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Pierre Kamnitzer (Traducteur)
EAN : 9782228891806
341 pages
Payot et Rivages (17/09/1998)
4.13/5   31 notes
Résumé :
Datant des années de crise en Allemagne de 1930 à 1933, cette étude classique de Wilhelm Reich demeure une contribution capitale à la compréhension d'un des principaux phénomènes de notre temps : le fascisme. Reich rejette vigoureusement l'idée que le fascisme représenterait l'idéologie ou l'action d'un individu isolé, d'une nation précise ou encore de tel ou tel groupe politique ou ethnique. Il refuse également l'explication purement socio-économique avancée par le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figés en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simple relai du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexploré.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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L'homme en souffrance, qui n'a pas pris conscience des causes de sa souffrance, continue sa chute en s'abandonnant à n'importe quel mythe, n'importe quelle autorité. A grande échelle cela peut donner naissance à un état totalitaire. C'est un phénomène millénaire.
"La psychologie de masse du fascisme" est donc une plongée à la racine de la souffrance avec un développement très important sur le refoulement sexuel et ses conséquences inconscientes. L'auteur se place dans la suite des découvertes de Freud, et en tant que médecin, il parviendra, sous l'Allemagne nazi, à mettre sa théorie de "l'économie sexuelle" en pratique par des expériences de rééducation sexuelle de la jeunesse ou de thérapie sexuelle auprès des femmes notamment.
Notons que son livre écrit à l'aube de la dictature nationale-socialiste sera interdit en Allemagne. Notons également que le livre sera réédité en 1942 à l'aube de la dictature du capitalisme d'état en Union soviétique. Après s'être opposé à Hitler qu'il qualifie de "grand psychopathe", il s'oppose donc à Staline. La vie de Wilhelm Reich est décidément sous haute tension.
Il est d'abord affligé par l'impuissance du mouvement révolutionnaire communiste face à la montée du nazisme. Il reproche aux communistes allemands de ne pas approfondir le facteur subjectif de l'histoire et plus généralement de ne pas faire vivre la pensée socialiste scientifique initiée par Marx et Engels. En Union soviétique, l'installation de la bureaucratie stalinienne marque la fin du rêve de la "démocratie sociale" de Lénine et d'une partie du monde suspendue au développement de la révolution russe.
Wilhelm Reich retient malgré tout l'idée que les individus doivent trouver en eux la capacité d'auto-gérer le travail qui est strictement utile à la société et surtout de cesser de déléguer cette responsabilité à l'état.
Ce livre est donc aujourd'hui un appel à la responsabilité des individus face aux différentes formes de fascisme, pour comprendre les causes de leurs souffrances qui viennent altérer leur raisonnement, dans le but de dévoiler très rapidement les mythes nationalistes, religieux ou autres, et de prendre part pleinement à la vie sociale.
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Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figées en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simples relais du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexplorée.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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Rédigé entre 1930 et 1933, juste avant la prise de pouvoir des nazis, cet ouvrage de référence a naturellement pris quelques rides du fait des modifications notables que la domination a apporté à son mode de fonctionnement et tout particulièrement dans le contrôle de ce que l'on appelle l'opinion. Ce que Goebbels, ministre de la propagande du régime nazi rêvait, la société spectaculaire-marchande l'a réalisé beaucoup plus efficacement.
Il faut donc se rappeler que Wilhelm Reich, en tant que penseur critique de cette époque particulièrement troublée, fut parmi les premiers à tenter de faire usage des découvertes de la psychanalyse freudienne conjointement à la pensée émancipatrice de Marx. Ce qui le désigna automatiquement comme cible privilégiée de toutes les tendances totalitaires et réactionnaires de son temps. Tendances qui, hier comme aujourd'hui, ne veulent pas admettre cette synthèse, profondément novatrice, orientant les recherches « sur la manière dont l'homme d'une certaine époque est, pense, agit en fonction de sa structure caractérielle, sur la manière dont les contradictions de son existence se répercutent en lui, sur la manière dont il tente de maîtriser sa vie. »
Contestant des approches purement psychologisantes ou purement économiques, Reich tente une approche globale d'un phénomène complexe qui reste toujours aussi angoissant en notre époque : pourquoi les « masses » font-elles ainsi le choix du pire ? « La question n'a pas été posée de savoir comment des masses paupérisées ont pu passer au nationalisme. Des mots comme "chauvinisme" "psychose", "conséquences du traité de Versailles" n'expliquent pas la tendance du petit bourgeois ruiné à épouser le radicalisme de droite, puisqu'ils ne cernent pas réellement le processus en question. »
« La critique n'a de sens et de portée pratique que si elle peut montrer à quel point précis on est passé à coté des contradictions de la réalité sociale. »
Reich dénonce également le verbiage issu de l'héritage marxiste dévoyé : « Des méthodes vivantes se sont figés en formules, des recherches scientifiques en schémas creux. »
Pour cela, il cherche à revenir aux fondamentaux d'une pensée qui se veut réellement dialectique, démontrant que les contradictions d'une époque, ses mensonges et dissimulations diverses, ont une relation directe avec la formation de la psyché des individus qui la composent et donc avec leur aliénation : « S'il est vrai qu'une "idéologie agit en retour sur le processus économique", elle a dû se transformer auparavant en une puissance matérielle.
(...) Comme les hommes faisant partie des différentes couches ne sont pas seulement les objets de ces influences mais les reproduisent aussi comme individus actifs, leur pensée et leur action doivent être aussi contradictoires que la société d'où elles émanent. Comme une idéologie sociale modifie la structure psychique des hommes, elle ne s'est pas seulement reproduite dans ces hommes, mais -- ce qui est plus important -- elle a pris dans la forme de l'homme concrètement modifié et agissant d'une manière modifiée et contradictoire le caractère d'une force active, d'une puissance matérielle. C'est ainsi et seulement ainsi que s'explique l'effet en retour de l'idéologie d'une société sur la base économique dont elle est issue. »
Pour bien saisir la portée des analyses de Reich, on les replacera donc dans leur contexte, à savoir les aboutissements de la République de Weimar, régime issu des conséquences en Allemagne de la guerre 14-18 et massacreur de la tentative révolutionnaire de 1918 en ce pays. Mais aussi l'échec de la Révolution russe avec la prise de pouvoir des bolchéviks et la mise en place d'un régime totalitaire, d'un capitalisme d'État, fort éloigné des aspirations historiques de Marx. Et la mainmise de ce régime, dans les années 20, sur tous les partis dits-communistes européens dont les directions furent transformées en simple relai du régime stalinien. On comprendra mieux alors toute la portée des « contradictions » dont parle Reich.
L'on dispose bien alors d'une clé de compréhension de ce qui, pour beaucoup, reste un phénomène historique incompréhensible. Analyse qui a le grand mérite d'être applicable aussi bien pour le nazisme que pour son pendant stalinien. le plus grand reproche que l'on puisse formuler à l'encontre de la pensée de Reich, c'est qu'elle ait trouvé si peu de continuateurs conséquents. Et que, de ce fait, la relation entre l'inconscient humain et le champ politico-social reste tristement inexploré.
Sauf à un niveau primaire (pour la propagande et la publicité) par ceux qui sont les représentants de la domination et qui n'ont donc aucun intérêt à l'émancipation du genre humain.
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Un ouvrage de référence écrit lors de la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne.Wilhelm Reich pose la question fondamentale et dramatique à l'époque : comment les Allemands et notamment sa classe ouvrière réputée avoir atteint un haut niveau de maturité politique, ont pu se laisser abuser par l'idéologie nazie? Pourquoi les fondamentaux du marxisme qui postulent, notamment que le développement du mode de production capitaliste, comme tous ceux qui l'ont précédés, doit intensifier la lutte des classes, ne se sont pas traduits par un rejet des nazis?
Le diagnostic de Reich est que l'individu est asservi par une autorité patriarcale qui l'enferme dans une frustration sexuelle et dans la peur.
Le tour de force d'Hitler est d'avoir su, avec ses talents d'orateur et l'orchestration des grands rassemblements, capter cette frustration individuelle dans une sublimation collective. Cette sublimation a eu pour corollaire une régression de l'individu, en particulier d'un point de vue social et éthique. Une sorte de vases communicants a été mis en place entre l'appauvrissement de la psychologie individuelle rétrécie à un niveau primaire et un transfert en compensation dans une transcendance collective irrationnelle et en définitive suicidaire.
Le fascisme n'a pas créé cet asservissement individuel mais l'a aggravé et l'a porté à une sorte de paroxysme tout particulièrement dans le cas du nazisme.
Même s'il existe d'autres facteurs expliquant le succès de Hitler, à commencer par la capitulation voire une certaine bienveillance par crainte du communisme des gouvernements français et anglais l'analyse de Reich apparait pertinente surtout posée juste au moment de la prise du pouvoir sans avoir le confort du recul historique. Cette analyse rejoint sous un angle différent celle portée par Hannah Arendt dans son ouvrage de référence "les origines du totalitarisme"
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
(au sujet de la jeunesse, cible de la propagande fasciste)
Le fascisme allemand a essayé par tous les moyens de s'enraciner dans les structures psychiques et s'est attaqué pour cette raison de préférence aux enfants et aux jeunes. Le seul moyen dont il disposait était d'éveiller et d'entretenir la soumission à l'autorité, grâce à une éducation ascétique et anti-sexuelle. Les aspirations sexuelles naturelles qui portent dès l'enfance un sexe vers l'autre et qui demandent à être satisfaites, étaient remplacés par des sentiments sadiques détournés, en partie aussi par l'ascèse. Cette remarque s'applique au prétendu "esprit de camaraderie" dans les camps de travail et à l'éducation des jeunes au trop fameux "esprit de discipline et d'obéissance". Cette éducation avait pour fonction de déchaîner la brutalité et de la mettre au service de la guerre impérialiste.

(exemple d'action proposée par W. Reich)
Une politique d'économie sexuelle conséquente devra faire la lumière sur les privations sexuelles : elle trouvera chez les jeunes un echo enthousiaste. Face à une telle activité, le premier mouvement du dirigeant fasciste ne peut être que l'étonnement et l'embarras. Contrairement aux affirmations de certaines responsable de jeunes, qui ne connaissent pratiquement rien, les jeunes gens et surtout les jeunes filles sont plus rapides, parce que plus émotifs et disponibles à comprendre leur responsabilité sociale si on leur fait prendre conscience de l'état de répression sexuelle dont ils sont les victimes. Le problème consiste simplement à aborder la question sexuelle intelligemment et à mettre en évidence ses rapports avec la situation sociale en général.
(...)
Le groupe d'études d'économie sexuelle de Berlin avait fait une première tentative de travailler sur l'enfance en mettant au point un conte collectif intitulé "Le triangle de craie, association pour l'exploration des secrets des adultes". (...) A la fin (de la lecture) on invita les enfants à faire part de leurs désirs et de leurs critiques. Beaucoup demandèrent la parole. Devant ces enfants, notre pudibonderie et notre gêne nous firent honte. Les adaptateurs pédagogiques du conte avaient décidé de ne pas aborder la contraception ni la masturbation. Mais aussitôt les questions jaillirent.
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"Eloignons-nous de l'animal, éloignons-nous de la sexualité !" Voilà la devise de toutes les formations d'idéologies humaines. Peu importe le travesti choisi par telle ou telle idéologie : ainsi le fasciste parlera du "surhomme authentique", le communiste de l'"honneur de la classe prolétarienne", le chrétien de la "nature spirituelle et morale de l'homme", le libéral des "valeurs humaines supérieures". Au fond de tout cela, on entend toujours la même chanson monotone : "Je ne suis pas un animal".
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La 'démocratie sociale' de Lénine devait substituer à la dictature étatique du prolétariat l'autogouvernement effectif et pratique des masses laborieuses. (...) En réalité, nous avons affaire à la dictature de la bureaucratie du Parti sur les masses sous les apparences d'une démocratie parlementaire.
Il ne faut jamais perdre de vue qu'Hitler a toujours fait appel - et avec succès - au ressentiment des masses contre la pseudo-démocratie et le système parlementaire. L'"alliance entre le marxisme et le libéralisme bourgeois-parlementaire" utilisée comme slogan efficace par le fascisme n'a certainement pas manqué d'impressionner les foules après les manoeuvres des communistes russes !
Vers 1935, les espoirs que les foules mondiales avaient mis dans l'Union Soviétique s'évanouissaient peu à peu.
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La psychanalyse d'individus de tous les âges, de tous les pays et de toutes les couches sociales montre que la conjoncture des structures socio-économiques et sexuelle de la société ainsi que sa reproduction structurelle s'opèrent au cours des quatre ou cinq premières années de la vie par les soins de la famille autoritaire. L'Eglise ne fait ensuite que perpétuer cette fonction. Ainsi l'Etat autoritaire trouve un intérêt majeur dans la famille autoritaire : elle est la fabrique où s'élaborent sa structure et son idéologie.

La structuration autoritaire de l'homme se produit - ce qu'il s'agit de ne jamais perdre de vue - en premier lieu par l'ancrage d'inhibitions et d'angoisses sexuelles dans la matière vivante des pulsions sexuelles.
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Le travail révolutionnaire de masse en Allemagne s'est limité presque exclusivement à la propagande "contre la faim". Argument sans doute important, qui ne fournissait pourtant pas une base suffisante, comme la suite des évènements allait le montrer. La vie des individus nivelés dans la foule se déroule sous la surface visible des choses, dans mille petit riens. Ainsi le jeune travailleur est harassé, dès qu'il a calmé tant soit peu sa faim, par mille soucis d'ordre sexuel et culturel. La lutte contre la faim est certainement une lutte primordiale, mais il faut aussi placer brutalement et totalement dans les feux de la rampe les petits évènements de la comédie humaine, dans laquelle nous sommes tous à la fois spectateurs et acteurs.
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