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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782877304399
158 pages
Editions Philippe Picquier (28/05/1999)
3.73/5   97 notes
Résumé :
Un masseur aveugle, fasciné par la perfection du corps féminin, entraîne ses victimes de rencontre dans des mises en scène cruelles et perverses où les plaisirs sensuels et les amours troubles deviennent très vite des jeux douloureux. Caresses raffinées pour les plaisirs extravagants d'un esthète qui célèbrerait l'art dans un monde de beauté purement tactile.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"La bête aveugle" est un film de 1969. Mais c'est au départ un court roman écrit en 1931 par le père du polar japonais Edogawa Ranpo.
J'avais vu le film en 2005 à l'occasion de sa reprise et ai déniché le roman chez un bouquiniste.
S'ils partent d'une trame commune (un aveugle séquestre une jeune femme), le film et le livre prennent des orientations très différentes.
Le film, qui annonce "L'empire des sens" de Mishima, baigne dans une atmosphère très seventies d'érotisme sadomasochiste. le réalisateur s'intéresse à la relation qui se noue entre l'aveugle et son otage. Il crée de toutes pièces le personnage de la mère, absente du livre, pour ajouter une dimension oedipienne à la relation des deux protagonistes.
Le livre ne pose pas les mêmes questions. Il s'intéresse à la place de la vue et du toucher dans nos sens. L'aveugle du roman entend réaliser une sculpture qui ne se regarde pas mais qui se touche. Pour y parvenir, il ne séduira pas seulement une femme - sur laquelle le film se concentre - mais plusieurs, transformant le roman en succesion de courtes saynètes un peu répétitives. le roman se conclut - à la différence du film - par la présentation de cette réalisation monstrueuse dans un musée.
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Mizuki Ranko est une artiste de music-hall japonaise, dont l'objectif dans la vie est d'être la plus connue et la plus reconnue possible. C'est pour ça qu'au matin où commence le livre, elle se rend au musée, dans lequel est exposé une statue pour laquelle elle a servi de modèle. Arrivée sur place, elle a la désagréable expérience de voir un homme aveugle, très laid et avec d'épaisses lunettes de soleil en train de prendre un grand plaisir à explorer de ses deux mains le corps de ladite statue. Peu de temps après, son masseur habituel soi-disant malade est remplacé par un homme, très laid, à épaisses lunettes de soleil, qui semble prendre plaisir à la tripoter. Bien sûr, il est aveugle et il s'agit du même homme que celui du musée. Quelques jours plus tard, par ruse, Mizuki devient la prisonnière très spéciale de cet aveugle encore plus spécial qui, après quelques semaines de découvertes sensuelles, finit par se lasser de la belle danseuse…

Pour ma première incursion dans la littérature japonaise, j'avoue avoir été dépaysée, et pas qu'un peu !!
Déjà, le style est très particulier (quant à savoir s'il s'agit de la façon d'écrire de l'auteur ou si c'est dû à la traduction…) : le récit est raconté au présent de l'indicatif, avec des tournures de phrases un peu vieillottes (ça faisait longtemps que je n'avais pas vu d'imparfait du subjonctif dans un récit !). Les phrases sont courtes, simples et nettes, sans bavure, et elles privilégient l'action. L'écoulement du temps est lui aussi particulier : on passe beaucoup de temps sur les quelques semaines de l'histoire concernant Mizuki (à vue de nez, pas loin de la moitié du livre), alors que la seconde moitié du livre se déroule sur plusieurs années ! Il n'y a pas de chapitres pour rythmer les 150 pages du livres : ce sont les sauts de ligne qui permettent de passer au récit d'un autre personnage ou de faire passer le temps.
L'histoire elle aussi m'a étonnée. Il s'agit au final d'un roman qui décrit l'histoire d'un aveugle aisé qui aime à toucher les corps des « belles femmes », puis, s'en lassant, les tue et les découpe en morceaux, morceaux dont il se débarrasse de façon créative et voyante, avant de les immortaliser par des sculptures dans une pièce réservée à cet effet dans son sous-sol.
Il y a un gros décalage entre le côté sordide de l'histoire et la façon dont elle est racontée : l'auteur nous prend à témoin, et on a l'impression qu'il nous file un coup de coude complice en décrivant les actes les plus horribles de découpage et mise en scène des corps dans la mort. C'est tellement décalé que le récit n'est pas dépourvu d'un certain humour et qu'on se surprend à rire des scènes les plus morbides.
Finalement, ce qui m'a le plus gênée dans ce court ouvrage, ce que j'ai trouvé le plus malsain, c'est la pseudo-justification esthétique que l'auteur associe aux actes de son héros, une sorte de questionnement sur : quel pourrait être l'art quand on est aveugle, en termes de rendu tactile ? L'art que l'on voit et celui que l'on touche sont-ils les mêmes ? N'y a-t-il pas une sorte d'autojustification aux actes quand on crée du « beau » ?
Enfin, j'ai eu l'impression qu'il y avait une sorte de « private joke » que nous faisait l'auteur au travers de cette histoire, quelque chose de l'ordre de : « quel est celui qui voit le moins entre l'aveugle qui fait ce qu'il veut et ceux qui voient mais pour qui l'aveugle est, finalement, invisible ».
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Les cauchemars macabres d'un esthète monstrueux.

Visitant le musée du parc d'Ueno, Mizuki Ranko, reine des variétés de Tokyo, surprend un aveugle aux lunettes noires qui caresse longuement une sculpture de marbre qui la représente, de façon si insistante et répugnante qu'elle ressent la brûlure de ces caresses jusque dans sa chair.

«Il y avait quelque chose de troublant à vous donner le frisson que de voir un homme, ne disposant que du toucher, admirer la statue nue de la femme qu'il aime. Ses cinq doigts, menaçants comme les pattes d'une araignée, rampaient à la surface du marbre poli. L'homme s'attarda longtemps sur les lèvres semblables à des pétales de fleur. Puis les paumes caressèrent le reste du corps, la poitrine… le ventre… les cuisses…»

Quelques jours plus tard, un aveugle aux doigts arachnéens remplace son masseur habituel, et le contact de ses mains laisse à Mizuki Ranko une sensation visqueuse durable et terriblement déplaisante.

Attirée implacablement dans un guet-apens, elle se retrouve séquestrée dans un lieu obscur, atroce et indescriptible, sous l'emprise de ce psychopathe fasciné par les corps féminins, piégée comme une souris à la merci d'un chat monstrueux.

«Elle venait de parcourir quelques mètres lorsque l'obscurité se fit soudain plus épaisse en même temps qu'elle ressentait un imperceptible souffle d'air. En se retournant, elle constata que le miroir était revenu à sa place et qu'il n'y avait maintenant plus trace de lumière.
Ranko frissonna. Une immense solitude l'envahit, elle se sentit abandonnée de tous et se demanda si elle reverrait un jour le monde des vivants.»

«Point d'inspecteurs, ni de détectives dans cette histoire», «La bête aveugle» n'est pas une enquête policière, contrairement aux célèbres romans de l'auteur tels que «Le lézard noir» ou «Inju : La bête dans l'ombre».
À l'opposé des êtres aux corps difformes du «Démon de l'île solitaire», le héros pervers et psychopathe de «La bête aveugle», esthète de l'horreur, est obsédé par les corps féminins aux formes parfaites.

Publiée initialement en 1931, portée à l'écran en 1969 par Yasuzô Masumura, et traduite en français par Rose-Marie Makino-Fayolle pour les éditions Philippe Picquier en 1992, l'histoire dérangeante de ce monstre qui attire et s'empare des femmes comme des proies, passant des pulsions sexuelles à la cruauté nue dans un irrépressible et extrême mouvement d'attraction - répulsion, semble réunir les obsessions majeures d'Edogawa Ranpo en un un récit macabre, érotique, aussi dérangeant qu'inoubliable.

Une soirée sera consacrée à l'oeuvre d'Edogawa Ranpo à la librairie Charybde le 17 septembre 2015, à l'occasion de la parution du «Démon de l'île solitaire» aux éditions Wombat, en présence de sa traductrice Miyako Slocombe et de Stéphane du Mesnildot, écrivain, critique aux Cahiers du cinéma et spécialiste d'Edogawa Ranpo.

Retrouvez cette note de lecture et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/08/09/note-de-lecture-la-bete-aveugle-edogawa-ranpo/
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Je ne connaissais pas les éditions Philippe Picquier, qui pourtant ont un très beau catalogue de littérature japonaise. Je ne connaissais pas non plus Edogawa Ranpo, considéré comme le fondateur du roman policier au Japon. C'est donc avec beaucoup de surprises et de curiosité que je me suis lancée dans cette lecture de la Bête aveugle, sans trop savoir à quoi m'attendre, étant donné que je ne suis habituée ni aux romans policiers, ni à la littérature japonaise.

Nous faisons la connaissance de Mizuki Ranko, une jeune chanteuse célèbre, qui a posé plusieurs jours durant pour un sculpteur. La statue la représentant est exposée dans un musée, et Ranko aime aller l'admirer. Cependant, dès les premières pages, elle croise un curieux personnage, aveugle, qui la met réellement mal à l'aise. Elle surprend en effet cet homme d'une trentaine d'année caressant sa statue du bout des doigts, de manière particulièrement malsaine. A partir de ce moment, les événements s'enchaînent et elle va croiser cet homme à plusieurs reprises, avant d'être kidnappée et enfermée dans une salle obscure et étrange par ce pervers aveugle, obsédé par le toucher du corps de la femme. Et Ranko ne sera que la première...

On peut penser qu'il est facile d'imaginer ce que Ranko et les autres victimes de cette "Bête aveugle" vont endurer tout au long de l'histoire. Mais il n'en est rien, on va se surprise en surprise, de dégoût en incompréhension. L'ambiance générale du livre est réellement malsaine, pesante et glauque du premier au dernier mot. Cependant l'auteur nous relate les faits de telle manière qu'il m'est arrivé à plusieurs reprises de rigoler (un rire très nerveux, je précise...). La lecture est facile, et je reconnais là un grand talent à l'auteur, qui parvient à nous accrocher et à retenir notre intérêt tout au long de l'histoire. Cependant je suis bien incapable de vous dire si j'ai aimé ce roman ou pas... J'en lirai peut être un second du même auteur pour me faire une opinion plus prononcée. Pour l'instant il s'agit simplement d'une expérience littéraire intéressante.
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Edogawa Ranpo est un écrivain japonais né en 1894 et décédé en 1965 à qui on doit de nombreux romans policiers, la plupart mettant en scène le détective Akechi Kogoro. Pour l'anecdote, Edogawa Ranpo est en fait un pseudonyme et correspond à la prononciation en phonétique japonaise d'Edgar Allan Poe !

Ce récit, sorti en 1931 et adapté au cinéma en 1969 par Yasuzō Masumura, met en scène un masseur aveugle perpétrant d'ignobles crimes sur des femmes. En résulte un roman macabre et complètement halluciné, naviguant entre humour très noir et grotesque revendiqué.
Une véritable petite curiosité tout à fait recommandable !
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il y avait quelque chose de troublant à vous donner le frisson que de voir un homme ne disposant que du toucher admirer la statue nue de la femme qu’il aime. Ses cinq doigts, menaçants comme les pattes d’une araignée, rampaient à la surface du marbre poli. Les yeux… le nez… la bouche… L’homme s’attarda longtemps sur les lèvres semblables à des pétales de fleur. Puis les paumes caressèrent le reste du corps, la poitrine… Le ventre… les cuisses…
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Le malheur, pour moi qui étais aveugle, c’était que je ne pouvais pas voir les jolies femmes ni les beaux paysages. Il y avait bien d’autres choses encore que mon regard ne distinguait pas, les peintures, les livres, le théâtre, la lumière du soleil, la couleur des nuages, ou encore la beauté de la lumière artificielle comme celle des lampes électriques. Je lisais des livres en braille, mais les conversations de mon entourage me faisaient envier ceux qui avaient des yeux. Je détestais mes parents qui m’avaient fait aveugle. Je haïssais Dieu. Mais il n’y avait rien à faire.
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"Ainsi, les doigts et la peau de Ranko devenaient progressivement semblables aux antennes des insectes. La moindre vibration de l'air, la plus infime substance n'échappaient pas à son oeil sensuel. Ils avaient une forme informe, une couleur incolore, et rendaient un son insonore."
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"C'était une chose flasque, ronde et de couleur pâle, d'environ deux pieds de haut. Au premier coup d'oeil, cela semblait absolument extraordinaire et mystérieux, mais quand on y regardait de plus près, on comprenait que c'était le tronc d'un mort, dont on avait découpé la tête, les bras et les jambes."
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Cette partie du mur était recouverte de protubérances semblables à des bols inversés, et alors qu'elle avait appuyé sur l'une d'elles, celle-ci avait tremblée comme de la gelée et la partie où elle s'était appuyée venait de s'enfoncer. De plus, elle était tiède et donnait exactement la même sensation que la peau humaine vivante.
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Video de Edogawa Ranpo (1) Voir plusAjouter une vidéo
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