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EAN : 9782081228320
390 pages
Flammarion (25/01/2012)
4.63/5   15 notes
Résumé :

« Notre division était anéantie ; ne pouvant avancer par la route, je passais par les champs où s'entassaient derrière moi des hommes et des chevaux blessés et mutilés, dans un état des plus horribles. Décrire ces horreurs est au-dessus de mes forces. »

Sous la plume du lieutenant Andreev, qui en 1812 combattait, tout jeune homme, dans les rangs de l'armée russe, l'atroce bataille de la Moskova se dérobe. Comment saisir ce que fut la campagne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
1812, campagne de Russie : foirade, casse-pipe et chamboule-tout.
Fouché eut beau, en avril 1812, écrire à Napoléon en lettres de feu le désastre qui allait s'ensuivre, l'empereur des Français n'en fit rien car il se voyait déjà le père des peuples de l'Europe et son grand destin en devenir passait par la Russie. La folie des grandeurs ne fait pas bon ménage avec les immensités russes, la politique de la terre brûlée et le général Hiver. 160 000 chevaux traversèrent le Niémen en juin 1812, quelques milliers seulement franchirent la Bérézina fin novembre 1812. L'hécatombe des chevaux en dit long sur la tragédie franco-russe.
L'historienne Marie-Pierre Rey, professeure d'histoire russe à la Sorbonne, ravive les plaies d'une tragédie courue d'avance alors même que les oracles, sous la plume de Fouché et consorts, avaient prédit, en langage diplomatique, l'issue fatale d'une telle entreprise. le despote qui voulait surpasser sa condition de simple mortel, sauvant de justesse sa carcasse allait entraîner dans son délire de conquête des centaines de milliers de morts. L'essai historique possède de nombreux atouts. D'abord il traite du conflit des deux côtés, français et russe. Napoléon fait assez pâle figure face au tsar Alexandre Ier, âgé de 35 ans, francophile sensible aux Lumières et doté d'une grande humanité. L'historienne utilise les sources notoires auxquelles s'ajoutent les carnets de soldats ou de témoins. L'aspect humain n'est donc pas relégué au profit d'une vision politique, stratégique et militaire désincarnée. Barclay de Tolly, commandant en chef de l'armée tsariste, préconise l'esquive et la destruction systématique des ressources qui pourraient alimenter la Grande Armée. Les villes de Vilnius, Vitebsk et Smolensk tombent ainsi sans coup férir aux mains des Français qui ne trouvent rien à engranger. L'opinion publique et l'état-major russes voient d'un mauvais oeil la perte de Smolensk et Tolly est remplacé par le vieux général Koutouzov qui va enfin offrir aux Français et à ses alliés, aux portes de Moscou, à Borodino, sur la Moskova, une grande bataille frontale que Napoléon va négliger, refusant d'engager dans le conflit la Garde impériale et permettant ainsi à l'armée russe de se retirer en bon ordre. Napoléon prend possession du Kremlin à Moscou, la grande ville tsariste ayant été vidée de ses habitants et de ses vivres puis soumise à un incendie programmé. Napoléon, dans sa coquille vide et calcinée ne peut qu'entreprendre le chemin du retour mais la route est longue, le froid intense, les vivres inexistantes et le harcèlement des Cosaques des moujiks et de l'hiver constant. C'est la Bérézina en marche et la panacée de l'horreur.
D'un style alerte, s'appuyant sur une documentation solide et inédite, l'essai se lit comme un roman. le prologue plaçant d'entrée de jeu le lecteur atterré dans Moscou, celui-ci peut songer à un tableau métaphysique et surréaliste de Giorgio de Chirico. Il peut aussi se dire que Napoléon étant dans Moscou, la victoire est acquise. Telle est la force de l'uchronie mais immédiatement, les chapitres s'égrènent et reprennent l'histoire dans sa chronologie implacable avec les fausses démarches diplomatiques et les idéologies sous-jacentes, la mise en route des forces militaires, l'invasion puis la guerre d'esquive et d'escarmouche. S'ensuivent Smolensk, Borodina et Moscou. Les chapitres 10 et 11 sont consacrés au général Hiver et à la débâcle de l'armée napoléonienne. L'épilogue donne le coup de grâce à l'empereur des Français. 43 pages de notes, 14 pages de bibliographie, un index des noms des personnages, quatre cartes, malheureusement sommaires, confirment le sérieux du travail de l'historienne. Même si le lecteur a peu de connaissances et d'accointances avec cette sombre période de l'histoire franco-russe, il ne peut qu'être emporté par cet essai limpide et documenté, vivant et troublant. Pour peu qu'il se soit déjà documenté sur l'« Opération Barbarossa » et l'échec de la Wehrmacht aux portes de Moscou, les officiers allemands craignant que la mésaventure napoléonienne ne se reproduise, le lecteur ne peut que se passionner pour cette campagne de Russie princeps, promulguant la Bérézina au rang de funeste déroute alors même qu'il s'agit d'une victoire française face à l'armée de Koutouzov, les pontonniers néerlandais réussissant à construire deux passages sur le fougueux affluent du Dniepr. L'histoire n'est pas toujours telle qu'on se l'imagine et ce précis de la campagne de Russie passionnant remet les pendules à l'heure.
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En 1812, alors que presque toute l'Europe continentale est sous sa domination, Napoléon 1er rassemble la Grande Armée qu'il a renforcée par de nombreux contingents venus de Pologne, Suisse, Autriche, Allemagne et autres lieux et se lance à l'assaut de la Russie. Face à lui, le tsar Alexandre 1er organise la résistance avec des forces comparables en nombre sous les ordres de Barclay de Tolly, de l'impétueux prince Bagration et surtout du vieux général Koutousov. Mis à part la sanglante et inutile bataille de Borodino, peu de véritables affrontements titanesques mais plutôt une guerre d'usure et de partisans faite de replis stratégiques et surtout de l'emploi systématique de la terre brûlée. Alexandre 1er profite de l'immensité de son territoire pour prendre peu à peu le dessus sur son adversaire avancé loin de ses bases et confronté à d'insolubles problèmes de logistique et de ravitaillement. Il organise l'incendie gigantesque de Moscou, sa sainte capitale, qui marque le point d'arrêt de la campagne de Russie et le début de la fin de l'Empire français.
« L'effroyable tragédie » est un document de recherche historique qui mérite bien son titre. On y découvre que cette campagne peu glorieuse dépassa en horreur toutes les précédentes. Des centaines de milliers de braves grognards partis vers l'est ne revinrent de cet enfer glacé que quelques pauvres milliers d'éclopés et de traumatisés. On assista aux plus abjectes manifestations de la méchanceté humaine, le froid, la faim, la peur ou la haine poussant les gens aux pires extrémités : anthropophagie, torture, exécutions sommaires, lynchages, viols, incendies, pillages et autres. Bien que décrivant indifféremment les deux camps en présence la plupart du temps au plus haut niveau (grâce à un remarquable travail de recherche dans les archives, les pages de notes et la riche bibliographie en attestent), l'auteur arrive également, grâce à des témoignages émouvants, à faire partager les souffrances incroyables des combattants. La campagne de Russie fut peut-être la première des guerres vraiment modernes, car elle fut totale, sans pitié aucune, elle tua autant de civils que de militaires et elle utilisa tous les moyens de destruction possible. Ouvrage sérieux, bien construit et intéressant pour qui se passionne pour cette période de l'histoire qui vit la fin du long et douloureux cycle des guerres révolutionnaires. En conclusion, le lecteur découvrira les conséquences proches et lointaines de cette cruelle et folle expédition. Il y apprendra également qu'Alexandre 1er se montra plus humain, plus magnanime et peut-être plus démocrate (en paroles et sans doute en intentions) que son adversaire plus soucieux de sa gloire et de son pouvoir...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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C'est une référence très intéressante à un pan de l'histoire et de l'histoire des relations entre la Russie et le France et plus généralement de l'Europe. Nos bureaucrates de l'UE qui veulent faire plier la Russie devraient le lire.
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Magistrale description de cette campagne. Tragédie qui a occasionné des centaines de milliers de victimes, civiles et militaires, à cause de la folie du Nabot Léon corse. Criminel de guerre jamais jugé.
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critiques presse (2)
Liberation
08 mars 2012
Au final moins de 20% des combattants reverront leurs familles. […] Sans s’attarder sur ces macabres décombres, c’est cette histoire «humaine» qu’a choisi de privilégier l’historienne Marie-Pierre Rey ; en redonnant la parole aux simples soldats des deux armées.
Lire la critique sur le site : Liberation
Bibliobs
02 mars 2012
Ce livre édifiant permet de comprendre aussi pourquoi cet événement a contribué à former l'identité russe autour d'un Koutouzov porté aux nues.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
« Quels que soient vos succès, les Russes vous disputeront pied à pied ces contrées difficiles où vous ne trouverez rien de qui alimente la guerre. Tandis que vous aurez à combattre, la moitié de votre armée sera employée à couvrir des communications trop faibles, interrompues, menacées et coupées par des nuées de Cosaques. Sire, je vous conjure, au nom de la France, au nom de la gloire, remettez l’épée dans le fourreau : Songez à Charles XII. »
Lettre de Fouché à Napoléon, avril 1812.
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Videos de Marie-Pierre Rey (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marie-Pierre Rey
Table ronde proposée par le Conseil scientifique
Modération: Jean GARRIGUES, professeur à l'université d'Orléans Intervenants: Jean-Claude BONNET, directeur de recherche émérite au CNRS, Pascal ORY, professeur émérite à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne, membre de l'Académie française, Marie-Pierre REY, professeur à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Annie SARTRE-FAURIAT, professeure émérite à l'université d'Artois
Depuis la plus haute Antiquité, les peuples ont éprouvé le besoin de célébrer la mémoire de leurs grands hommes et de leurs héros. Comment les ont-ils choisis, selon quels critères et dans quels buts ? Comment se sont-ils organisés pour que les cérémonies soient des moments de gloire et d'unité ? Quels lieux, quels moyens, quels discours ? Et surtout quel a été l'impact de ces rites cultuels sur les populations ? Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées dans cette table ronde par quelques-uns des plus grands spécialistes de l'Antiquité gréco-romaine, de la Révolution française, de la Russie et du monde contemporain.
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