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EAN : 9782913372801
145 pages
La Fabrique éditions (23/10/2008)
3.93/5   30 notes
Résumé :
« Celui qui voit ne sait pas voir » : telle est la présupposition qui traverse notre histoire, de la caverne platonicienne à la dénonciation de la société du spectacle. Elle est commune au philosophe qui veut que chacun se tienne à sa place et aux révolutionnaires qui veulent arracher les dominés aux illusions qui les y maintiennent. Pour guérir l'aveuglement de celui qui voit, deux grandes stratégies tiennent encore le haut du pavé. L'une veut montrer aux aveugles ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ma première rencontre avec l'oeuvre de Jacques Rancière fut une véritable révélation (voir ma critique de "Le maître ignorant"). Il était donc indispensable de la prolonger, car ce philosophe est un éveilleur de conscience, un constructeur de nouvelles pensées.
C'est bien pour cela que j'ai fait l'effort de poursuivre ma difficile lecture de "Le spectateur émancipé". Cette difficulté n'est pas due à un style alambiqué ou pompeux, - rien de tout cela chez Rancière, bien au contraire, j'y ressens le souci de la simplicité et de la précision, pas de vocabulaire hermétique aux non-spécialistes – elle s'expliquerait plutôt par les sujets de recherche du philosophe qui exigent une remise en cause des idées reçues et conduisent vers des champs inapprivoisés et incertains.
S'appuyant sur ses recherches précédentes, Jacques Rancière sort du permanent soupçon porté sur l'art, et particulièrement sur les images de l'art. Il est en effet commun de dire péremptoirement que seuls les experts et les sages savent et comprennent les messages d'un artiste et de ses oeuvres. Comme si ces créations portaient une vérité seule et unique, à la manière, qu'il nomme policière, de la pratique politique qui cherche à imposer un principe de « bon sens »de la gestion du pouvoir, un principe présenté comme inévitable et nécessaire, comme la fumeuse réforme actuelle des retraites sensée sauver le système par répartition, réforme qui n'est pas à discuter, parce qu'elle a été élaborée par des experts, des gens qui savent et qui seuls connaissent ce qui est bien et bon.
Au contraire, Jacques Rancière rappelle que le consensus politique et artistique pousse à l'inaction et au blocage, et que le dissensus est encore le meilleur moyen d'ouvrir des horizons nouveaux.
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Jacques Rancière a lu Debord en spectateur frustré : insatisfait de ne pas saisir l'acuité radicale de la critique de la Société du spectacle, il l'a ridiculement rangée dans les catégories qui lui étaient accessibles : une sorte de platonisme aplati.
En fait de "spectateur émancipé", il suffit de regarder oui, justement, où en sont les spectateurs par temps de pandémensonges, pour constater le degré d'aveuglement volontaire où l'on est arrivés. La fausse conscience est partout chez elle où la passivité se prétend informée : "qui regarde toujours, pour savoir la suite, n'agira jamais : et tel doit bien être le spectateur." Debord, Commentaires sur la société du spectacle.
"Le flux des images emporte tout, et c'est également quelqu'un d'autre qui gouverne à son gré ce résumé simplifié du monde sensible ; qui choisit où ira ce courant, et aussi le rythme de ce qui devra s'y manifester, comme
perpétuelle surprise arbitraire, ne voulant laisser nul temps à la réflexion, et tout à fait indépendamment de ce que le spectateur peut en comprendre ou en penser. Dans cette expérience concrète de la soumission permanente, se trouve la racine psychologique de l'adhésion si générale à ce qui est là ; qui en vient à lui reconnaître ipso facto une valeur
suffisante." (idem).
Rideau.
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Ce livre remet en question la perception du spectateur passif, inactif ainsi que l'artiste laissant un message unique à travers son oeuvre. Il y a création par l'émancipation des frontières fixées comme celle du maitre et de l'ignorant, de l'actif et du passif, de l'égalité des intelligences ou de la non égalité.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
L’émancipation, elle, commence quand on remet en question l’opposition entre regarder et agir, quand on comprend que les évidences qui structurent ainsi les rapports du dire, du voir et du faire appartiennent elles-mêmes à la structure de la domination et de la sujétion.
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Les images de l’art ne fournissent pas des armes pour les combats. Elles contribuent à dessiner des configurations nouvelles du visible, du dicible et du pensable, et, par là même, un paysage nouveau du possible. Mais elles le font à condition de ne pas anticiper leur sens ni leur effet.
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Le système de l’Information ne fonctionne pas par l’excès des images, il fonctionne en sélectionnant les êtres parlants et raisonnants, capables de « décrypter » le flot de l’information qui concerne les multitudes anonymes. La politique propre à ces images consiste à nous enseigner que n’importe qui n’est pas capable de voir et de parler. C’est cette leçon que confirment très platement ceux qui prétendent critiquer le déferlement télévisuel des images.
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L'émancipation intellectuelle est la vérification de l'égalité des intelligences. Celle-ci ne signifie pas l'égale valeur de toutes les manifestations de l'intelligence mais l'égalité à soi de l'intelligence dans toutes ses manifestations. Il n'y a pas deux sortes d'intelligence séparées par un gouffre.
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La mélancolie se nourrit de sa propre impuissance. Il lui suffit de pouvoir la convertir en impuissance généralisée et de se réserver la position de l'esprit lucide qui jette un regard désenchanté sur un monde où l'interprétation critique du système est devenue un élément du système lui-même.
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Videos de Jacques Rancière (22) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Rancière
Jacques Rancière professeur émérite au département de philosophie de l'université de Paris VIII, il est l'auteur entre autres de la Nuit des prolétaires (Fayard, 1981), La Mésentente. Politique et philosophie (Galilée, 1995), le Partage du sensible. Esthétique et politique (La Fabrique, 2000), Politique de la littérature (Galilée, 2007), le temps du paysage: Aux origines de la révolution esthétique (La Fabrique, 2020). -- 11/02/2022 Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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