stockage de l'huile de phoque ou pour fondre le lard. Il consacre aussi un chapitre particulièrement intéressant à l'histoire de Tristan da Cunha, cette île de la couronne britannique, une des plus isolées du monde qui ne compte que 85 habitants quand il y fait escale. L'explorateur admire leur mode de vie simple, pastoral, où tous vivent en harmonie et en quasi autarcie, rarement visités par quelques navires de passages, secourant les naufragés dont les bateaux chavirent sur leurs côtes.

Un siècle plus tard, les aventures de Raymond Rallier du Baty aux Kerguelen méritent d'être plus connues.

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Vous aimez l'aventure ? Embarquez en 1907 avec six jeunes marins sur un ketch de 50 pieds pour aller faire fortune aux Kerguelen. Enfin, quand je dis fortune, il s'agit de remplir la cale d'autant de tonneaux que possible d'huile d'éléphant de mer et d'aller les vendre en Australie.

Accrochez-vous ! le vent est capricieux et la route est longue de Boulogne à Melbourne. Il faut passer par le pot au noir avant de faire escale à Rio, rejoindre ensuite Sainte-Hélène pour finalement atteindre l'archipel désolé sur lequel Éole s'acharne avec obstination et perversité depuis la nuit des temps. Là, vous allez rester cinq trimestres avant de mettre le cap sur l'Australie.

Raymond Rallier du Baty n'est pas un néophyte : il a fait partie de l'expédition du Commandant Charcot en Antarctique, mais il est jeune : 25 ans. Son frère, capitaine en titre, et trois autres membres de l'équipage ont entre 27 et ... 16 ans. Seul le bosco a plus de 40 ans.

D'entrée de jeu, l'auteur nous prévient que l'écriture est un exercice étrange dont il n'est pas coutumier, mais "qui permet de rappeler à la vie les émotions des jours révolus". Quoiqu'il s'en défende, j'ai pour ma part trouvé le récit agréablement rédigé, assez dépouillé pour rendre compte de la difficulté de survivre dans un chaos pierreux, glacé et perdu au centre d'un combat incessant entre vents et marées contraires. Un seul regret : que la carte placée en fin d'ouvrage n'ait pas été présentée en deux versions, celle dont disposait l'équipage et celle qui nous aurait permis de suivre au plus près l'aventure.

Certains d'entre vous ont suivi François Garde parti "Marcher à Kerguelen". Cette fois, nous y demeurons pendant plus d'un an. Ne vous attendez pas à de nombreuses références littéraires ou à des réflexions métaphysiques : vous allez être immergés dans une sorte d'enfer froid, humide et cruel. Heureusement, au milieu de l'abattage des monstres marins, des mares de sang et des odeurs écoeurantes et tenaces, vous aurez droit de temps à autre à un regard émerveillé sur une aurore boréale ou un paysage pittoresque. le récit est également agrémenté de nombreuses anecdotes, ce qui le rend particulièrement vivant.

le narrateur est d'une grande politesse et s'excuse parfois de devoir vous ennuyer avec des détails techniques. Mais c'est là une partie du charme de ce livre : la connivence entre celui qui écrit et son lecteur. N'hésitez pas à embarquer !
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En 1907, Raymond Rallier du Baty, 26 ans, décide d'organiser, avec son frère un voyage au long cours à bord d'une embarcation modeste, un ketch, vers... les îles Kerguelen. Il s'agit d'affiner les cartes marines dont on disposait alors et qui manquaient de précision. Pendant 2 ans, à bord du J. B. Charcot, nom donné en hommage à son maître admiré, Raymond Rallier du Baty et son jeune équipage - 4 matelots normands - vont connaître les colères de la mer, les tempêtes, les accidents, les repas insipides, les trocs lors des escales habitées... Par Madère, puis Rio de Janeiro et l'île Tristan da Cunha, ils rallieront les fameuses îles de la Désolation. Un archipel austral peuplé d'oiseaux, d'éléphants de mer et de phoques. C'est d'ailleurs grâce à ces derniers, en "récoltant" leur lard, le fondant et remplissant ainsi des barils d'huile de phoque qui, une fois revendus à Melbourne, permettra au capitaine de payer son équipage, après 2 ans de navigation...

Voilà de l'aventure, de la belle, de la vraie, de l'épatante. Un récit écrit d'une plume d'écrivain talentueux, traduit de l'anglais car le Français Raymond Rallier du Baty avait opté pour la langue de Shakespeare. Seul l'omniprésence du passé simple peut un peu grattouiller les sens, mais sinon, vraiment, le ton simple, précis, et plein d'humilité qu'emploie ce capitaine au nom à particule est vraiment inattendu et attachant.

Un voyage dans le temps et dans l'univers de la navigation aventurière. Une histoire d'hommes, leur labeur, leurs tâches respectives à bord du bateau, les excursions pédestres sur les îles à découvrir, les chasses sanglantes, leurs travers - gourmandise, tabagisme -, leurs distractions - lectures, musique. On les suit avec intérêt, le récit ne s'éternise pas, mais s'attache plutôt à décrire certaines scènes marquantes pour le capitaine et l'équipage. A plusieurs reprises, Raymond Rallier du Baty évoque sa crainte d'ennuyer le lecteur s'il s'étendait sur des explications techniques. Mais même ça, on en redemande.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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3,5 étoiles

La géographie et moi n'étant pas bonnes amies, des îles Kerguelen, je ne savais rien, sinon qu'elles sont dans l'Océan indien*. Sans en être maintenant une spécialiste, j'en ai déjà appris un peu plus grâce à ce passionnant récit de voyage de Raymond Rallier du Baty, notamment sur l'emplacement exact de ces îles, leur relief, leur météo, ainsi que sur leur faune. En effet, bien que l'auteur ait le souci de ne pas ennuyer son lecteur avec de longues considérations géographiques destinées aux scientifiques, il s'attarde parfois sur la beauté des paysages si hostiles, raconte les horribles chasses aux phoques auxquels lui et ses compagnons doivent se livrer (pour des raisons de survie alimentaire autant qu'économiques : le financement de leur voyage a été couvert en partie par la vente de graisse de ces animaux), et évoque les très nombreuses tempêtes auxquelles ils ont dû faire face. Comme l'indique le sous-titre de cette édition, le texte se présente donc comme un récit d'aventures à la Robinson Crusoé (mais de façon volontaire, à plusieurs et de façon mieux organisée) : Raymond Rallier du Baty narre la vie sur une île déserte, ainsi que celle en mer, donc la solitude autant que la promiscuité sur un espace restreint. Quoi qu'il dise de son style lors de quelques apostrophes au lecteur pour se faire pardonner « l'indigence de [s]a prose » [p. 55], j'ai personnellement trouvé la traduction de Renaud Delcourt agréable à lire et ai apprécié l'autodérision dont fait preuve l'auteur à plusieurs reprises : loin de s'enorgueillir de son exploit marin (beaucoup s'étonnent face à la distance parcourue avec un si petit bateau), il est au contraire très humble et n'hésite pas à rire gentiment de lui-même.

Je souhaitais voyager en mer encore un peu après Pêcheur d'Islande, j'ai été tout à fait comblée par ce récit de voyage passionnant et très prenant !

* Qui a compris la référence (et aura la chanson en tête grâce à moi *Niark niark*) ? Rappelez-vous, Hélène, si je t'écris aux Kerguelen… Je me demande bien ce que cette Hélène est allée faire sur ces îles, à part une rime, maintenant que j'en sais plus, d'ailleurs.

Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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C'est un récit fondateur, celui d'un incroyable chef d'expédition de 26 ans qui, avec cinq compagnons d'aventure dont son frère, s'élança à l'autre bout de la planète, dans ses confins sauvages et furieux encore mal cartographiés, à bord d'un vieux ketch de 15 mètres rabouté mais indubitablement robuste, à une époque de bien avant les exploits des navigateurs solitaires transocéaniques, quand une telle entreprise relevait du défi insensé et qu'il fallut à Raymond Rallier du Baty s'engager à faire le plein d'huile de phoque pour financer son voyage, au prix du massacre sanglant d'éléphants de mer et de la fonte aux relents pestilentiels de leur graisse. J'en recommande la lecture à tous ceux qui se sont intéressés ou s'intéresseront aux îles Kerguelen, à ceux et celles qui ont ou auront le privilège comme moi d'y séjourner, car ils y découvriront beaucoup d'anecdotes sur ce qui constitue aujourd'hui le fonds historique et culturel de l'archipel. Ils apprendront que le nom de l'une des plus admirables baies du monde, la baie Larose, honore le souvenir d'un matelot de 18 ans, un gaillard au coeur volontaire comme chacun de ses camarades et surtout à l'appétit féroce. Ils sauront que les rares veines affleurantes de charbon de ces terres de roches volcaniques ont été exploitées pour fournir le combustible qui servit à chauffer les chaudrons de graisse (Je comprends ainsi aujourd'hui l'origine de cette bizarre excavation que je visitai en 1983 à l'anse Sablonneuse.)
Pour ceux qui ne chercheraient dans cette lecture qu'un simple récit d'aventure, je leur conseille de prendre un autre livre sur l'étagère ; ils pourraient se lasser des descriptions répétées des tueries sur les plages ou des nombreuses tempêtes essuyées par ces valeureux marins.
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critiques presse (1)
Lexpress
24 mai 2012
Sa plume est humble mais imagée, parsemée de références à Kipling, Dante... Rallier du Baty n'était décidément pas un marin ordinaire.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous étions dans l'œil du cyclone, dans le cœur tranquille d'un ouragan qui continuait à tourbillonner à des milles de là. Quelle sensation étrange et inquiétante que d'être encalminé au centre d'un cyclone et de voir ces cordages détendus, ces voiles pendiller, et de ne pas sentir sur nos visages le moindre souffle d'air. Dans la tourmente, nous n'entendions pas même le son de notre propre voix, mais maintenant, lorsque nous parlions, les mots explosaient à nos oreilles et profond silence pesait autour de nous.
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Mon histoire est une histoire de mer. L’histoire d’un petit bateau de pêche et de six hommes – dont j’étais –, d’un long voyage et de nombreuses aventures étranges en des lieux reculés, à l’écart des grandes voies de circulation du monde. J’écris en modeste marin, sans prétention littéraire autre que de rapporter simplement les choses que j’ai vues et les événements que j’ai vécus. Comme j’écris, mes souvenirs me ramènent à ces deux années de vagabondages dont je revis les expériences quotidiennes, et sur cette page blanche posée devant moi je revois les paysages sauvages de quelque île déserte, la vaste immensité de l’océan balayé par les vents, les visages familiers de mes camarades. Des voix amies me parlent, les voix du vent et de la mer, les voix des oiseaux de mer et des mammifères marins, les voix de mes amis qui m’accompagnèrent tout au long de cette longue course lointaine. L’écriture est un exercice étrange dont je ne suis pas coutumier, mais qui permet de rappeler à la vie les émotions des jours révolus. Peut- être
le lecteur de mon récit saura-t-il percevoir la réalité derrière les mots écrits.
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Mais c’est la taille même de notre bateau qui rend notre aventure peu commune et peut-être même risible aux yeux de certains. Je souris moi- même aujourd’hui lorsque je pense au dénuement dans lequel nous entreprîmes ce voyage d’exploration. Il n’y avait pourtant pas prétexte à rire lorsque nous essuyâmes – plus de cent fois – des tempêtes qui menacèrent de nous réduire en miettes, et qui à trois reprises nous jetèrent bel et bien à la côte. Les résultats de notre expédition ne marqueront pas l’Histoire. Nous n’avons pas à notre retour annoncé la découverte du pôle Nord ou du pôle Sud. Telle n’était pas notre ambition. Nous avons néanmoins exploré de nombreuses îles inconnues, nous avons cartographié des côtes inexplorées et des récifs cachés, sondé des passes étroites infestées de cailloux, pour le plus grand profit de nos camarades marins de toutes nationalités qui pourraient un jour passer par ces parages. Nous avons également rapporté bon nombre de spécimens géologiques, botaniques et entomologiques inconnus des musées, ce qui fait que d’un point de vue scientifique, les résultats de notre petite excursion présentent peut-être quelque intérêt.
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L'âme d'un bateau parle. L'homme de barre peut avoir avec lui de longues conversations car un bateau peut conter tant de choses. On sait quand il est abattu, morose ou capricieux. On partage sa joie lorsqu'il caracole, rapide et léger, le vent chantant dans ses voiles. Le grand mât, l'artimon et le beaupré sont vivants. Il faut voir comment leur résistance est mise à l'épreuve, comment ils frémissent sous la charge des voiles, comment ils tressaillent de joie quand, portant tout dessus, le bateau part pour une longue chasse, comment leur moindre fibre est tendue à craquer lorsque les bras invisibles de la tempête tentent de les abattre ou de les mettre en capilotade.
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Nous étions tous célibataires et ne laissions derrière nous ni femme ni enfants en larmes. L’espérance était devant nous et mille aventures nous attendaient sous le vent.
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