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Citations sur Manhattan (6)


J'ai pris les mots d'assaut. Je les ai érigés en digues, puissantes protections agencées contre mon enlisement. Avec les mots j'ai pu faire comme si je savais. Avec habileté et obstination, j'ai proclamé, distribué des sentences, montrant sans faillir que je savais, tout, presque tout, sur tout. Je disais sans retenue, je pouvais en toutes circonstances montrer que j'avais un avis, n'importe quel avis, peu importait le contenu, il fallait que cela ressemble à une conviction, infiniment construite, une pensée si fortement ancrée, l'autre me regardait émerveillé devant tant d'aplomb et de désinvolture. J'attirais l'attention avec une souplesse enviable, je me donnais à entendre. Pendant la traversée des jours, je posais des mots et des actes tout autour de moi, j'étais visible, vivante.

Qui peut faire le tri parmi tout ce que j'ai mis en ordre apparent. J'ai vécu dissimulée. Je me suis déguisée. Les autres n'ont que peu compté dans cette affaire. Rien ne m'enthousiasmait plus que le miroitement de mon visage dans leurs yeux, et les échos de mes mots. Je me suis imposée à eux pour ne pas tomber dans le vide offensif en mon creux. Il y avait tous ces moments noyés dans le rien, ces flottements menaçants où je prenais la mesure de mon inquiétante vacuité. Alors, avec opiniâtreté, j'installais des mots, des idées, j'empoignais chez d'autres les morceaux de certitude dont j'avais besoin pour inventer et tisser une mise en scène qui puisse être un peu moi.
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Magnifique livre qui m a fais penser un peu a Veronique Olmi.
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J'ai arrêté d'écouter, je n'entendais plus rien, un silence brutal. Quatre taches claires taches claires trouaient mes masses cérébrales, envahissaient mes oreilles, mes yeux, ma respiration. J'ai recompté plusieurs fois : quatre trous de lumières vibraient sous mes yeux. J'y ai perdu la voix du neurologue. J'étais sans doute malade, c'est ce que j'avais compris. Le plan de Manhattan sur mon avant-bras était le signe d'une guerre cérébrale peut-être déjà engagée, presque muette mais réelle, quelque chose de larvé, de torve. J'ai senti que mes yeux regardais le monde à distance.
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je veux vivre ce qui vient avec soulagement............
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Ce quotidien plongé dans le temps et son extension, ces longues listes qu’on égrène. Ma vie est un découpage du temps qui ne s’ignore pas, s’accroche à mes pas. Je connais mes heures et l’encombrement de mes jours. C’est si simple. Il y a une chose que je sais, j’aime la lumière du jour, ses rythmes et ses éclats. J’ai peur de la nuit. Elle efface les contours, elle perd ceux qui y traînent
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Je me suis attachée à aménager une apparence qui dispose un contour, une sorte de paroi. On ne verrait pas derrière cette paroi. La façade était enviable, assurément efficace. Je m’installais sous le regard des autres. J’existais.
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