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EAN : SIE58319_7229
Plon (30/11/-1)
3.78/5   23 notes
Résumé :
Le vent tiède du printemps souffle sur le front russe. Piétinant dans la neige fondante qui laisse à découvert ruines et cadavres des offensives précédentes, l'armée allemande continue ses « décrochements stratégiques » - c'est la formule. Il y a beau temps qu'elle ne trompe plus personne. Malgré tout, le jeune soldat Ernst Grâber pourra partir en permission. Il attendait cette aubaine depuis deux ans. C'est à peine s'il reconnaît sa ville natale défigurée par les b... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'île d'espérance est un roman au titre totalement anachronique par rapport à l'histoire terrible qu'il raconte. Mais néanmoins, on peut l'expliquer sous la forme d'une métaphore face à un amour naissant, au milieu du chaos de la guerre, dans une Allemagne bombardée jour et nuit par les forces alliées.
En effet, le récit s'inscrit comme une parenthèse d'espoir illusoire, d'un soldat allemand revenant du front russe en ayant obtenu quelques jours de permission, pour aller voir sa famille.
Cependant, à l'instar des horreurs quotidiennes du front russe, il va découvrir en retournant dans sa vie natale, un cauchemar pire encore. La ville est quasiment rasée par les raids alliés, la maison de ses parents détruite et ces derniers ont disparus : morts ou vivants, rien ne l'indique clairement. A partir de là, le roman commence vraiment, avec cette quête hallucinée, pour retrouver ses parents dans un univers de fin du monde ou rôde un danger permanent pire que tout le reste, la Gestapo plus zélée que jamais, traquant sans relâche déserteurs ou défaitistes, en cette année 1944 ou pourtant le sort de l'Allemagne est déjà tragiquement scellé.
Seule lueur d'espoir, sa rencontre avec une ancienne connaissance féminine avec qui il continue ses recherches et dont l'amitié se transformera en un amour de circonstance.
Ce livre poignant est comme une odyssée au plus profond de la noirceur humaine et des réalités atroces d'un pays en guerre totale, les protagonistes malgré leur abnégation et leur résilience face à l'adversité monstrueuse, paraissent broyés par le destin et l'implacable machine de guerre nazie que rien ne peut arrêter jusqu'à sa destruction finale. L'île d'espérance est incontestablement l'un des plus beaux récits contre la guerre et ses conséquences désastreuses. Ce roman sera magnifiquement adapté au cinéma sous le titre : le temps d'aimer et le temps de mourir.

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Paru en 1954, soit 9 ans après la fin de la guerre et la chute du pouvoir nazi, ce livre de Remarque partage plusieurs points communs avec son célèbre «A l'ouest, rien de nouveau», lui aussi paru de nombreuses années après la guerre de 14-18. Il y a cependant un point essentiel qui les différencie : ici, l'auteur fait une oeuvre de pure fiction, n'ayant vécu ni le front russe ni les bombardements des villes allemandes de la période concernée, 1944, la débâcle d'Hitler. Déchu de sa nationalité en 1938, il émigre aux Etats-Unis où il va avoir une activité importante comme scénariste à Hollywood tout en continuant sa production littéraire.
La trame générale du roman reproduit celle d' « A l'Ouest » : le front, l'arrière, le front à nouveau, la mort absurde. Mais ici, c'est bel et bien l'horreur des bombardements civils qui est au premier plan : on sait que plusieurs villes françaises ou allemandes ont été détruites par l'aviation alliée (principalement anglaise et américaine) avec nombre de victimes civiles – à 90% Le Havre, quasi entièrement et 30 000 morts à Dresde. La situation dans ce contexte est très variable suivant les individus et si la majorité de la population civile se trouve coincé entre les massacres de l'aviation alliée et la terreur exercée par des nazis aux abois, certains apparatchiks vivent jusqu'au bout dans l'opulence et les festivités.
Le roman est intéressant car il aborde – toujours sur la base des idées pacifistes de l'auteur - un point rarement développé dans les livres de guerre. Il est écrit dans un style très simple et facile à suivre mais pas vraiment flamboyant ; l'idylle d'Ernst avec Elisabeth m'a paru un peu longuet et affaiblissant le propos et, dans l'ensemble, je n'ai pas ressenti une véritable empathie ni un grand intérêt pour les personnages. Seul Alfons, camarade d'enfance et passé aux SS, à la fois écoeurant par ses amitiés avec des tortionnaires SS, et généreux à son échelle avec les gens qui l'entourent, présente une ambiguïté qui mérite le détour.
L'ensemble est donc un moment de lecture intéressant mais assez convenu et m'a nettement moins intéressé qu "A l'ouest...".
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Dans ce roman moins connu que "A l'ouest rien de nouveau" et qui traite cette fois de la deuxième guerre mondiale, E M Remarque expose, à mon avis, un point de vue encore plus pacifiste, car cette fois, on ne voit pas que la vie des soldats au front mais aussi les destructions massive à l'arrière et les souffrances des populations civiles.
Il montre le chaos engendré par la guerre, entre les individus. Les valeurs, la morale, les rapports de force, tout est modifié, même le temps qui n'a plus le même sens. Deux semaines de permission représentent une très courte durée, mais aussi une éternité où un mariage entre deux jeunes gens est possible et les fait profiter pleinement de chaque instant à deux volés à la guerre. Ce roman écrit en 1954 et paru sous le titre de " Zeit zu leben und Zeit zu sterben", un temps pour vivre, et un temps pour mourir, est un témoignage émouvant, alors que E M Remarque était exilé aux Etats Unis depuis 1939 et n'a pas vécu la guerre sur le front russe.
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Elle se retourna.
"Il y a combien de temps exactement que nous ne nous étions pas revus?
-Cent ans, nous étions encore des enfants et il n'y avait pas la guerre.
-Et maintenant?
-Maintenant, nous sommes vieux sans avoir l'expérience de l'âge. Vieux et cyniques, nous ne croyons plus à rien et nous sommes tristes. Pas si tristes que ça d'ailleurs."
Elle le regarda.
"C'est vrai?
-Non, mais qu'est-ce qui est vrai? Tu le sait ,toi?"
Elisabeth secoua la tête.
"Faut-il qu'il y ait quelque chose de vrai? demanda-t-elle.
-C'est peu probable. Pourquoi?
-Je ne sais pas. mais il t aurait sans doute moins de guerres, si chacun ne s'acharnait pas à imposer aux autres sa propre vérité."
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Le crépuscule gagnait de proche en proche dans un silenc
que rien ne troublait. La lumière étrange faisait tout
paraitre irréel.

"Regarde l'arbre là-bas, dit Elisabeth. Il est en fleur"

Grater se retourna. L'arbre avait été à demi déraciné
par une bombe. Une partie des racines se dressait
vers le ciel, le tronc était fendu et plusieurs branches
arrachées. C'était vrai pourtant qu'il était couvert de fleurs
blanches discrètement teintées de rose.

"La maison d'à côté a brulé. Peut-être que la chaleur
a accéléré sa floraison, dit-il. Il est en avance de plusieurs
semaines sur les autres arbres. Et pourtant c'est lui qui
a la plus souffert."

Elisabeth se leva et fit quelques pas. Leur banc était
à l'ombre, et la jeune fille s'avança dans le reflet mouvant
des incendies comme une danseuse sur l'avant scène.
Le rougeoiement l'entourait d'une auréole sauvage.
C'était comme la lueur d'une comète apocalyptique
annonciatrice de la fin du monde ou de la venue
d'un rédempteur de la dernière heure.

"Il fleurit, dit-elle. Pour lui, c'est le printemps, rien de
plus. Le reste ne lui importe pas.

Page 258 (livre de poche)
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Elle attendait calmement devant la fosse. Elle était jeune et robuste, bâtie pour faire des enfants et les nourrir. Elle ne comprenait rien à ce que Millier lisait, mais elle savait que c’était sa condamnation à mort. Elle savait que dans quelques instants la vie qui battait puissamment dans ses artères s’arrêterait pour toujours – pourtant elle attendait calmement et ne paraissait sensible qu’au froid du petit matin.
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Ça va être bon de réapprendre à vivre, poursuivit-elle, nous en avons tellement perdu l’habitude ! C’est pour cela d’ailleurs que notre avenir est si riche. Tout ce qui paraît aux autres quotidien et sans saveur va être pour nous une merveilleuse aventure. Rien que cet air, par exemple, qui ne sent pas la fumée, ou bien un dîner sans tickets, des magasins où l’on peut acheter tout ce qu’on veut, des villes où pas une maison n’est détruite. Ou encore pouvoir parler sans se méfier des voisins, ne plus avoir peur ! Ça mettra du temps, la peur ne s’effacera que petit à petit, mais alors même qu’elle surgirait de nouveau, ce sera une joie de plus de pouvoir se dire qu’elle est sans objet.
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Il connaissait toute une gamme de peurs, les peurs aiguës, les peurs obscures, celles qui coupent le souffle et paralysent les muscles, et aussi la grande peur suprême de la créature vivante devant la mort ; mais celle qu’il éprouvait maintenant était différente de toutes les autres, c’était une peur rampante, une menace imprécise, une étreinte poisseuse, comme celle d’une glaire invisible et dissolvante, la peur de l’impuissance et du désespoir, la peur corruptrice qu’engendrent les dangers subis par d’autres, otages innocents ou persécutés sans défense, la peur en face de l’arbitraire, de la violence et de l’inhumanité systématique. La grande peur de notre temps.
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Vidéo de Erich Maria Remarque
Extrait du livre audio "À l'Ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque lu par Julien Frison. Parution CD et numérique le 11 août 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/louest-rien-de-nouveau-9791035405885/
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