« Morti di sonno », le premier ouvrage traduit en français de Davide Reviatti, a obtenu le prix du meilleur album au Festival de Naples.
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Etat de veille" se déroule dans l'Italie de la fin des années 70, début des années 80, celle de la Squadra Azzurra championne du monde. Ce n'est pourtant pas la « Bella Italia » que l'auteur va nous servir, mais celle des années Seveso.
Toute l'histoire se déroule au sein d'une cité ouvrière, implantée à proximité d'une usine pétrochimique qui empoisonne l'air et la vie des habitants. C'est à travers le regard des enfants que l'auteur livre une chronique amère de cette banlieue qui n'offre que peu de perspectives. Ces petits désoeuvrés qui, dans le meilleur des cas, termineront leur vie en tant qu'employés de l'usine, remplissent leur quotidien de foot et d'ennui. Au loin, entre deux alertes, la menace de contamination ou d'explosion demeure cependant présente. Malgré ces pères de famille qui ne rentrent pas à la maison le soir, les odeurs de gaz dont les enfants connaissent le nom par coeur et les gens qui tombent malades, Koper et ses amis ne réalisent pas vraiment l'ampleur de dégâts. Pour eux, ... il suffit de tenir bon et puis un jour, l'usine prendra soin de leurs destinées.
J'ai malheureusement trouvé que l'histoire de cet endroit sans lendemain manquait de sentiments et d'émotion. du coup, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages et à m'intéresser à leurs vies. Au niveau du graphisme, le travail de Davide Reviatti est par contre remarquable. Ce graphisme dessiné à la mine et rehaussé au lavis noir, allie puissance et élégance et se place au diapason de ce récit fort sombre.