C'est un livre trash, un dégueuloir jeté à la face des bien-pensants, éructé avec force, rage et colère mais également émaillé d'un humour acide, de celui qu'on redoute, mais qui a les accents de la vérité.
Que l'on aime ou pas
Erik Rémès on n'en attendait pas moins de lui. Fidèle à son image d'auteur sulfureux qui n'hésite pas à mettre le doigt là où ça fait mal, sans souci du politiquement correct. Il en aurait été autrement, nous aurions été déçus. Mais force est de convenir qu'il a raison sur bien des points. Pas sur tout bien sûr, mais sur une grande partie de ce qu'il énonce dans son livre, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il connait parfaitement son sujet et le milieu homosexuel, ses pratiques y compris les plus inavouables.
Toutefois, comme toutes ces grandes figures de la scène homosexuelle qui ont connu la répression, qui ont milité pour la libération sexuelle, pour enfin de nos jours accéder à une reconnaissance, sinon à une acceptation (loin d'être totale, mais du moins partielle) d'une sexualité que l'on dit particulière, il n'exprime par sa voix que les résultats d'une analyse de la société vue que par une certaine communauté d'homosexuels.
Erik Rémès est resté bloqué dans les années 80.
Je lui reproche un peu d'avoir une opinion toute faite et méprisante sur une partie de la communauté homosexuelle, celle qu'il qualifie d'intégrationniste, qui se suffit des droits obtenus et n'aspire qu'à vivre comme les hétéros, des petits bourgeois. le monde évolue, les gays aussi, et le fait de vouloir se fondre dans la société fait partie de cette évolution, et puis tous les gays ne pense pas cul. Tous les gays ne fréquentent pas le milieu, spécial et assez glauque, il faut bien l'avouer, des hardeurs, des slameurs. Tous ne pratiquent pas le sexe pour le sexe. Tous n'ont pas l'ambition d'être des performers, des bêtes de sexe , de se droguer au risque de friser la folie pour atteindre une extase sexuelle ou plus simplement pour oublier leur solitude.
Dans ce livre,
Erik Rémès aborde tous les sujets de ce qu'on pourrait appeler la culture LGBT, y compris le plus important à mon sens, la santé. Quand on parle santé on parle prévention et là les sujets qui fâchent ne manquent pas. Des campagnes de prévention inadaptées aux nouvelles pratiques, et à la recrudescence des maladies qu'on croyait disparues telles la syphilis, l'hépatite C, et autres maladies vénériennes. le bareback abordé de façon ligth où j'ai bien compris qu'il s'agissait de donner au partenaire le libre choix de mettre ou non une capote, et surtout ne pas le déresponsabiliser quant au choix qu'il fera. Alors là même si je comprends sa pensée, je n'approuve pas ...Quand aux nouveaux traitements permettant à un séropositif de ne plus être contaminant petit bémol, ils ne préservent pas des autres maladies vénériennes donc… !
Ce livre est intitulé roman, j'ai toutefois la nette impression que la fiction et la réalité s'entrecroisent voire se confondent, car on ne peut nier la réalité des évènements historiques et manquer de faire des rapprochements, que l'auteur laisse échapper intentionnellement ?
Certains passages sont non seulement difficiles à lire, mais à comprendre, notamment l'intimité de son couple dévoilée, ses violences dues à la consommation de drogues, ses plans culs, d'autant que l'auteur est titulaire d'une maitrise de psychologie…Mais j'ai aimé ce livre, malgré son manque de style, ses redites, ses outrances, sa violence, sa part d'exhibitionnisme, son indécence, mais également et surtout pour sa sincérité.
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