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Critique de Jiby


J'ai acheté ce livre environ 2 mois avant le début du confinement et on ne parlait pas encore vraiment de coronavirus dans l'actualité… Ce livre est un regroupement de chroniques écrites par le Dr Didier Raoult dans le journal le point de 2013 à 2016. A ce moment précis, ce professeur n'était pas encore connu et j'ai eu la curiosité de lire ce livre en lisant la présentation qui figure au dos : celle d'un scientifique rebelle qui veut rétablir la vérité à contrecourant. Comme j'ai tendance moi-même à avoir un esprit de contradiction avec l'opinion majoritaire et que je suis moi-même scientifique à l'esprit rebelle, je me suis dit que ça pourrait m'intéresser.

De nombreuses semaines passent pendant lesquelles le bouquin attend sur ma pile d'ouvrages à lire. Et puis, voilà que je découvre sa tête dans les médias (vous savez, cette tête de Patrick Sébastien maquillé dans « le grand bluff ») et je me dis : « mais c'est la même tête que sur le livre ! ». du coup, l'ayant entendu en interview, et ne sachant quoi trop penser de cet homme, je me dis que je vais lire ce livre plus tôt que prévu. Résonnance avec l'actualité oblige.

Après lecture, je ne sais toujours pas quoi penser de cet homme. Les articles se succèdent et soufflent le chaud et le froid chez moi.

Je suis parfois enthousiaste en lisant ces idées anti-moutonnières qui confirment ce que j'ai tendance à penser sur de nombreux points. Et ça reste sans doute le sentiment le plus souvent ressenti à la lecture du livre.
Toutefois, certains passages m'ont fortement dérangé en raison des contrevérités qui y figuraient, décrédibilisant pour moi d'autres passages auxquels j'aurais voulu croire mais sur lesquels j'ai, du coup, des doutes.
Je suis convaincu que Didier Raoult a une formation scientifique qui lui a permis d'avoir une autorité reconnue dans la profession. A ses débuts, il devait pratiquer la rigueur des raisonnements et devaient respecter précisément les protocoles définis par ses pairs. Il semble qu'avec le temps, fort de son expérience et de sa notoriété, ce professeur se soit permis de prendre des libertés avec la pratique scientifique rigoureuse (L'état de ses recherches sur l'hydroxychloroquine au moment où il la déclare prématurément comme remède au covid-19 me paraissent parlantes sur ce point). le syndrome d'hubris, ou au moins l'absence d'humilité en sont les raisons les plus probables.
Le professeur Raoult semble souvent victime de ce biais d'analyse qui veut qu'on ait tendance à interpréter les choses (y compris les chiffres) de manière à les voir comme on voudrait qu'elles soient.

Ce n'est pas tant en ce qui concerne l'épidémiologie que je lui fais ce reproche (domaine dans lequel il est clairement expert, même si cela ne l'empêche pas, en tant qu'humain, d'avoir sa propre interprétation des faits) mais en ce qui concerne d'autres sujets, dont je m'estime au moins aussi expert que lui, notamment le réchauffement climatique. Comme un Claude Allègre en son temps, il considère que les scientifiques qui prédisent un réchauffement climatique ont tort. Il ne voit pas, qu'il ne s'agit plus de le prédire mais de constater qu'il est déjà là et que l'homme en est bien responsable !

Le professeur Raoult manque donc de rigueur. Il est quand même dérangeant qu'un homme de son statut, puisse confondre « alcool » et « vin rouge » (lorsqu'il cherche à expliquer le « french paradox ») ou qu'il ose, en étant épidémiologiste, parler d' « épidémie d'obésité » (l'obésité n'est pas considérée comme une maladie contagieuse). de plus, il ne cite que rarement ses sources ce à quoi on est pourtant habitués lorsqu'on est scientifique.

J'ai également été dérangé par sa façon d'aborder les problèmes de gestion financières des hôpitaux qui se résument, pour lui, tel un homme de droite primaire, à expliquer que le privé gère mieux que le public et que dans les hôpitaux publics, les agents travaillent trop peu !!! Peut-être ne se pose t-il pas assez la question de comprendre pourquoi les hôpitaux privés ne gèrent que les maladies les plus rentables et que les hôpitaux publics se retrouvent à traiter les opérations plus couteuses que le privé ne veut pas prendre en charge ! (Un peu comme dans l'éducation d'ailleurs)

Dans ce livre, Raoult s'en prend aux journalistes, aux comités d'éthiques qui sont souvent un frein à la recherche en raison des excès liés au principe de précaution, à la victoire des peurs irraisonnées (terrorisme, épidémies, etc.). Pour lui, les vrais dangers ne sont pas ceux qu'on croit. Je me suis retrouvé dans un grand nombre de ces propos et dans les derniers articles, qui, en s'appuyant sur la science, sont de vrais appels à la tolérance.

La structure du livre étant, la reprise de chroniques publiées dans le point, les articles sont parfois redondants et trop peu approfondis. Toutefois, ils ne laissent pas indifférents, comme l'illustre le grand nombre de citations que j'ai posté ainsi que cette critique, qui touche à sa fin.
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