Adiós, Tierra del Fuego
Jean Raspail
récit
Albin Michel, 2001, 383 p
C'est le récit d'
Eric Faye et de
Christian Garcin :
Patagonie, dernier refuge, qui m'a fait lire ce livre, à l'écriture un peu surannée avec ses imparfaits du subjonctif, et qui traîne en longueur.
Jean Raspail, écrivain et explorateur né en 1925, a fait deux voyages en Patagonie, l'un quand il avait une vingtaine d'années, l'autre, en 1999, 48 ans après. Il revient dans sa terre lointaine, son pays de rêve, son « coin d'âme » . Il est le romancier de la Patagonie et de la Terre de Feu.
C'est un livre de souvenirs, un livre-bilan. Raspail a rencontré de jeunes officiers de réserve israéliens auxquels leur gouvernement alloue des bourses confortables pour quadriller la Patagonie australe, une terre qui, il y a 50 ans, n'attirait presque personne. Il se souvient de Martin Behaïm, qui inventa ou améliora l'astrolabe au XV°. C'en était fini du portulan. Ses cartes auraient influencé les explorateurs à l'ère des grandes découvertes. Il aurait rencontrée
Christophe Colomb et Magellan à la cour du roi de Portugal qu'il servait. Il a conçu le premier globe terrestre pour sa ville impériale de Nuremberg. Il se souvient des peuples nomades de la Terre de Feu, les Kaweskars, dont le nom signifie « Hommes », les Yamanas, les Onas et les Haush, que Darwin méprisait parce qu'il jugeait qu'il n'avait pour tout langage que des cris inarticulés. Il évoque le jour de la Mer, la fête nationale des Boliviens qui descendent en autobus jusqu'au Pacifique perdu dans la guerre contre le Chili. Il rappelle l'épopée du croiseur Dresden et celle du capitaine Pagels, qui échappa aux navires qui le poursuivaient en passant par le canal Barbara.
Saint-Loup, l'écrivain sulfureux, ex-rédacteur sous le nom de
Marc Augier de l'hebdomadaire collaborationniste, La Gerbe, qui faillit remporter le prix Goncourt pour
La nuit commence au cap Horn, a rencontré Pagels. Il rappelle le drame de Mayerling, le suicide vrai ou mis en scène de l'archiduc Rodolphe, qui se rêvait roi de Hongrie parce qu'il détestait l'Autriche trop germanique, et de sa maîtresse qu'il n'aimait plus. Rodolphe avait un cousin ambitieux, qui réapparaît sous le nom de
Jean Orth, dont certains voyageurs du bout du monde en Patagonie Australe, les chevaliers de la pluie, relaient l'histoire. Il raconte une fois de plus les multiples aventures et mésaventures du roi auto-proclamé de Patagonie, Orélie-Antoine Ier de Tounens, originaire du Périgord, affligé de varices de la verge et des testicules, qui pourraient expliquer son désordre mental. Cependant Raspail a une franche sympathie pour cet homme de prestance aux rêves d'ailleurs, et dont il se fait le consul, consul de Patagonie.
Raspail est un adepte du jeu patagon, qui est une sorte d'espace de résistance. Romantique, il vit dans l'univers des songes où il reste des terres à découvrir et des valeurs idéales à conserver. Il dresse haut le drapeau de Patagonie. Il nourrit et se nourrit des légendes et des illusions australes que son cosas de Patagonia.