AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782825100950
L'Age d'Homme (04/05/1990)
3.89/5   28 notes
Résumé :
"Passage du Poète" est peut-être le livre le plus ramuzien de Ramuz, le livre que Ramuz lui-même préférait à tout autre. Une manière d'ouverture à toute son oeuvre, en même temps que le point d'aboutissement de son style le plus caractéristique.
Le passage du poète se fait parmi les vignerons de Lavaux, ces vignes en cascade qui entourent Lausanne. La voix la plus forte est celle de Bovard, dont le monologue est passé à la postérité. Le travail de l'homme rej... >Voir plus
Que lire après Passage du Poète (Fête des vignerons)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 28 notes
5
4 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Moi qui ai redécouvert Ramuz et qui en suis au neuvième roman lu, je ne m'attendais pas à être encore émerveillé et surpris à ce point.

Celui-ci n'est pas un roman, c'est un long et merveilleux poème, et l'amoureux de poésie que je suis a reçu ce texte comme une sorte de cadeau.

Passage du poète, ça dit la beauté des vignobles étagés sur les rives du Léman, le travail pénible et joyeux de la vigne au rythme des saisons.
La rudesse de l'hiver, les pluies du printemps, la vigne qui pousse et que l'on entretient, le raisin qu'on soigne, les jeunes filles qui viennent aider aux vendanges à la fin de l'été.
Ça dit les beaux villages, le vin qu'on boit ensemble, les fêtes que l'on fait après les vendanges, les beaux discours pour honorer la vigne et le vin, la fraternité des hommes, l'amour entre les hommes et les femmes.
Les montagnes, le lac, les vignes, les forêts, le ciel et l'eau, la nature domptée ou indomptée, toujours magnifique.

Et puis il y a ce « poète » qui passe, le vannier Besson qui s'est arrêté au village pour y proposer ses panniers, et qui s'installe sur la place du village pour y tresser son osier.

Et tant d'autres choses, il faut prendre son temps pour savourer ce texte, son rythme, la musique de ses répétitions, la beauté des images.

Une merveille, vraiment.
Commenter  J’apprécie          347
L'âme reverdie

Le poète est venu, le poète a passé, traînant la lumière derrière lui ainsi qu'une charrue ; la poussant au devant de lui de même qu'un boeuf qu'on conduit aux labours dessus la terre nue. C'est qu'il a bien fallu la domestiquer cette lumière sauvage, pour ensuite la rendre aux hommes, la leur donner comme un baiser fraternel, la leur remettre en mains propres ainsi qu'un cheval dompté. le “poète”, c'est Besson, le vannier, qui tresse avec l'osier des corbeilles rondes, un peu comme un qui recréerait le monde.

Alors Besson a passé dans ces contrées suisses où fleurit la vigne, auprès de ces vignerons qui chérissent la terre ainsi qu'une femme aimée et qui leur en fait voir : tantôt fertile ou inféconde. Besson passe au milieu d'eux ainsi qu'un vent d'ivresse ; et sa route croise celle de Bovard : celui qui redit le monde dans son éternel commencement et qui peut enfin libérer le trop-plein de son coeur parce que le poète a passé parmi eux comme un miracle auquel on ne croyait plus car on ne le savait pas possible en vérité. Il y a des hommes et des femmes qui habitent auprès de ces vignobles suspendus et qui tous sont voués à faire vivre la terre dont ils vivent. Et c'est Mathilde et tous les autres ensemble, comme un seul bloc, comme une seule chair.

Besson, qui n'est pas vigneron, apporte pourtant dans son sillage le vin jaune de la lumière qu'on boit jusqu'à plus soif parce qu'on a la gorge sèche et parce qu'il faut bien se laver le dedans – qui est l'âme –, ainsi qu'on lave le dehors – qui est le corps. Et ça ruisselle dans chaque poitrine et ça rajeunit tout. En passant, le poète a libéré les mots : et la parole est sortie de chacun, comme le fruit tombant de l'arbre à maturité le déleste de son poids, et permet ainsi l'infinie continuation des cycles ancestraux.
Alors Bovard a dit que tout ce que l'homme “fait” pour accroître la floraison de la terre qui lui a été donnée, tout ce qu'il accomplit à la sueur de son corps afin que chaque chose se perpétue, “c'est ça qui est beau” – et véritablement, c'est oeuvre de poète.

Quand Besson est arrivé d'on ne sait où, soudain tout a refleuri. Et chaque bouche a remué sa langue pour réveiller les liturgies endormies et célébrer la présence de tout ce qui est au monde. Les choses et les êtres se sont réaccordés : lac et ciel confondus, terre et chair réunies. Enfin l'âme a fait bondir sa joie hors des poitrines qui ne demandaient qu'à s'ouvrir : cette joie qui était cachée dans le lent et inexorable pourrissement des feuilles mortes ; cette allégresse qui se dévoile enfin car tout reverdit et parce que la beauté est sur la terre comme l'eau fraîche d'une fontaine que le soleil enlumine de son or.

Besson a passé, Besson est reparti. Et la nuit s'est refermée derrière le poète en partance nouvelle vers d'autres hommes à qui redonner la parole. La nuit n'a pas disparu et qu'importe : chacun a fait peau neuve, tous se sont baignés au franc goulot du soleil quand sa pluie d'or a tombé. C'est comme du pain blond que tous ont mangé, avec le rire des blés dans la bouche enfin exaucé. Car tout recommence ce qui a fini et rien ne meurt jamais. Et quand le poète est parti, la nuit l'a suivi comme un chien noir et fidèle. Mais la nuit nichée en chacun ne fait plus peur depuis qu'on a fait connaissance avec le jour.

Le lecteur est une terre qui attend d'être ensemencée par la grâce du Verbe créateur, par la parole du “poète” qui ressuscite tout ce qui semblait être mort. Chez Ramuz, les mots c'est du miel qui sort tout liquide de la ruche blanche du papier. Et ça vous colle aux doigts et aux yeux et impossible de s'en défaire quand bien même on le voudrait. Ça vous décloue les paupières pour que vous puissiez mieux voir avec les yeux de l'esprit. Ça vous enfante littéralement et ça vous fait renaître : voilà ce que c'est que "Passage du poète". « En poète, l'homme habite sur cette terre », Hölderlin l'avait bien pressenti. Et, plus que jamais, le poète est là pour dire bien haut ce que d'autres voudraient taire.

© Thibault Marconnet
01/10/2014
Commenter  J’apprécie          142
Ce qui est beau dans cette totale "refonte" opérée pour l'éditeur Horizons de France en 1929 à partir de la matrice du "Passage du Poète" [Georg & Cie, Genève, 1923] de C.F. Ramuz, c'est le polissage que le Vaudois prosateur (inventeur du "roman-poème") effectua à partir de l'un de ses textes les plus expérimentaux jusqu'à obtenir osmose complète entre ce lyrisme tranquille du quotidien le plus ordinaire et l'odeur de ce vin fraîchement tiré dans l'obscurité de la cave du vigneron : en s'aidant de cette langue que Ramuz forgea pour lui-même dès "Aline" en 1905. Une "langue-geste", sensorielle et picturale, épousant la forme des coteaux au-dessus "du" Léman, la profondeur azurée de ses cieux, les déplacements du vannier-nomade Besson "dont la hotte fait clair entre les vignes"... Les personnages les plus humbles et les plus misérables semblent sortir à l'instant du ciel... C'est beau et extraordinairement poétique. Ce beau travail de re-pressage du "Passage" de 1923 devenu "Fête des Vignerons" en 1929 valait bien la réédition de 1984 des Editions Séquences [réalisée sur la suggestion de l'association "Les Amis de Ramuz" - alors présidée par Jean-Louis PIERRE, qui en écrivit la postface ou "après-lecture"] que quelques chanceux pourront encore acquérir auprès de notre belle association tourangelle et 100 % "ramuzôlatre"... :-)
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
Commenter  J’apprécie          230
Et la poésie Ramuzienne , si elle ne fait que passer , c'est un hymne à la vie , un chant qui prend sa source dans les racines de la terre et s'élève au plus haut des cieux ...Sans apparats , dans quelques moments de suspension du racloir où la conscience soudain s'éclaircit, comme un ciel lavé par un orage d'été , pur , lumineux et offert dans son rayonnement ...qu'on dirait presque surnaturel , vous savez , vous ressentez , et puis vous oubliez .
C'est dans les mains d'un vannier ambulant , homme de tous les temps et de tous les cieux , de passage le temps de la belle saison , sur ces terres en terrasse ,ces terrasses , écritures laborieuses de l'homme pour gagner son pain à la sueur de son front comme on dit si bien nous les chrétiens , c'est dans les mains artistes , dansantes sur les tiges souples de l'osier jaune , rouge et tout vivant , que la poésie ouvre l'écluse , et laisse déverser les pensées retenues , empêchées , rougissantes peut-être , ou juste parce qu'elles n'ont pas appris à éclore .
Alors oui l'homme du vent , souple et libre , venu de nulle part , ou de partout , éveille l'homme du tertre à sa condition , à sa liberté , à son inscription spatio-temporelle , à sa dignité et à un rêve fugitif d'ailleurs pour mieux sentir la terre sous ses pieds , à son identité , son unité au sein de son collectif sans lequel il n'est rien .
Ramuz et son parlé , son phrasé unique , rauque , du dedans des gens qui voient avec les yeux de l'agir , et nourris dans l'âme par la lecture de l'espace immense qui s'offre le temps d'une pause, entre deux coups de pioche , avec le haut et le bas , montagnes et lacs embrassés quelquefois dans une vibration allégorique surgie du fond des âges , trêve à peine ressentie mais renforçant l'homme du labeur , Ramuz l'inclassable , il est bon de le lire dans les mots propulsés , jaillis , poésie des sources vives , sonore , exultante comme une saignée médicinale , et on reprend tranquillement le petit chemin qui sent la violette ou le soufre , régénéré , oublieux à nouveau , parce que le labeur envahit , sainement . Ainsi va la vie . Chez Ramuz .
Commenter  J’apprécie          71
"(...) et montée de la vie, parce qu'un poète est venu, et il écrit autour de lui son livre ; il fait partir la cloche dans le ciel, il met en mouvement sur la terre les hommes, après qu'il les a posés là et autour d'eux le pays."

Un vannier, s'installe pour quelques mois au bord du Léman dans un village du vignoble de Lavaux : des plantations en terrasse, entre ciel et eau, une population aux moeurs agrestes, une vie scandée par le respect de l'ouvrage et par les aléas des saisons... Les Travaux et les Jours.

Besson -patronyme translucide du vannier, cet alter ego du romancier- arrive à la sortie de l'hiver, repart à la fin de l'été et tresse ses tiges d'osier cependant que Ramuz esquisse sa pastorale. Entre Hésiode et Virgile, le rhapsode suisse métamorphose chaque villageois en poète : le fossoyeur est un ange psychopompe, le malheureux Gilliéron fait chanter l'âme du vin, l'innocent Congo balbutie des oracles, la blanche Mathilde s'habille de fantaisie et de désir et le sage Bovard psalmodie l'amour sacré de sa terre et l'immutabilité des traditions.

Parlant d'Elstir, son peintre, Proust écrivait «Ses peintures étaient donc des sortes de métaphores mais de ces métaphores qui expriment l'essence de l'impression qu'une chose produit, essence qui reste impénétrable pour nous tant que le génie ne nous l'a pas dévoilée.» Il en est de même de ce psautier bucolique dans lequel Besson, porteur et intercesseur pour l'écrivain de la mystique artistique qui fonde son art, arpente un paysage réinventé où plans et temps se confondent et se chevauchent, où l'horizon se redresse tandis que les couleurs s'amalgament, où terre et lac se mélangent. D'un rien (une silhouette, un nuage, un reflet, un murmure, la dissonance d'une phrase...) Ramuz, modeste démiurge, fait naître la beauté.

Ce chant "plein de lumière et de fraternité", hymne révérencieux au labeur des hommes, est une oasis de quiétude, intemporelle et fragile à la fois.

"Un grain précieux jeté par l'éternel Semeur" qu'est Ramuz.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          82

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La rancune qui est dite n'est déjà plus rancune. Celui qui a pu se dire se quitte ; il se décharge de lui-même ; sa personne part en avant.
Commenter  J’apprécie          40
Car il se fait sans eux, le temps, et bien souvent même contre eux et ils ne peuvent rien y changer, alors ils ont appris à obéir, mais ont appris aussi à être attentifs et à lire les signes qui sont écrits sur cette page vite tournée, à ce ciel qui est comme un livre qui aurait tellement de pages que la même ne se présenterait jamais deux fois. Et tantôt à un bout d'elle, tantôt à l'autre bout ; tantôt dans le haut, tantôt dans le bas. Le tout petit mot d'un nuage qui est apparu, s'en va ; la ligne écrite en gris du brouillard traînant à mi-mont ; la coloration d'un coucher de soleil ; quand la lune a une couronne de mariée ; - et sur la terre aussi les signes : la limace qui sort, l'araignée qui tisse sa toile, les taons qui sont méchants, l'hirondelle qui vole bas...
Commenter  J’apprécie          110
Un bateau à vapeur est entendu dans la profondeur, on ne sait pas où. Le bruit qu'il fait semble vous arriver de dessous la terre. C'est avec ses épaules quand on est couché qu'on l'entend ; quand on est debout, avec ses semelles. Le bruit du bateau à vapeur vient secouant l'espace d'en-dessous, en même temps que, dans l'air, il se mélange au bruit des abeilles. Et il y a son tremblement : est-ce pourquoi la lumière tremble ainsi ?

[C.-F. RAMUZ, "Fête des Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète" (1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES, Loire-Atlantique], chapitre XI, page 143-144]
Commenter  J’apprécie          100
-- Je dis que c'est comme ça : l'honneur et l'amour. Et point d'argent du tout, s'il faut, parce qu'il resterait l'honneur, l'honneur et l'amour.
Raclant à grands coups pour le bien montrer, raclant, et c'est un travail d'homme une fois les pousses sorties, parce que si les femmes venaient elles risqueraient de les abîmer avec leurs jupes.
-- Nous qu'on est de la vieille espèce, de la bonne espèce, de la vieille bonne espèce, et on est quelques-uns encore de cette espèce, alors hardi !
Il racle.

C.-F. RAMUZ, Fête des Vignerons" (*), re-visitation par l'auteur de son "Passage du Poète", éditions Séquences (16140 Aigre), 1984 : fin chap. VII, p. 96.

(*) ouvrage incluant une "Après-lecture" de Jean-Louis Pierre, président de l'association "Les Amis de Ramuz
Commenter  J’apprécie          60
Sa hotte a fait clair dans les vignes le jour où il est arrivé.
Il nous avait annoncé son arrivée. Il nous avait dit qu'il s'appelait Besson ; il nous avait dit qu'il était vannier. Et alors l'affaire avait été seulement qu'on n'avait pas été très sûr qu'il y aurait suffisamment d'ouvrage pour lui dans le pays :
-- Vous comprenez, lui disait-on, ce qu'il nous faut, à nous autres, dans le vignoble, ça n'est pas tellement l'osier... L'osier est plein de trous, l'osier laisse passer.

[C.-F. RAMUZ, "Fête des Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète" (1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES, Loire-Atlantique], chapitre I, page 9 (incipit)]
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Charles-Ferdinand Ramuz (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles-Ferdinand Ramuz
Soirée rencontre à l'espace Guerin à Chamonix autour du livre : Farinet ou la fausse monnaie de Charles Ferdinand Ramuz enregistré le 20 juillet 2023 en présence de Gérard Comby (membre de l'Office tourisme de Saillon & de la Commission du Patrimoine)
Résumé : Un généreux Robin des bois, roi de l'évasion, porté par la plume de C. F. Ramuz.
Farinet, c'est un fameux faux-monnayeur, roi de l'évasion et Robin des bois qui vécut entre Val d'Aoste, Savoie et Valais au XIXe siècle. Arrêté pour avoir fabriqué de fausses pièces qu'il distribuait généreusement dans les villages de montagne, il s'évade à de nombreuses reprises. Ce héros populaire à la vie romanesque et rocambolesque meurt à 35 ans, en 1880. Cinquante ans plus tard, Ramuz s'empare du personnage et en fait le héros d'un récit classique, haletant comme un roman d'aventure, mais porté par son style unique : irruption du présent au milieu d'une phrase, mélange des temps qui rend le présent dense et incandescent, langue vaudoise aux accents paysans transfigurée par une écriture singulière, moderniste, au confluent des révolutions artistiques du XXe siècle (il est passionné par Cézanne et Stravinsky). Farinet se serait caché un temps au fond de la vallée de Chamonix, dans une grotte au-dessus de Vallorcine. Un petit mémorial y est installé. Ce roman est paru pour la première fois en 1932.
Bio de l'auteur :
Ed Douglas, journaliste et écrivain passionné par l'Himalaya, a publié une douzaine de livres, dont plusieurs ont reçu des prix. Deux ont été traduits en français : de l'autre côté du miroir (Éditions du Mont-Blanc, 2018), Himalaya, une histoire humaine (Nevicata, 2022). Il publie des articles de référence dans The Observer et The Guardian. Il est rédacteur en chef de l'Alpine Journal et vit à Sheffield, en Angleterre.

#paulsen #guerin #livres #farinet #ramuz #saillon
+ Lire la suite
autres livres classés : vignesVoir plus


Lecteurs (65) Voir plus



Quiz Voir plus

Aimé Pache, peintre vaudois de Charles-Ferdinand Ramuz

Ce roman, paru en 1911 à Paris chez Fayard et à Lausanne chez Payot, est dédié à un peintre : ...

Alexandre Cingria
René Auberjonois
Cuno Amiet
Ferdinand Hodler

15 questions
3 lecteurs ont répondu
Thème : Aimé Pache, peintre Vaudois de Charles Ferdinand RamuzCréer un quiz sur ce livre

{* *}