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EAN : 9782072874253
112 pages
Gallimard (13/02/2020)
3.3/5   40 notes
Résumé :
Rémi vit bien une lumière, mais elle ne venait pas jusqu'à lui. Nulle blancheur, mais une allure souple, un corps délié, une source de silence gravée au creux du ventre, un gouffre où engloutir et son corps et ses biens. Ce n'était pas un ange, c'était un homme.
L'orage s'étant tout à fait déclaré, Rémi avait laissé son tracteur en plein champ pour s'abriter en lisière d'un bois de hêtres. Il était là, stupide et désoeuvré, sans un oiseau à contempler, sourde... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
🏞 « La leçon des corps est comme la leçon des morts, elle donne une force insensée à qui s'y livre sans réticences. »
(P.67)

🏞Il est des livres qui nécessitent de mettre le temps sur pause et de se consacrer à eux pleinement, pour en saisir chaque émotion, chaque intention, pour ne pas perdre la moindre effervescence, la moindre subtilité. Il faut donner de soi pour tout recevoir, en douceur d'abord, plus fort ensuite. Certains romans sont des extraits bruts de vie, dont on ne sort indemne… le corps des anges est de ceux-là.

🏞 Dans la campagne limousine, le temps s'écoule lentement, tout semble aller au ralenti dans ce paradis maudit et déserté, où l'homme, en quête de fureur et de vitesse, fuit vers la ville. Peu d'âmes composent ce village où les animaux prédominent fièrement, à la reconquête de leur Eldorado dérobé. Parmi les habitants, il y a Rémi. Jeune homme tourmenté qui éprouve la vie à l'aune de la douleur et des souffrances qu'il s'inflige, il existe de refuser, de se battre silencieusement et effrontément, décidément. Bellâtre adulé de ses paires, les femmes sont des anges qui apparaissent après ses blessures violentes, ses accidents provoqués pour éprouver la vie, sentir sa fragilité, il vit sur un fil retors, intrus d'un canevas cousu au millimètre. Jusqu'au jour où l'ange … où l'homme …

🏞 « Pour la première fois de sa vie, il était au sol sans s'y être jeté. »
(P.87)

🏞 Gabriel, cet ange inattendu, chamboule cette vie monotone, cette campagne silencieuse. Son corps, ce serpent dans son dos, comment ne pas y voir le symbole de la chute irrémédiable ? Orphelin muet, il cherche les voix de ses parents disparus, cette discussion qu'il n'a jamais eue, cet aveu dont il n'a jamais su se libérer …

🏞 Alors que la vie s'écoulait paisiblement, voilà que l'orage s'abat et fait de cette mer d'huile un océan déchaîné. Tous ces “non” retenus, ces barrières dont Rémi ne s'était jamais affranchi, les voilà qui volent en éclat, ultime symbole de libération, de révolte, de colère. A mi-chemin entre réalité et imaginaire, Mathieu Riboulet livre un roman crépusculaire, entre l'ombre et la lumière, où les silences ont autant d'importance que les mots parfaitement choisis …
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Belle écriture onirique et poétique. Une réussite où la perte des repères rend le suivi du récit difficile. On est effet dans la sensation, l'au-delà, le désir et la folie. Une réussite indéniable qui échappe au lecteur et lui laisse un sentiment ambigu, pas forcément de plaisir et d'envie de poursuivre.
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Un roman court et étonnant, qui s'apprécie d'une traite, comme le rêve fiévreux d'une sieste un peu trop longue. le corps des anges met en scène deux destinées, deux jeunes hommes socialement très différents, liés par une espèce de pacte originel, dont la rencontre ne peut que provoquer une apothéose. À la fois portrait de milieux sociaux (la campagne profonde, le Paris cultivé), de la stagnation rurale et du déterminisme, bref road movie à travers la moitié nord de la France, petit livre à haute teneur érotique, ce roman peut dérouter par son refus du récit et d'une narration balisée. Riboulet entretient le flou dans son écriture, privilégiant un style sensoriel, élégant, au risque de ne pas être toujours compris. C'est justement, il me semble, cette ambiguïté diffuse, distillée tout au long du roman qui fait l'intérêt de celui-ci.
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Court roman d'à peine 105 pages . Désolé pour l'auteur, mais je n'ai pas accroché. Peut-être devrais-je le relire, mais à la première lecture, je suis déçu , pas par l'écriture même très poétique mais je n'ai pas compris ce que l'auteur à voulu me raconter.
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Une écriture exceptionnelle pour une poésie des corps, de la douleur, de la perte, de la mort. On ne sort pas sans émotion de ce court roman qui pénètre les âmes d'une manière peu commune. La 4ème de couverture souligne "une grâce à couper le souffle" ... il n'y a rien d'autre à dire....
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- J'étais inquiète, et désolée d'être morte. Savais-tu, Gabriel, l'amour fou que je te portais ?"

Une plage de fin silence, comme le vol plané d'un rapace haut juché dans le ciel.
"Oui, mais je l'aurais écarté, je savais ce que je devais faire, ce n'était pas la peine de mourir pour ça. Dis-moi que tu n'es pas morte d'avoir hésité devant moi.
- Je suis morte d'une hésitation de ton père, dans laquelle je l'avais moi-même jeté à l'approche d'un carrefour. Depuis, je suis morte chaque jour, et ton père avec moi, de vous avoir laissés tous les trois."
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Flâner le long des haies, cherchant l'entrée des étourneaux, aura longtemps été son lot. Il s'abîmait en d'abruptes contemplations le long des chemins : voler, se nicher, bruire de l'aile comme les feuilles bruissent du vent, s'immobiliser au cœur d'un mouvement vital, comme ces oiseaux dont il observait à l'infini le vol affairé dans les haies, sport méconnu et délicat.
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Gabriel n'avait peur de rien, les grandes terreurs étaient derrière lui. Tout, chez lui, découlait de ce principe premier. Il s'avança parmi nous, dans le village, les prairies, les bois, les chemins et le temps avec l'allant, le naturel et la beauté, ses seules armes, dont il ignorait même qu'elles fussent à ce point tranchantes. Il ne réclama jamais ni dû, ni reste, et rien ni personne ne lui résista.
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Saint-Silvain, au cœur du sud-est creusois, comptait huit cents âmes aux jeunes années d'Albert, cinq cents aux premiers pas de Jean, à peine trois cents à la naissance de Rémi. Nous y sommes aujourd'hui une petite centaine, pétris des silences de l'hiver, amoureux du mauve des bouleaux nus, grisés par l'air coupant du soir, fils et petits-fils des rivières brunes, des empilements de granit, des douceurs bleutées des matins d'été, avatars mutants immobilisés à jamais quelque part à la lisière du mouvement centrifuge qui entraîne le monde à sa perte sans nous consulter plus avant.
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S'écorcher le front, les épaules, les coudes, les genoux, le ventre , les omoplates, les orteils lui procurait des sensations apparentées à l'apaisement, la chute devint vite pour lui, une nécessité vitale.
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Videos de Mathieu Riboulet (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mathieu Riboulet
Patrick Boucheron présente "Quand l'histoire veille aux grains"
Peut-on imaginer un banquet sans ce rendez-vous avec l'histoire, sous le couvert de la halle du village, à l'heure apéritive ? Depuis des années, Patrick Boucheron y a installé une marche interrogative et peu à peu collective, textes en main, le nez aux vents du lieu, de ses mémoires, de ses questions. C'est ici, en 2017, qu'avec Mathieu Riboulet il proclama le manifeste fondateur de cette nouvelle étape du banquet, « Nous sommes ici, nous rêvons d'ailleurs », titre de l'ouvrage récemment paru aux éditions Verdier. Cette année, des historiens, des journalistes, des écrivains reprendront avec lui la question de Demain, la veille, dans un dialogue qui tissera, jour après jour, le récit du banquet.
Entretien réalisé pour Corbières Matin, dans le cadre du banquet du livre d'été « Demain la veille » qui s'est déroulé du 5 au 12 août 2022.
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