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Michel Courtois-Fourcy (Traducteur)
EAN : 9782253059646
318 pages
Le Livre de Poche (01/03/1992)
3.59/5   34 notes
Résumé :
Victor viole les femmes. Il est arrêté par la police après avoir blessé un jeune détective. David Fleetwood.
Dix ans se passent et Victor sort de prison. Il sait que, par sa faute, David, paralysé, est condamné à vivre dans un fauteuil roulant. Mais Victor lui en veut d'être devenu un héros, un modèle de courage les médias célèbrent. Il n'aura de cesse de le retrouver, de devenir son ami, de s'identifier à lui au point de vouloir séduire Clare, sa fiancée. Et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans ce roman assez spécial, la grande dame du polar anglais Ruth Rendell nous propose une immersion dans la psyché d'un auteur de viols, Victor Jenner. On le suit à sa libération de prison, où il est resté une dizaine d'années pour avoir tiré sur un policier qu'il a paralysé. Au lieu de suivre le point de vue des victimes ou de la police, on voit tout à travers son regard, son point de vue sur les choses. Or, Victor Jenner est un sociopathe : il pense d'abord à lui et imagine que tout ce qui arrive, y compris le mal qu'il fait aux autres, est imputable à leur seule responsabilité. Il se fait également beaucoup de films et a une tendance à la paranoïa. C'est le genre de type qui emboutit votre voiture et en prime vous engueule (puis vous roule dessus) parce que vous étiez sur son chemin, et que par votre faute, il va prendre un malus. Victor, donc, n'est obsédé que par une seule chose à sa libération : confronter le flic paralysé qui lui a « volé sa vie ». Ce policier, David Fleetwood, a acquis une aura de héros depuis l'accident, il a une belle maison, il est fiancé à une superbe femme, qui ne laissera, d'ailleurs, pas Victor indifférent. Mais la rencontre va déboucher sur autre chose, qui fera espérer une nouvelle voie à Victor, et au lecteur, par la même occasion…

En dépit de ce que je viens de suggérer, ce roman n'est pas un itinéraire de rédemption. Connaissant Ruth Rendell dont j'ai déjà lu beaucoup de romans, je ne m'attendais pas à une fin « heureuse », ou à un criminel qui n'en était pas un. Victor est un sociopathe dans le plus pur sens du terme ; ce n'est pas un criminel spectaculaire, comme on peut voir dans les films, il est lâche et pas nécessairement sadique, ni même très intelligent (et pas bête non plus), mais envisage tout au seul prisme de son intérêt personnel. Il n'a pas eu une enfance terriblement malheureuse et il est même beau garçon. Il paraît que ce genre de personnes constituent une part importante de la population, et que la plupart ne basculent pas nécessairement dans la criminalité, quoiqu'ils puissent commettre de petits larcins ou délits sans jamais être attrapés ou ressentir le moindre scrupule. C'est ce genre de personnalité qu'on suit tout le long du livre, et l'auteur, en nous décrivant son parcours de l'intérieur, réussit presque à nous le rendre sympathique.
Ne vous attendez pas non plus à du trash ou d'éprouvantes descriptions de sévices : l'auteur réussit à nous immerger dans la tête d'un violeur en évitant le voyeurisme. Il n'y a que deux scènes de violence dans le livre, et elles sont relativement courtes et simples (quoiqu'assez percutantes) et, bien sûr, sans aucune complaisance (je viens justement de relire un polar où c'est tout le contraire). Ici, le viol n'a rien de sexuel, c'est « seulement » un acte de violence de plus, une façon pour Victor d'extérioriser l'immense colère qui l'habite. Là où Ruth Rendell est très forte, c'est qu'elle arrive à parler des choses sans les nommer (à l'image de cette fameuse « chose » qui fait si peur à Victor, et qui est, d'ailleurs, la clé de son comportement) et qu'elle s'attache à la psychologie de l'auteur de crimes, dans ce qu'elle a de plus ordinaire. On suit donc la vie quotidienne de Victor à sa libération, une vie morne et répétitive, solitaire, en se demandant sans cesse quand il va basculer à nouveau dans le crime. Des flashbacks sur son passé, par petites touches discrètes, nous fournissent certains éléments de sa psychologie. On commence à le prendre en pitié. Puis on assiste, petit à petit, au désastre qu'il fait de sa vie, on a envie de le secouer, qu'il se reprenne. On espère, même…
Pour les amateurs de polars bien noirs, le roman pourrait peut-être paraître plat et ennuyeux, tant il s'attache aux petites choses du quotidien, au lieu de parler d'enquête, de poursuites ou de crimes sordides. Je ne dis pas que le viol n'est pas sordide, mais finalement, on en parle peu : cela reste un mot tabou, dont on sent tout de même la menace constante, suspendue en l'air. Il est surtout question de la recherche de travail et d'argent de Victor dans la banlieue de Londres, de son obsession pour David et sa vie qu'il imagine privilégiée (alors que le pauvre homme est en chaise roulante). Or, ce sont justement ces petites choses, qui, en s'ajoutant les unes aux autres, en s'imbriquant, amènent à une situation qui peut s'avérer catastrophique. La fin, à la toute dernière ligne, nous donne la pièce finale de ce puzzle, encore une fois découpé et assemblé par une main de maître.

Je remercie Babelio pour l'envoi de ce roman qui m'intriguait dans le cadre de l'opération Masse critique « mauvais genres ». C'était l'un des rares Ruth Rendell que je n'avais pas lu, et maintenant, c'est fait ! Ce n'est pas mon préféré (qui reste pour l'instant La Demoiselle d'honneur, peut-être ex aequo avec La Maison aux escaliers), mais je l'ai trouvé captivant à sa façon et facile à lire. Je le recommande aux amateurs de l'auteur et à tous ceux qui s'intéressent aux tréfonds les moins reluisants de l'âme humaine !
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L'homme à la tortue de Ruth Rendell
Victor est un violeur récidiviste. Alors qu'il séquestre une jeune fille, David un policier, tente de négocier sa libération. David est blessé par un tir de Victor. Il sera parralysé sur toute la partie inférieure de son corps.
Quand Victor sort de prison dix ans après, convaincu que son tir était un accident, à ses objectifs d'insertion s'ajoute celui de reprendre contact avec David quand il apprend qu'il a écrit un livre. Victor voudrait dire à David qu'il n'est pas entièrement responsable de cet accident.
Ruth Rendell nous plonge dans les méandres de la pensée d'un sociopathe pendant 370 pages. Victor est un personnage terrifiant avec lequel le lecteur n'a pas vraiment les mêmes critères de la normalité. Inconscient de la gravité de ces actes, accompagner ce psychopathe devient oppressant et très déstabilisant.
On avance dans le roman sans vraiment savoir quel est ce rapport qui se crée entre David, son amie, Claire, et Victor.
Un livre adapté au cinéma par Almodovar sous le titre “de chair et d'os”.
Ruth Rendell a encore réussi à me captiver en me plongeant dans les réflexions, les pensées insoupçonnables d'un psychopathe de manière maitrisé, en maintenant la tension sur le lecteur de bout en bout. Je suis sortie un peu crispée mais ravie de cette lecture.
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Il s'agit ici d'une réédition du roman de Ruth Rendell (1930-2015), véritable thriller psychologique, publié en 1986 au Royaume-Uni suis le titre ''Live Flesh''. J'avais lu ce roman il y a longtemps déjà et la fin était restée gravée dans la mémoire.

Victor Jenner, sort de prison au bout de dix ans. Il avait été incarcéré pour avoir séquestré une jeune femme et tiré sur l'agent David Fleetwood, brisant sa carrière, puisqu'il en était ressorti paralysé. David vit désormais avec Clare dans une agréable maison, il est sur le point de publier un livre, ce qui inquiète Victor au plus haut point. Il lui en veut d'être devenu célèbre et admiré pour le courage dont il a fait preuve, d'être devenu un héros, de vivre avec une belle jeune femme. Cependant un rapprochement va s'opérer entre Victor, David et Clare. Aussi étonnant que cela puisse paraître, serait-il possible qu'ils deviennent amis ? David aspire à la paix, Victor a envie d'avoir des amis, comme tout le monde, il faut dire que dans son enfance, sa mère ne faisait aucun effort pour inviter ses camarades, ne serait-ce que pour son anniversaire. Dans les premiers temps, Clare ne voit pas cela d'un bon oeil... Quant à Victor, qui sait le "film''qu'il peut se faire mentalement quand on est au courant de ce qu'il a fait dans le passé ! On est dans les méandres des pensées de Victor, on connaît ses fantasmes et il y a de quoi s'inquiéter... La tension monte au fil des pages, et puis, il y a les tortues, la phobie de Victor depuis l'enfance, mais je ne vais pas en dire plus...
Un roman qui se déroule à une époque où l'on n'avait pas de portables, pas d'ordinateurs pour chercher des renseignements, une époque où la plupart des gens lisait quotidiennement les journaux pour s'informer, une époque déjà lointaine.

Ce roman a été récompensé par le Prix Golden Dagger et le Prix Edgar Poe 1987, le film de Pedro Almodovar ''En chair et en os'' a été réalisé d'après ce roman. Je remercie Babelio et les éditions Archipoche de m'avoir permis de redécouvrir ce roman.
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Merci Babelio de m'avoir fait découvrir Ruth Rendell que je ne connaissais pas. J'ai mis du temps à rentrer dans ce policier psychologique.

Ruth, nous plonge dans les méandres de la pensée de ce sociopathe, homme terrifiant et surtout inconscient de ses actes.

Même après sa sortie de prison il est comme possédé, obsédé , l'obsession de violer le ronge et il ne pense qu'à se rapprocher du jeune David et de Clare.

Pour une conclusion que je dirais mitigée, ai-je aimé? Ruth Rendell parvient avec virtuosité à nous faire entrer dans la tête de ce détestable personnage et qui en plus a la phobie des tortues ( elle aurait dû lui en faire un plat bien mijoté).





La phobie de Victor pour les tortues
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Le commentaire de Cathy :
Victor Jenner vient de sortir de prison, après y avoir passé 10 ans pour avoir tiré sur un l'agent David Fleetwood.
Ce dernier paralysé a réussi à se reconstruire une vie au côté de Clare, obsédé par le souvenir de l'accident, Victor va rentrer en contact avec le couple afin d'obtenir le pardon.
Ruth Rendell nous fait rentrer dans la tête d'un sociopathe, je vous l'avoue, c'est déroutant, dérangeant.
On découvre un homme qui ne fonctionne pas comme nous, apprendre à le connaître nous fait passer par un panel de sentiments différents.
Le manque flagrant de rythme ne m'a pas empêché d'aller jusqu'à la fin de ma lecture, j'étais avide de découvrir comment allaient tourner les choses.
Ce roman a inspiré Pedro Almodóvar pour un film, je pense que je vais le regarder pour voir sa version de cette histoire.
Cette lecture m'a surprise, certains passages sont percutants, je viens de passer un bon moment de lecture.
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Pedro Almodovar - "En chair et en os"
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