Dans le cadre de la découverte des classiques du roman vampirique, il me semblait impossible de passer à côté du "chef d'oeuvre" d'
Anne Rice, qui était censé renouveler complètement la vision du vampire, me disait-on. Autant dire que l'attente était grande, et que je m'attendais à découvrir des créatures sombres, envoûtantes, loin des vampires pour midinettes à la mode. Cruelle déception.
"L'éternité, c'est long, surtout sur la fin", paraît-il. C'est ce qu'
Anne Rice a tant bien que mal essayé de nous démontrer dans un récit inintéressant, porté par des personnages se révélant parfois hautement insupportables, plombé de longueurs interminables et s'étirant bien inutilement, où il ne se passe de surcroît pas grand-chose... Si l'on suit sans déplaisir les premiers pas de Louis en tant que vampire, grâce à la plume plutôt légère de l'auteure, le soufflé retombe hélas bien vite.
Il faut reconnaître qu'
Anne Rice est la reine de l'ellipse: capable de nous faire traverser de longues périodes de temps sans que l'on ne s'en rende compte via la description précise du mode de vie des deux, puis trois vampires, il faut attendre très, trèèèèès longtemps avant qu'il ne daigne se passer un événement digne d'être mentionné. Entre les deux, c'est du remplissage, de la tranche de vie vampirique, les états d'âme de Louis-le-grand-mélancolique-introspectif qui à la longue exaspèrent
le moment où il entre dans l'église en particulier, digne d'un bad trip sous champignons hallucinogènes, et qui s'avère une des parties les plus pénibles à lire du roman,
puis ceux de Claudia, encore plus tête à claques tant la petite fille gâtée qui reste, une fois "adulte, "femme-enfant" se montre capricieuse et lunatique à outrance.
Lorsqu'enfin les héros quittent la Nouvelle-Orléans, l'on espère là encore beaucoup de leur quête pour découvrir leurs origines. Mais le voyage s'avère loin d'être mouvementé, les quelques péripéties sont mal amenées, emprisonnées dans un enrobage inutilement longuet
(en particulier ce passage dans l'auberge en plein milieu des Carpates!),
jusqu'à la destination finale, à savoir Paris, où le récit part dans tous les sens pour de bon dés l'apparition du personnage d'Armand.
La description des peintures dans la cave, dans le même esprit que la visite de Louis à la cathédrale, où Anne Rice semble partir dans un délire mystique sans rien à voir avec la choucroute...
A partir de là, contrairement à tout le reste du récit, la précipitation semble de mise, et si l'on ne peut qu'apprécier qu'il se passe ENFIN quelque chose, la fin tombe comme un cheveu sur la soupe, à l'issue d'une nouvelle ellipse. le comble est peut-être que le court résumé des aventures de Louis pendant cette période nous laisse deviner des péripéties autrement plus intéressantes que tout ce que l'on a pu lire dans le présent ouvrage.
La seule vraie bonne surprise provient peut-être de la toute fin, lorsque Louis narre les jours qui ont précédé le fameux entretien, mais cette agréable petite claque ne parvient pas à compenser un roman ennuyeux la majeure partie du temps, que j'ai refermé en me disant "tout ça pour ça?".
La déception est certes à la hauteur de l'attente pour un récit décrit comme un "chef d'oeuvre" et considéré comme un "classique", et si l'ensemble est loin d'être dénué de bonnes idées et bien écrit, il n'en reste que la mélancolie de Louis n'a rien de bien passionnante.