Colette Thomas faisait partie du cercle proche d'
Antonin Artaud, qu'elle a lu, admiré et beaucoup aidé, et l'on pourrait aller jusqu'à affirmer qu'elle était possédée par l'oeuvre d'Artaud, qui lui aurait écrit : « Vous feriez mieux si vous m'aimez de faire l'impossible pour que la tonne d'héroïne que j'attends me parvienne ». Passionnée de théâtre, elle est victime d'un viol et sombre, ne se lave plus, mange peu et tente de se suicider. Elle subit des séances d'électrochocs et lorsque qu'Artaud meurt, elle est encore internée. En 1954, après de nombreux rebondissements,
Colette Thomas publie à la NRF, sous le pseudonyme de René (le prénom de son père), le livre
le Testament de la fille morte, où l'auteure se dévoile dès les premières lignes : « Moi, Colette, la réelle Colette, la vraie, la joyeuse, me voici donc détruite, me voici morte et voici que va, que va le squelette apparent et que l'on frappe une âme inerte et sans compréhension, un coeur mort. »
André Breton remarque le livre, en parle autour de lui, puis c'est la nuit, l'oubli. Oeuvre magistrale qui m'a fait l'effet de ma lecture à dix-huit ans
De Lautréamont,
le Testament de la Fille Morte, après soixante ans, est enfin réédité. C'est un texte fort, intelligent, à tomber à la renverse, qui parle de théâtre, de poésie, de vie et de mort, des femmes aussi : « le tour de la femme est venu d'aller chercher au fond de la terre la force régénérée. – C'est à la femme maintenant parce que le monde est seul, incommunicable, et malade. » Merci aux éditions Prairial et ruez vous chez votre libraire car il semblerait que l'ouvrage soit déjà épuisé. Il faut croire que le mot est passé, comme on dit.