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Bénédicte Vergez-Chaignon (Préfacier, etc.)
EAN : 9782221133057
1152 pages
Bouquins (02/10/2015)
4.42/5   19 notes
Résumé :
Lucien Rebatet est l'auteur d'un livre maudit qui fut le best-seller de l'Occupation : Les Décombres, livre qui lui a valu, entre autres raisons, d'être condamné à mort en 1946 avant qu'il voie sa peine commuée en détention à perpétuité. Ce texte est réédité dans son intégralité pour la première fois depuis 1942, après avoir reparu dans les années 1970 amputé de ses chapitres les plus délirants, notamment celui intitulé " Le ghetto ". Pour la première fois aussi, al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lucien REBATET, journaliste et écrivain de la 1ère moitié du 20ème siècle, a publié en 1942 LES DECOMBRES, pamphlet fasciste et antisémite. A suivi l'Inédit de Clairvaux, écrit lors de son séjour en prison. Ce livre contient donc ces deux ouvrages, celui d'un vainqueur et celui d'un vaincu ainsi qu'un extrait de l'émission radiophonique Radioscopie, des extraits du procès et de l'instruction de celui-ci.

L'écrivain raconte l'avant seconde guerre mondiale via le spectre du journal fasciste antisémite, anti français, et collaborationniste dont il était rédacteur : JE SUIS PARTOUT « JSP ».
Anti français est un terme qu'il va nuancer. Il est surtout très vindicatif à l'égard de ceux qui ont contraint, les Juifs et les Anglais pour ne pas les nommer, la France à entrer en guerre, mais aussi du gouvernement qu'il estime être à la solde des Anglais. Ces Britanniques qui ont offert les Français aux Allemands en les sacrifiant pour assurer leur propre victoire.
C'est notamment pour cela qu'il pense que l'Allemagne doit gagner puisqu'elle rendra son prestige à la France et finira de la débarrasser du peuple Juif.

Suite à sa mobilisation qui ne va guère durer, Rebatet relate le quotidien des soldats français, la débandade de l'armée avec des recrues inadaptées et inadaptables, des contre-ordres de pseudo chefs incompétents, certains étant parfois eux-mêmes contre la guerre, des missions sans queue ni tête. Egalement des chauffeurs de poids lourds qui n'ont même pas le permis de conduire, désignés parce qu'au moment de partir en mission, on se rend compte qu'il manque un chauffeur et qu'on n'a pas le temps d'en chercher un. Il décrit notamment la compagnie à laquelle il est affecté, la 107ième, cette description fait d'ailleurs penser au film la 7ème compagnie.

Ce documentaire est très intéressant car l'auteur, étant journaliste et très cultivé, s'intéresse au cinéma, à l'art, la peinture notamment, fréquente les politiciens parisiens et nous livre le fonctionnement de tous ces milieux. C'est un témoignage important sur la guerre, la société, la vie de ses citoyens, même s'il faut prendre du recul bien évidemment sur certains propos.
Par exemple, quand l'auteur parle du quotidien sous la domination allemande, elle semblerait presque « douce ». Il semble oublier le couvre-feu, les arrestations, les perquisitions et la délation, entre autres.
Il sera pourtant concerné par les arrestations de certains de ses amis journalistes de JE SUIS PARTOUT, et donc les perquisitions dans son entourage qui l'ont choqué.

Bien évidemment, il déteste les Juifs, les femmes, on notera que le livre est remarquablement bien écrit, beaucoup de vocabulaire, parfois désuet aujourd'hui, n'oublions pas que nous sommes en 1940. Mais dès qu'il parle des Juifs (je n'utiliserai pas l'autre mot dont ils sont affublés) et des femmes, son langage devient vulgaire, parfois sale, je retrouve du Céline. Il fait d'ailleurs de nombreuses références à cet auteur.

Le second ouvrage, L'inédit de Clairvaux, va nous raconter la presque fin de JSP, de nombreuses notes d'un docteur en histoire, Mme VERGEZ-CHAIGNON donnent des précisions sur les écrits, mais apportent également des corrections aux dires de l'auteur qui déforme parfois (souvent !) la réalité. Certaines redondances à noter puisque Clairvaux reprend des faits évoqués dans Les décombres, redondances de l'auteur et explications du docteur en histoire, inutiles si on a lu Les décombres. Je dis bien « si », puisque les deux livres sont indépendants l'un de l'autre.

Livre parfois difficile à lire car l'auteur s'étale sur certains sujets à n'en plus finir.
Je pense qu'un spécialiste de cette partie de l'histoire qui lit ce recueil doit appréhender sous un autre regard les arguments énoncés par l'auteur sur les causes, les conséquences de la guerre et la vie au quotidien.
Je referme ces 1100 pages en ayant appris beaucoup de choses mais je suis contente d'aller retrouver un roman plus léger.
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N'en déplaise à la doxa Rebatet tout fasciste qu'il fut était avant tout un immense écrivain.
Fasciste, Rebatet en était un de la pire espèce et il fût sauvé uniquement par lâcheté pour avoir fuit tandis que l'honnête Brasillach était fusillé.
Les Décombres est un témoignage unique sur une page bien sombre de notre histoire et comme il n'y a vraiment pas de quoi en être fier on a préféré regarder ailleurs (ce qui est soit dit en passant le meilleur moyen pour que ca se reproduise) et le livre est mis au ban pendant 50 ans...
La description de Rebatet dans un style très alerte de cette armée d'alcooliques commandée par des canards sans têtes face à l'arrivée des colonnes d'aciers rutilantes est saisissante. Il épingle aussi Maurras avec une description absolument hilarante de la rédaction d'Action Française.
La France de l'époque n'était pas bien belle (contrairement à ce qu'on veut nous faire croire il y avait 100 fois plus d'antisémites que de résistants)... Avec un style bien différent Calaferte fait exactement la même description dans "C'est la guerre".
Il faut saluer l'excellent travail éditorial, les Décombres étant complétés par des textes qui nous valent en particulier la description de l'arrivée Céline à Sigmaringen.
Bien sur ceux qui pensent que d'un côté il y a le bien qui ne produit que des belles choses et le mal qui n'en produit que d'affreuses feront la moue devant ce réquisitoire fasciste.
Ceux qui cherchent avant tout à comprendre (et ceux qui ont le droit de juger car ils ont connu cette époque ont majoritairement défendu Rebatet) plutôt qu'à juger trouveront le magnifique témoignage d'un grand écrivain.
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Appareil critique souvent inutile et leçons de morales de Pascale Ory que je trouve indigestes et creuses , rebatet en tant qu'écrivain n'a pas besoin d'être encadré ou corseté comme une paire de seins pour être lu ; surtout par un appareil critique en papier maché.
Surtout que je trouve très pertinente l'idée de l'historien amateur ( oui oui ça existe et c'est légitime aux états-unis bizarrement ) et romancier shelbey foote selon lequel un livre d'histoire ... -voir suite après parenthèse -

( foote racontait la guerre civile américaine du point de vue d'une narration quasi littéraire avec beaucoup de style à la michelet ; tendance discréditée que l'histoire romancée à la michelet et foote ? C'est ça ! Relisez la neutralité factuelle de votre Pascal Ory deux fois avant de dire ça ! )

... doit avant tout selon shelbey foote être agréable à lire pour le lecteur et que les incessantes notes cassent le rythme du texte puisque le lecteur doit en permanence faire des allers retours entre le texte et les notes en bas de page fracassant l'intimité qui existe entre un lecteur et une oeuvre et le sentiment très puissant de vivre une expérience métaphysique avec le texte.
Surtout que les notes n'apportent rien la plupart du temps ou alors de temps en temps des choses passionnantes ce qui est étrange 🤔
Oui les sources sont importantes mais par pitié ! le lecteur et la lecture aussi ! Pourquoi ne pas éditer un appareil critique à part ( pareil pour la pléaide ) en petits exemplaires , voir tirage à la demande , pour les étudiants que ça intéresse plutôt que mutiler un texte avant tout littéraire.
Ouf j'avais lu les décombres à part , mais l'inédit de clairvaux en est rabaissé et comme les décombres comme dégoupillé comme une grenade de sa charge explosive.
Surtout que l'édition du texte maudit - et pour cause ! - de rebatet devait préparer à mon avis à l'édition " critique " des pamphlets de Céline autrement plus subversifs et virulents ( le projet à fait pschiit tant mieux en un sens ).
Ceci clarifié l'inédit de Clairvaux est aussi passionnant et génial que les décombres , tout y est grandeur , saloperie , coulisses de la presse absolument PASSIONANTES même si c'est je suis partout dont il s'agit ( j'ai essayé de lire leurs articles dégueulasses je suis entré dans une colère noire 😡 ) portrait émouvant subtil et tout en nuance de Brasillach ( mort pas pour ses magnifiques livres , et ils sont magnifiques ; mais pour l'horreur de ses articles , j'ai même pas envie d'en parler tellement concernant brasillach c'est honteux ) bref texte majeur que l'inédit de clairvaux même si malheureusement il est captif d'une bande de cons mais ça , et là je m'adresse pas aux lecteurs de littérature mais aux fachos , vous ne pouvez pas nier que c'est pour des raisons historiques légitimes 😉👋
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Réédition d'un best seller publié pendant la dernière guerre. Dévastateur, et en même temps fascinant, en tant que document. Chacun jugera du fond... Excellent travail de l'éditeur, "encadrant" le texte d'indispensables informations. Les documents en annexe sont du plus haut intérêt, avec, en prime, le texte de la "Radioscopie" que Jacques Chancel avait consacrée à l'auteur.
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critiques presse (1)
Liberation
30 octobre 2015
[Le Dossier Rebatet] montre les prémices et les suites de la fabrique d’un fasciste de la pire espèce.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Mais Maurras y était porté par sa nature autant que par ses calculs. Je l'ai vu dix ans durant, chaque semaine, exercer sur les rubriques littéraires de son journal une censure aussi comique et vétilleuse que celle de l'abbé Bethléem. Il avait devant Baudelaire, Rimbaud, André Gide ou Proust des répulsions non point seulement esthétiques, mais de vieille demoiselle qu'effarouche une peinture un peu crue du vrai.
Cette disposition n'a pas peu contribué à faire de l'Action française un rassemblement d'abbesses, d'antiques vierges, de dames et de puceaux d’œuvres, de gentilshommes bretons à bottines et sacrés-cœurs, de vieillards qui ont perpétué jusqu'à notre âge la race des ultras et des zouaves pontificaux. Il resterait à savoir de quelle utilité pouvaient bien être ces curieux fossiles de notre paléontologie sociale dans un parti qui se réclamait si volontiers de la subversion.
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Quand la polémique devient un déshonneur, à propos de Maritain:

La farce énorme de la main tendue des communiste avait trouvé chez les catholiques militants et chez les ministres de l'Eglise non seulement des complices, mais des crédules fervents. Jacques Maritain, coupant des poils de rabbin en quatre au nom du Sacré-Coeur, mobilisait toute la théologie et toute la métaphysique pour innocenter Israël, voire pour le proposer en modèle. Ce thomisme de synagogue avait, comme tant d'autres choses qui semblent planer dans une haute spiritualité, la plus triviale des explications: le partage du lit et du bidet, le conjuguo de notre philosophe avec la juive Raissa. [ J’avais souligné ce petit détail dans un de mes articles, et qualifié Maritain, comme il convenait,de souilleur de la race, Rassenschander. Quelques jours plus tard, dans une feuille soi-disant nationale, un dévot tricolore me répondait en s'étranglant d'horreur et en stigmatisant mon paganisme hitlérien.] p.87/88, 'Les Décombres"
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Je me sens un homme nouveau, invincible. Ô mitrailleuse si souvent caressée en rêve, devant les ignobles troupeaux du Front populaire, les estrades de Blum, de Thorez, de Daladier, de La Rocque, les ghettos dorés et les Sodomes des fêtes bien parisiennes ! Cent fusils mitrailleurs bien pointés et la face de la France... Je tire comme un dieu, goulûment...

(Les Décombres).
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N'y manquait jamais, avec sa figure de maniaque sexuel dévoré de tics, le sieur André Malraux, espèce de sous-Barrès bolcheviste, rigoureusement illisible, et qui soulevait pourtant l'admiration à Saint-Germain-des-Prés, même chez les jeunes gogos de droite, grâce à un certain éréthisme du vocabulaire et une façon hermétique de raconter des faits-divers chinois effilochés dans un bouillon d'adjectifs.
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Le plus bel ornement de ce cénacle était un colonel du nom de Schweller, si je ne me trompe pas, qui jugea utile de se présenter en faisant distribuer sa biographie, rédigée de sa main, relatant dans le style d'un cahier de rapport ses vertus domestiques, les soins qu'il prodiguait à sa vieille mère, et où on lisait entre autres: "A pu acquérir une honnête aisance grâce à sa probité et son travail."
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Vidéo de Lucien Rebatet
France Culture : Faut-il republier les textes antisémites du XXème siècle ? (2015). A l'occasion de la publication chez Robert Laffont, des œuvres de Lucien Rebatet, et de l'annonce d'une traduction de "Mein Kampf" chez Fayard, Caroline Broué reçoit Pascal Ory, professeur d’histoire contemporaine à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Florent Bayard, historien, chercheur au CNRS (Centre Marc Bloch, Berlin), spécialiste du négationnisme et de la Shoah.
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