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Critique de ingridfasquelle


Classé en tête des meilleures ventes en Grande-Bretagne pendant plus d'un an et traduit dans vingt langues, L'instant d'après a révélé la plume sensible et intelligente de Sarah Rayner au monde entier. Son dernier livre, Un nouveau jour, est, de son propre aveu, le plus ambitieux qu'elle ait écrit. L'auteure y reprend l'histoire de plusieurs personnages de son précédent roman pour écrire un roman étonnamment chaleureux et optimiste sur l'angoisse et la dépression, un sujet difficile pour Sarah Rayner qui avoue avoir connu personnellement des problèmes de santé mentale.

Bien qu'il ne soit pas autobiographique, Un nouveau jour est un roman qui sonne extrêmement juste. La façon dont l'auteure décrit les troubles et les symptômes de ses personnages prouve qu'elle a réellement enduré les affres de l'angoisse et connu des épisodes dépressifs.

Dans un monde où la maladie mentale est souvent entourée de honte et de reproches, Sarah Rayner tente de faire prendre conscience que ces troubles peuvent toucher n'importer qui. Elle indique d'ailleurs dans une courte note en fin d'ouvrage qu'une personne sur quatre souffre à un degré quelconque d'un problème de santé mentale. Ses personnages, Michael, Abby et Karen ne sont ni des dépravés, ni même des détraqués. Ce ne sont que des êtres humains, de même que George, Callum, Lillie et les autres. Qu'ils souffrent de bipolarité, d'autisme ou du syndrome Gilles de la Tourette, Sarah Rayner en fait des individus diversement atteints qui ne sont finalement pas si différents des gens dits «normaux». En racontant leur histoire, elle montre que la maladie mentale n'est pas quelque chose qu'on a ou qu'on n'a pas mais que la santé mentale individuelle dépend de nombreuses variables comme l'âge, la condition physique mais aussi de la situation amoureuse, de la situation économique, etc... La liste est infinie et diffère pour chacun, de sorte que la place des patients sur cette échelle varie au gré du temps.

«Le problème, a découvert Karen, c'est que le chagrin n'est pas linéaire. Il ne suit pas une pente régulière, comme une montagne qu'on gravit. Ainsi, on arriverait en haut en se disant "Ca y est ! Finie la tristesse. Maintenant, je suis prête à rencontrer des gens, sourire, rigoler, boire, faire la fête. C'est parti !" Non, le chagrin vous saute dessus sans crier gare, vous attrape par surprise, comme un agresseur. Parfois, il peut faire très peur ; et, en tout cas, il vous dépouille de presque tout.»

On comprend alors que la dépression n'est pas une maladie honteuse à éradiquer mais plutôt une crise «maturante», l'occasion privilégiée pour le patient de faire le deuil de son passé, de s'accepter et devenir enfin lui-même, celui qu'il a toujours été mais qu'il n'a jamais osé être, de peur de déranger ou de déplaire. À travers l'histoire touchante de Michael, Abby et Karen, Sarah Rayner expose et développe avec beaucoup d'humour, de respect et de pudeur les symptômes de la dépression, à savoir la dépréciation de soi, les idées noires, les envies de mourir ou les addictions à la drogue ou à l'alcool... Malgré leurs défauts et leurs souffrances, leur passé souvent lourd et douloureux, les personnages de Sarah Rayner sont humains, terriblement attachants, et suscitent d'emblée l'empathie chez le lecteur.

Le roman de Sarah Rayner contribue en quelque sorte à déculpabiliser les patients qui souffrent de ces troubles et incite également les autres à leur témoigner d'un peu plus de compréhension et de bienveillance. Mais surtout, il véhicule un message d'espoir selon lequel la dépression n'est qu'une parenthèse, un trou noir dont il est tout à fait possible de se sortir. Peu à peu, grâce au soutien de leur proches, au dévouement des équipes soignantes et à l'entraide des patients avec qui ils ont noué des liens, Michael, Abby et Karen reprennent goût aux plaisirs de la vie et reprennent pied dans l'existence. Eux qui étaient à bout de souffle, psychologiquement et physiquement diminués, repartent finalement sur de bien meilleures bases. Et le lecteur de se surprendre à applaudir à chacun de leurs progrès comme s'il s'agissait d'une victoire toute personnelle !

«Un peu plus tard, j'ai été frappée par la similitude entre la vie et l'océan : il y a des moments calmes et des moments agités, et il y aura toujours des vagues qui viendront s'écraser sur le rivage. Mais peu importe leur hauteur, le faisceau lumineux du phare sera toujours là. Parfois, on se laisse impressionner par les vagues qui font peur et on oublie de se retourner et de regarder ce qui nous rassure - et qui nous rappelle que les tempêtes finissent, toujours.»

Drôle, sincère, généreux et terriblement addictif, le roman de Sarah Rayner fait partie de ceux que l'on n'oublie pas ! Un nouveau jour est un roman intelligent et sensible qui pourrait bien (espérons-le) démonter l'idée reçue selon laquelle la dépression ne serait pas une «vraie» maladie.
Lien : http://histoiredusoir.canalb..
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